LOTERIE DE LA SAINT-VALENTIN ✻ chinese food /w Athena & Christian

En ce début de soirée, je déambulais dans la ville tout en observant le monde qui m'entourait. Aujourd'hui, les amoureux étaient à l'honneur puisque nous célébrions la Saint Valentin et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'avais entendu parler de cette fête toute la journée. Est-ce que cela avait tendance à m'agacer ? D'une certaine manière, il fallait reconnaître que j'en avais ma claque que l'on en fasse des tonnes à ce sujet. On pourrait penser que c'est le fait d'être célibataire qui me conditionnait à penser de la sorte mais il n'en était rien. La vérité, c'est que je trouvais que la Saint Valentin était avant tout devenue une fête commerciale et qu'on s'en servait surtout pour amasser un maximum de fric. Pourtant, à la base, je trouvais le concept sympa mais à force d'en faire des caisses, j'estimais que cette fête avait totalement perdu de son charme. De plus, je partais du principe qu'à partir du moment où on était amoureux, on n’avait nullement besoin de la Saint Valentin pour combler sa moitié : le plus important était de la couvrir de petites attentions au quotidien.

Dans l'absolu, je n'accordais donc pas une importance particulière à la Saint Valentin mais cela ne signifiait pas pour autant que j'avais l'intention de rester cloîtrer chez moi. Sachant qu'en temps normal, je n'étais pas casanier, je m'étais dit que passer la soirée en bonne compagnie ne serait pas de refus. Dans un premier temps, je m'étais longtemps demandé qui je pourrais bien inviter : en effet, je n'avais pas forcément envie de jeter mon dévolu sur la première venue sachant que je craignais que cela prête à confusion. Puis finalement, c'est au moment où je m'y attendais le moins que j'avais fini par trouver mon bonheur : c'est finalement Rachel qui allait donc être ma partenaire d'un soir. Je connaissais la jeune femme depuis environ un mois et le courant était tout de suite passé entre nous. Nous étions de bons amis sans forcément partager une relation fusionnelle. Quand j'avais appris qu'elle n'avait donc rien de prévu pour la Saint Valentin, je l'avais invitée à passer la soirée en ma compagnie ce qu'elle avait accepté sans broncher. Au regard du lien qui nous unissait, je savais qu'il n'y aurait pas la moindre ambiguïté entre nous et que la soirée se passerait donc sous les meilleurs auspices : nous étions simplement deux amis qui profiteraient de cette soirée autour d'un bon dîner.

Je lui avais donné rendez-vous dans un petit restaurant chinois où nous étions censés nous rejoindre. En arrivant à destination, je fus néanmoins surpris de constater que l'établissement était blindé : d'ailleurs, j'avais l'impression qu'il ne restait plus une table de libre. Pourtant, une serveuse vint alors à ma rencontre et me trouva une place : je tentai alors de lui faire comprendre que j'attendais quelqu'un mais je réalisai rapidement que c'était peine perdue. La soirée ne débutait pas de manière idéale et pourtant, j'étais loin d'être au bout de mes surprises...

A dire vrai, dans l'agitation générale, je n'avais même pas réalisé que la personne qui se trouvait en face de moi était loin d'être une simple inconnue à mes yeux. En effet, la jeune femme en question n'était autre qu'Athena et en un sens, cela m'amusait que l'on se retrouve tous les deux dans ce restaurant sachant que visiblement, on était parti pour être embarqué dans la même galère. Même si on ne se connaissait que depuis quelques semaines et que pour le moment, on avait rarement eu l'occasion de discuter tous les deux, je la connaissais assez pour savoir qu'elle n'était pas du genre à avoir la langue dans sa poche. Pourtant, je n'allais pas tarder à découvrir qu'elle était bien plus impulsive que je n'aurais pu l'imaginer.

