You deserve the truth | Noäm & Bran

bran ∞ noäm

Noäm s’était souvent pris des râteaux dans la vie et à chaque fois il avait pu en rire. Mais cette fois c’était différent. C’était le genre de râteau qui faisait mal tant il était violent – et pourtant prévisible. Il n’aurait jamais dû avouer ses sentiments à son professeur, c’était voué à l’échec et il l’avait toujours su. Comme quand Noäm avait éprouvé des sentiments pour Max, il aurait dû se la fermer et tout garder pour lui. Parce qu’en plus de se retrouver seul comme un con, il venait de gâcher sa dernière année de licence. Impossible de retourner en cours après ça ! Impossible d’affronter son regard ou même de le voir. Et puis, peut-être que Bran s’était confié à quelqu’un de l’université après ça. Peut-être que tout le monde était déjà au courant, peut-être que s’il remettait un pied à l’université, alors on se foutrait de lui. Et si ça remontait aux oreilles du doyen, là il pouvait tout simplement dire adieu à ses études. Il se voyait déjà chercher du boulot, devoir trouver un plan b, cherchait comment l’annoncer à ses parents… Ah bah oui, une semaine sans quitter sa chambre il avait eu du temps pour réfléchir. Il n’avait pas pu assurer son boulot à la cafétéria non plus, prétextant qu’il avait une sale grippe et demandant à un collègue de le remplacer. Ca passait comme excuse parce que Noäm c’était le genre bon garçon, bon élève, pas du genre à mentir en tout cas.

Pour se changer les idées, il s’était occupé de l’appartement. Il avait fait le ménage à fond pour le plus grand plaisir de Ryan, s’était occupé de faire à manger toute la semaine, un peu de rangement, de quoi essayer de se vider la tête. Mais ça n’était pas vraiment efficace… Ce soir en plus il était tout seul, Ryan l’avait prévenu qu’il n’avait pas l’intention de rentrer. Soirée déprime assurée. Alors encore en pyjama, il avait commandé une pizza et s’était affalé sur le canapé devant un film niais à souhait. Noäm fronça les sourcils quand on sonna à la porte, pour la deuxième fois de la soirée du coup. Peut-être était-ce le livreur qui avait oublié quelque chose ? Il se releva et se traîna vers la porte pour y découvrir…

Son professeur.

Ah celle-là, il ne l’avait pas vue venir ! Il resta d’abord silencieux. Monsieur Carter voulait parler… Pourtant il n’y avait plus rien à dire. Ah, peut-être venait-il lui annoncer qu’il était viré de la fac ? Pour Noäm c’était la seule explication plausible. « Salut. Euh… ouais. Entrez. » Il aurait tellement aimé être le genre d’homme à savoir claquer la porte au nez à un autre. Manque de bol, Noäm était plus faible que ça. Alors il se décala et le laissa passer, refermant la porte derrière lui. « Vous savez, moi je n’ai pas l’impression qu’on ait grand-chose à se dire. Quoique… Au moins je peux vous dire de vive-voix que je compte abandonner la fac. »

bran ∞ noäm

Une chose était certaine : Noäm n’aurait jamais cru voir son prof débarquer chez lui. Et jamais il n’aurait pu imaginer ce qui allait suivre, les mots qu’il allait avoir envers lui. Car clairement, suite à sa réaction au café, le blond ne s’était fait aucun film quant à une possible relation entre eux deux. Bran n’avait pas eu l’air dégoûté, ce serait peut-être un peu fort de dire ça, mais il n’avait pas été emballé par la nouvelle non plus, au point qu’il s’était barré en le laissant en plan. Noäm n’avait jamais réalisé à quel point ses sentiments étaient forts pour le professeur. A ce moment il avait constaté qu’il s’agissait non seulement d’une attirance physique, mais tout simplement d’amour. Un amour qui ne serait pas partagé et qui était probablement idéalisé parce qu’au fond, il ne connaissait que très peu l’homme derrière le professeur. Ca lui avait fait tant de peine… Il n’aurait pas réagi comme ça si ça n’avait été qu’une passade.

