(Avec Avri Haller) I Believe i Can Fly

S'il y avait bien une chose dont Avri n'était pas capable, c'était rester sans rien faire. Cela faisait désormais quelques temps qu'Avri était arrivée à Washington; assez pour se familiariser avec les lieux et quelques visages. L'ouverture du nouveau restaurant était imminente, et la jeune femme avait plus de travail que jamais. Et pourtant, une fois rentrée chez elle, elle ne laissait pas accaparer par l'opportunité d'une soirée pénard devant la télévision, à engloutir un maigre repas avant de s'endormir bien plus tôt que de coutume. C'est qu'elle n'aimait pas particulièrement les quatre murs de sa chambre d'hôtel. Loin d'être claustrophobe, elle ne se voyait pas faire autre chose que dormir dans cette pièce, si bien qu'elle devait occuper son temps ailleurs en attendant de tomber dans les bras de Morphée. Avri s'était d'ailleurs décidée qu'il était peut-être temps qu'elle considère une location. Rien qui l'ancre particulièrement à Washington, au cas où elle aurait de nouveau besoin de lever le camp, mais juste assez d'implication pour ne plus faire d'elle une touriste de passage. Juste un petit lieu qui l'a fasse se sentir un peu plus chez elle. Là où elle pourrait inviter les quelques personnes avec qui elle avait sympathisé depuis son arrivée. Là où elle pourrait ramener des garçons sans l'imagerie douteuse associée aux chambres d'hôtel. En tout cas, ce soir là, Avri avait encore décidé de sortir dans les rues de Washington en quête d'un endroit sympa ou boire quelques verres et s'aérer l'esprit. Elle n'avait convié personne à se joindre à elle. Avri ne se formalisait pas vraiment de toutes formes de compagnie. Parfois, elle aimait juste être toute seule, même si ce comportement paraissait parfois étrange aux yeux de certains. Un établissement niché au cœur de Georgetown attira son regard et elle s'y infiltra sans trop y réfléchir. Un bar est un bar après tour. Et pourtant, elle semblait avoir fait un bon choix lorsqu'elle aperçu une jeune femme seule au comptoir. Ca ne devait pas être un mauvais endroit si un autre exemple de la gente féminine s'y rendait seule. Peut-être attendait-elle quelqu'un, ce qui paraissait fortement probable, mais ça n'importait peu. Avri décida de prendre place près d'elle, pas forcément pour engager une conversation, mais parce qu'il lui semblait toujours ridicule de s'efforcer à garder de la distance avec les inconnus, comme si c'était impoli parfois de s'asseoir proche ou à côté d'une personne plutôt que de garder plusieurs places de distance, telle une norme de sécurité. De toute manière, entre filles, il n'y avait pas les mêmes genres d'a priori. D'ailleurs, la jeune femme la salua lorsqu'elle pris place. Avri lui répondit, un sourire aux lèvres, avant de commander sa boisson. « On vous a posé un lapin? » demanda-t-elle après un moment, curieuse et semblant avoir remarqué une pointe de de fatigue ou d'ennui dans le visage de sa voisine. C'était peut-être terriblement indiscret et brusque de poser une telle question, mais Avri n'avait franchement rien de mieux à faire.  

Plusieurs choses bien différentes auraient pu se passer. Cela dépendait évidemment du caractère de l’interlocuteur, mais en règle générale, soit ça passait soit pas du tout. La jeune femme aurait pu s’interloquer face à cette inconnue qui se permet de juger de sa situation. Une femme qui venait justement de se prendre un lapin aurait pu avoir les nerfs à vifs et répondre violemment à une telle remarque. Avri s’attendait autant à ce qu’on lui dise de se mêler de ses oignons ou à ce qu’on lui réponde. Heureusement, elle semblait être tombé sur quelqu’un de sympathique et de plutôt ouvert. La rouquine répondit à sa question sans plus de retenue que ça. « Ah oui, c’est moins agréable lorsqu’il s’agit d’une amie » dit-elle dans une grimace de compassion. Elle avait déjà été à sa place, comme tant d’autres personnes en ce bas monde. « Les mecs, ça va et ça vient » continua-t-elle dans un hochement d’épaule. Cela étant dit, il n’était jamais agréable de se voir poser un lapin par un potentiel rencard non plus, mais seul un ego vaguement blessé et, peut-être, une pointe de peine en ressortait. Se voir abandonné par un ou une amie laissait potentiellement la place à un certain sentiment de trahison et de rancœur. Cela dépendait de l’excuse. Heureusement, la jeune femme à ses côtés semblait elle aussi pleine de ressource, et pas prête à se laisser abattre par cette déconvenue. Et elle avait bien raison! Dotée d’une bonne descente, la jeune femme lui retourna la question et Avri se félicitait d’avoir créé l’opportunité d’une conversation entre deux personnes qui, finalement, n’avaient rien de mieux à faire.  « Non, je suis venue en solo » répondit-elle dans un sourire. Cela surprenait parfois; une gonzesse qui se pointe seule dans un bar sans arrière-pensée. Avri n’était en effet pas là pour séduire quique ce soit ou trouver un partenaire pour la nuit. Parfois, oui, il lui arrivait de sympathiser avec quelqu’un et de repartir avec, mais c’était rarement le but premier. Avri n’aimait juste pas vraiment la solitude et la passivité. Quitte à être seule, autant l’être entourée par les conversations et les actions des autres. Et un petit verre d’alcool ne faisait pas de mal non plus! « Je suis nouvelle en ville, je ne connais pas encore grand monde » expliqua-t-elle, bien loin de se chercher des excuses pour autant.