until we go down. ft. Jared

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(( .And I need that fire just to know that I'm awake. ))
w/ ⊹ @jared silvester

Ses yeux azuréens parcourent les lignes manuscrites. Des fines lettres mouchetés, des traits filiformes. Déchiffrer ce bout de papier coller sur la porte de l’ascenseur ne fut pas une chose aisée et à vrai dire, elle ne se donna seulement la peine parce qu’elle avait besoin de retrouver son souffle, réunir le courage nécessaire pour gravir à pieds les sept étages qui la séparait du confort de son duplex. « Fait chier, putain. », elle arrachait le papier de la porte, l’écrasait rageusement dans le creux de ses mains pour mieux la balancer contre la porte du concierge non loin. Gaspillant ainsi, considérablement le peu de force qu’il lui restait. « Espèce de conard. A quoi ça sert de payer aussi cher le loyer si c’est pour attendre trois jours avant que tu fasses réparer l’ascenseur. », Elle n’avait pas élevé la voix pour que mieux, il l’entende même à l’abris dans son appartement. Elle n’avait clairement pas assez d’énergie pour s’égosiller à plein poumon. Surtout que le plus infime de ses gestes réveillait une lancinante douleur sous son sein gauche, au niveau de sa première côte. Autant dire dans ce cas, que toute seule, elle parlait bel et bien. « Fils de pute, putain. », elle ronchonne, extériorise sa frustration, la colère bouillonnante de devoir puiser dans ses dernières réserves. Parce que l’ascenseur était en panne. Non, parce que si elle en était là, c’était parce qu’encore une fois, parce qu’elle s’était bien laissé arriver là. Parce qu’elle s’était poussée une fois encore, un peu plus vers le vide, le néant. Sa main se crispe sur la rambarde, autour de son sac de sport. Elle n’avait pas pris le temps de se changer, à quoi bon. Vêtue d’un cycliste noir, d’une brassière bleu moucheté de de carmin. Aux endroits où son sang et celui de son adversaire avait giclé. Chaque pas lui demandait un effort surhumain mais elle ne faiblissait pas. Si elle lâchait prise, si elle abandonnait. Elle ne gagnerait qu’à passer la nuit sur un palier d’escalier. Essoufflée, elle continuait de grimper, pourtant. Une marche après l’autre, rythmé par la musique qui criait dans son casque. C’est au cinquième étage qu’elle manqua une marche, qu’elle perdit l’équilibre et dévala les six marches qu’elle avait difficilement gravit jusqu’au palier. D’entre ses lèvres, un cri strident lui échappa. Ce n’était pas tant à cause de la douleur, plus à cause de la surprise. Il ne lui arrivait jamais de crier comme ça, jamais comme une fille. Pas un seul son de ce genre de lui avait échappé alors que ce soir, elle perdait à coup de poings son combat. On ne pouvait pas toujours gagner, elle se disait mais l’échec la piquait tout de même. Lisbeth n’aimait pas perdre, jamais. Mais pas un seul cri de ce genre ne lui avait échappé alors qu’elle encaissait la douleur ce soir. Une plainte de douleur, presque animal s’échappait de sa gorge alors qu’elle essayait de se redresser, qu’elle essayait de tendre la main vers son casque qui avait quitté le tour de sa tête pour atterrir deux bons mètres plus loin.  Les larmes montaient piquer ses larges yeux brillants mais aucune ne lui échappait. Elle n’était pas faible. Mais elle avait mal, putain. Tellement mal.