« Je peux pas continuer à vous voir tous les jours Monsieur. » dit-il simplement, sans chercher à mentir. Pourquoi pas chercher une autre université sinon, car la communication lui plaisait réellement et qu’il était un peu tard pour se chercher une autre voie à cause d’un râteau. Alors que Bran poursuivait dans les aveux, Noäm se pinça fortement le bras gauche. Tu me plais. Bordel, il était en train de rêver. Est-ce que c’était de la pitié, ou bien est-ce que c’était sincère ? Maintenant qu’il avait annoncé son désir d’arrêter les études, le blond avait un doute. Peut-être que c’était simplement pour le convaincre de revenir…
Pas très bien suite à cette révélation, comme si tout son cerveau était en train de péter un câble, il choisit de s’asseoir sur le canapé. « Si c’est une blague c’est pas drôle vous savez… » Il fit la moue, baissant les yeux. « J’ai pas envie de vous causer des problèmes Monsieur. J’avais même pas envie d’vous en parler mais j’arrivais plus à le garder pour moi… Et comme ce sera jamais possible, je préfère tout arrêter. » En temps normal il aurait essayé de convaincre Bran. Mais le professeur l’intimidait trop pour cela. Il releva enfin les yeux vers lui. « Je vous plais vraiment… ? »

bran ∞ noäm

Alors que Noäm ne s’y attendait pas le moins du monde, Bran s’avança pour l’embrasser. Y avait-il eu une faille spatio-temporelle débouchant sur un monde parallèle où ils n’étaient plus face à une relation prof / élève ? Où ils avaient le droit d’être ensemble ? Non, je sais, t’es en train de rêver ! Allez, on se réveille… Et jusqu’à la fin de ce baiser il n’arriva pas à y croire. Alors au lieu d’en profiter et d’y répondre comme chacun aurait pu le faire, il eut un peu l’attitude d’une plante verte et s’en mordit totalement les doigts quand ce fut terminé. Et s’il n’y en avait pas d’autres, s’il avait gâché le seul baiser auquel il avait droit ? Noäm était encore tout perturbé quand Bran lui demanda si c’était suffisant, comme preuve. Oui, ça l’était probablement. Ou ça le serait quand il aura enfin réalisé ce qu’il venait de se passer. Et pourtant le blond était loin d’être puceau. Il en avait embrassé des hommes, il avait même fait plus que ça ! Mais Bran le rendait fou et fragile à la fois. Comme s’il n’avait jamais connu d’homme dans sa vie, comme si c’était le premier. En tout cas, c’était le premier à le perturber autant c’était certain. Même Max n’avait pas su le mettre dans un tel état. « Je sais pas trop quoi dire là… Je… me rends compte que vous… venez de m’offrir ce que j’attends depuis des mois et que j’en ai pas profité comme un débile. » Vous, tu. Il ne savait plus vraiment comment s’adresser à lui maintenant. Ni même s’il avait le droit de l’embrasser à son tour, juste pour rattraper ce baiser manqué. Il avait rêvé ce geste, et même ses mots. « Oui. Ca peut… Ca peut rester entre nous. Secret… Ca me dérange pas. » Il s’en fichait de garder cette relation pour lui et bien au contraire, ça pourrait vraiment le convaincre de tenter le coup. De cette façon il serait certain que Bran ne risquerait pas son poste à l’université. « Est-ce que je peux… ? » Ses yeux se posèrent sur ses lèvres. Tant pis pour la réponse, il en avait trop envie. Alors il posa une main sur sa joue et l’embrassa à son tour en y mettant cette fois tout son cœur. Bordel, c’était le paradis. Après ce baiser, il se serra dans les bras de Bran et ferma les yeux. Un sourire un peu niais naquit sur ses lèvres. « Je me sens un peu bête vous savez… Je suis pas tant vulnérable d’habitude. » Noäm avait toujours l’air bien plus sûr de lui, surtout quand il s’agissait de drague ! Mais c’était une carapace qui reflétait la réalité : il n’avait pas confiance en lui. Pourquoi lui et pas un autre ? C’était le genre de questions qui ne tarderait pas à s’imposer à lui si toute cette histoire devenait vraiment sérieuse.

