Trey & Baby + It's been a long time

Six mois, c’est une demi-année. Une année, c’est un temps considérable, une demi-année également. Et pourtant, j’ai l’impression que cette demi-année qui allait s’achever bientôt dans ma tête, selon ma vie, selon mes points tournants des derniers temps, était passée à la vitesse de l’éclair. Une demi-année, ça signifiait dans ma tête que d’ici quelque temps, ma fille allait avoir six mois, que six mois s’étaient écoulés depuis sa naissance, depuis que sa présence était venue complètement changer ma vie. D’abord, l’arrivée d’un bébé, ce n’était pas rien, mais plus encore, sa venue dans ce monde, dans notre vie, avait aussi marqué le moment où Andy avait finalement pu sortir de sa cure de désintoxication, marqué le moment où nous avions commencé à avoir une vie de famille, ou tenter d’avoir une vie de famille en tout cas. Pour le moment, chaque jour était synonyme de progrès, de petit progrès qui, j’avais envie de l’espérer, pourrait mener à quelque chose de bien, qui convienne à tout le monde, qui ferait en sorte que tout le monde soit heureux. Mais avec tout cela, je devais avouer que ma vie sociale avait pris un coup. Je sortais, parfois, mais ces sorties se faisaient plus rares. Dans un premier temps, je ne m’en étais pas tant rendu compte, dans le sens où j’avais été tellement submergée, interpellée de partout, qu’il n’y avait pas de temps mort dans mon quotidien. C’était que maintenant que la poussière semblait retomber un peu, juste un peu, me faisant prendre un léger recul, prendre conscience de certaines choses qui, tantôt, m’amusaient et qui, tantôt m’horrifiaient. La dernière constatation qui me fit ça, ce fut le fait qu’il y avait certains amis à qui je n’avais même pas eu l’occasion de présenter ma fille. Parfois, c’était parce que je savais qu’ils manquaient d’intérêt pour la question, mais sinon, je n’avais aucune raison, et c’était d’autant plus épeurant. Déterminée à profiter de cette journée où je n’avais rien au programme pour tenter de remédier un minimum à la situation, je ne me fis pas prier pour me préparer, préparer Hedwige, peu de temps après que Wesley soit parti pour l’école, avec le bus qui devait l’y emmener. Une fois que nous fûmes prêtes, je mis ma fille dans la voiture, déterminée à profiter de ma matinée pour faire quelques arrêts. Je me rendis dans un premier temps au lycée, alors que les cours étaient commencés, saluer mes collègues, présenter à certains qui ne l’avaient pas vue Hedwige, discuter un peu. Lorsque je repartis, je fis un second arrêt, cette fois-ci chez un ami, que j’avais un peu trop laissé de côté. Voilà pourquoi je pris aussi le temps de faire un détour dans une pâtisserie pour aller chercher quelques douceurs avant de sonner à sa porte, attendant une réponse, espérant qu’il serait en mesure - et qu’il aurait envie - de m’accueillir.