Sheri & Winnie + Let's talk about you and me

Il n’y a pas moyen de changer de passé, le mieux était de l’accepter et adapter le présent pour mieux préparer le futur. C’était philosophique, et je n’étais pas du genre à être du genre à réfléchir à ce genre de chose un peu trop songée, qui méritait qu’on s’installe pendant des heures sur le sujet pour en débattre. Et pourtant, je prenais en considération ce propos au quotidien, je vivais avec celui-ci, parce qu’en ce qui concernait ma soeur aînée, je ne pouvais pas faire autrement. En effet, il lui manquait des souvenirs, beaucoup de souvenirs j’en avais l’impression, et si dans un premier temps, cela m’avait grandement gênée, voire insultée sur certains points, à commencer par le fait qu’elle ne se souvenait même pas que j’étais enceinte. Je m’étais laissée persuader à tort que ce serait le genre de chose inoubliable, ce qui avait pu expliquer ma réaction, et maintenant, je le regrettais. Par contre, parce que je ne pouvais pas changer le passer, je ne pouvais que tenter de rattraper le coup, à commencer par prendre du temps en compagnie de ma soeur aînée non seulement pour essayer de reconnecter les ponts avec elle, tenter de me remettre au point. Pour ce faire, je me disais que le mieux dans le cas présent, était de joindre l’utile à l’agréable, c’est-à-dire en allant faire du shopping pour bébé. Maintenant que je connaissais le sexe de l’enfant que je portais, il m’était désormais plus facile d’acheter des vêtements et autres accessoires afin de préparer sa chambre, d’autant plus que maintenant, j’avais une idée beaucoup plus précise de ce que je voulais, puisque j’avais passé ces derniers jours à consulter Pinterest pour ressortir ce que je préférais, ce qui pourrait être joli. Évidemment, je ne pouvais pas peindre la chambre moi-même, et je n’osais pas encore demander à Mike de commencer à le faire, mais je ne voyais pas ce qui m’empêchait de commencer à acheter certaines choses utiles, voire même essentielles. Fière de mon idée, je fus encore plus heureuse de celle-ci au moment où Sheri avait accepté de m’accompagner au centre commercial. Ensemble, nous avions prévu une date et une heure pour nous y rendre, ou plutôt, l’heure à laquelle je passerais la prendre. Pour son bien, je préférais conduire pour aller jusqu’au centre commercial. Peut-être qu’elle était capable d’elle-même, je ne le savais pas encore, mais de toute façon, à quoi bon prendre deux voitures quand nous en avions besoin que d’une seule ? De toute façon, Sheri ne sembla pas embêtée, si bien que ce fut sans problème où imprévu que je me levai ce matin-là, passant rapidement sur ma tablette pour prendre mes messages et trier ce sur quoi il me faudrait travailler plus tard pour alimenter mon blog, produire ma prochaine vidéo et poster sur mes réseaux sociaux. D’ailleurs, il ne faudrait pas que je manque de prendre une photo de mes sacs ou quelque chose du genre une fois que nos achats seraient commencés, mais puisque j’avais plutôt bien développé ce réflexe, je ne pensais pas que ce soit nécessaire de me mettre une note. Ensuite, je finis de me préparer, me vêtis d’un jean et d’un pull blanc venant épouser la forme de mon ventre légèrement enflé et arrondi, mais pas suffisamment pour que ça devienne gênant. Bonnet de la même couleur sur la tête, je pris mon sac à main, et après avoir envoyé un message à ma soeur pour la prévenir que j’étais en route, je me rendis à ma voiture pour passer la prendre. Il ne me fallut que quelques minutes pour être finalement devant sa demeure. Une fois garée, je lui renvoyai un message pour la prévenir de ma présence, attendant ensuite de la voir sortir de la demeure pour venir me retrouver.

Passer une journée avec ma sœur. Voilà quelque chose que je n’avais pas fait depuis bien longtemps. Disons que Winnie m’en voulait depuis l’accident, j’avais zappé le fait qu’elle soit enceinte, ce n’était pas assez important pour mon cerveau et j’en avais subi les conséquences. Ce n’était pas ma faute, elle l’avait compris, mais ça faisait mal. Je comprenais. Moi aussi ça m’aurait fait mal qu’on oublie ce genre de chose de ma vie, surtout étant donné que ce soit ma sœur. Puis nous étions proches dans notre jeunesse, je m’en souviens, on passait toujours notre temps ensemble à faire les quatre cents coups. Alors oui, je suis stressée, j’ai les mains moites et pour essayer d’aller mieux, j’essaie de joindre Rhett mais il doit être tellement occupé par son boulot ou sa secrétaire que je ne peux pas l’avoir. Je ne laisse pas de messages, ça ne sert à rien. Je me mets donc devant mon livre préféré, le code pénal. Pourquoi ? Car je suis fan. Je ne cesse de le lire, apprenant encore et encore. Ca m’occupe et du coup, je ne pense à rien d’autre que le boulot et ce que je pourrais apprendre comme loi la prochaine fois. Ca me sert, tout le temps, à contrer mes adversaires qui parfois ne le connaissent pas encore sur le bout des doigts. Je suis plongée dedans, me rappelant que c’était mon cadeau préféré venant de mes parents. Il était vieux et j’en avais d’autres des générations plus récentes, mais mon préféré restait celui que j’avais eu étant jeune. Soupirant, je fermais les bouquins et décidais d’aller