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Elle entend des pas dévaler les escaliers à vive allure mais elle ne se désintéresse de son casque seulement quand c’est son prénom qui est prononcé, en entier. Elle n’a aucune difficulté à reconnaître la voix de son meilleur ami et à vrai dire, elle n’est pas tellement surprise de sa présence, ici. Il avait pris la fâcheuse habitude de venir semaine après semaine lui déposer un petit butin devant sa porte. Si au départ, elle pensait que c’était parce qu’après son petit incident, elle n’avait pas la force d’aller en course, aujourd’hui, elle ne comprenait pas pourquoi est-ce qu’il continuait. Mais elle n’était pas à plaindre non plus. Grâce à lui, elle avait toujours le frigidaire bien rempli, toujours. Chose qui était en soit, extrêmement rare. Ce n’était pas l’argent qui lui manquait mais bel et bien la motivation d’aller arpenter les rayons interminables des grandes surfaces. Lisbeth préférait nettement le petit commerce de proximité au coin de sa rue. Le gérant, Mukesh, un cinquantenaire au fort accent indien. Dans son épicerie, il y avait ces odeurs d’épices orientales qu’elle ne retrouvait nulle part ailleurs. Et quand il était fermé ou quand elle avait tout simplement la flemme de bouger, elle commandait. Aussi simple que cela. Et ses habitudes, Jared les connaissait pertinemment et pourtant, deux mois plus tard, il était encore là. Semaine après semaine. Elle se sentait honteuse quelque part de la distance qu’elle avait mise entre eux mais après l’Asie, renouer avec la vie qu’elle avait laissé ici lui avait semblé être une tâche Herculesque. Elle se sentait égoïste également. Parce que si elle jugeait ne pas avoir besoin de l’aide de qui que ce soit pour se remettre en selle. Cela ne signifiait pas que Jared ou Derrick n’avaient pas besoin d’elle. Mais elle avait failli y rester cette fois et ça, il n’y avait que seule qu’elle pouvait le digérer. Elle entendait déjà les paroles moralisatrices de Jared et elle n’avait juste pas la force de les affronter. Alors lâchement, elle avait fait l’autruche. Sa couardise n’avait d’égale que son égoïsme. Et pourtant, il était toujours là. Semaine après semaine, à s’assurer qu’elle mange à sa fin, se conforter en découvrant son paillasson vide de ses attentions qu’elle était toujours en vie. Elle le regardait prendre son casque, son sac et elle avait tellement honte, putain. Qu’il la voit dans cet état. Qu’il surprend ce mal qu’elle se fait subir soir après soir. Qu’il remarque à quel point elle s’est brulé les ailes. Qu’il réalise l’animal blessé, mourant qu’elle était. Elle passe non sans mordre ses lèvres pour retenir une plainte son bras derrière sa nuque. Ses bras autour de son corps, la chaleur du sien est surprenamment réconfortant. « Coucou, Jed. », son ton est mesuré seulement pour qu’il n’entende pas les échos de la douleur qui pulse dans chaque parcelle de son corps. Doucement, elle pose sa tête contre son épaule et son regard céruléens de quitte pas son visage. Détaillant ses traits avec minutie, cherchant une nouvelle ride, une nouvelle fossettes que son absence l’a empêché de voir naître. Elle glisse silencieusement sa main dans la poche de sa veste, elle en tire un jeu de clés qu’elle lui tend. Son regard surprend alors le trésor qu’il a laissé devant sa porte. « Tu manges avec moi ? », elle sait qu’il va probablement lui demander ce qui s’est passé. Le pourquoi du comment de son état. Mais si elle n’avait pas envie de répondre à ces questions, elle n’avait très certainement pas envie d’être seule. Il lui avait manqué. « A moins que tu ais des plans avec Ari. », elle n’avait pas oublié qu’il était plus ou moins avec elle. Enfin, aux dernières nouvelles. Elle ignorait si jusqu’alors, il l’avait gardé dans son pantalon. Parler de lui signifiait également qu’ils ne parleraient pas d’elle. Elle entoura son second bras autour de son cou, les deux mains en menottes, reposant sur son épaule. Elle n’avait pas envie qu’il la lâche tout de suite même si cette étreinte restait douloureuse.

