{D&G} [Kenias#1] Que puis-je pour vous ?

Cela faisait plusieurs jours qu'Elias tournait en rond chez lui, il avait besoin de sortir, de prendre l'air, de faire quelque chose tout simplement, sinon il allait devenir fou. Son dernier rendez-vous à l'hôpital n'avait pas forcément été très encourageant, puis au fond, il savait que sa vie n'était plus qu'une question de temps, alors autant se faire plaisir pour le peu de temps qui lui restait non ? Bon évidemment, il n'allait pas dévaliser tous les magasins devant lesquels il passait, ni même vider son compte en banque pour l'occasion. Mais la vérité c'est que l'italien avait besoin de se sentir vivant tout simplement.

Alors il avait quitté sa maison pour se rendre en centre ville, il se balada dans les allées de celui-ci, la tête occupée par des pensées pas forcément très joyeuses. Il s'arrêta devant certaines des boutiques, parfois il entrait et ressortait sans achats, d'autres fois il se contentait d'observer la devanture.

Elias est un homme qui a beaucoup d'argent sur son compte en banque, mais c'est également un homme qui ne cherche pas à dépenser tout son argent pour le dernier gadget électronique à la mode. À quarante ans, il avait dépassé ce genre d'envies, c'est plutôt du genre raisonnable qu'il est, et pourtant, aujourd'hui, il semblait absolument vouloir acheter quelque chose, voir les gens lui sourire, lui parler, être vivant tout simplement..

C'est donc en continuant les boutiques qu'il tomba soudain sur celle de Dolce&Gabbana. La devanture attira son regard et principalement le costume qui y était exposé. Elias ne voyait que par les costumes et même si en temps normal, il les faisait faire sur mesure, cette fois-ci c'était celui exposé qui lui avait tapé dans l'oeil. Alors il entra dans le magasin, désert visiblement lorsqu'un des vendeurs, ou bien le vendeur l'accueillit avec un large sourire.

" - Bonjour, j'aimerai savoir s'il vous restait encore des exemplaires du costume que vous avez en vitrine."

C'était toujours plaisant de se faire accueillir de la sorte, même s'il savait que c'était tous les clients qui avaient le droit à ce discours, aujourd'hui ça lui faisait du bien et ça lui remontait quelque peu le moral, mais surtout, ça lui faisait oublier sa douleur au coeur.

" - J'aurai aussi besoin de votre avis. Je cherche un parfum qui ne sent pas trop fort, un peu fruité. Est-ce l'un de vos parfums pourraient correspondre à ces critères ?"

Malgré son apparence peut-être un peu trop stricte, Elias n'était pas un client chiant lors de là. Il n'allait pas faire un scandale parce qu'un employé à refuser de lui faire une remise ou autre, il était peut-être riche, mais il refusait d'avoir des privilèges, il voulait être traité comme tout le monde.

Elias fait partie des personnes riches, mais parmi cette catégorie, il existe plusieurs types de personnes. Il y a ceux qui aiment jeter l'argent par les fenêtres, ceux qui se prennent pour des personnes importantes à cause de leur fortune, et puis il y a les personnes comme Elias, fortunées mais qui n'exhibe pas pour autant leur argent aux yeux de tous. D'autant plus que l'italien n'est pas du genre à vouloir chercher l'excellence, il est simple et le restera malgré son compte, contrairement à certains qui veulent être traités comme des rois avec des exigences toutes plus improbables les unes que les autres.

Peu importe, il ne pourra pas refaire le monde toute manière, alors autant se concentrer sur le costume qu'il a vu dans la vitrine. Après être entré dans la boutique, un homme d'une trentaine d'années tout au plus l'accueille, avant de lui demander s'il pouvait l'aider. C'est à ce moment qu'Elias lui parle du costume qu'il a repéré. Il suit donc l'homme à travers les rayons jusqu'à ce qu'il s'arrête au niveau des exemplaires qui leur reste.

" 40 ou 42 ça dépend de comment ça taille." lui répondit-il avec le même sourire qu'il avait toujours.

Elias était un type vraiment, il ne se prenait pas la tête pour grand chose, il aimait simplement profiter de la vie comme elle venait, d'autant plus maintenant qu'il se sait condamné, autant en profiter tant qu'il le peut, sans pour autant être dans l'excès.

Une fois que le jeune homme lui avait déniché sa taille dans les exemplaires restants, Elias s'en empara et suivit le vendeur au travers des rayons pour rejoindre celui des parfums. Apparemment, il était tombé sur quelqu'un qui lui ressemblait puisqu'il en a lui-même acheté donc il sait de quoi il parle. Devant le rayon, il lui propose alors les deux parfums en question, Elias les essaye en vaporisant sur un bâtonnet testeur afin de pouvoir sentir l'odeur. Satisfait des deux, il décida de les acheter. Au moins il n'était pas venu pour rien, un costume et deux parfums.

" - Je pense que j'ai fais le tour, à moins que vous n'ayez autre chose à me conseiller ?"

Elias connaissait cette boutique de nom, avant aujourd'hui, il n'y avait jamais mis les pieds, alors il ignorait quel était le champ des produits qu'ils pouvaient proposé, peut-être qu'il pourrait trouver autre chose qui lui plairait. Voilà pourquoi il demandait conseil au vendeur qui semblait vraiment agréable contrairement à d'autres.

