Crystal & Baby + Brownie & Blondie

Alors que je pensais que ce décompte rapproché n’arriverait jamais, il était maintenant arrivé; d’ici un mois, un mois et quelques jours tout au plus, j’allais donner naissance à mon second enfant, être mère pour la deuxième fois. L’idée de m’occuper d’un bébé ne me faisait pas tellement peur, mais il n’en demeurait pas moins que le temps avait passé si rapidement avec tous les bouleversements qui s’étaient empilés depuis Noël dernier que j’avais eu l’impression de ne pas m’être sentie prendre du poids et de l’ampleur. Un jean à ne plus porter par ci, un t-shirt à changer par là, mais jamais je n’avais laissé ma grossesse m’arrêter de quoi que ce soit, parce que je ne pouvais pas me le permettre. Sauf que là, depuis la rentrée scolaire, cette rentrée scolaire à laquelle je n’avais pas participé, pour la première fois depuis que je travaillais dans cette école, en l’occurence depuis plusieurs années maintenant, alors que je n’avais plus grand-chose à faire, sauf préparer la venue du bébé, je me sentais ralentir, je me sentais lourde, et bien souvent fatiguée. Marcher, ou même rester debout trop longtemps, c’était devenu une horreur. Heureusement pour moi, Wesley était toujours d’une grande aide quand il rentrait de l’école, mais il n’en demeurait pas moins que je ne pouvais pas tout lui demander, y compris aller acheter certaines choses qui manquaient pour l’arrivée du bébé. Rien d’urgent, voire même des articles que je pourrais aller chercher lorsque je sortirais de l’hôpital, mais je préférais les régler maintenant, puisqu’en plus de l’arrivée du bébé à la maison, il me faudrait composer, je l’espérais, avec l’éventuel retour d’Andy à la vie normale, ou à peu près normale, je ne saurais pas trop le dire pour le moment, et je ne voulais pas m’aventurer sur ce sujet plutôt délicat qui avait bien souvent pour effet de me stresser lorsque j’y pensais. Pour en enlever donc sur mes préoccupations, j’avais choisi de m’occuper de tout avant de devoir me rendre à la maternité, et heureusement, je n’irais pas seule. En effet, ma meilleure amie, Crystal, avait accepté de m’accompagner et mieux encore, elle avait accepté de conduire jusqu’au centre commercial, passant me prendre chez moi au passage. Cela ne saurait plus m’arranger, sachant que je ne me voyais pas vraiment prendre le volant quand je n’en avais pas besoin. Me faisant toutefois un devoir d’être prête au moment où elle arriverait, je ne tardai pas à me préparer lorsque je le pus, soit sitôt que Wesley fut parti en direction de l’école. Après une douche, j’enfilai un legging, et un haut ample, c’est-à-dire pas mal la seule chose que je pouvais porter. Sandales aux pieds, heureuse qu’il fasse assez chaud pour les porter, puisque je supportais trop peu d’autres chaussures, j’attendis non loin de la porte de voir la voiture de Crystal arriver. Lorsque je la vis ralentir devant la demeure, je pris mon sac et je sortis. Arrivée à la hauteur de la voiture, j’ouvris la portière, lâchant sitôt un enjoué:  « Salut ! » Ensuite, tant bien que mal, et avec quelques grimaces, je m’installai dans le véhicule, et une fois que je fus bien assise, je me permis de tourner la tête, et lui dire:  « Merci beaucoup d’être passée me prendre. Ça va ? » Puis, tandis que j’attendais sa réponse, sans perdre mon sourire, je pris la ceinture de sécurité afin de la boucler, signifiant que j’étais prête à partir.