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Elle ne lui facilite pas la tâche et elle ne s’en rend seulement compte quand il ajuste sa prise autour de son corps afin de pouvoir lui prendre les clés des mains et ainsi ouvrir la porte. Il lui avait demandé où était ses clés, il ne lui avait pas demandé de l’introduire dans la serrure et de tourner la clé. La requête silencieuse lui semblait évidente maintenant qu’elle le voyait peiner à accomplir une tâche pourtant normalement si simple. Mais elle était indulgente, usuellement, les gens n’avaient pas une charge d’une soixantaine de kilos quand ils déverrouillaient des portes. Alors, à lui, elle s’accrocha un peu plus parce qu’il lui demandait et parce qu’une fois n’était pas coutume, de ce genre de contact humain, elle en avait besoin. Un petit sourire étire ses lèvres pâle, déchirés alors qu’il accepte de rester. A dire vrai, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il accepte aussi aisément. Ces derniers temps, elle avait gaspillé tellement d’énergie à l’éviter qu’elle n’aurait pu que comprendre qu’il estime que son amitié, sa présence et son attention se méritaient. Qu’il lui fasse comprendre que leur amitié, elle l’avait prise pour acquise. Qu’il la fasse ramper, parce qu’elle devait être digne de son amitié. Mais rien de tout cela. A le voir, leur amitié n’entachait aucune tâche sombre. A l’entendre, leur amitié était toujours belle, pure. Comme si elle n’avait pas pratiquement disparue de sa vie. Comme si elle ne l’avait pas traité comme une merde. Mais peut-être que les êtres humains sont tous des hypocrites qui n’osent pas battre une personne déjà à terre. C’est bien plus jouissif de mettre à terre une fois que la personne se relève. Bien qu’elle sache finalement que rien de tout ceci n’était le genre de son meilleur ami. Quand il aimait, c’était avec déraison. Son amitié était une pierre précieuse. Et lui, un joyau fidèle, loyal. Contrairement à elle qui n’avait jamais su être l’amie idéale mais s’il était encore là après tout ce temps, elle estimait que c’était parce qu’il le savait bien et qu’il n’en attendait pas bien plus. « Elle t’a déjà viré, c’est ça ? », difficile à croire que ce soir, il n’avait pas prévu d’aller baiser sa dulcinée. Ou d’aller baiser tout simplement. Ou alors, elle faisait tellement pitié à voir qu’il venait simplement de décider de sacrifier ses plans pour être avec la mourante. C’est ce qui la fait cogiter une fois dans le canapé alors que son regard ternes le regarde s’agiter en travers l’appartement. Une fois n’est pas coutume, dans un bordel sans nom. « Mais si t’annules pour pas me laisser seule, tu peux partir, hein. », elle ne veut pas qu’il se sente obliger de quoique ce soit, non plus. Elle a bien conscience de lui faire subir des vertes et des périmées. Elle sourit faiblement quand il vient s’accroupir finalement près d’elle avec une sa petite trousse de premiers soins. « Ton amie va bien. », elle ment si aisément, fermant les yeux bien que plisser, serrant les dents presque les rinçant alors qu’il désinfecte attentivement ses plaies. Ca pique, rien qu’elle ne peut supporter. Elle soupire doucement, expirant silencieusement ces plaintes de douleurs qu’elle a retenues. « Tu devrais voir la gueule de l’autre. », encore un mensonge parce que cette fois, elle est celle qui ressort la plus abimée du combat. Elle baisse son regard vers le sien, un petit sourire au coin de ses lèvres alors qu’elle s’exécute avec lenteur à retirer sa veste. « Tu ne perds jamais le nord. », elle le taquine, levant difficilement les bras pour lui intimer de l’aider à retirer sa brassière de sport. Le simple le geste lui soulève le cœur tant ça lui fait un mal de chien mais elle attente de ne rien laisser paraitre. « Tu les aimes mes seins, avoues.», elle le distrait comme elle le peut.