LOTERIE DE LA SAINT-VALENTIN ✻ taxi driver /w Nael & Violet

Quand je faisais l’école infirmière pour pouvoir faire le métier dont j’avais toujours rêvé, je vivais chez mes grand-parents. La raison est toute simple, l’école était tout près de chez eux, alors ça m’évitait de devoir parcourir la ville dans un sens et puis dans l’autre tous les jours de la semaine. Puis, il faut dire aussi, je n’étais pas contre les billets donnés en échange de service rendu et qui me permettait de sortir avec mes amis. Il y a deux ans, mon grand-père est malheureusement décédé, mais j’ai gardé l’habitude de visiter ma grand-mère aussi souvent que possible afin de l’aider. Principalement quand elle a besoin de faire les courses ou pour remplir des papiers administratifs. Je ne suis pas son infirmière personnelle, parce que pour ça, il faudrait que je sois infirmière libérale, et ce n’est pas mon cas. Je travaille à l’hôpital, et plus particulièrement en pédiatrie-obstétrique. Bref, rien à voir avec les personnes âgées. Ma mère aurait tout le temps de l’aidé, mais elles sont fâchées. Pour être franche, les raisons sont stupides et je ne pense pas que ça vaille la peine que je vous les expose. Ma cousine ou encore ma tante pourrait aussi le faire, mais Mamie veut que ça soit moi. Alors je m’y colle, mais dans le fond, je préfère sa compagnie à celle de bien des jeunes de mon âge. En dehors d’une ou deux personnes, je ne m’entends pas avec les gens de mon âge. Je ne pense pas être plus mature, le courant ne passe pas, tout simplement. Enfin, toujours est-il que ce jour-là, en quittant l’hôpital, je dois me rendre chez elle. Pour être tout à fait honnête, aujourd’hui, ça m’ennuie plutôt qu’autre chose, car c’est la Saint-Valentin, et je m’étais prévue un tout autre programme : m’enroulée dans une couverture avec un pot de glace et regarder de mauvais fils romantique. Après, ça ne devrait pas être bien long, donc peut-être que j’arriverais à suivre ce que j’avais en tête. Le problème, c’est que ma stupide voiture refuse de démarrer, alors je suis contrainte de prendre un taxi. J’attends quelques minutes avant que l’un d’entre eux ne s’arrête à mon signal, et j’attrape aussitôt la poigné de la porte, sans savoir qu’un inconnu à eut l’idée de faire exactement la même chose de l’autre côté.

Je ne prenais jamais le métro, parce que ça me fichait la trouille de ne pas voir la lumière du jour, et ce n’était pas la seule raison. Je ne sais pas, mais j’avais toujours eu peur de grimper dans ce genre de train, peur qu’il ne démarre avant que je ne sois complètement dedans et que je tombe. C’est sans doute idiot, mais c’est comme ça. Une peur c’est difficile à surmonté, n’est-ce pas ? Et encore, je n’étais pas phobique. Enfin voilà tout ça pour dire que vous ne me verrez jamais dans un métro ou alors, c’est que c’est quelqu’un qui me ressemble étrangement ! Il m’arrive de prendre le taxi de temps à autre, mais généralement, je préfère utiliser ma voiture personnelle, voir même marché, puisqu’après tout, si le bon dieu m’a fait des jambes, c’est bien pour m’en servir. C’est ce que dit tout le temps ma grand-mère. Mais bon, marché de chez elle jusqu’à Georgetown, ou j’habite, ça fait un peu loin, alors je préfère grimper dans un taxi, mais je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée. Car alors que je pause mes fesses sur le siège passager du côté droit, je me rends compte qu’un jeune homme à fait de même, du côté gauche. J’ai un rire nerveux. Je ne sais pas siffler pour en héler un autre, alors je n’ai pas vraiment envie de devoir attendre sur le trottoir. En plus, il commence à pleuvoir. Mes cheveux boucler deviennent tout plats lorsqu’il pleut et je n’ai malheureusement pas de parapluie sur moi ; je l’ai stupidement laissé à l’hôpital. Alors, je n’ai pas envie d’attendre. Je me surprends à espérer que ce jeune homme au visage sympathique descende à Georgetown, mais quand il prend la parole, je suis bien obligée de constater que ce n’est pas le cas. Je secoue négativement la tête. « J’habite Georgetown ! » que je réponds. « J’ai les pieds en compote ! » tentais de plaider ma cause, en espérant qu’il sera galant et me laissera la place pour aller dans un autre taxi. Le problème, c’est que le conducteur, démarre subitement, avant même que le jeune homme n’est le temps d’ouvrir la bouche. Je le regarde sans comprendre. « Hey ! » fais-je, à l’attention du chauffeur de taxi qui m’ignore complètement. J’ai l’habitude d’être la dernière roue du carrosse, ma cousine et meilleure amie à toujours été celle que l’on admirait et moi celle qu’on ne voyait pas,, mais malgré tout, je trouve ça vexant. Il a le feu aux fesses ou quoi ?

