LOTERIE DE LA SAINT-VALENTIN ✻ love letters /w Sasha & Amaya

Je suis célibataire et j’ai une vie bien tranquille, sans le moindre excès. Quand on est quelqu’un comme moi, forcément, on à du temps à perdre, du temps libre. Généralement, j’occupe ce temps libre et aidant mes parents au restaurant, après tout, c’est toujours mieux et plus utile que de rester sous une couverture à regarder des bêtises à la télévision. D’autant plus que par ce temps, Fox a du mal à mettre le nez dehors plus de quelques minutes ; en bref juste le temps de faire ses besoins. Mais voilà en février, le restaurant est fermé, alors mes soirées sont libres et je n’ai rien à faire. Forcement, quand j’ai reçu cet email pour le club de lecture ; enfin ce que je croyais ; j’ai sauté sur l’occasion. Après tout, je n’avais pas mis les pieds à la bibliothèque depuis un certain temps déjà, alors ça me changerait les idées. J’ai donc accepté de m’y rendre et j’étais même impatiente. Je suis arrivée parmi les premiers sur les lieux, mais je n’ai strictement rien compris à la mise en scène. Des paniers sur les tables, remplis de lettres. Bizarre autant qu’étrange. On nous explique cependant, bientôt de quoi il retourne, nous devons répondre à ces lettres, il s’agit bien évidement de lettre d’amour, Saint-Valentin oblige. Je m’attendais à tout sauf à ça et comme cette fête n’est décidément pas mon truc, je ne suis pas emballée par cette idée. Enfin, je suis venue parce que je n’avais rien à faire et que je m’ennuyais, alors je le ferais sans rechigner. Il n’y a vraiment qu’avec mon patron que je rechigne, mais par chance, il n’est pas ici ce soir. En revanche, vu son tempérament, je m’attends à trouver bon nombre de lettres parlant de lui et je ne sais pas si je suis prête pour ça ! Je suis contente de découvrir que je devrais faire ce travail en compagnie de Sasha, une jeune femme que je connais grâce au club de lecture et avec qui, je m’entends plutôt bien. « Salut ! » lui dis-je, avec un petit signe de la main. Elle me demande si je m’attendais à ça en désignant les lettres et je suis bien obligé d’admettre que non. « Pas vraiment ! » je réponds. « En fait, je ne sais pas pourquoi, mais j’avais pensé à une sorte de jeu d’énigme ou une chasse au trésor ! » j’ajoute. Bref, rien à voir avec les lettres.

Je m’attendais à toute autre chose en venant à la bibliothèque. Mon imagination infertile m’ayant mis une toute autre idée derrière la tête. Mais pour autant, lire des lettres d’amour et y répondre, ne me dérangeais pas le moins du monde. Et pourtant, qu’est-ce que je connaissais à l’amour ? Pas grand-chose. Et certainement pas de quoi écrire des lettres. Mais l’expérience, identité, pouvait être marante, alors autant se lancer, non ? J’expliquais donc à mon amie que je pensais à une chasse au trésor ou un jeu d’énigme, ce qui l’a fait sourire, d’autant plus qu’elle semble avoir eu la même idée. « Ah oui, une lecture. Ça aurait été plus dans l’optique du club, c’est certain, mais je trouve que ça reste une bonne idée ! Je ne suis pas tellement fan de ce genre de bouquin ! » répondis-je. Ce n’est pas mal écrit, loin de là, mais je trouve qu’ils ont une vision bien trop idéaliste de l’amour, rien de crédible en soit. A croire qu’il suffit de croiser une personne pour filer le parfait amour avec au bout de deux jours, et de l’épouser au bout d’un mois. Bonjours le manque de crédibilité. C’est vraiment quelque chose que je n’apprécie pas. Mais, la remarque de mon amie m’interpelle, si je lis entre les lignes, je comprends que sentimentalement parlant, ça ne va pas fort. Je me trompe peut-être, mais elle a dit qu’un livre romantique serait insupportable pour elle en l’état actuel des choses. « Tu veux en parler ? » lui demandais-je, bien que je ne sois pas la personne la mieux placer pour donner des conseils. Je peux toujours écouter, j’ai une bonne oreille. Mais revenons-en aux lettres. Je glousse quand elle me demande si elle risque de trouver une lettre que j’aurais écris. « Oh, ça ne risque pas ! Le romantisme, c’est loin d’être mon truc et puis, je ne suis attirée par personne en ce moment ! » répondis-je. Mensonge, à dire vrai, mais je me vois mal évoquer mon patron en ses termes. Et puis, ça serait lui donner ce qu’il veut, or, ce n’est pas possible. Je ne suis pas une Marie-couche-toi-là. Sasha me demande ensuite si selon moi, ça va nous prendre longtemps de répondre à toutes ses lettres. Je hausse les épaules, signe que je ne sais pas, avant de regarder dans le panier. « Il y en a un certain nombre, mais si on s’y met tout de suite et que l’on écrit vite, on devrait être de retour chez nous pour la deuxième partie de soirée ! » que je réponds, faisant référence à la télévision … que je regarde à peine !

