Thomas&Baby ▬ I'll be there for you

Le week-end était arrivé, il n’y avait pas cours et pourtant, je me retrouvais quand même à apporter du travail à la maison. Mais ça, c’était ce qui était on ne peut plus normal dans mon cas. En effet, je n’étais pas ce genre d’enseignante qui se permettait de faire attendre ses élèves pendant des semaines pour avoir une note parce qu’elle se contentait de corriger seulement lors de ses temps libres dans l’école. Je savais bien que cela venait affecter un peu mon week-end, mais j’avais appris à vivre avec, et dans le cas présent, cela ne gênait personne à mon avis. Plus encore, les circonstances étaient plus que parfaites pour faire cette fameuse correction d’essais que les étudiants m’avaient rendus à la fin de la semaine; Wesley était chez un ami pour la journée, et vu comment ils s’entendaient, je ne serais même pas étonnée d’avoir un appel de sa part me demandant de dormir chez lui le soir même, et Sydney, quant à lui, s’était trouvé des heures supplémentaires à faire pendant tout le week-end. Quelques années auparavant, très certainement, cela m’aurait frustrée, mais maintenant, je me disais que ce n’était pas une si mauvaise chose. Non seulement, cela me permettrait de corriger tranquille mais de plus, actuellement, chaque fois qu’il n’était pas là, c’était limite si je me sentais mieux. Évidemment, je n’étais pas fière de penser de cette façon, mais c’était là la triste réalité. Le pire dans tout cela, c’était que je savais que je ferais peut-être mieux de me bouger pour changer les choses, mais je n’y parvenais pas. Dans le flou que j’étais, je savais que si je prenais une décision sans avoir une tête claire pour y réfléchir, pour sûr, je viendrais à le regretter. Ce que je faisais donc, c’était que je continuais mon bout de chemin, et aujourd’hui, cela signifiait corriger ces fameuses copies, ou du moins, en corriger autant que possible.

Sitôt que mes deux hommes furent partis pour leurs plans de la journée - parce que coup de chance, Sydney avait accepté d’aller déposer Wesley quand ce dernier le lui avait demandé - je sortis de mon sac de travail la pile de documents que j’avais apportés la veille, non sans difficulté vu la pesanteur de tout cela. Je déposai le tout sur la table basse du salon, m’armai d’un stylo rouge, d’un liquide correcteur et d’une tasse de thé. Il me manqua plus qu’à lancer la radio dans le salon pour mettre un peu d’ambiance et je fus prête à commencer. Je ne me fis pas prier d’ailleurs pour le faire, parce que la pile était plutôt impressionnante, et même si ce serait irréaliste d’en voir le bout aujourd’hui, si je pouvais en faire une bonne quantité, clairement, je ne dirais pas non. Bien décidée à commencer, j’attrapai la première copie, tournant aussitôt la page couverture sans regarder le nom qui se trouvait sur le dessus. Ainsi, je ne serais pas tentée d’avoir une opinion déjà fondée sur ce que je n’avais pas lu et ce, qu’importe si c’était mon genre ou pas. Lisant cette première copie, je l’annotai à plusieurs endroits, sans toutefois donner une note au bout, dans l’intention de la repasser en revue une fois que j’aurais vu tous les textes, afin de donner la note la plus juste possible. Je fis le même exercice pour la copie suivante, en enchaînant environ une dizaine avant que soudainement, j’entende frapper à la porte. Relevant la tête, mon premier réflexe fut de regarder l’heure, me rendant compte que ce n’était pas le moment ni pour Wesley, ni pour Sydney de rentrer. Intriguée, je déposai mon stylo de même que la copie que je tenais dans ma main, puis je me rendis à la fenêtre attenante à la porte, histoire de voir de qui il s’agissait vite fait. Quand je me rendis compte qu’il s’agissait d’une tête que je connaissais plutôt bien, je n’attendis pas plus longtemps pour ouvrir la porte, accueillant le jeune homme qui se trouvait de l’autre côté de celle-ci en lâchant un chaleureux: « Hey ! Ça va ? Qu’est-ce qui t’amène ici ? » Puis, sitôt que j’eus porté une attention un peu plus longue à son visage, je me rendis compte que celui-ci n’avait pas des traits bien enjoués, ou du moins, pas autant qu’à l’habitude. Quelque peu inquiète pour le coup, je ne dis rien, attendant simplement de voir ce qu’il allait me dire tout en essayant de garder le sourire.

