Tu es démasqué [Feat. Isaiah E. Navarro]

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Parfois certaines personnes avaient tendance à penser que Johan n'était qu'un vulgaire gamin comme tant d'autres, mais c'était sans savoir qu'il était plus intelligent que les autres. C'est la raison pour laquelle, il pouvait comprendre des choses beaucoup plus facilement, réagir parfois comme un adulte ou même tenir des réflexions qu'un gamin de quasiment quatorze ne connaissait même pas. De ce côté là, l'allemand pourrait presque être content d'avoir ce don, mais ça lui apportait tellement de soucis en dehors de ça, avec les enfants de son âge, qu'il faisait tout pour se faire passer pour un simple élève mauvais qui ne souhaite rien faire pour s'améliorer. La vérité en est bien loin, car s'il y mettait du sien, en seulement quelques minutes il pourrait obtenir des notes supérieures, mais ça mettrait la puce à l'oreille des enseignants qui seraient sans doute tenté de le traiter différemment voire le mettre de côté vu qu'il connaissait la majorité du programme abordé en cours.

Après que le jeune homme se soit mis à tamponner des compresses sur le visage tuméfié de l'allemand, les picotements se firent sentir et il se mit à grimacer. Mais Johan n'était pas douillet, alors il se contenta de serrer les dents sans rien dire, enfin rien qui ressemblait à une plainte, mais plutôt une question qu'il adressa directement à l'homme le soignant. Parfois, il n'avait pas vraiment conscience qu'il était aussi franc, il faut dire qu'il avait tellement peu de conversation avec d'autres personnes que quand ça lui arrivait, il pouvait se montrer maladroit.

Bien évident que le professeur pouvait lui mentir, et à sa place il aurait sans doute fait la même chose, mais il savait aussi déceler les mensonges, il n'était pas dupe malgré son jeune âge. Mais il comprendrait qu'il l'envoie sur les rosiers et lui dise que ça ne le regarde pas, réaction tout à fait normale, même si Johan aurait aimé en savoir plus la situation que semblait vivre son enseignant. En se remémorant ses propos de leur précédent échange, il cru comprendre de quoi il retournait. Il avait semblé bien savoir ce qu'il pouvait ressentir et si finalement, ces propos le décrivait ? Ce qui expliquerait pourquoi il savait mieux que quiconque ce que pouvait ressentir l'allemand ? Soudain il se sentait tellement coupable d'avoir posé une telle question, mais le sportif joua le jeu et se confia à lui. Enfin la vérité serait plutôt qu'il lui a balancé une réponse bateau espérant se débarrasser de sa curiosité mal placée.

" - Pourquoi vous ne divorcez pas ?"

Johan n'osa pas se risquer sur la véritable raison du pourquoi il préférait vivre ici plutôt que chez lui, même si au fur et à mesure, l'hypothèse qui s'était formé dans l'esprit du petit garçon prenait de plus des allures concrètes. Il essaya de chercher une solution pour lui venir en aide, mais est-ce qu'il accepterai de se faire aider ? Et encore plus par un gosse ? Ce devait être une mauvaise idée, Johan avait sans doute fait assez de dégâts pour le moment, il devrait apprendre à se taire plutôt que de rendre la situation encore plus complexe qu'elle ne l'ai déjà.