 « Oui ça va, ne t’en fais pas. » Voici ce que je répondis à mon amie avec un petit sourire destiné à la rassurer au passage dans ma réponse. En effet, même s’il était évident que j’arrivais au stade le plus pénible de ma grossesse, il n’en demeurait pas moins que je n’étais pas handicapée ou un truc du genre. Plus encore, lors de mon dernier rende-vous, le médecin ne m’avait pas indiqué que j’avais besoin de me reposer ou quoi que ce soit du genre, puisque justement, tout allait pour le mieux, et parce que le bébé n’avait pas envie de sortir prématurément ou un truc dans le genre. De ce fait, rien ne m’empêchait de marcher, faire les boutiques ou un truc du genre. Plus encore, je pouvais encore marcher sur des distances raisonnables, d’où le fait qu’en mon sens, il n’était pas nécessaire que ma meilleure amie cherche une place de parking pendant des heures, seulement pour être plus proche de la porte. Après, je n’allais pas dire que son intention n’était pas mignonne, au contraire, je l’appréciais beaucoup, mais j’espérais lui faire comprendre à un moment ou un autre que je n’avais nul besoin d’être constamment couvée, pas pour le moment en tout cas. Par contre, je ne sus pas le dire au moment où nous tournions en rond dans le parking, attendant que nous soyons garées. Encore mieux, l’occasion vint toute seule pour que je la rassure une nouvelle fois, en l’occurence quand elle en vint à me demander si j’avais besoin d’aide pour sortir de la voiture. À ce moment, je pris le temps de plonger mon regard dans le sien, puis lui dire:  « Crys’, ça va très bien, je t’assure ! Ce n’est pas parce que j’ai l’allure d’un lutteur sumo que je ne peux plus me déplacer, c’est promis. » Bien évidemment, je n’avais pas tenu ces mots sur un ton de reproche ou quoi que ce soit. Au contraire, j’avais tenté d’utiliser l’humour autant que possible, même si je savais que je n’étais pas une humoriste-née. Mais ayant de quoi le lui prouver, si je pouvais le dire ainsi, je n’attendis pas plus longtemps pour m’extirper du véhicule et ce, toute seule, comme une grande. Bon d’accord, ce ne fut pas aussi gracieux que la normale des gens, considérant le fait que je dus poser mes deux pieds à terre et faire gaffe à ne pas me frapper la tête sur le toit au passage, mais j’y parvins quand même. Mieux encore, une fois que j’eus remis mon sac à main sur mon épaule, ce fut sans marque d’épuisement, et toujours avec le même enthousiasme, que je lui dis:  « Bon alors, on commence par quoi ? » Je savais bien que nous avions dit que nous allions certainement faire du shopping pour bébé, mais si jamais Crystal avait d’autres trucs à aller voir, je ne lui dirais pas non, sachant que mon but premier était de passer un bon moment avec ma meilleure amie.

Je ris doucement au moment où Crystal se montra soudainement très enthousiaste à l’idée d’aller acheter des tenues pour bébé. Bien sûr, je ne riais pas d’elle, mon but étant surtout de rire avec elle. En vérité, je trouvais ça tout simplement adorable de sa part, considérant le fait qu’elle aurait très bien pu vouloir passer dans d’autres boutiques d’abord et avant tout. Après, nous pourrions toujours faire quelques détours plus tard, après les boutiques pour bébé, mais qu’elle en fasse sa priorité, c’était, à mes yeux, une très belle intention. Ne pouvant certainement pas m’en plaindre, je ne tardai pas à lui répondre:  « Bon, allons-y dans ce cas ! » Sur ces mots, nous entrâmes dans le centre commercial, puis Crystal en vint à me demander où se trouvait les boutiques pour bébés. Même si ce n’était pas la première fois que je venais ici et que je faisais les boutiques pour acheter tout le nécessaire pour la venue de mon enfant à naître sous peu, je dus quand même m’accorder un temps de réflexion. N’étant pas une friande de faire les boutiques constamment, je n’étais pas du genre à connaître le centre commercial par coeur. Plus encore, je commençais tout juste à redécouvrir ces boutiques, puisqu’avant ça, outre pour un cadeau ou un truc du genre, je ne m’y attardais pas tant. La dernière fois que je m’étais retrouvée à faire les boutiques à ce point, c’était lorsque j’étais enceinte de Wesley, il y avait de cela treize ans maintenant. Inutile de mentionner qu’une décennie et plus auparavant, les boutiques n’étaient pas les mêmes et mes moyens n’étaient pas ce qu’ils étaient. Enceinte de Wesley, encore étudiante, à la croisée des