Déjà, j’avais compris que cela ne devait pas aller pour le mieux pour Thomas, je ne pensais certainement pas que c’était au point qu’il ne tiendrait pas le simple fait d’entrer dans la maison et s’asseoir sans me dire ce qui se passait. Évidemment, je ne lui en voulais pas, mais disons que cela ne me rassurait pas vraiment. Par conséquent, cela me pressa à le laisser entrer dans la maison, me décalant aussitôt de la porte pour le laisser pénétrer dans la demeure avant de refermer et le suivre jusqu’au salon, là où toutes les copies se trouvaient encore et toujours. Légèrement embêtée pour le coup, si bien que je me permis de dire vite fait:  « Je suis désolée pour le bordel… » Plus encore, j’avais même l’intention de mettre de côté les copies déjà corrigées, histoire de faire un peu plus d’espace dans me perdre dans mon organisation, mais je n’arrivai pas à le faire. Pourquoi ? Parce que j’étais une mère, tout simplement. Je n’étais pas la mère de Thomas, ce ne serait même pas logique, mais j’avais un coeur de mère, celui qui n’aimait pas voir les gens pleurer, encore moins les gens grandement appréciés. Alors quand je vis que mon neveu par alliance avait les larmes aux yeux et un semblant de voix brisé, tandis qu’il réitérait, assis sur le canapé, que ça n’allait pas, je compris que les copies étaient totalement secondaires et que je devais orienter ma priorité sur ce qui n’allait pas avec Thomas. Sitôt, je m’assied donc en face de lui, prête à l’écouter parler, voir ce qui n’allait pas. Il n’attendit pas plus longtemps pour me faire part de ses tracas, me parlant alors de Summer, sa meilleure amie, ma cousine du côté de mon paternel - aussi amusant cela puisse-t-il être - qui n’allait pas bien, qui avait fait une rechute. Très rapidement après cette annonce, mon visage se décomposa, et je me mordillai la lèvre, n’osant pas dire quoi que ce soit. Cette nouvelle venait de me tomber dessus plutôt brusquement, qu’étais-je supposée en faire ? Clairement, je n’allais pas laisser Thomas dans un tel état de détresse, jamais je ne pourrais me permettre de faire une chose pareille. Encore plus découragé du comportement de son ami, il semblait décontenancé de ne pas l’avoir su par elle-même, ce que je pouvais très bien comprendre. Fronçant les sourcils, laissant mon visage se décomposer un peu plus, jusqu’à ce que finalement, je croise le regard de Thomas et que je ne sache résister pour le coup; je savais bien que ce n’était pas grand-chose, mais je ne pus m’empêcher de le prendre dans mes bras, de façon particulièrement maternelle, comme j’avais l’habitude de le faire avec Wesley quand il était contrarié pour une façon ou pour une autre. Une bonne idée ? Je n’en étais pas totalement persuadée, mais ce fut le mieux que je pus faire dans l’immédiat. Cependant, parce que Thomas n’était pas un petit garçon d’onze ans, que le problème qui le tourmentait était beaucoup plus grave qu’une dispute avec un ami ou quelque chose du genre, je me décalai au bout d’un moment, puis je décidai de lui demander:  « Tu… Tu as essayé de lui en parler ? Que s’est-il passé ? » Non seulement, je sentais que j’avais besoin d’avoir ne serait-ce qu’un peu plus d’informations pour tenter de l’aider autant que je le pouvais, mais aussi, je me disais que peut-être en parler davantage pourrait l’aider à se vider, et qui sait, peut-être lui faire du bien au bout du compte.