Visiblement, elle tentait de me faire comprendre que la serveuse s'était sans doute foutue de ma gueule et qu'elle m'avait pris pour un demeuré. Dans la mesure où de toute manière, je n'attendais rien de cette soirée, je m'en tamponnais le coquillard en quelque sorte mais de toute évidence, Athena était déterminée à ne pas en rester là et je dus d'ailleurs me retenir pour ne pas éclater de rire lorsqu'elle me confia que des chaises risquaient de voler. Dans la foulée, je n'eus même pas le temps d'en placer une que déjà, la jeune femme se chargea à nouveau de sortir l'artillerie lourde en disant ses quatre vérités à la serveuse. L'avantage, c'est que si elle poursuivait sur sa lancée, il y avait de fortes chances pour que les autres clients se barrent sans demander leur reste.

Décontenancé, vous dites ? Bon d'accord, je reconnaissais volontiers que le comportement d'Athena m'avait laissé sans voix mais contrairement aux apparences, je n'étais nullement choqué par son attitude. J'étais simplement sur le cul de constater qu'elle possédait un tempérament aussi volcanique mais au moins, j'étais prévenu : si on tenait à sa vie, il ne valait mieux pas la chercher.

Finalement, Athena finit par se rasseoir et s'excusa presque de s'être emportée de la sorte. J'arborais alors un sourire amusé avant de prendre la parole.

- Tu ne seras pas de trop, t'en fais pas et au passage, merci pour le spectacle : c'était très divertissant. Tu me rappelleras juste de ne jamais te contrarier...

Bien évidemment, je cherchais juste à la taquiner, quoi que réflexion faite, ce n'était peut être pas la meilleure idée que j'avais eu.

- J'ai comme l'impression que tu n'es pas une adepte de la Saint Valentin, je me trompe ?   

Athena était tellement spontanée qu'en réalité, c'est ce qui faisait tout son charme. J'aimais beaucoup son côté brut de décoffrage à tel point qu'en quelques minutes, elle venait d'égayer ma soirée. C'est vrai qu'elle pouvait paraître sans gêne et que certaines de ses attitudes semblaient déplacées mais je ne risquais pas de m'offusquer pour si peu : au moins, elle était franche et n'hésitait pas à être cash pour dire ce qu'elle pensait ce qui d'une certaine manière n'était pas donné à tout le monde. D'ailleurs, j'en venais à penser que cela ne me ferait pas de mal de la côtoyer davantage : il est vrai que j'étais bien entouré, que j'avais la chance d'avoir des proches sur lesquels je pouvais m'appuyer en toutes circonstances mais Athéna était différente à bien des égards.

En réalité, elle me rappelait le jeune homme que j'avais été par le passé lorsque je n'étais encore qu'un étudiant insouciant qui faisait toujours dans l'excès. Cela ne signifiait pas que j'étais du genre coincé aujourd'hui mais ma tumeur au cerveau m'avait conduit à devenir plus mature pour ne pas dire trop sage. Pourtant, je me disais que parfois, cela ne me ferait sans doute pas de mal de totalement me lâcher, de déconner sans penser forcément aux conséquences de mes actes et je me disais donc qu'Athéna pourrait me pousser à me libérer davantage.

Toujours est-il que je m'amusais comme un petit fou et que chaque réflexion d'Athéna me poussait à rire de bon cœur.

- Il est certain que si ton patron te faisait une réflexion déplacée ou qu'il se permettait de te traiter comme de la merde, j'aurais dans l'idée que tu t'emparerais d'un couteau de cuisine dans le but de lui couper ses bijoux de famille, j'ai bon ou pas ?

Le pire, c'est que j'étais persuadé de n'être pas loin de la vérité : j'étais même certain que la jeune femme avait dû traumatiser quelques clients qui avaient eu le malheur de la foutre en rogne.

- D'ailleurs, rassure moi : tu n'as jamais craché dans l'un des plats que tu m'as servi, si ?