chemins, j’avais surtout pris de l’usagé, de l’emprunté, même si j’avais toujours fait gaffe à ce que ce soit de bonne qualité et en bon état surtout. Là, je pouvais me permettre plus de neuf, même si jamais je ne favoriserais cet enfant que je portais plus que mon fils aîné. J’allais toujours les aimer tous les deux, de la même façon, de façon inconditionnelle. Mais pas aussi désespérée que lorsque j’avais dix-neuf ans, je n’avais plus de mal à entrer dans ces boutiques, et être limite gênée de regarder le prix. En conséquence, ce fut sans trop de mal, une fois que je parvins de me repérer, que je dis à mon amie:  « Alors il y a une boutique spécialisée en vêtements pour bébés par là. » Sur ces mots, je lui pointai vers notre droite, histoire de lui montrer que si c’était là notre première destination, c’était par là qu’il faudrait marcher. Ensuite, j’ajoutai:  « Sinon, il y a une boutique où il y a pas mal tout, tout près d’ici. » Sur ces mots, je m’arrêtai, attendant de voir ce que Crystal allait dire. Préférerait-elle les vêtements, ou bien le « un peu tout » ? Voilà ce que je m’attendais à apprendre dans les prochaines secondes.

La boutique qui proposait un peu de tout, ce serait dans un premier temps alors. Franchement, cela ne me gênait pas, puisque des vêtements, même si c’était toujours apprécié, j’étais déjà bien équipé de ce côté. Moi-même, je n’avais pas su résister, en ayant acheté plusieurs, et bien souvent, c’était ce que j’avais reçu en cadeau. Je n’en voulais à personne, au contraire, j’appréciais grandement, mais pour le moment, à l’approche de mon accouchement, ce n’était pas ce dont j’avais le plus besoin. En fait, la vérité était que je n’avais pas besoin de grand-chose, sauf quelques détails qui se complétaient plutôt facilement, par exemple dans un passage dans cette boutique, qui était devenu ma principale destination ces derniers mois, au vu de la variété et de la qualité des produits qu’elle proposait. Après, je me doutais bien que je ne pourrais pas être la seule à faire des achats aujourd’hui, ce qui me fut confirmé au moment où mon amie vint à me prévenir qu’elle allait acheter certains trucs. Trouvant cela adorable et ne pouvant pas tant le lui refuser - parce qu’elle ne me laisserait pas dire non de toute façon, la connaissant - je me sentis toutefois un peu plus inconfortable quand nous arrivâmes dans la boutique et que plutôt que de se précipiter sur ce qu’elle avait envie d’acheter, sans que je n’aie tant mon mot à dire, elle vint plutôt à me demander ce dont j’avais besoin. Il était évident qu’ainsi, je ne me retrouverais pas avec des trucs en trop, des trucs dont je ne saurais que faire une fois à la maison - même si Crystal ne serait pas du genre à m’acheter quelconque babiole inutile - mais pouvais-je vraiment lui imposer un montant d’achat, des prix qui, parfois, n’étaient pas bien raisonnables ? Je ne voulais pas tant faire dans le luxe, mais au vu de ma situation actuelle, je m’en permettais un peu plus que lorsque j’étais enceinte de Wesley, où les moyens n’étaient pas ce que j’avais le plus, devant attendre qu’il soit plus vieux pour me permettre de lui offrir du neuf, de la vraie qualité, à mon goût, mon goût de perfectionniste. En mon sens, cela n’était pas favoriser ma fille au profit de mon fils, juste que les circonstances étaient différentes, tout simplement. Évidemment, cela ne venait pas justifier mon léger inconfort, mais ne voulant pas m’imposer et provoquer un malaise complet alors que la journée venait de commencer, je décidai de réfléchir, considérer ma liste mentale de ce qui me restait à acheter, triant sur le volet ce qui était plus cher, moins cher. Pendant ce temps, pour meubler un peu mon temps de réflexion, je lâchai un petit:  « Eh bien… », destiné à me faire gagner quelques secondes plus qu’autre chose. Et me sentant finalement prête, considérant la section du magasin où tout pour les chambres se trouvaient, je finis par dire:  « Il me manque encore quelques éléments de décoration pour la chambre. Une veilleuse, le mobile pour mettre au-dessus du lit, entre autres. » Était-ce à quoi Crystal s’attendait de moi ? Est-ce que cela viendrait satisfaire mon amie ? Ne sachant pas trop, je décidai de ne pas me diriger tout de suite vers la dite section pour le moment - même si j’en aurais bien besoin à un moment ou un autre - attendant de voir comment elle allait réagir, d’abord et avant tout.