Johan & Isaiah

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La nouvelle question du jeune homme arriva de façon si soudaine, si spontanée, que tout ce que je sus faire pour lui répondre dans un premier temps, ce fut un petit rire. Un rire un peu idiot, un rire nerveux qui trahissait à quel point je trouvais cette éventualité sarcastique dans ma situation. Ce n’était pas une idée idiote, loin de là. C’était une idée simple, une idée de base que je ne pouvais pas vraiment contredire. Bien des gens s’étaient posés la question lorsqu’ils savaient que les choses étaient loin d’être au beau fixe avec mon épouse, parce que rares étaient ceux qui connaissaient la vérité, cette sombre vérité qui venait changer bien des choses, qui faisait partie des raisons pour lesquelles le divorce ne me paraissait plus une solution aussi simple, pourquoi c’était devenu un sarcasme dans ma tête, qui me faisait réagir ainsi. Mais tout ça, c’était dans ma tête, faisant en sorte que ce rire, il ne pouvait pas être compris des autres, et certainement pas du jeune homme qui, peut-être, se sentirait même insulté par celui-ci. Enfin, je ne l’espérais pas, mais pour en être certain, je tentai de rattraper le coup, en venant à reprendre mon sérieux, puis en lui lâchant un petit: « Désolé… », essayant surtout de gagner un peu de temps afin de savoir exactement quoi lui répondre. Devrais-je encore continuer dans l’honnêteté, ou bien ce serait trop lui en dire ? Maintenant que j’étais dans cette situation, limite, je me disais que je pourrais en parler, puisque désormais, je n’avais plus si peur qu’avant de dire ce qui se passait vraiment. Mais je me disais que Johan devait avoir ses ennuis, et qu’entendre les miens, ne serait pas vraiment apprécié pour le coup. Mais comment pourrais-je m’en sortir pour le coup ? Il était beaucoup trop perspicace que je m’en tire avec un simple « c’est compliqué ». Inspirant profondément, je tentai maladroitement de trouver un entre-deux, et je finis par dire: « Disons que… Ce n’est pas très simple entre nous deux… » Évidemment ce n’était pas suffisant, mais il me fallait encore un peu de temps pour y réfléchir et trouver les meilleurs mots qui soit. Fronçant les sourcils, j’abandonnai un peu le combat mental que j’étais en train de mener, puis je dis: « Et je crains que lui demander un divorce mène à des représailles dont je n’ai pas envie… » Bon voilà, c’était mieux que rien, n’est-ce pas ? C’était la vérité, je craignais vraiment les représailles, sa réaction si jamais je lui présentais les papiers de divorce. Déjà qu’elle réagissait à un rien désormais, je refusais de faire quelque chose qu’elle, elle ne songeait même pas à faire, comme si moi, en punching bag, était nécessaire à sa vie. Et maintenant que j’avais déserté la maison, c’était pire. Nous ne nous étions pas revus depuis, et franchement, plus je retardais le moment, mieux je me sentais, même si je savais que les conséquences seraient horribles. Mais à ce point, quel est le moins pire ? Être lâche, ou prendre soin de soi ? Voilà le dilemme dans lequel j’étais aux prises au quotidien, même si au moins, une chose était certaine, c’était que je n’allais plus retourner à ma vie conjugale d’avant, pas maintenant que j’avais vu que je pouvais quand même m’en sortir, même si ce n’était pas idéal en ce moment.

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Sans pouvoir réellement expliquer ce qui passait dans la tête du jeune garçon, en regardant ce professeur soignant ses blessures au visage et essayer de répondre tant bien que mal à ses questions, toutes plus indiscrètes les unes que les autres, faisait naître en l'allemand un sentiment étrange. Un sentiment qu'il n'avait jamais vraiment ressenti en dehors de celui qu'il avait pour sa mère. Cet homme semblait avoir besoin d'aide et Johan avait envie de l'aider, de quelle manière ? Ça il l'ignorait, mais il avait envie de l'aider à se sentir mieux, à le voir épanoui, parce qu'il savait que ce devait être quelque de bien, il suffisait de prendre le temps de le cerner pour le remarquer.

Beaucoup trop de personnes se basent à la première impression qu'ils ont des autres, et si on se fiait à cela pour lui, il est certain qu'on lui accorderait le bon dieu sans confession au vu de sa bouille d'ange, mais ce qu'il y avait derrière, personne le savait. Très peu, voire personne ne savait ce qu'il a du traverser dans sa vie alors qu'il n'a que treize ans, et c'est peut-être ce même vécu qui fait qu'aujourd'hui, Johan a envie d'aider à cet homme à s'en sortir.

Dans un premier temps, il se mit à rire. Avait-il dit quelque chose qui pourrait être comique ? Pas à sa connaissance, alors il arqua un sourcil avant que ce dernier ne vienne s'excuser et mette quelques secondes supplémentaires avant de lui servir une réponse. Comme il s'y attendait, une réponse bateau, mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Qui voudrait raconter sa vie à un gamin de son âge ? Mais peut-être qu'il avait encore des arguments à lui fournir pour qu'il ose enfin sauter le pas de demander le divorce.

Pour rappel, le jeune garçon est passionné par le droit, il a donc des connaissances dans ce domaine ainsi que sur certaines procédures. Il pourrait toujours lui être d'un soutien de ce côté là.

" - Il vous suffit de signer les papiers du divorce, vous embauchez un avocat et c'est lui qui ira les porter à votre femme. Vous n'êtes pas obligé de l'approcher et si c'est représailles dont vous parlez sont violentes, rien ne vous interdit d'aller voir la police et de demander une ordonnance restrictive. Pensez à votre nouvelle vie, je suis sûr que vous méritez de penser un peu à vous et d'être enfin heureux."

Entre le droit et la psychologie, le jeune homme aurait presque pu faire les deux combinés. Même si à première vue, il n'est pas très bavard, Johan a toujours eu la main sur le coeur prêt à aider les autres, et c'est ce qu'il se passait à l'heure actuelle. Il ne pouvait pas laisser cet homme seul dans son angoisse alors qu'il pouvait s'en sortir en signant des papiers et mettre définitivement un terme aux violences qu'il subit. Concernant ses propres soucis, on dit bien qu'il est toujours plus simple de conseiller les autres que de se conseiller soit même.