me laver avant que ma sœur n’arrive. Je savais que c’était anodin comme sortie mais ça me rendait mal à l’aise de savoir que j’allais être seule avec elle pendant une partie de la journée. Ca faisait tellement longtemps que je ne savais pas tellement comment agir. Ca ne pouvait pas mal se passer mais recoller les morceaux allait prendre du temps, j’en étais certaine. Une fois sortie, je mis mon jean, mon pull en laine mes bottes avec de la moumoute et puis mon bonnet. Parfait, juste le temps où ma sœur arrive au pied de mon immeuble. Je souris, mais je sens mon cœur battre la chamade. Je souffle un bon coup puis mets mon manteau avant de sortir attrapant mon sac au passage. Je descends les escaliers, je ne veux pas prendre l’ascenseur. Si je retarde l’échéance ? Peut être alors que je ne devrais pas, c’est ma sœur et je l’aime plus que tout. Mais je m’en veux d’avoir oublié des moments de notre vie ensemble et de ce qu’on a pu partager. Cependant, une fois dehors et une fois que je croise son regard, je lui souris et mon cœur s’apaise. Son visage m’apaise tout le temps c’est dingue. Je monte en voiture et lui dépose un bisou sur sa joue. « Comment va bébé et future maman ? » Questions simples et qui ne risquent pas de blesser ou autre. Je suis sûre de ça au moins. Je boucle ma ceinture et expire bruyamment avant de tourner mon regard vers elle. « Bon, alors shopping pour le petit ? Tu ne veux pas que je conduise plutôt ? » Je ne sais pas ce que lui a conseillé son médecin, je n’étais pas très présente ces derniers temps et je dois aussi gérer mes rendez-vous de mon côté. Je pose mon coude contre le bord de la vitre puis reprends la parole. « Plus sérieusement, comment ça va Mike et toi ? » Maman m’avait fait l’écho de ce qui se passait dans leur couple depuis l’accident et ce n’était pas glorieux. Je ne sais pas si elle voulait aborder le sujet mais, avant qu’on puisse s’extasier devant des vêtements de gosses, le trajet était un peu long. Puis, mine de rien, j’essayais de rattraper le temps perdu et puis de savoir un peu comment allait Winnie. Même si je pouvais de nouveau lire sur son visage, j’avais parfois du mal à savoir ce qu’elle pouvait penser de telles ou telles situations.

Il fallut peu de temps pour que je voie ma soeur sortir de sa demeure, et tandis que je la regardais progresser vers la voiture que j’avais déverrouillée exprès pour elle, je vis un sourire illuminer son visage, et cette simple réaction eut sitôt pour effet de me rassurer et m'arracher un sourire à mon tour. Rassurée parce que même si aux premiers abords, il pourrait paraître idiot que je me stresse à l’idée de passer une journée en compagnie de ma soeur, mais bien des choses avaient changé ces derniers mois, et même si j’apprenais à vivre avec, à accepter la réalité telle qu’elle était et composer avec celle-ci aussi bien que je le pouvais, il n’en demeurait pas moins que je craignais toujours que quelque chose dérape. Mais là, vu l’enthousiasme que je pouvais déceler chez mon aînée, qui me fut confirmé par le léger baiser qu’elle déposa sur ma joue, je me disais que je pouvais ne pas m’en faire et ainsi, profiter pleinement de sa présence et de cette belle journée qui s’annonçait pour nous deux. Heureusement, cette pensée me donna le courage de ne pas me sentir inconfortable à l’idée que Sheri ne sembla pas se rappeler le sexe du bébé que je portais. Mais encore là, je ne m’en fis pas trop, parce qu’il y a quelque temps, elle ne se souvenait pas que j’étais enceinte, alors j’estimais que c’était un progrès. Faisant comme si de rien n’était donc, je lui répondis:  « On va bien, et toi alors ? », ne manquant toutefois pas de me promettre que j’allais le lui préciser un peu plus tard. De toute façon, je n’aurais pas le choix; je ne voulais certainement pas que Sheri commence à chercher des articles pour garçon pour que cela ne serve à rien au final. Mais jugeant que cela pouvait attendre, je préférai de loin tenter une plaisanterie en prenant un air faussement offensé et lui répondre:  « Je ne suis pas si grosse que ça voyons ! Enfin, pas assez pour ne pas conduire, je crois ! », mais comme si je voulais être absolument certaine que Sheri comprenne que je n’étais nullement offensée, je ris doucement par la suite, puis je dis, un peu plus sérieusement:  « Jusqu’au centre commercial, ça devrait aller, t’inquiète. » sans toutefois perdre mon sourire, bien décidée à le conserver. Malheureusement, mes plans ne se déroulèrent pas vraiment comme prévu, puisque peu de temps après, certainement sans aucune mauvaise intention, Sheri en vint me demander comment les choses se passaient avec mon mari et ça, tristement, c’était un sujet encore particulièrement délicat. Embêtée, ne sachant pas trop quoi dire, ne sachant pas ce que Sheri pouvait savoir, peu désireuse de gâcher l’ambiance, je finis par simplement hausser les épaules et dire:  « Ça va. Je suppose… » parce que même si je ne voulais pas inquiéter Sheri, il n’en demeurait pas moins qu’elle était ma soeur et qu’au fond, j’avais toujours envie d’en faire ma principale confidente, croire que c’était elle qui allait savoir quoi me dire, me dicter quoi faire à tout coup. Évidemment, je savais que ce n’était