Bien que je n’aurais pas été du genre à péter une crise si Crystal avait voulu aller autre part dans un premier temps, j’eus un sourire satisfait quand elle confirma que nous allions nous rendre dans la section pour les articles de chambre dans un premier temps, histoire que je puisse compléter ce que j’avais déjà à la maison et puis, faire en sorte que la chambre soit toute prête pour l’arrivée du bébé. Toutefois, une fois que nous y fûmes, même si j’étais consciente que parler de la chambre de son enfant n’était en rien un sujet triste et délicat, j’adoptai quand même un air un peu plus sérieux quand mon amie vint à me demander si la chambre était prête. Cet air sérieux signifiait que ce n’était pas mal qu’elle aie posé la question, mais que ça n’avait pas été facile. En raison de la situation d’Andy, que je ne pouvais voir, sortir autant que je le voulais, quand je le voulais, la quantité de temps que nous le voulions, nous avions été obligés de profiter de ses permissions pour tout organiser, tout choisir. Cela avait fait en sorte que la préparation avait été déconstruite, plus désorganisée que je ne l’aurais voulu dans un premier temps. Mais au moins, ici et maintenant, je pouvais finalement dire:  « L’essentiel est fait. », signifiant par ces mots qu’il ne restait pas de gros travaux à faire, seulement des détails à régler çà et là, ce qui n’était pas négligeable, quand même. Et supposant que si elle me le demandait, c’était pour pouvoir mieux choisir les accessoires manquants - et si ce n’était pas le cas, au moins, j’aurais partagé quand même - je pris mon téléphone portable, ouvris mes photos, et sélectionnai la plus récente que j’avais prise de la chambre. Je tournai ensuite mon portable en direction de mon amie, pour qu’elle puisse considérer le portrait général, bien qu’évidemment, il ne montrait pas toute la chambre. Mais au moins, si ça pouvait lui donner une idée pour les choix, alors c’était tant mieux. Une fois qu’elle eut terminé de la considérer, je rangeai mon téléphone dans mon sac, dans la pochette où il devait aller - pour moi en tout cas - puis je commençai à regarder ce que je cherchais. Cette fois-ci, Crystal fut plus rapide que moi, ne tardant pas à me proposer deux mobiles pour mettre au-dessus du lit. Les deux étaient mignons, je ne pouvais le nier, mais au vu de la décoration plus délicate de la chambre, j’en vins rapidement à la conclusion:  « Les étoiles, ce sera mieux je crois. » Avoir fait une chambre dans les couleurs de celui avec les animaux, pour sûr j’aurais pris l’autre, mais là, c’était plus approprié à mon avis. Après, pour moi, ça ne voulait pas dire que c’était vendu. Je me doutais que c’était idiot, que c’était mon côté perfectionniste qui prenait le dessus, mais je crus quand même bon de dire:  « Enfin, à moins que la musique qui en sort soit affreuse… » Je gloussai doucement suite à mon propos, montrant que je comprenais le caractère un peu ridicule de mon affirmation, même si je devais avouer que je ne détesterais pas de vérifier avant. Après tout, rien ne nous l’interdisait, n’est-ce pas ?