Elias avait toujours respecté les valeurs et les principes qu'il avait reçu lors de son éducation. Gentleman et avenant, il n'avait jamais utilisé la force pour se sortir d'une situation complexe, tout comme il n'avait jamais utilisé son argent pour arriver à ses fins, et pourtant il aurait pu le faire vu sa fortune, mais non. Le jeune homme préférait vivre convenablement sans pour autant vivre dans du luxe étincelant, malgré son apparence parfois un peu hautaine, c'est quelqu'un de simple aussi bien dans ses goûts, dans ses manières que dans ses choix.

Bon il est vrai que venir acheter quelque chose chez Dolce & Gabbana n'est pas ce qu'il y a de plus simple il faut bien l'avouer, mais ce costume lui a tapé dans l'oeil dès lors qu'il l'a vu en vitrine. Est-ce que c'est mal de se faire plaisir quand on sait qu'on est condamné ? Pas de femme, pas d'enfant et pas de famille, alors il se demandait bien à qui tout ce qu'il avait aujourd'hui allait revenir après son décès, peut-être qu'il devrait en faire don à une association après tout, ce serait toujours plus utile plutôt que ça ne tombe entre de mauvaises mains.

Le tout étant, le vendeur lui tend le costume tout en lui désignant la cabine d'essayage.

" - Merci." fit-il avec son habituel sourire.

Il rentre dedans, troque son costume actuel contre celui qu'il lui plaît, y'a pas à dire, il est parfait, il tombe parfaitement sur lui. C'est décidé il l'achète. Enfilant sa tenue qu'il avait en entrant dand la boutique, il suivit ensuite le jeune homme vers les parfums.

Après les avoir testé en vaporisant un peu du parfum sur sa peau, il prend les deux que lui avait suggéré le jeune homme. Bien décidé à passer à la caisse, ils s'y dirigèrent tous les deux. Puis au moment de l'encaissement, il lui demanda s'il désirait autre chose, alors autant se laisser tenter par une énième suggestion s'il en avait une. Mais il lui proposa des sacs à offrir à une femme, ou bien des vêtements de femme enceinte. Rien qui ne lui correspondait vu qu'il était seul.

" - C'est gentil mais du coup je pense que je vais m'arrêter là. La femme qui aurait dû devenir mienne s'est barrée avec mon meilleur ami il y a des années, donc pour acheter un sac à main à une femme je repasserai plus tard." dit-il sur le ton de plaisanterie.

Bien sûr que sous cet air plaisantin il cachait encore une vive douleur. Il avait tout pour être heureux : une copine, un meilleur ami, jusqu'au jour où il a perdu les deux en même temps. Et depuis, il est seul. La solitude ne l'avait jamais gêné, enfin jusqu'à aujourd'hui. Mourir seul n'était pas vraiment ce qu'il avait prévu dans ses projets et pourtant, c'est ce qui allait se passer. Et puis, pourquoi avait-il fait part de ça à cet homme qui n'en avait sûrement que faire ? Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes de parler ainsi de sa vie privée.

Elias jusqu'ici ne savait pas s'il avait le bon choix en entrant dans cette boutique, bien qu'il avait largement l'argent pour palier à cette dépense, il se mit soudainement à douter de ce qu'il était en train de faire. Plutôt que d'acheter de beaux habits ainsi que des parfums pour se sentir bien dans sa peau, ne devrait-il pas donner aux associations tant qu'il le peut encore ? Cet argent une fois qu'il sera mort, ne servira à personne, alors autant faire des dons conséquents dès maintenant. Ça lui permettra au moins de se sentir utile auprès des enfants oi de personnes malades, comme lui.

Sa malformation cardiaque lui avait gâché une bonne partie de sa vie étant donné qu'il n'était pas libre de faire ce qu'il voulait quand il le voulait. C'est beaucoup de contraintes, même si d'extérieur, ça ne ressemble à rien de bien grave. Ça reste un coeur, et malheureusement, certains enfants décèdent trop jeunes à cause de ce type de maladie dont on a encore pas assez de moyens pour pouvoir essayer de réduire les cas.

Tout ceci étant qu'Elias venait de s'offrir un petit plaisir. Aux yeux des autres, en voyant le montant de l'addition, ils pourraient en faire une crise cardiaque, mais pour son compte en banque, ça ne représentait rien de très élevé.

" - Ce sera tout merci."

Les recommandations du vendeur concernant la collection de sacs à main pour femmes ne l'intéressait pas vraiment étant donné qu'il n'avait aucune femme dans sa vie. Le montant s'afficha sur l'écran au-dessus de la caisse. Avec le même sourire que précédemment, l'italien montra sa carte pour signifier qu'il payait en carte bleue avant de composer son code à quatre chiffres.

La journée semblait bien se terminer, jusqu'à ce que le créateur de jeux vidéos ne ressente une vive douleur au coeur, lui arrachant un léger cri. Immédiatement, il posa sa main sur son coeur comme essayer de réduire la douleur qu'il ressentait, mais en vain.