Au bout du compte, le professeur avait terminé de désinfecter les plaies ouvertes sur son visage, ce qui, il ne pouvait le nier lui faisait un bien fou. Suite à ça, il lui mit quelques pansements pour permettre aux plaies de cicatriser et une fois que ce fut fait, il rangea le tout dans la trousse de secours.

" - Merci.." murmura-t-il en se blotissant un peu plus dans la couverture.

En réalité, Johan redoutait ce moment où son professeur oserait le questionner à son tour, et au vu de la sincérité de ses propos, il n'aura pas d'autres choix que d'être sincère avec lui en retour, même si ça lui coûtait beaucoup au niveau de sa personnalité, lui qui ne se confiait jamais. Mais ce dont il avait le plus peur c'est qu'il appelle les services sociaux dès lors qu'il apprendra que Johan est seul ici encore plus s'il lui avoue qu'il a fugué de sa famille d'accueil dans laquelle il avait été placé.

Johan & Isaiah

Tu es démasqué

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J’avais beau ne pas avoir la force ni le courage de faire bouger les choses et améliorer ma situation, il n’en demeurait pas moins que je restais conscient que ce serait chose faisable, et ça rendrait ma vie beaucoup plus simple. Enfin, c’était ainsi que je voyais, que tout le monde semblait voir les choses à la base, mais bien souvent, après réflexion, je pensais tout autre, et je me perdais dans mes réflexions quand je me rendais compte qu’au final, je n’étais pas persuadé que cela vienne vraiment m’aider. Je connaissais les discours, et chaque fois, j’avais tenté de me convaincre que c’était mieux que je ne fasse rien, et même si ça ne me mettait pas totalement à l’aise, j’avais toujours estimé que c’était mieux ainsi. Par contre, bien souvent, quand on tentait de me convaincre, les arguments venaient d’adultes, adultes qui semblaient dire ça que machinalement, sans vraiment chercher à comprendre la situation, comme si le divorce était chose facile, comme lorsqu’on décide de jeter un vêtement quand il est déchiré ou trop taché pour être réparé en un passage ou deux à la lessive. Et je devais avouer que chaque fois, cela me dissuadait grandement pour aller de l’avant, et j’avais le sentiment, aux premiers abords, que Johan aussi, me proposait de demander le divorce par question de principe, d’où le fait que j’avais tenté de m’en tirer avec mes plates excuses habituelles. Mais cela ne fut pas assez pour le jeune homme, qui poursuivit son discours, d’une façon limite passionnée que je ne lui connaissais pas vraiment, puisque dans les rares occasions où j’avais pu lui parler, celui-ci m’avait simplement dit quelques mots, sans jamais se montrer bien convaincant dans ses dires. Je dus avouer que son soudain changement de comportement me laissa particulièrement perplexe, mais aussi impressionné. À la base, j’avais toujours aimé voir un enfant s’extasier pour une raison ou pour une autre. Bien sûr, je ne m’attendais pas à ce que ma situation conjugale soit la raison pour laquelle il vienne à s’exciter ainsi, mais si c’était ça qui l’éveillait… Reprenant ma contenance, je ne fus pas tant certain que j’étais toutefois prêt à lui en donner plus, d’autant plus que j’avais le sentiment que je ne pouvais pas tant argumenter pour le coup, comme si j’étais à court d’arguments, ce qui ne m’était jamais vraiment arrivé. M’avouant quelque peu vaincu, tout ce que je sus lui dire, ce fut: « Tu feras vraiment un superbe avocat, toi. » Et ça, je le pensais vraiment, comme je tentai de le prouver avec le petit sourire que je laissai apparaître sur mes lèvres. Cependant, je ne cherchai pas à m’expliquer plus longtemps, me concentrant de nouveau sur ses plaies. À défaut d’avoir un équipement de médecin - et être un médecin dans la foulée - je fis avec ce que j’avais, mais au bout du compte, quand je me décalai, je dus admettre que le résultat n’était pas si mal. Bien sûr, ça se voyait encore que le pauvre avait été malmené, mais au moins, ses blessures ne pourraient pas empirer. Estimant que j’avais terminé, je déposai les instruments dans la trousse et je refermai celle-ci. Johan sembla l’avoir compris, puisque ce fut là qu’il me remercia, m’arrachant un sourire poli, mais rien de plus. Non pas par froideur, mais parce que je me disais que c’était la moindre des choses, de lui venir en aide ainsi. Lorsque tout fut rangé, je me redressai, trousse en main, et je crus bon de dire: « Il commence à se faire tard, tu as besoin de repos. » Sur ces mots, je me rendis à mon bureau, où je déposai la trousse, restant toutefois attentif, histoire de voir s’il irait bel et bien dormir, ou bien s’il allait vouloir discuter plus amplement, faire autre chose avant de se mettre au lit… Ou bien sur le matelas de gymnastique dans le cas présent.