pas comme ça que les choses étaient en ce moment, mais je ne pouvais pas nier que cela me manquait, surtout dans des temps comme ceux-ci où j’avais le sentiment que je ne pouvais rien faire pour aider mon mari, que j’étais désespérée de voir que nous étions devenus comme un vieux couple qui ne se parle plus, qui n’essaie plus vraiment de se faire plaisir et quand un ou l’autre essaie, la personne destinée à être heureuse réagit à peine. Bien souvent, trop souvent même, c’était moi qui tentait de proposer une sortie à Mike, qui préparait son plat favori le soir venu, sans aucune réaction de sa part, comme si je n’existais plus, ou bien comme s’il me prenait pour acquise, qu’il prenait pour acquis que la vie allait suivre son cours de cette façon. J’étais bien consciente que celui-ci avait encore du mal avec le deuil qu’il devait faire de son frère, mais combien de temps cela allait encore durer ? Je ne le savais pas et je devais admettre que j’étais un peu désemparée de ce côté. Mais bien décidée à ne pas laisser ce fait gâcher notre journée entre soeurs, je décidai de me ressaisir, puis demander à mon aînée:  « Et toi alors, comment tu vas ? » 

Finalement ce n’était que le trac de la voir en premier lieu car une fois installée dans la voiture, je me sens tout de suite mieux. J’avais loupé beaucoup de choses mais j’étais prête à faire des efforts pour rattraper le temps perdu et surtout en étant plus présente pour ces derniers mois de grossesse. Je tourne la tête vers ma sœur et lui fais un sourire en haussant les épaules. « Ca va, physiquement ça va, moralement parfois c’est dur mais aujourd’hui je vais bien. » Inutile de pourrir la journée avec mes états d’âmes, non le centre d’attention de cette balade n’était autre que ma sœur et le bébé. Je rigole à mon tour par rapport à sa réaction compte tenu de ma question et l’observe avant de hocher la tête. « C’est vrai, tu n’es pas encore énorme. Mais si jamais tu ressens la moindre fatigue, tu me le dis hein ? » Je n’aimerai pas qu’il lui arrive malheur à elle ou bien au petit être qui grandit dans son ventre. « Oui mais après, le shopping ça fatigue tu sais. » J’en avais fait les frais il y a pas longtemps et rentrer avait été une corvée mais apparemment Winnie tenait bien le coup et moi qui pensait que la grossesse n’était que de la fatigue… Bon après je n’avais jamais vécu l’expérience et ça m’étonnerait que ça m’arrive. Je fixe mon regard sur la route et laisse défiler le paysage en attendant d’arriver au centre commercial. Mais je ne peux m’empêcher demander comment ça va dans son couple cependant j’étais loin de me douter qu’elle mettrait du temps à répondre. Je lui jette un regard en biais et attends patiemment qu’elle réponde. Ca ne sert à rien de la presser. Tapotant mes doigts sur la portière, je souris doucement à sa réponse en hochant simplement la tête. J’ai compris que ce n’était pas le sujet à aborder aujourd’hui et j’allais m’en passer, elle m’en parlerait quand elle serait prête. Puis je n’étais pas bien placée pour insister sur quoi que ce soit, je ne préférais même pas de parler de Rhett. C’était tellement bizarre en ce moment que moins on se voyait mieux on se portait. Même si j’en souffrais, je faisais comme si ça ne m’atteignait pas. Après tout, lui il fait tout comme. « Hein ? » Je tourne la tête vers Winnie en la secouant. « Excuse-moi, j’étais perdue dans mes pensées. » Je me sens un peu confuse et renchaîne sur quelque chose que j’avais oublié mais dont je me souviens. Quand j’avais fait les boutiques avec Isobel et sa fameuse envie d’aller essayer une robe de mariée, je m’étais souvenue du fait que j’étais demoiselle d’honneur au mariage de Winnie. Apercevant le magasin devant nous, j’attendis qu’on soit garé pour ne pas qu’elle fasse un arrêt brutal sur la route. « Dis, j’y étais à ton mariage ? Je veux dire, j’y étais et j’étais ta demoiselle d’honneur non ? » Je ne passais pas par quatre chemins, ça ne servait à rien. De toute façon soit j’avais raison, soit j’avais tort. « Et il n’y avait pas Rhett. » Ca aussi je m’en souvenais mais je n’arrivais pas à savoir pourquoi il n’était pas avec moi ce jour-là. Ca n’avait aucun sens puisque j’étais censée être avec lui. Je sors de la voiture et me frotte les bras, il faisait meilleur à l’intérieur, je me tourne vers le côté de Winnie et lui ouvre la portière. « Bon, alors, t’as emmené ton fauteuil roulant au moins ? T’arrive à voir tes pieds ? » Je lui tire la langue et rigole avant de fermer sa porte et la voiture. Je prenais soin d’elle, elle l’avait bien fait quand ça n’allait pas. Je me gratte la tête et me mords la lèvre avant de poser la question qui peut m’attirer des foudres. « Tu me l’as dit le sexe du bébé, n’est-ce pas ? » Je me sens tellement mal dans ces moments-là, de ne pas savoir ce qu’elle m’a déjà dit alors que c’est évident. Mais elle s’est adoucie avec moi et moi aussi. Comprenant chacune notre tour que c’était le destin qui avait voulu ça et qu’on y pouvait rien. J’étais tellement heureuse de pouvoir profiter d’un peu de temps avec elle. Puis trouver de quoi pour le bébé m’enchantait encore plus, à chaque fois que je passe devant des vêtements pour enfant je craque. C’est tellement mignon.