Non, le romantisme, ça n’était clairement pas mon truc. Je ne sais pas si je croyais en l’amour véritable, c’était tellement irréaliste à mes yeux. Bien sûr que l’on pouvait tomber amoureux, mes parents s’aimaient toujours, même après toutes ses années, mais est-ce qu’ils étaient faits l’un pour l’autre ? Je l’ignorais. Tout comme j’ignorais s’il existait une personne vraiment faite pour moi sur cette Terre. J’étais sceptique quant à ce foin que les gens faisaient sur le grand amour, la Saint Valentin et tout ça. Peut-être que c’était parce que je n’étais jamais tombée amoureuse. Oui, peut-être. Après, il faut se mettre à ma place, quand on ne rencontre que des personnes qui n’ont envie de rien de bien sérieux, ça vaccine. Après, mon patron avait changé, mais je ne pouvais m’empêcher de trouver ça suspect. Enfin tout ça pour dire que j’avais accepté de répondre à ces lettres, mais je savais bien que je n’étais pas la personne la plus qualifié pour cela. La lettre que j’avais entre les mains était touchante et drôle et je dois dire que je n’avais pas la moindre idée de comment m’y prendre pour rédiger une réponse. J’ouvris tout de même de capuchon de mon stylo bille pour commencer à écrire. Mon écriture était souvent moche, enfin, moi je la trouvais moche, bien que l’on me dise le contraire. Je trouvais mes lettres trop enfantines et un peu brouillonnes. J’écris une ligne, puis deux, et je m’interrompe lorsque Sasha reprend la parole. Au ton de sa voix, je devine qu’elle à besoin de se confier. Je dois dire que je ne suis pas la meilleure personne qui soit pour donner des conseils d’ordre sentimentaux, mais je lui propose d’en parler. Je me dis que peut-être, elle me trouvera culotée et me répondra que ça ne me regarde pas. Dans le fond, c’est ce que j’espère, mais je me trompe. J’écoute attentivement ses paroles. Elle m’explique être amoureuse d’un homme, un certain Christian, qui se trouve avoir couché avec sa sœur, mais qu’elle, elle à coucher avec le frère de ce garçon. C’est du moins, ce que je comprends dans ce qu’elle me raconte. Je repose le stylo. « Je ne sais pas. Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne me suis jamais retrouvée dans ce genre de situation. Le mieux c’est d’écouté ce que te dicte ton cœur, non ? » répondis-je. Je n’avais pas de sœur, je ne risquais donc pas de me retrouver dans ce genre de situation. Bon, je n’avais pas fait que des bonnes choses dans ma vie, j’avais eu une aventure avec le mec d’une copine à moi, mais je n’avais jamais vraiment apprécié cette fille, que je trouvais trop superficielle et en plus, j’étais ronde comme une queue de pelle ce fameux soir, alors je n’étais vraiment pas dans mon état normal et sans doute incapable du moindre jugement. « Personne ! » menti-je. Je ne voulais vraiment pas avouer que mon patron ne me laissait pas indifférente, et que c’était vraiment compliqué de se sentir à la fois attirée et horripilée par une seule et même personne. « Ah bon ? » m’étonnais-je, lorsqu’elle m’indiqua ne pas être pressée de rentrer chez elle. Moi, c’était tout le contraire, j’avais une grande hâte d’enfiler la paire de lapin rose bonbon qui me servait de pantoufles et me vautrer devant la télévision en serrant Fox contre moi.

Pour être franche, j’avais accepté de venir, parce que j’étais persuadé qu’il s’agissait d’une lecture, mais si j’avais su à l’avance ce qui m’attendait, j’aurais refusé tout net. Lire toutes ces lettres d’amour stupide, ça me donnait envie de vomir. Comment pouvait-on être guimauve à ce point ? Quelle horreur ! Enfin, chacun sa façon d’être, n’est-il pas ? En tout cas, moi, je ne suis pas comme ça et j’espère ne jamais l’être, tellement je trouve ça écœurant. Sasha m’explique son dilemme, et je suis bien obligée de lui avouer que je ne sais pas de quoi elle parle, parce que je n’ai jamais vécu une situation similaire. Je n’ajouterais pas que je ne suis pas la personne idéale pour parler de ce genre de problèmes, parce que je suis loin d’être capable de donner de bons conseils ; d’où le fait que ma présence ici ce soir relève d’une plaisanterie de mauvais gout. A ma réponse, elle me fait savoir que je peux m’estimer heureuse. J’avoue qu’elle n’a pas tort, mais je me garde bien de le dire à voix haute. Après tout, ma situation à moi est bien assez compliqué, alors évitons d’ajouter deux autres personnes pour en faire un carré amoureux, parce que ça serait encore plus compliqué et c’est déjà bien assez le bordel comme ça dans ma tête et dans mon cœur pour en rajouter encore une couche. « S’il t’aime, lui aussi, alors je ne vois pas où est le problème. Cette histoire avec son frère, ça fait partie du passé, non ? Je suis désolée, hein, je suis loin d’être Docteur Love et je ne comprends pas tout ! » avouais-je alors après avoir répondu, sans trop vite à ses paroles. Et c’est la vérité, je n’ai rien d’un Docteur Love, puisque je n’ai jamais été amoureuse, alors donner des conseils en ce sens, c’est juste très difficile pour moi, n’est-ce pas ? Et puis, je suis trop maladroite pour être capable de dire ce qu’il faut dans ces cas-là. Si une de mes copines vient me voir en larmes, je ne saurais rien faire d’autre que lui tapoter le dos en espérant que ça passera. Bref, pas très utile n’est-ce pas ? « Oui ! » continuais-je. Sasha n’était pas dupe, je le voyais bien. « Disons que c’est compliqué et que ça ne vaut pas le coup d’en parler ! » précisais-je, espérant que cela suffirait pour lui faire changer d’idée. Elle semblait vouloir passer le plus de temps possible ici, mais vu qu’elle ajouta que ce n’était rien, je n’insistais pas, préférant reporter mon intention sur les lettres. Elle me demanda si j’en avais trouvé des intéressantes. Je soupirais de lassitudes. « Non, ça dégouline de sentiments, je trouve ça écœurant ! » répondis-je.