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Il est évident que le jeune homme qui se trouve devant lui est dans une impasse, après avoir peser le pour et le contre, il doit y avoir certains arguments qui lui font peur et finissent de le convaincre que le divorce n'est pas une bonne chose. Johan ne peut s'empêcher de voir les choses avec son regard d'enfant surdoué et surtout, de passionné du droit. Des livres concernant ce domaine il en a lu des dizaines. La procédure de divorce n'avait plus de grands secrets pour lui, il aurait presque pu se faire avocat mais son âge restait le critère réduisant toute sa crédibilité.

Ce n'est pas pour autant qu'il comptait lâcher le morceau, bien que l'homme se tenant en face de lui ne semblait pas très communicatif sur le sujet. Me me pire, ils semblait totalement perdu dans ses pensées, et quelles pensées ? Celle de sa femme ? Celles de lui d'ici plusieurs mois voire années exercer le même métier et devoir mentir aux élèves parce qu'il dormait dans son bureau ? Ce n'était clairement pas une vie, et si l'allemand refusait de se battre pour sa propre vie, il ne voulait pas que l'enseignant gâche sa vie à cause de cette union. Il ne lui restait qu'à pas à franchir avant de pouvoir être de nouveau heureux, mais en aurait-il réellement envie ? Et s'il campait sur ses positions tout simplement parce qu'il avait pris cette situation pour acquise? Tout comme Johan avait pris pour acquis qu'il ne serait jamais le bienvenue dans ce lycée et que le harcèlement qu'il subit est tout à fait normal.

Il ne pouvait pas faire plus que sortir les quelques arguments qu'il avait en poche, mais ce ne semblait pas être suffisant pour réellement motiver l'homme à prendre les choses en main. Johan venait d'échouer lamentablement et les propos de son interlocuteur l'en informa. Était-ce sincère ou bien seulement pour lui faire comprendre que désormais il n'avait plus envie d'aborder le sujet ? Quoiqu'il en soit, il venait de terminer de le soigner. Il se releva pour aller déposer la trousse dans son bureau avant que de lui annoncer qu'il ferait mieux de dormir.

Sans opposition, l'allemand s'allongea en position de foetus comme pour se protéger de lui-même et du froid qu'il avait l'habitude d'affronter la nuit. Ce soir était un soir de trêve avant qu'il ne revienne à la dure réalité de sa situation. Il ignorait quelle heure il était réellement mais Johan avait pris l'habitude de ne dormir que quelques heures par nuit voire pas du tout en fonction des événements nocturnes qui se déroulaient.

Les heures défilèrent et la nuit avançait. Le jeune garçon ignorait si l'heure du premier cours approchait, il n'avait aucun véritablement repère, alors afin de ne pas causer de soucis au jeune homme, il décida de profiter des douches pendant qu'il dormait encore. C'était la première fois qu'il prenait une douche depuis plusieurs jours, et il devait bien avouer que ça lui faisait un bien fou. Quelques minutes plus tard, il en ressorti, prenant les premières affaires qu'il avait dans son sac pour se changer et revenir dans le gymnase. Un coup d'oeil dans le bureau de son professeur le montra en train de dormir, Johan se hasarda à entrer dans son antre afin de remettre sur lui ma couverture, dans l'espoir de ne pas le réveiller.

En temps normal, il aurait aimé pouvoir offrir quelque chose, ne serait qu'aller acheter un petit déjeuner pour marquer le coup, et probablement que s'il avait été chez quelqu'un, il aurait fouillé un peu pour pouvoir offrir une telle chose, mais pour le coup, il n'avait pas cette possibilité, à moins qu'il ne se serve encore de son talent de voleur pour arriver à ses fins. Il resta planté dans le gymnase attendant qu'il se réveille, en attendant, il plongea son nez dans un livre de droit qu'il avait toujours dans son sac ainsi qu'une photo de lui et sa mère en guise de marque page. Ce genre d'ouvrage était la seule chose qui le motivait réellement.