 « Oui, c’est promis. » fut tout ce que je dis à ma soeur aînée au moment où elle me demanda de la prévenir si jamais je me sentais fatiguée. Parce que même si je ne pensais pas que cela arriverait, compte tenu que je me supportais quand même bien à ce stade de ma grossesse, je ne voulais pas non plus être trop sûre de moi, prendre le risque de faire peur à Sheri, parce que ce n’était pas le temps et de plus, je devais admettre que d’une certaine façon, je trouvais ça mignon de la voir protectrice. Mignon et rassurant même, pour tout dire, parce que je me rendais compte que petit à petit, je retrouvais ma grande soeur. Bien souvent, ça avait été le contraire ces derniers temps, et que je ne m’en étais pas plainte, considérant le fait que je savais que c’était pour son bien. Mais la retrouver petit à petit, ce n’était pas mal non plus, au contraire, c’était plus que rassurant me concernant. De ce fait, je voulais profiter de cet instant, ne pas le gâcher, sachant que cela ne durait pas une éternité, comme il me le fut prouvé par la suite. Avec Sheri, c’était ainsi; ça venait et ça repartait. Parfois, c’était un peu difficile à suivre, mais je m’y étais habituée, si bien que maintenant, je ne m’en faisais pas trop, me contentant de simplement suivre le rythme. Comme là, quand elle en vint à me poser des questions pour tenter de former des souvenirs dans sa mémoire, je me contentai de simplement hocher la tête, calmement, mais à sa nouvelle question, je ne pus m’empêcher d’ajouter dans un petit rire:  « Bien sûr ! » Heureusement, je me retins juste à temps pour ne pas lui demander qui d’autre ça aurait pu être, histoire de ne pas semer davantage la confusion. Pour la même raison, je ne passai aucun commentaire quand elle se fit une réflexion par rapport à Rhett, attendant que le moment passe. De toute façon, j’eus rapidement une raison à peu près légitime de ne rien dire, compte tenu que je dus me concentrer sur le fait de garer la voiture une fois que nous fûmes arrivées au centre commercial. Il n’en fallut pas plus pour que Sheri reprenne une attitude plus joyeuse, s’amusant à jouer le rôle de la cavalière parfaite, ce qui eut tôt fait de me ravir. Plus encore, je me permis même de jouer le jeu en ne me privant pas de lui lâcher un taquin:  « Fais gaffe, parce que je les vois très bien, mes pieds, et je pourrais me permettre de t’en mettre un aux fesses ! » Évidemment, jamais je ne ferais ça à ma soeur, enfin, je n’y mettrais clairement pas toute ma force, mais là, elle avait mérité que je l’embête un peu. Lui tirant la langue à mon tour pour conclure mon propos, le manège reprit son cours peu de temps après, m’obligeant à rentrer ma langue dans ma bouche pour adopter de nouveau mon air plus sérieux par rapport à la nouvelle question de mon aînée. Malheureusement, celle-ci m’embêta un peu plus, compte tenu du fait que ce n’était pas lointain dans le temps comme mon mariage, par exemple. Toutefois, parce que j’avais appris à prendre sur moi-même, j’étais parvenue à garder ma contenance, et finalement, je ne mis pas beaucoup de temps avant de lui répondre:  « C’est une fille. » avec un doux sourire. En gros, je n’avais pas pris l’occasion de lui répondre clairement si oui ou non, je lui avais dit, me disant que peut-être ma façon de répondre aurait pour effet de le lui signifier. Et puis, si jamais cela ne le faisait pas, au moins, je n’aurais pas tourné autour du pot pour lui fournir l’information. Et plus encore, au final, j’avais décidé de tourner cette situation en quelque chose de plus joyeux en ajoutant, tout en récupérant mon sourire:  « Alors ça veut dire qu’on doit trouver plein de trucs roses ! » Encore une fois, il fallut que je me retienne, puisque je fus sur le point d’ajouter un « pour ta filleule », mais je voulais attendre encore un peu avant de lui faire cette demande ou plutôt… renouveler la demande. J’avais encore du temps, à mon avis, alors en mon sens, je pourrais trouver ce que je pensais être le moment idéal pour le faire. Là, une fois que nous fûmes entrées au centre commercial, je me permis plutôt de demander:  « Alors, par où on commence ? » parce que c’était bien joli de vouloir faire les boutiques pour le bébé, si jamais Sheri voulait voir quelque chose pour sa personne, je n’allais pas l’en priver non plus.