Personnellement, je n'avais pas le souvenir de l'avoir déjà contrariée mais j'étais soudainement en train de penser que j'allais peut-être regretter de lui avoir posé une telle question. Dans la foulée, Athéna me confirma que la Saint Valentin lui sortait par les yeux mais qu'elle ne voulait pas s'attarder sur le sujet et dans la mesure où je n'avais pas spécialement envie qu'elle m'étripe ou qu'elle me balance dans la gueule la première chose qui lui tomberait sous la main, je me gardais bien de lui poser la moindre question.

Puis par la suite, Athéna me demanda si mon amie allait bientôt pointer le bout de son nez. Avec tout ça, j'avais presque oublié que j'attendais en effet de la compagnie. Dans le but de taquiner la jeune femme, je m'emparai alors de mon portable tout reculant ma chaise afin de prendre mes distances avec Athéna.

- Je vais lui envoyer un SMS mais juste pour info, je dispose de combien de temps avant que tu ne pètes une durite et que tu transformes ce restaurant en champ de bataille ?

Bien évidemment, je ne prenais nullement Athena pour un monstre sans cœur mais comme elle m'avait déjà prouvé qu'elle possédait un tempérament volcanique et que selon toute vraisemblance, ce dernier entrait facilement en éruption, j'usais de ma malice avec excès pour faire comme si elle s'apparentait à une tortionnaire dans toute sa splendeur. Le second degré était parfois comme une seconde nature chez moi et quand j'avais trouvé un bon filon, j'aimais l'exploiter à fond sans devenir trop lourd pour autant. En l'occurrence, Athena avait donné le bâton pour se faire battre et je reconnaissais volontiers que je m'amusais tellement de la situation que je n'hésitais pas à en rajouter des tonnes.

Oui en somme, j'asticotais la jeune femme mais nullement dans le but de la froisser : en vérité, c'est justement quand j'appréciais la compagnie de quelqu'un que je montrais plus espiègle que jamais. D'ailleurs avec Athena, j'aurais eu tort de ne pas me lâcher car si elle commençait à me donner la réplique, notre soirée promettait d'être croustillante à souhait. Bon rectification, vu ce tout ce qui s'était déroulé depuis que j'avais mis les pieds dans le restaurant, je me délectais déjà de ce moment que je passais en compagnie de mon amie mais j’espérais secrètement que je n'étais pas au bout de mes surprises.

Tout ce que je constatais, c'est que je faisais rire Athena avec mes conneries et c'était bien là l'essentiel. Sans doute qu'à cet instant précis, elle réalisait également que quand je m'y mettais, je pouvais être assez déluré dans mon genre. D'ailleurs, mon amie n'hésita pas à rentrer dans mon jeu et tenta alors de me foutre les pétoches en me lançant un regard digne d'une psychopathe : encore un peu et j'aurais presque pu croire que c'était Harley Quinn qui se trouvait en face de moi. Quoi qu'il en soit, il en fallait quand même davantage pour m'effrayer : bon ok, je flippe parfois comme une mauviette quand je regarde un film d'horreur mais ce n'est pas la question. Toujours dans mon délire, je fis donc mine d'être mort de trouille en écrivant mon SMS à une vitesse supersonique avant de m'adresser à Athena.

- En plus d'avoir une araignée au plafond, je croise les doigts pour que tu n'aies pas des tendances cannibales : ce serait bien ma veine. J'étais d'accord pour que tu me tiennes compagnie mais pas pour que tu me dévores de la tête aux pieds, enfin sauf si c'est au sens figuré du terme bien entendu.

Après cette nouvelle touche d'humour, je me rapprochai de nouveau de notre table tout en rangeant mon portable dans ma poche. Cela ne m'empêcha pas pour autant de sortir une nouvelle connerie.

- Si elle tarde trop, tu seras gentille de la prendre pour cible si tu as envie de passer tes nerfs sur quelqu'un. Oui, je suis lâche et alors ?

Au même moment, mon téléphone se mit à vibrer et je m'empressai donc de m'en saisir.

- Bon ben finalement, je suis au regret de t'annoncer que l'on a attendu pour rien : mon amie ne nous rejoindra pas.