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Depuis la vitre qui servait de séparation entre mon bureau et le reste du gymnase, j’observai discrètement Johan se caler dans la couverture que je lui avais offerte et s’allonger dans l’espoir de dormir un peu. Je ne sus pas combien de temps je demeurai là, à l’observer, mais ce fut suffisamment longtemps pour que je constate au bout d’un moment qu’il avait trouvé le sommeil, comme si dormir où que ce soit lui était si égal que maintenant, il pouvait s’endormir environ n’importe où. Ayant été obligé de vivre plusieurs nuits blanches avant de parvenir à dormir convenablement dans ces lieux, j’aurais pu limite me montrer admiratif de sa capacité d’adaptation, mais réagir de la sorte, j’avais l’impression, ferait de moi un être naïf. Peut-être que je l’étais parfois, mais dans ces moments, je ne m’en rendais pas compte. Mais là, je me rendais compte que non, je n’avais pas envie d’être admiratif de quelconque façon, ne pouvant qu’être triste pour lui, être triste du fait qu’il semblait si habitué de ne pas dormir dans une demeure, un lit normal, que dormir sur un plancher froid de gymnase avec une simple couverture lui suffisait. Et même si je ne le connaissais pas tant, quelque chose au fond de moi me urgeait de faire quelque chose pour l’aider. Ce n’était pas la première fois que j’y songeais, sans vraiment m’expliquer pourquoi, mais chaque fois, je me disais que je n’étais pas nécessairement bien placé. Après tout, qui étais-je dans sa vie, outre son professeur de sport, ce professeur de sport qui l’avait obligé à subir une cuisante humiliation devant les élèves ? Et même si je l’aidais, qui disait qu’il ne refuserait pas mon aide, faisant en sorte que je ne pouvais pas le forcer à quoi que ce soit ? Quelque peu perdu de ce côté, je soupirai doucement, et commençant à ressentir une certaine fatigue malgré cet évènement perturbateur, je décidai de fermer la dernière lumière restante dans mon bureau, puis je m’allongeai sur mon matelas de fortune en tentant de trouver le sommeil à mon tour. Ce ne fut pas chose simple dans un premier temps, mais au bout du compte, je me sentis à peu près reposé quand je me réveillai, quand même tôt, bien avant que les élèves arrivent, d’autant plus que si je ne me trompais pas, c’était le jour où il n’y avait personne dans le gymnase avant la fin de la matinée, faute de cours. C’était tant mieux, cela me laissait du temps pour me préparer un peu plus, même si évidemment, je me levais et je me préparais quand même. Et pour ce faire, je me rendais dans un premier temps aux vestiaires pour me rafraichir un peu et me changer. Ensuite, je faisais un détour à la cantine, allant attraper un petit-déjeuner comme bien des gens le faisaient, même si moi, j’étais bien souvent, voire toujours le premier client. Mais avant que je m’y rende aujourd’hui, en sortant de mon bureau, je me rendis compte que Johan était déjà réveillé. Depuis combien de temps ? Je ne le savais pas trop, mais suffisamment pour qu’il se soit plongé dans un livre. N’ayant pas l’occasion d’en voir le sujet, je m’approchai, et je fis savoir ma présence par un: « Salut. » quelque peu timide, accompagné d’un sourire qui s’harmonisait avec mon attitude générale. Je fis encore quelques pas en sa direction, me demandant si je devais m’intéresser à ce qu’il lisait ou bien parler d’autre chose, et me rendant compte que je pourrais très bien mettre à exécution la première option plus tard, j’optai pour la seconde, lui disant alors: « Je vais me changer et prendre un petit-déjeuner à la cantine. Tu veux quelque chose ? » J’avais volontairement fait ma proposition dans ce sens, ne lui suggérant pas de m’accompagner, supposant que si je l’avais fait, il n’aurait pas voulu se faire voir des autres. Là, il pourrait rester à l’abri des regards discrets en attendant que je revienne, ce qui serait une affaire de quelques minutes. Après, il fallait qu’il accepte, et j’aimerais bien qu’il accepte, me disant qu’un petit-déjeuner consistant ne lui ferait certainement pas de mal.

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En seulement quelques semaines Johan avait pris l'habitude de s'adapter à tout type de lieu pour dormir, que ce soit par terre dans la rue avec quelques cartons ou bien dans une station de métro, il n'était pas difficile côté confort et se contentait de ce qu'on pouvait lui offrir. Depuis quand n'avait-il pas bénéficié d'un véritable lit ? Un bon nombre de semaines maintenant. Il avait donc mis peu de temps avant de s'endormir, il faut dire aussi que le jeune homme était épuisé, non seulement à cause de tout ce qu'il avait vécu ces derniers jours mais également grâce au lieu dans lequel il se sentait plus ou moins en sécurité, ce qui le changeait de ses couchettes nocturnes.