Après sa confirmation, je lui souris satisfaite d’avoir le dernier mot sur cette histoire de fatigue. Je n’y connaissais rien mais je voyais des femmes enceintes assez souvent dans la rue et on voyait bien qu’un rien les fatiguait. Bon, d’accord Winnie n’était pas comme les autres, ça je le savais car c’était ma sœur et malgré la distance qu’on avait creusé ces derniers temps, je continuais à la connaître par cœur. Mais après cette victoire sur son état de fatigue, je me perdis dans mes pensées et une discussion que j’avais eue avec Isobel par rapport au mariage. Alors je me devais de savoir si Rhett était aussi au mariage de Winnie car je n’étais pas certaine qu’il y soit allé. Je veux dire, je n’arrivais pas à le voir dans mes souvenirs ni dans les vidéos que j’avais pu trouver de son mariage à la maison. Je tournais la tête vers elle quand elle répondit à ma première question et non à mon affirmation de la seconde phrase. Je scrutais son visage mais je n’avais pas perçu un signe quelconque comme quoi elle me cachait un truc mais le fait qu’elle ne réponde pas, ça ne me plaisait pas tellement. « D’accord. » Je soupirais et m’enfonçais dans mon siège en regardant les rues défiler à mon côté droit. Rester positive, rien qu’une journée histoire de satisfaire notre relation et de renouer les liens, on en avait besoin toutes les deux alors je n’allais pas gâcher ça avec des souvenirs qui n’étaient peut être pas fiables. Du coup, je balayais ce genre de questions en retrouvant le sourire et mon air taquin. Je préférais ça plutôt que de faire la gueule et de me tracasser sur ce que me disait Winnie était vrai ou faux. Après tout, comme je ne me souvenais de rien, tout le monde pouvait me mentir mais je n’envisageais pas cette option, ils étaient assez adultes pour ne pas faire ça. Une fois arrivée, j’étais de nouveau joyeuse et prête à passer une bonne journée et rien de mieux que de l’embêter avec son bidon énorme, si mignon soit-il par contre car oui, ma sœur était une jolie femme enceinte. Je rigolais à sa réponse et je me reculais en levant les bras en l’air, pas question de recevoir un coup de ventre dans la tête. « Ouais, mais je ne crains pas tes pieds, je crains ce monstre adorable à l’intérieur de ton ventre. Attend si c’est pas ton pied, je suis sûre que son coup de ventre sera plus terrible. » Je rigolais franchement et ça faisait un bien fous de rigoler et de se sentir soi-même depuis très longtemps. Entrant enfin dans le centre commercial, je me dirigeais vers la première boutique de bébé, rien que de voir les vêtements dans la vitrine, je lâchais un soupir de satisfaction. J’allais être tante et j’étais tellement contente que je ne pouvais exprimer ma joie que par des sourires et des woah ! Je serrais ma sœur dans mes bras, tellement spontanément que je me reculais en lui tenant les épaules. « Elle aurait une tata d’enfer, je te le promets ! » Je tapais dans mes mains et j’étais prête à trouver monts et merveilles à la petite princesse se trouvant dans le ventre de ma sœur. Si j’avais su plus tôt que faire du shopping pour bébé me rendrait dans cet état, j’en aurais fait depuis bien longtemps. Je me dirigeais déjà vers un petit meuble remplit de body. « Des trucs roses, ok. » Je hochais la tête en souriant, me mettant déjà à la recherche de petits trucs trop mignons. Je dégottais un body rose pâle avec plein de strass et paillettes avec marqué : la meilleure c’est moi ! Je tournais le petit vêtement vers Winnie et papillonnais des yeux. « Regarde ça ! » Je n’attendis pas sa réponse pour le mettre dans le sac qu’une vendeuse venait de me donner. Je me dirigeais maintenant vers les ensembles et je craquais pour une robe pourpre. « Je suis tellement contente de faire les boutiques avec toi. » J’ajoutais la robe dans le sac puis regardais autour de moi pour savoir ce que j’allais acheter quand mon regard tomba sur une grosse peluche au fond du magasin. Je montrais le panda à Winnie, les étoiles dans les yeux et rigolais avant de reprendre mon sérieux. « Ca sera mon cadeau de naissance et tu ne peux pas me dire non. » J’étais ferme et il n’était pas question qu’elle discute ce cadeau. Il était parfait ! J’étais comme une gamine pour noël et à voir le sourire de ma sœur, tout me semblait parfait. Comme s’il n’y avait jamais eu d’accident ou autre.

À mon grand soulagement, ma grande soeur ne sembla pas trop embêtée de la façon dont je lui avais annoncé, ou plutôt rappelé, que j’attendais une petite fille. Cela me montra que même si ce n’était pas l’idéal pour elle, et que je me doutais bien que ça devait être délicat, ne pas se souvenir de choses de ce genre, c’était plutôt bien passé, et c’était tant mieux. Rassurée pour le coup, je décidai de ne plus m’en faire avec cela, puis finalement profiter de ce moment en compagnie de ma soeur, et apprécier cette séance de shopping pour bébé autant qu’elle. Non pas qu’en temps normal, je n’aimais pas cela, au contraire, je prenais peut-être même un peu trop plaisir à m’extasier devant tous les articles proposés, et c’était pire maintenant que je savais que j’attendais une petite fille, mais là, avec ma soeur, c’était différent, j’en étais consciente, même si, au bout du compte, ce fut bien rapidement tout aussi amusant, à mon avis. Enfin, peut-être que cela me détourna quelque peu de mes propres emplettes, mais ce fut pour moi un véritable plaisir de considérer Sheri tandis qu’elle commençait déjà à choisir quelques trucs. À son premier choix de body pour la petite, je ris doucement, le trouvant bien mignon, même si je n’eus même pas le temps de lui faire part de mon avis à proprement parler, parce que visiblement, pour mon aînée, c’était déjà vendu avant même d’être acheté. Ne voyant pas de raison de m’y opposer, je la laissai poursuivre, me contentant d’ouvrir la bouche au moment où elle en vint à tenir un propos particulièrement touchant auquel je ne pus m’empêcher de répondre:  « Moi aussi. » Je fis toutefois exprès de ne pas m’éterniser, dire que j’étais aussi contente de la retrouver, voir qu’elle allait bien et tout cela, parce qu’encore et toujours, dans un moment relativement heureux, un moment où j’avais vraiment l’impression de retrouver ma grande soeur, je ne voulais pas aborder