bran ∞ noäm

Bien sûr qu’il y aurait d’autres baisers. Bran lui donnait la permission, Noäm n’allait clairement pas se priver. C’est d’ailleurs ce qu’il fit très vite, rattrapant totalement celui qu’ils venaient d’échanger à l’instant. Noäm fit la moue quand son professeur lui demanda de le tutoyer. Voilà plus d’un an qu’il employait la deuxième personne du pluriel alors en changer tout d’un coup ne lui paraissait vraiment pas évident. « Je vais essayer, mais j’promets rien ! Et puis, ça vous donne un petit côté sexy, le vous… » Il sourit largement. Pour le moment le blond était encore impressionné, intimidé par Bran. Ils n’avaient pas le même âge et il avait peur qu’à tout moment, son professeur ne le trouve trop gamin, trop Noäm en fait. Il lui faudrait sans doute un peu de temps pour se comporter normalement en sa présence. D’autant que Noäm, lui, il ressentait vraiment de l’amour pour Bran. Ou tout du moins pour ce qu’il en connaissait. Tandis que Bran, lui, c’était davantage de l’attirance pour le moment. Peut-être que pour éviter les déconvenues, ils devraient avoir une vraie conversation sérieuse sur les attentes de chacun. Bran lui en donna même l’occasion, proposant qu’ils passent la soirée ensemble. Comment refuser ? Même s’il avait eu trois soirées différentes ce soir-là, il aurait tout annulé rien que pour lui. « C’est-à-dire que ce soir j’avais prévu de manger de la glace en regardant des films romantiques… » Très viril, oui. Mais Noäm c’était encore un peu un gamin et il avait eu le plus gros chagrin d’amour de sa vie. Chagrin d’amour qui était déjà loin derrière lui ! En tout cas ça n’avait rien d’une blague, c’était son vrai programme de ce soir. « Mais je peux bien troquer cette soirée pourrie contre une bonne soirée avec… toi. » Il avait réussi à le dire ! Il sourit bêtement. « Peut-être qu’on pourrait commencer par faire connaissance un peu ? Je sais pas grand-chose finalement. » Il attrapa le bras de son professeur et l’entraîna sur le canapé pour qu’ils s’y posent tous les deux. « Absolument au hasard comme question… Qu’est-ce que tu aimes chez un garçon ? Pas physiquement, parce que je sais que ça c’est moi ! » qu’il dit en riant doucement.

bran ∞ noäm

« Eurk non faut pas me vouvoyer moi… J’suis trop je… Euh. Fin je suis plus jeune que toi tu vois ? » Il avait failli vexer son pauvre professeur ! Heureusement Noäm s’était rattrapé – mais il y avait des chances pour que Bran ne soit pas dupe. Il ferait de son mieux pour le tutoyer mais il y avait des possibilités de rechute… Simple réflexe. « Et puis je vais m’emmêler les pinceaux moi. Je vais devoir continuer le vouvoiement en cours et te tutoyer en privé, j’espère que j’vais pas tout mélanger… » Le plus simple serait probablement de ne plus lui adresser la parole en cours pour ne éveiller les soupçons de personne. Noäm pouvait très bien suivre le cours sans poser ni répondre à aucune question... Non, c’était très mal le connaître. Il avait la bougeotte, l’envie d’intervenir quand il connaissait la réponse, en somme l’envie de prouver qu’il était capable de quelque chose lui aussi. Enfin, ils auraient le temps de s’arranger, de voir comment les choses se passeraient dans l’enceinte de l’établissement.

Finalement Noäm proposa qu’ils fassent plus ample connaissance. Plusieurs questions lui trottaient dans la tête et il lui tardait de les poser ! Toutefois, le blondinet ne se sentait pas encore très à l’aise avec Bran. Ca lui prendrait certainement un peu de temps. Comprenez-le, ce type était son plus grand fantasme… Et maintenant qu’il l’avait, ça paraissait surréaliste. Afin de lui plaire au maximum il demanda au brun ce qu’il aimait chez un homme. Sa réponse le déçut légèrement et il fit la moue. « Ca me donne pas beaucoup d’infos ça. » Lui-même, ça, il l’était. Et si Bran n’aimait pas sa personnalité ? Il la connaissait un peu, au travers de son comportement en cours, mais ça n’était pas la même chose. « Bon alors j’espère que tu seras franc avec moi. » Lui le serait. Plus tard. Quand il serait plus à l’aise. La question de Bran était légitime ! Le fait qu’il soit professeur apportait beaucoup au charme du garçon. Il apportait le savoir, la connaissance et jouissait d’une certaine autorité. Malgré tout Noäm secoua la tête. « Oui et non. Je vous… enfin on s’est croisés quelques semaines avant le début des cours. Je ne savais pas encore que tu serais mon professeur et je t’ai trouvé très… très beau tout de suite. Et après, quand j’ai su que t’étais mon professeur, j’avoue que… j’ai totalement craqué ! J’ai pu voir que tu étais quelqu’un de gentil, assez attentionné avec tes élèves. T’as l’air d’aimer ton métier. Et j’ai hâte d’en apprendre plus sur toi. Ce que tu aimes dans la vie, ce que tu fais quand tu n’enseignes pas. » Et à la question de Bran, Noäm comprit déjà qu’il n’assumait pas tant d’aimer les hommes. Ou qu’en tout cas il ne le criait pas sur tous les toits. Car quelqu’un qui s’assumait se fichait bien de faire gay ou non. « Je pensais avoir aucune chance. Pour moi t’étais hétéro, peut-être même en couple… Alors non, si ça peut te rassurer, ça ne se devine pas. T’es pas trop à l’aise avec ça ? » demanda-t-il par curiosité. Mais pas que. La vie était trop courte pour la passer dans un placard, tout seul.