Finalement, quelques heures après s'être endormi, il s'était réveillé tout en prenant soin de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller le professeur qui, au coup d'oeil qu'il avait lancé semblait dormir à poing fermés. En attendant, il en profita pour pouvoir aller se laver, cela faisait quelques jours qu'il n'avait pas eu l'occasion de prendre une bonne douche, et ça lui donnait un regain de courage pour entamer une nouvelle journée. Est-ce qu'il comptait se rendre en cours ? Sans doute pas, il ne savait même pas ce qu'il allait faire hormis poursuivre ses recherches pour retrouver l'homme qui l'avait mis au monde mais qu'il ignorait sans doute son existence.

Après s'être préparé, il aurait pu aller réveiller le jeune homme, mais pensant qu'il ferait mieux de le laisser en paix, il opta pour simplement s'installer tranquillement pour se plonger dans son livre de droit. Contrairement aux cours qu'il suivait dans cet établissement, il était passionné par cet ouvrage, il se sentait vraiment à son aise et pouvait rester des heures à le lire sans se soucier de ce qui se déroulait autour de lui. Il n'avait aucune difficulté à rester concentré sur le même sujet durant des heures, contrairement au reste. Le jeune garçon a besoin d'être sans cesse stimuler, il a toujours été curieux sur tout un tas de sujet, et se focaliser sur un seul et unique thème ne lui permet pas d'être captivé et il lâche rapidement prise.

Au bout du compte, il fut sorti de son ouvrage par la voix du professeur qui venait de se réveiller. Si on oubliait le lieu, on pourrait presque croire qu'ils étaient une parfaite petite famille qui venait de se lever et qui allait déjeuner ensemble. Bref, l'utopie pour l'allemand qui n'avait plus aucune famille depuis des années. Il le salua à son tour avant qu'il ne lui propose de lui prendre quelque chose à manger. Dans un premier temps il est évident qu'il voulait refuser, par principe mais également par fierté. Depuis toutes ces années il s'était débrouillé seul, sans aucune aide, demander de l'aide c'était avouer qu'il était faible et il ne voulait pas l'admettre.

Après ce combat contre lui-même, son ventre le rappela à l'ordre. Il n'avait pas mangé depuis la veille, il avait besoin de se nourrir et la proposition de l'enseignant signifiait qu'il n'avait même pas à se déplacer et affronter le regard des autres, c'était tout bénéfique. Prenant son lui, il releva la tête tout en la secouant positivement comme un petit enfant timide.

" - Je.. Je veux bien oui.."

Il avait appris à ne pas faire le difficile, il prenait ce qu'on lui donnait, tant que ça le nourrissait c'était tout ce qu'il demandait. Il était loin de demander un festin, mais il est certain que son estomac n'allait pas refuser de la nourriture alors qu'au fond, il mourait de faim.

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Au fil du temps, du boulot, de l’expérience que je commençais à prendre de plus en plus en compte, j’avais commencé à jauger les étudiants qui m’étaient confiés et ce, aussi rapidement que possible, compte tenu que je ne les voyais pas tant souvent, contrairement aux enseignants de littérature ou encore de mathématiques. Parfois j’y parvenais, parfois pas, parfois je parvenais à me donner au moins une petite idée. Concernant Johan, j’avais quand même pu deviner qu’il tentait d’être autonome, ce qui lui donnait un air solitaire, mais que potentiellement, il était vulnérable. Mais cette vulnérabilité, il avait su la masquer, environ jusqu’à hier soir et encore là, nous n’en avions pas tant parlé. Quand je l’avais vu dormir, j’avais pu voir un peu cet aspect de lui-même, mais pas de façon aussi frappante que lorsque je lui proposai de manger quelque chose et qu’il accepta, comme si j’étais la première personne à le lui proposer. Était-ce vraiment ça ? Ou bien était-ce une simple impression compte tenu du fait qu’il n’était pas tout à fait réveillé ? Qu’importe ce qu’il en était, limite le voir ainsi me brisa le coeur. Obligé de prendre sur moi, je déglutis, puis n’ayant pas le courage de lui demander ce qu’il voulait manger exactement, d’autant plus que je ne connaissais pas par coeur ce qui se trouvait à la cantine, je me contentai d’acquiescer en disant: « D’accord, je reviens alors. » Sur ce, je repassai à mon bureau, histoire de prendre mes vêtements pour la journée ainsi que mon porte-monnaie, passai à la salle de bains pour ne pas me rendre à la cantine dans mes pyjamas - procédant toutefois plus rapidement que d’habitue - et je me rendis à destination. Sur place, je pris toutefois plus mon temps qu’à la normale, considérant que je ne devais pas acheter que pour moi, et qu’en plus, je ne savais pas ce que Johan voudrait. Abandonnant l’idée de deviner ses goûts, je décidai de prendre certaines choses qui se voulaient consistantes et qui lui donneraient de l’énergie et de quoi se remplir un peu, qu’importe ce qu’il décidait de faire de sa journée. Je pris ce que je prenais pour moi d’habitude, puis je me rendis à la caisse, non sans me prendre un commentaire à caractère humoristique de la dame sur la quantité de nourriture que je pris. Toujours en tentant de faire dans l’humour, je lui répondis en plaisantant que j’avais terriblement faire ce matin. Heureusement, ce fut suffisant pour qu’elle ne pose pas de plus amples questions, me donnant l’occasion de quitter les lieux sans trop de problème. Puis, je revins vers le gymnase, trouvant Johan au même endroit que précédemment. Décidant de ne pas faire de détour, je lui apportai les victuailles, incluant ce que j’avais pris pour moi, et je déposai le tout à côté, lui disant: « Tiens, tu peux prendre ce que tu veux. » Dans le pire des cas, si jamais je n’avais pas ce que je souhaitais manger, j’allais faire avec ce qui restait, ou bien je retournerais à la cantine, ce n’était pas tant un problème. Et si je ne voulais pas confronter la même dame, je savais quand elle prenait une pause pour aller fumer une cigarette, je n’aurais qu’à me synchroniser à celle-ci. Pour moi, l’essentiel du coup, c’était d’offrir au jeune étudiant de quoi manger convenablement pour le coup, trop peu certain en ce moment qu’il mangeait à sa faim tout le temps. Bon, peut-être étais-je en train de dramatiser, mais sa situation, le fait qu’il était débarqué ici, ses absences et tout ce qui venait avec, trop de questions et suppositions se formaient dans ma tête, et il devenait de plus en plus frustrant de ne pas avoir de réponse.

