(DERRICK) “I used to believe in forever, but forever's too good to be true”

Elle soupire la brune, ce dossier devant ses yeux et le coeur est vide. Sophie passe trop souvent dans son bureau pour savoir si elle a besoin de quelque chose. Elle a juste besoin qu'on la laisse tranquille. Elle n'avait pas pu prendre des jours de congés parce qu'elle avait une audience incessamment sous peu et elle ne pouvait pas se permettre de se reposer. Le repos est inexistant maintenant, elle ne dort plus bien, son coeur est vide, sa tête est pleine, elle par contre, de remords, de regrets, de tristesse. Elle ment Azraël, elle ment habilement à Sophie parce qu'elle ne veut pas qu'elle s'en prenne à Oliver, et pourtant, elle devrait. Azraël, elle a mal quand elle entre dans l'ascenseur, elle a la nausée quand elle parcourt les couloirs du bureau et elle a l'impression qu'elle est vide de l'intérieur, qu'elle ne parviendra plus à ressentir quelque chose d'autre que de la tristesse et de la mélancolie. Quand l'envie s'en fait ressentir, elle descend à l'extérieur pour s'allumer une cigarette, quand elle sait que tout le monde a déjà prit sa pause, quand elle sait qu'elle ne croisera personne et qu'elle n'aura pas besoin de discuter, de faire semblant que tout va bien. Personne ne savait à part Sophie et Paul, et même eux, ne te posent pas de questions. Sophie est bien plus attentive, bien plus maternelle, mais même ça, ça ne lui fait pas du bien. Azraël a juste envie de prendre le large, de démissionner et de retourner en Californie. Ca lui ferait sûrement du bien. Putain de sentiment à la con. Quand elle remonte, elle jette un coup d'oeil à son téléphone et un faible sourire naît sur ses lèvres, elle a un rendez-vous ce soir. Au moins, elle aura un peu de compagnie, elle n'aura pas à subir les conseils de ses soeurs, ni même de se forcer à être en leur compagnie, elle ne sera pas chez elle. Elle répond alors positivement à l'invitation et elle se remet au travail. Quand on toque à la porte de son bureau, elle sursaute et elle se retourne « Tiens, je t'ai ramené de quoi grignoter. C'est pas  grand chose, mais je pense que ça te fera du bien de manger un peu.
» Sophie toujours aussi prévenante, Azraël la remercie et elle ouvre son tiroir pour ranger son repas, et elle retrouve un dossier avec une annotation dessus. Rouge. Urgent. Elle regarde le dossier, l'écriture, elle la reconnaîtrait entre mille. Elle déglutit, s'humidifie les lèvres, se met à trembler un peu. Il faut qu'elle y aille. Il faut qu'elle le fasse. Elle se lève alors, serre le dossier contre sa poitrine, son coeur battant à un rythme trop irrégulier et elle toque à la porte, quand il lui dit d'entrer, elle le fixe, avant de s'approcher, le coeur au bord des lèvres « Voici le dossier urgent dont vous aviez besoin Maître Deirdre. Il était dans mon bureau. Toutes mes excuses, je pensais vous l'avoir rendu. » Et elle ressort encore plus vite qu'elle n'est arrivée alors qu'il est en train de lui parler, elle ne veut pas entendre ce qu'il a à lui dire, elle ne veut pas l'entendre, elle ne veut plus, elle en a bien assez.

« Tu peux y aller Azraël, il est vingt heures rentre te reposer. Je vais voir les derniers détails avec Oliver. » Vérifier que tout est en ordre, que tout est bon pour l'audition. D'habitude, c'est elle qui le fait. D'habitude, quand ils rentrent tout les deux à l'appartement d'Oliver, ils ouvrent les foutus dossiers qu'elle a terminé et en cinq minutes tout est bouclé. Maintenant, c'est professionnel. Maintenant tout est brisé. Elle la remercie d'un hochement de tête et elle se lève avant de récupérer son manteau, son regard se pose sur la porte dont l'entrebaillement laisse encore entrevoir de la lumière et elle lève les yeux au ciel. Pathétique. Elle ne devrait pas, elle le sait. Mais c'est plus fort qu'elle. Peut-être qu'elle devrait fuir, c'est la quatrième fois qu'elle y pense dans la journée, et c'est peut-être la meilleure des solutions. Elle passe alors dans les toilettes pour se remaquiller un peu, elle lisse sa robe qui n'est pas froissée et elle se dit qu'elle peut le faire, qu'elle peut y aller. Elle regarde alors l'adresse, commande un uber qui arrive cinq minutes après qu'elle soit sortie, le temps pour elle de s'en griller une. Et elle arrive dans le bar, elle est en retard de quinze minutes. Heureusement pour elle, il l'a attendu. Elle le rejoint alors, et elle le prend dans ses bras, geste affectueux avant de s'installer en face de lui « Désolée du retard, j'étais retenue au boulot et mon Uber a mit du temps avant de venir. » Un sourire maladroit et elle commandait une bière au serveur qui venait d'arriver avant de reporter son attention sur Derrick « Tu ne m'as pas attendu trop longtemps j'espère ? Qu'est-ce que tu deviens ? J'ai cru te voir dans mon écran de télévision l'autre jour. Mais je dois sûrement avoir halluciné. » Parce que pour elle, il était toujours dans ce boys band, à l'époque où elle l'avait connu. Mais tout le monde change, elle le sait. Tout le monde change et parfois, les personnes blessent. Malheureusement.