Saleté de voiture ! Je me demandais encore pourquoi ma caisse refusait de démarrer. Maintenant, elle était garé en bas de l’immeuble de ma grand-mère, pas forcément dans un endroit bien fréquenté, alors je craignais le pire. Et pour couronner le tout, je n’étais pas toute seule dans le taxi. Pas franchement ravie à l’idée de devoir en attendre un autre ; même si ce n’était pas ce qui manquait en ville ; je me sentie oblige de me justifier. Le jeune homme du le sentir car il s’empressa aussitôt de me dire qu’il ne contait pas me jeter dehors de force. « Désolée, la journée a été longue ! » m’excusais-je. Malheureusement, le conducteur ne se formalisa pas de savoir qui allait ou, il démarra. Super. Evidemment, quand je me permis de râler, il ne répondit rien, se contentant, de demander ou nous allions. On croit rêver. En plus, il était désagréable, c’te blague. L’homme à côté de moi se chargea de lui donner notre destination ; d’abord la mienne puis la sienne ; non sans omettre de lui dire sa façon de penser. J’étais sciée. Il ne s’est pas même pas demander un seul instant si nous étions ensemble ou pas. Et en plus, il se permettait d’être désagréable. J’avais horreur des gens comme ça. J’en voyais tous les jours à l’hôpital, c’était d’un pénible. Le pire, c’est qu’ils ont toujours raison, bien sûr. Enfin, celui-là accepta, encore heureux, et s’engagea dans la circulation. Pour couronner le tout, voilà qu’il se mettait à pleuvoir. Journée de merde. Vraiment. Il y des jours ou l’on se dit que l’on aurait mieux fait de rester coucher, et bien, laissez-moi vous dire que cette journée en fait partie. Enfin, avec un peu de chance, si la circulation était bonne dans une quinzaine de minutes, je serais chez moi, les doigts de bien confortablement glisser dans une paire de chaussons. Le paradis. J’eu un petit rire lorsqu’il ajouta qu’ainsi, tout le monde serait content. Oui, ce n’était pas faut, puisque nous irons tout de même là où nous devions aller. « Moi, c’est Volet ! » fais-je, avec un sourire. Nous étions deux face à ce conducteur de taxi qui aurait mieux fait de choisir une autre profession tant il semblait évident qu’il avait raté sa vocation.

Il faut dire que j’avais tout de la pauvre femme. Celle que l’on va arnaquer sans la moindre hésitation. Pas très grande, menue, fatiguée à cause d’un travail prenant, gentille et blonde, donc forcément stupide pour la plupart des hommes. J’avais une sainte horreur de ce cliché qui ne semblait jamais vouloir en finir. Non, les blondes ne sont pas idiotes. La preuve, j’étais infirmière, au service des gens malades. Je n’étais pas chirurgien, loin de la mais, je fais un boulot difficile ou il ne fallait clairement pas être bête à manger du foin. Donc j’étais bien placé pour dire qu’une femme blonde n’était pas une conne et qu’elle pouvait même être intelligente. Malheureusement, tergiverser des heures entières sur ce genre de comportements, ça ne servait à rien, car il y aurait toujours des cons pour balancer ce genre de vannes puériles en pensant faire rire. Alors que, bien évidemment, ça ne faisait rire qu’eux. C’est comme ceux qui disaient qu’une infirmière ne pore rien sous sa blouse : c’est bien évidement complètement faux. Ça caille dans un hôpital, surtout dans les couloirs, alors non, on n’est pas à poil sous nos blouses. Infirmière ne veut pas dire coquine. Et là encore, inutile d’en parler pendant des heures, c’était malheureusement bien trop ancré dans la tête de certains hommes. Ridicule, n’est-ce pas ? J’ignore donc à quel type d’hommes faisait parti le conducteur de taxi, mais à n’en pas douté, il n’avait pas la lumière dans toutes les pièces. Il avait démarré sans se soucier de savoir si nous allions au même endroit. Sans même se soucier si nous étions d’accord pour partager le véhicule. C’était même limite si on ne se faisait pas engueuler pour ne pas avoir donner la course dès la montée dans le véhicule. Après, on s’étonne que je me sois aussi vite emportée pour justifier le fait que je ne voulais pas attendre un autre taxi. La journée avait été longue, comme bien souvent d’ailleurs et je n’aspirais qu’à une seule chose : pouvoir enfin enfiler une paire de pantoufles et me vautrer dans mon canapé. Pour moi, c’était ça l bonheur. « Moi non plus, je n’aime pas ça, mais c’est monnaie courante de nos jours ! » que je réponds. Je le savais puisque je voyais ce genre de scène tous les jours. Des gens qui, sous prétexte qu’ils sont pressés veulent passer avant les autres. Ce n’est pas comme ça que ça marche. Si certaines consultations se font sur rendez-vous, ce n’est pas le cas de toutes. Dans certains services, c’est le principe même du premier arrivé, premier servit. Alors si tu te pointe à onze heures, alors que les consultations démarrent à huit, ne t’en prends qu’à toi-même si tu dois attendre deux heures. « Je suis infirmière ! » fis-je, ébahie par la facilité avec laquelle il a su trouver le milieu dans lequel je travaille. Pour avoir trouver aussi facilement, il doit être dans la police, mais je n’ose pas poser la question.