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D'aussi long qu'il se souvienne, le garçon n'avait pas pour habitude de laisser transparaître la moindre émotion émanait de lui, ça lui permettait alors de pouvoir feindre une émotion qu'il ne ressentait pas réellement, comme le fait de simplement sourire pour faire croire que tout va bien. Depuis le décès de sa mère, il s'était créé une carapace et n'avait laissé personne l'approcher de peur qu'elle ne se brise au moindre contact. Il avait tenu toute ces années, mais devant cet homme c'était différent.

Johan devrait probablement lui en vouloir de l'avoir humilié de la sorte en l'obligeant à jouer avec les autres, mais lui qui est si rancunier en temps normal ne l'ai pas à l'égard de cet homme. Comme si quelque chose le poussait à être lui-même en sa présence. Quoi ? Il l'ignorait et il devait bien avouer que ça le perturbait.

Bien qu'ils n'aient pas énormément parlé la veille, l'allemand en entrevue qu'il était ce professeur, il n'était pas comme tous les autres à se contenter de croire que Johan est un bon à rien et n'arrivera jamais dans sa vie d'adulte. Il avait vu plus loin que ce masque qu'il porte au quotidien, pire, il avait même découvert une faille dans cette armure qu'il portait pour se protéger, allait-il l'exploiter et Johan allait-il le laisser voir le garçon qu'il est réellement ? Ça c'est un autre début.

Lorsqu'il partit se changer puis dans la foulée prendre un petit déjeuner pour eux, le jeune garçon ne put s'empêcher de refermer son livre afin d'être sûr ses gardes, juste au cas où. Sans cesse méfiant, Johan n'avait pas pour habitude de se laisser approcher, il était plutôt même sauvage, pas tant dans ses gestes mais plus dans son comportement en société. La foule l'effraie quelque peu, il préfère de loin la solitude auprès de qui il a appris à vivre toutes ces années.

Quelques minutes plus tard, le jeune homme revient les mains chargées de nourriture, rien que le fait de voir tout ça mit l'eau à la bouche à l'allemand, et s'il n'avait pas su se retenir, probablement qu'il se serait jeté dessus, mais il devait penser au professeur qui avait tout de même dépensé son argent pour lui. Sous l'oeil de son enseignant, le garçon avala tout ce qui se trouvait devant lui comme s'il n'avait pas mangé depuis plusieurs jours. Ce n'est qu'après avoir avalé les trois quarts de ce qu'il avait acheté que l'allemand se raisonna et laissa le reste pour l'homme en face de lui.

Un regard lancé dans sa direction, comme s'il cherchait à obtenir quelque chose de sa part ou bien à lui dire quelque chose. Son regard était brisé, mais dans celui-ci il y avait de la reconnaissance, il y avait aussi la faiblesse d'un gamin qui n'a jamais pu connaître le véritable amour d'une personne et encore moins les mains tendues. Johan devait reconnaître que ce professeur dont il doutait n'était finalement pas celui qu'il aurait pu penser au premier abord.

" - Je ferai sans doute mieux d'y aller avant qu'ils arrivent.."