un sujet plus délicat et prendre le risque de gâcher le moment. Et comme si je voulais m’assurer que justement, Sheri ne songe plus à ses manquements au niveau de sa mémoire, et moi aussi, par la même occasion, je reportai pleinement mon attention sur l’énorme peluche qu’elle me montra, insistant pour l’acheter. Ne songeant même pas un instant à comment nous allions la faire entrer dans la voiture à la fin de la journée - ou en sortant de cette boutique, puisque j’étais trop peu convaincue qu’elle comme moi voulions la transporter pendant des heures - je me contentai de simplement lui dire, comme si c’était la chose la plus normale au monde:  « Je suis persuadée que ta filleule va l’adorer. » Bien sûr, j’avais fait attention de ne pas insister sur le mot « filleule », parce que mon but était de lui faire la « demande » en toute subtilité, en vérifiant évidemment si elle allait capter ce que je venais de lui dire dans un premier temps. Non pas que je pensais ma soeur stupide ou quoi que ce soit, mais je voulais juste m’assurer que c’était le bon moment pour lui demander, même si franchement, si j’y allais au feeling, je ne voyais pas vraiment à quel autre moment je pourrais soulever la question. Bien sûr, si jamais ça ne passait pas là, j’allais attendre un peu, quitte à devoir mettre un genou en terre pour lui faire ma demande de façon très officielle, mais là, tout de suite, je me contentai de simplement attendre, ne pouvant m’empêcher de me mordiller la lèvre inférieure, comme si je voulais garder le petit sourire qui s’était inévitablement dessiné sur mes lèvres, ou bien pour trahir le fait que j’étais un peu nerveuse de voir comment elle réagirait et ce, même si ce n’était pas la première fois que je lui demandais. Sauf que là, je savais - j’espérais surtout - qu’elle n’allait pas l’oublier, alors en mon sens, c’était encore plus important que la toute première fois, même si, je n’allais pas le nier, elle avait eue son importance malgré tout, parce que j’ignorais à l’époque que nous en serions là aujourd’hui. Enfin, quoiqu’il en soit, c’est que qu’importe si je lui demandais une, deux ou mille fois, il n’en demeurait pas moins qu’à mes yeux, ma soeur restait la meilleure marraine que je pourrais trouver pour mon bébé.

Entrer dans une boutique de vêtements pour bébé était vraiment quelque chose de trop cool en fait. Je ne pensais pas que j’aurais cet engouement pour aller trouver des vêtements pour ma nièce. Je craquais sur tout quasiment et après ça ne me dérangeait même pas d’acheter encore et encore. J’étais tellement pressée à présent de la voir venir que je voulais être en avril ! Puis ça donnait presque envie d’avoir un enfant à son tour, mais ce n’était pas maintenant que ça allait arrivé vu mes relations avec Rhett, mon copain si tendre et si proche de moi… Foutaise. Je resserrais mes mains autour d’une peluche et la relâchais en soupirant. Ca ne servait à rien de s’énerver maintenant, j’étais là pour passer du bon temps et de chercher la perle rare pour la petite princesse de ma sœur. Je tournais la tête vers Winnie avec un grand sourire, lui proposant un ensemble trop craquant auquel elle ne pouvait pas dire non. En fait, elle ne pouvait dire non à rien car c’est moi qui achetais. Puis je vis quelque chose de grandiose que je n’étais pas prête de laisser passer et de laisser cette magnifique peluche dans ce coin de la boutique, ça non. J’étais tellement excitée que je faillis passer à travers sa phrase, je me la répétais encore une fois dans la tête avant de tourner la tête vers ma sœur en ouvrant grand la bouche, mon bras toujours tendu vers la peluche. « Filleule ? » Je fermais la bouche en fermant les yeux, laissant retomber mes bras le long de mon corps. Puis je les rouvris avec un grand sourire, prenant les bras de ma sœur en sautillant sur place. « Je suis la marraine de ta fille !!! » Je la serrais dans mes bras puis déposais un bisou sur sa joue. « Merci. » Dis-je en me reculant avec un grand sourire. Elle venait d’éblouir ma journée et de me rendre extrêmement heureuse. J’aurais pu en pleurer si je n’avais pas cette capacité à cacher mes émotions pour ce genre de nouvelles. Je me dirigeais vers la caisse, montrant la peluche puis demandant à ce qu’on la livre à l’adresse de Winnie. Je revins vers elle en trottinant puis attrapais ses vêtements pour les mettre dans mon panier. « Je prends tout, tu discutes pas, je suis la marraine, c’est moi qui décide. » J’étais sur mon petit nuage et rien n’allais me faire passer une journée pourrie à présent. « Je suis sûre que tu me l’as déjà demandé. Mais ma réponse aurait été oui dans tous les cas, petite sœur. » Je lui donnais un coup d’épaule en souriant et la serrais de nouveau dans mes bras pour la rassurer, car oui, j’avais besoin de lui montrer que j’étais là à nouveau même si j’avais oublié certaines choses. Je devais rattraper le temps perdu à me souvenir et passer mon temps à construire mon futur maintenant. « Et si maintenant, on allait manger et boire pour fêter ça. Du soda j’entends, pas question que tu prennes une goutte d’alcool pour mademoiselle Panda. » Je souris et passais à la caisse pour prendre les achats de ma sœur et moi avant de sortir du magasin passant mon bras sous le sien. « La peluche sera livrée demain normalement, ils t’enverront un message pour annoncer leur arrivé. » J’étais fière de moi et je me demandais même comment ils allaient la faire passer par la porte d’entrée mais bon, Winnie trouverait sûrement comment, elle était forte pour ce genre de chose. Voyant un endroit sympathique et assez calme dans la galerie, je tirais la chaise pour ma sœur et m’assis à ses côtés. « Tu veux manger quelque chose ? J’avoue que je meurs un peu de faim… Puis je suis tellement heureuse, si tu savais ! » Ca devait se voir car je n’avais pas laissé le sourire que j’avais eu dans la boutique pour enfant se séparer de mon visage jusqu’à maintenant. Si je pouvais sauter de joie, je le ferais mais les personnes autour m’en empêchent, cependant je sais qu’arrivé chez moi, je sauterai sur mon lit en criant ma joie d’être la marraine de l’enfant de ma sœur. « Qui est le parrain déjà ? » Ca je n’étais pas vraiment sûre de le savoir non plus et d’avoir été au courant.

