Confidences à un inconnu [Feat. Eric Ashford]

Ces derniers temps, depuis son arrivée à Washington, Joyce n'était pas au top de sa forme, c'était même plutôt le contraire. Elle était extrêmement fatiguée, et son nouvel emploi ne l'aidait pas, mais c'était surtout ses nerfs qui étaient usés. Elle passait son temps à penser à Isaak, et à le voir en chacun des enfants qu'elle croisait dans la rue, ou de ceux qu'elle voyait quand elle allait au parc. C'était impossible pour elle de tourner cette page de sa vie, c'est la raison pour laquelle, elle avait un petit carnet dans lequel elle écrivait chaque jour de la mort de son fils. La culpabilité la rongeant le décès de ce dernier a eu d'énormes conséquences sur Joyce, qui n'avait déjà pas beaucoup confiance en elle, mais désormais, elle n'en a plus du tout, elle est persuadée que c'est une mauvaise mère mais surtout, elle se repasse la scène en boucle, c'est ça le plus dur.

Ça faisait quelques semaines qu'elle enchaînait les crises d'angoisse et, bien évidemment dans son dossier à l'hôpital était mentionné non seulement les opérations qu'elle avait du subir après l'accident pour réparer ses membres cassés, mais surtout, le décès de son fils. Et dernièrement, le médecin qui la voyait régulièrement lors de ses crises d'angoisse lui a ordonné d'aller voir un psychologue. Contrainte et forcée, c'est donc vers un certain Eric Ashford qu'on l'envoie.

Ce n'est pas trop l'envie de se confier qui la gêne car elle est consciente qu'elle en a sûrement besoin, elle a juste jamais osé faire le premier pas. Mais, ce quk la gêne le plus c'est de parler de son fils. Elle ne l'a jamais fait depuis son décès, comme pour préserver une sorte de mémoire.

Le médecin avait donc pris rendez-vous pour elle, et le grand jour était arrivé. Elle se rendit à l'adresse indiquée, entra et patienta dans la salle d'attente au milieu d'autres personnes. Les yeux rivés sur le sol, elle se demanda pourquoi elle avait accepté ce rendez-vous, dans tous les cas, il ne pourra pas lui ramener son fils, mais peut-être qu'il pourra l'aider à faire le deuil de ce dernier.

Joyce n'avait pas vraiment eu son mot à dire. L'hôpital lui avait pris un rendez-vous avec un psychologue sans même lui demander son avis. Après, c'était peut-être la meilleure solution pour qu'elle arrive à tourner cette page de son passé, mais, elle se voyait tout de même mal se confier à une personne qu'elle ne connaissait pas. Il y avait toujours cette crainte de se faire juger, même si les psychologues ne sont pas sensé juger leurs patients, il y aura toujours des bons et des mauvais professionnels.

Après avoir hésité à se présenter à ce rendez-vous un peu forcée, elle se dit qu'elle pourrait au moins tester, si ça ne se passe pas bien, elle y mettrait un terme, car peu importe la décision des médecins de l'hôpital, pour se confier à un spécialiste il faut un minimum de feeling, sinon, ça ne sert à rien. Elle quitte finalement le building dans lequel elle travaille un peu plus tôt, pour ne pas être en retard à son rendez-vous. Elle déteste ne pas être ponctuelle, sans doute un autre de ses nombreux défauts.

Elle arrive finalement dans le cabinet, elle s'annonce à l'accueil puis, elle prend une place dans la salle d'attente, déserte. Elle se demande si elle est au bon endroit tellement tout cela la dépasse. Le stress monte lentement en elle sans qu'elle ne sache pas véritablement pourquoi. Peut-être l'atmosphère que dégage le cabinet ou la décoration qui ne permet pas vraiment de se sentir à l'aise. Elle n'a pas vraiment le temps de plus y penser qu'un bruit de porte se fait entendre. Elle relève la tête dans cette direction et voit en sortir un homme qui accompagne une femme, sans doute le psychologue et sa patiente, puis ce dernier, l'appela. Elle était seule dans la salle d'attente alors il ne pouvait pas vraiment se tromper sur l'identité de sa patiente.

Lorsqu'il se présente, la blonde lui adresse un sourire timide et suit le chemin qu'il venait de lui montrer jusqu'à son bureau. Une fois dans celui-ci, elle resta sur le seuil attendant une parole ou un ordre lui disant quoi faire. Elle s'assit alors sur le canapé jouant nerveusement avec ses doigts, sans trop oser regarder l'homme face à elle.

" - J'ai une question.. Pouvez-vous arrêter de m'appeler Mlle Sandberg ? Joyce suffira.. Ou Joy si vous préférez.."

À peine arrivée qu'elle commençait déjà à se faire remarquer, et pas forcément dans le bon sens, mais, si elle devait poursuivre avec lui, elle préférait éviter tous ces mademoiselle, elle préférait largement qu'on l'appelle par son prénom, ou même son diminutif Joy. Heureusement que le doctor lui avait expliqué comment se déroulait les séances, parce qu'après tout, chacun avait sa manière d'agir. Certains attendaient que le patient se confie, d'autres faisaient la conversation alors que les derniers pouvaient attendre des heures sans parler en attendant que ce soit le patient qui prenne les devants.

" - Que voulez-vous savoir.. ? Je ne suis pas très à l'aise quand il s'agit de parler de moi.. Si ça ne tenait qu'à moi, je vous dirais qu'il n'y a rien à dire, ou alors, il n'y aurait que des défauts à mettre en avant, rien de bien fantastique à vrai dire."