Partir comme un voleur maintenant qu'il avait eu ce qu'il voulait ? Ce n'était pas son intention, mais celle d'attirer des ennuis au professeur ne l'était pas non plus, et si on venait à le découvrir ici, il risquait gros, il refusait de l'entraîner dans sa chute. Il ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il avait ingurgité un repas consistant comme celui-ci, en temps normal, soit il se privait de manger, d'où sa fine silhouette ou bien il prenait les quelques fruits mis en exposition sur les étalages des marchands.

" - Je.. Merci.."

Remercier les gens n'était pas non plus une chose qu'il faisait couramment. Johan avait donc commencé à remettre les quelques affaires qu'il avait sorti de son sac avant de le refermer s'assurant qu'il n'avait rien oublié. Il ne devait pas s'attacher à cet homme, il savait pertinemment que ça finirait par lui nuire, mais quelque chose en son for intérieur lui disait le contraire. Une fois de plus, il menait un combat contre lui-même et c'est sans doute le plus dur qu'il n'est jamais mené.

Johan & Isaiah

Tu es démasqué

Please know that you are not alone

Je me doutais bien que Johan aurait envie de manger un morceau quand j’arriverais avec les victuailles, trouvailles de la cantine qui n’étaient pas nécessairement un festin, mais qui allait être bien suffisant à mon avis. Enfin, ce fut ce que je croyais, jusqu’à ce que je me rende compte si ce fut limite si le jeune homme ne s’était pas précipité sur ce que j’avais apporté, se mettant à manger comme s’il n’avait pas de fond, me faisant comprendre sans rien dire, sans laisser sous-entendre quoi que ce soit, que certainement il n’avait pas mangé depuis un bon moment maintenant. Et encore une fois, cela me fendit le coeur de le constater et ce, même si je ne connaissais pas sa réalité, même s’il était possible qu’en fait, il ne soit qu’un simple adolescent en pleine croissance qui avait très faim quand il se levait le matin. Mais encore une fois, ça me semblait être une idée trop banale pour que ce soit vrai. Mais que pouvait-elle être, cette vérité ? Justement, je n’en savais rien, et cela me chicotait de plus en plus, même si encore et toujours, je ne m’osais pas à lui poser quelconque question, pas alors qu’il était en train de se remplir la panse de la sorte. Et même quand il eut terminé, semblant laisser le reste volontairement pour ma personne, je n’en eus pas le courage, me contentant de simplement lui tendre le reste en lui disant: « Tu n’as qu’à le garder pour plus tard. » Oui, j’avais faim aussi, mais me concernant, je pouvais toujours retourner à la cantine, quitte à appliquer la technique d’attendre que la dame aille fumer pour aller m’acheter quelque chose que je garderais pour moi. Je préférais de loin faire cela plutôt que de le priver de nourriture, alors qu’il en avait certainement plus besoin que moi. Il devait avoir pas mal plus de besoins que moi sur bien des aspects, mais malheureusement, j’en savais si peu que je ne savais pas comment je pourrais l’aider. Quelque peu perdu, je le fus encore plus quand il vint soudainement à me signifier qu’il comptait quitter les lieux. Non pas que je ne m’y en attendais pas, je me doutais bien qu’il ne voudrait pas rester, et je m’étais en quelques sortes, je n’allais pas le forcer à faire quoi que ce soit, pas cette fois-ci, mais ce fut plus fort que moi, d’où le fait que je l’apostrophai et j’espérai l’empêcher de partir avec un simple: « Attends… » Mais je savais très bien que ce ne serait clairement pas suffisant. Soupirant doucement, puisque je me devais de me contrôler, de ne pas en venir à lui poser des questions trop indiscrètes, insistant peut-être même un peu trop, je décidai d’adopter une autre approche, lui disant: « Il n’y a personne qui vient avant la fin de la matinée. Rien ne t’oblige à partir maintenant. » Je n’allais pas le nier, je me sentais quelque peu mal à l’aise de lui dire cela, alors que normalement, il aurait dû rester dans le lycée, suivre ses cours comme tout le monde. C’était à croire que j’avais définitivement lâché prise de ce côté, même si cela ne me plaisait pas. Mais maintenant, peu de choses me plaisaient dans cette situation, surtout parce que je me sentais impuissant, et faible de ne pas avoir suffisamment de force de caractère pour obtenir réponse à mes questions.

Contenu sponsorisé MY BOOK COVER

» Cauchemar éveillé [Feat. Isaiah E. Navarro]
» Dernière chance [Feat. Isaiah E. Navarro]
» L'alcool délie les langues [Feat. Isaiah E. Navarro]
» Tourner la page sur les erreurs du passé [Feat. Isaiah E. Navarro]
» Johan & Isaiah ▬ Where I belong.