Pendant un instant, je crus que Sheri allait complètement passer outre mes propos, mais puisque j’avais fait dans la subtilité, clairement, je ne lui en aurais pas voulu. C’était prévu dans ma tête à la base, alors je gardai un air plutôt neutre jusqu’à ce soudainement, je me rende compte qu’elle venait de comprendre, en quelques sortes. Quand ma soeur vint limite me demander confirmation de mes propos, je hochai doucement la tête en me mordillant la lèvre inférieure, attendant de voir comment elle réagirait. Je n’attendis pas très longtemps, puisque sitôt, elle me sauta dans les bras, là où je l’accueillis avec bonheur et dans un rire léger, à la fois ravie et soulagée. Ravie parce que même si c’était la seconde fois que je lui demandais d’être la marraine de ma fille, soulagée parce qu’heureusement, le fait qu’elle semblait consciente de cette réalité ne sembla pas affecter sa joie à l’idée d’avoir une nièce qui serait également sa filleule. En mon sens, le tout ne saurait être plus parfait pour le coup donc. Sur un nuage, cela ne m’empêcha toutefois pas de lui dire, au moment où elle me remercia:  « Merci à toi. », estimant essentiel de lui faire savoir que c’était probablement à moi que ça faisait le plus plaisir de l’avoir comme personne de confiance pour ma petite princesse. Je ne doutais pas un instant qu’elle ferait une marraine plus que parfaite, et franchement, je n’aurais pas vu quiconque d’autre à sa place. Et d’ailleurs, elle ne tarda pas à me le prouver en demandant non seulement la livraison de la peluche - si j’avais bien compris en tout cas, puisque je n’eus pas l’occasion de m’y opposer de quelconque façon - mais aussi en prenant un paquet de vêtements en insistant pour tout payer, me faisant clairement savoir que je n’avais pas le droit de m’y opposer. Je n’allais pas nier que je ne voulais pas qu’elle abuse non plus, mon but n’étant pas qu’elle dépense sur un paquet de trucs que je pouvais acheter moi-même, mais en même temps, avais-je vraiment envie de gâcher son plaisir ? Pour être franche, pas vraiment. Il y avait longtemps que je ne l’avais pas vue dans un état pareil, et puisque le temps était à la fête, à mon avis, il serait impossible de ruiner tout cela. Par conséquent, je la laissai faire avec un sourire, même ce sourire devint un peu moins évident quand elle me rappela qu’elle se doutait que je lui avais fait la demande. Mais, comme j’avais voulu m’en rassurer plus tôt, elle ne sembla pas m’en vouloir, je me contentai de simplement lui dire, tout en passant mon bras autour de son cou pour lui rendre son étreinte:  « J’espère bien ! Je n’aurai vu personne d’autre que toi pour être sa marraine… » Avant de me détacher d’elle, je l’embrassai furtivement sur la joue, la laissant ensuite me proposer d’aller manger un morceau pour fêter le tout. Bien que la proposition me fasse plus que plaisir, parce que le but de cette journée n’était pas seulement faire les boutiques, mais passer du temps de qualité avec ma soeur, je ne pus toutefois m’empêcher de grimacer à son surnom, mais le je le fis sans rancune et méchanceté. Plus encore, ce fut sans problème que je lui dis par la suite:  « Promis maman ! », histoire de non seulement continuer la taquinerie, mais aussi lui laisser sous-entendre que je n’allais clairement pas refuser la proposition, d’autant plus que j’avais tendance à avoir faim dès qu’on me parlait de nourriture depuis quelques semaines. Cependant, je ne m’étalai pas davantage, la laissant payer les achats en tentant tant bien que mal de ne pas considérer le prix, histoire de ne pas m’inquiéter de l’argent qu’elle avait pu dépenser avec tout cela. Une fois que ce fut fait, j’acquiesçai à sa précision quant à la fameuse peluche, clairement rassurée de ne pas être obligée de la trimbaler partout dans le centre commercial. Je repris la parole que lorsque Sheri me proposa d’aller finalement manger, et ce fut avec enthousiasme que je lui dis:  « Oui, allons-y ! », gardant mon sourire ravi jusqu’à ce qu’elle en vienne à me demander qui était le parrain du bébé, ne manquant pas à ajouter un « déjà », comme si elle était persuadée que je lui avais dit. Encore une fois, je choisis de ne pas m’y attarder, et tandis que nous marchions, je lui répondis:  « Mike et moi on a décidé qui ce serait il n’y a pas longtemps. », me disant que la précision ne serait pas de trop dans le cas présent. Cependant, je n’en dis pas davantage, ne voulant pas raviver quelconque blessure, puisque lorsque je pensais à cela, je pensais directement au fait que ça aurait dû être son frère, et que trouver quelqu’un d’autre n’avait clairement pas été des plus simples. Au final, il m’avait demandé de choisir moi-même, et rapidement, j’avais décidé de prendre celui que je voyais depuis toujours dans ce rôle. Assurée de mon choix et décidée à ne pas le changer, ce fut donc sans gêne que j’ajoutai par la suite:  « C’est Marius, mais il n’est pas encore au courant. » En effet, j’attendais le moment idéal pour lui faire la demande, si je pouvais le dire ainsi, même si me connaissant, ça ne saurait probablement tarder. Pensant avoir fait le tour de la question, pour le moment en tout cas, je reportai mon attention sur les environs, ne tardant pas à repérer un petit restaurant qui serait, en mon sens, tout simplement parfait. Mais puisque je n’étais pas la seule à décider, je me dis que le mieux était de pointer l’endroit à Sheri, et lui demander:  « On va là ? » en me disant que qu’importe l’endroit où nous choisirions d’aller manger, je trouverais bien quelque chose à me mettre sous la dent, d’autant plus que quand j’avais faim, j’étais capable de manger environ n’importe quoi.

J’avoue que j’étais plus qu’heureuse d’apprendre cette nouvelle. Etre marraine, c’était pour moi l’occasion rêver de pouponner et d’offrir plein de cadeaux à cette petite pitchoune. Bref, c’était aussi l’occasion de me racheter de mon impardonnable trouble de mémoire. J’étais tellement ravie que je ne pouvais que sourire depuis cette annonce. Maintenant, j’étais même pressée d’arriver à l’accouchement pour pouvoir la tenir dans mes bras et enfin lui dire bonjour. Posant mes mains sur son ventre, je m’accroupis et lui parlais d’une voix douce et joyeuse à la fois. « C’est tata Sheri, tu vas voir comment je vais te chérir et te gâter petite princesse. Personne ne te fera de mal ou il faudra me passer sur le corps. Tu vas avoir la meilleure des marraines, filleule d’amour. » Je déposais un baiser sur son ventre et me redressai, fière de cet exploit et de ce que je venais de faire. « Je vais t’offrir une bande son avec ma voix, comme ça elle sera habituée et tu pourras l’écouter tous les soirs ! » Je rigolais bien sûr mais d’un autre côté, c’était aussi une des première fois que j’étais aussi proche d’elle et surtout du bébé, alors ça me faisait tout drôle mais c’était amusant et fort en émotion également. Définitivement, cette journée était magique. « Si un jour j’ai des enfants. Ce qui n’est pas gagné, je serais toute aussi honorée que tu sois sa marraine. » Je souris et soupire, ce n’était pas prêt d’arriver, ça je le savais. Mais bon, on pouvait toujours espérer, je n’avais que 27 ans et j’étais loin d’être périmée encore. Quoi que, ça arrive vite ces bêtes-là. Puis voir ma sœur déjà presque maman, il y a de quoi m’affoler quand même. J’attrapais son bras et de mon autre main pris les sacs pour sortir de la boutique, entraînant avec moi ma petite sœur. A côté, je pouvais presque me cacher avec ce gros bidon, génial pour une partie de cache-cache. « Tu penses que je serais aussi grosse si jamais j’attendais un enfant ? Enfin… je ne dis pas que tu es énorme, mais c’est vachement… » Je mimais avec mes mains un gros ventre rond avant de rire doucement car c’était délicat comme question. Mais je me posais vraiment la question est-ce que toutes les femmes enceintes étaient les mêmes ? Ou pas. Ca me paraissait normal de la questionner, après-tout je serais parée quand ça m’arrivera. Je secouais la tête avant de demander qui était le parrain, car je ne m’en souvenais plus et en fait avec la réponse de Winnie, je me dis que je ne devais pas être au courant si ça avait été décidé récemment. Hochant la tête, je tournais mon regard vers elle attendant de savoir qui ça pouvait être. J’arquai un sourcil en entendant son prénom, ça me disait quelque chose et pour cause, plusieurs fois je l’avais sorti de ses embrouilles grâce à son père. Combien de fois j’avais lavé ses mains pour qu’il s’en sorte indemne et sans problème. « Ce n’est pas un enfant de cœur, mais je suis sûre que ça sera un super parrain. Je dis ça car je l’ai aidé, beaucoup de fois. » Je ne savais pas si mes paroles allaient la blesser mais ce n’était pas du tout ma volonté. J’étais contente que Winnie ait pu choisir quelqu’un de confiance et qui allait protéger son bébé. Si c’était Marius c’était parce qu’il comptait pour Winnie et Mike sinon elle n’aurait pas choisi ce parrain. « Oui, allons là. » Je l’accompagnais jusqu’à la chaise et l’aidais à s’installer avant de m’asseoir en face d’elle en soupirant d’aise, ça faisait du bien de poser ses fesses quelques instants. Le shopping pour bébé ça fatigue en fait. « J’ai soif et j’ai faim alors je n’imagine pas toi qui doit manger et boire pour deux. » Riant, j’appelais un serveur pour qu’il nous apporte ce que nous allions commander. Je choisis un beignet au pomme ainsi qu’un grand thé à la framboise glacé pour faire passer le tout. J’attendis que ma sœur passe sa commande avant de reprendre la parole. « Tu m’as manqué Winnie. » J’étais sincère et il fallait que je lui dise, ça me pesait et j’étais vraiment ravie de pouvoir passer cette journée avec elle et de partager encore des moments de bonheur. Ils étaient si rares ces derniers temps que celui-ci me redonnait une joie de vivre immense. Puis c’était aussi rare que j’expose mes sentiments aussi facilement, même si c’est ma sœur, depuis l’accident c’est compliqué de savoir quoi dire à qui sans blesser ou offusquer quelqu’un.