fool me twice ≡ devon

Il ne s’agissait évidemment que de platitudes; de bons sentiments souvent peu honnêtes et parfaitement inutiles. Nash savait très bien qu’il n’avait eu aucun rôle à jouer dans la vie chaotique de Devon, mais il ne prenait aucun plaisir à apprendre que rien n’avait été simple pour elle en grandissant. Et encore aujourd’hui d’ailleurs. Malgré tout, ces nombreuses épreuves faisaient d’elle la femme qu’elle était, bien qu’il n’ai aucune idée de qui était réellement cette personne. Nash n’avait pas non plus le fantasme sordide de la transformer en une pâle copie de Denise, de jouer au héros pour la sortir de sa situation et lui montrer à quelle point la vie pouvait être belle et facile. Il n’avait ni la bêtise ni l’arrogance, et il se plaisait à croire que Devon n’était pas une demoiselle en détresse prête à vivre accrochée à son portefeuille. Son passé ne la caractérisait pas plus que ça : c’est son présent qu’il voulait découvrir, même si ça le dépassait complétement. Elle avait un foutu quelque chose qui l’empêchait de lâcher prise, et la frustration de la chose n’avait de rivale que cette curiosité d’apprendre à la connaître pour de vraie. Il ne rendait pas la chose facile cependant - accroché à ses principes - et il n’avait pas le moins du monde loupé la déception sur le visage de la jeune femme après qu’il ai retiré sa main de sous la sienne. Mais Devon restait sobre et classe face à ce rejet, et Nash savait l’apprécier. C’est en effet elle-même qui s’était tiré une balle dans le pied, se retirant la chance de laisser Nash la découvrir. L’entendre l’admettre l’ancrait un peu plus dans la décision qui allait venir. Celle de se montrer plus vulnérable qu’il avait l’habitude de l’être, et de lui donner une seconde chance. C’était loin d’être la solution de facilité, alors qu’il aurait pu retourner à ses rencards variés et changeant et s’épargner une éventuelle histoire trop compliquée. Et pourtant. Lorsqu’il avoua la vérité honteuse de ses sentiments, un sourire s’étira sur les lèvres de la jeune femme. Bon sang qu’elle était sublime. Le propre sourire qu’il tentait de retenir fut mis à rude épreuve lorsqu’elle lui tendit son petit doigts, tels deux enfants dans une cour de récrée se promettant une amitié éternelle. Elle poussa même le vice jusqu'à se lever de sa chaise, lui faisant de belles promesses en face à face. C’était à croire qu’ils étaient au beau milieu d’une foutue comédie romantique. La chose aurait dû le laisser mal à l’aise et enclin à prendre la fuite. C’était tout le contraire et ça le rendait dingue. Elle était là, à les donner en spectacle devant des citoyens fatigués par la semaine ou perdus dans des conversations animées, donnant l’impression qu’elle serait capable d’attendre des heures qu’il lui rende son geste. Nash voulait l’asseoir sur ses genoux, replier son auriculaire en dissimulant sa main sous la sienne, et étouffer ses déclarations sous un baiser un peu brusque et punitif. Dans la réalité, il la laissa mariner quelques secondes avant d’enrouler son petit doigt autour du sien, un sourire indulgent aux lèvres. « Deal».

Devon était ce genre de femme, sans prise de tête, qui en règle générale ne se préoccupait pas de l’opinion des autres. Pourquoi l’avait-elle fait avec Nash ? Peut-être une veine tentative d’essayer une autre manière de faire. Une stupidité qu’elle aurait pu regretter amèrement, elle s’en rendait compte maintenant. Très peu habile lorsqu’il s’agissait d’histoire de cœur, les erreurs pouvaient encore être innombrables. Elle se sentait tout de même prête à faire des efforts, apprendre à jongler avec ce sentiment. Cependant, elle se trouvait encore à des années lumières des choses plus conventionnel, moins théâtral, plus discrète. Autant elle pouvait vouloir rester discrète, autant elle pouvait attirer tous les regards avec ses fantaisies. Debout face à Nash, elle attendait, ce long supplice qu’elle ressentait. Certaine femme se serait découragée, capitulant sans remord, elle, elle gardait ce doigt plié et levé vers lui. Tout serait peut-être joué à cet instant. Ça passe ou ça casse. Elle presque prise d’envie de se mettre à changer de pied, dévoilant son impatience, mais elle gardait contenance. Son auriculaire se liant au sien, elle laissait un large sourire prendre place sur ses lèvres. Trop heureuse, elle le relâchait et se jetait à son cou. C’était trop, elle aurait dû le savoir, mais c’était franc, vrai. Sa joie l’avait submergé et lorsque le brouhaha d’une conversation sur eux parvint à ses oreilles, elle relâchait sa prise pour prendre du recul. Sa gêne cachée par sa peau mate, elle baissait quand même le regard un instant. « Désolé. » disait-elle en relevant ses prunelles vers le trentenaire, puis les personnes partageant le café avec eux. Des regards curieux, désapprobateur et même jaloux étaient posés sur eux. « On devrait peut-être aller ailleurs ? » soufflait-elle, en allant chercher son sac. Elle était l’entière responsable de cette curiosité à leur égard, mais maintenant qu’elle avait réaliser ce fait, l’idée même qu’ils se retrouvent sous les feux des projecteurs ne l’enchantait pas plus que cela. Elle attendait qu’il se lève pour prendre la direction de la sortie. Une fois la porte passée, elle s’autorisait à agir de son propre chef. Prenant son poignet, elle passait son bras autour de ses épaules, venant se blottir contre lui en enlaçant sa taille. Minuscule, chétive près de lui la faisait sourire, elle humait délicatement son parfum musqué. Relevant la tête, elle lui adressait un sourire. « Si tu veux apprendre à me connaître, sache que… » Elle ne finissait pas sa phrase, laissant plutôt un large sourire prendre place sur ses lèvres charnues. Oui elle sous-entendait bien le sexe et pour cela, elle n’avait pas faussement joué, bien sûr que non ! Oh que non même, si elle n’avait pas montré l’étendu de tous ses talents. Tout simplement parce qu’elle ne pouvait pas sans qu’une panoplie de question fasse surface. Être strippeuse n’avait pas réponse à tout. Elle rigolait, serrant ce poignet large de ses doigts bagués. « Est-ce un premier rencard ? » demandait-elle amusé, en changeant de sujet, car si elle devait être franche, c’était son premier en tant que Devon. Jamais elle n’avait vraiment eu de rencard, tout était toujours faux. À croire qu’elle ne savait faire que cela, mentir, mais cette fois bien loin l’idée d’en arriver-là.

Nasha avait misé sur une décision plutôt qu'une autre. Un pari peut être un peu fou, mais Nash n'avait jamais vraiment vécu dangereusement. Peut-être était-il enfin temps de le faire. Pendant un court instant - tandis qu'il enroulant son petit doigt autour de celui de Devon - il tenta de se remémorer le flot de sentiments chaotiques qui l'avaient habités en apprenant l’arnaque de Devon. C'était risqué; de chercher volontairement à souffler sur les braises, prêt à rallumer le feu de sa colère. Mais Nash n'y trouva qu'une acceptation de son propre sort. Il lui en avait voulu, lui avait parlé, et avait décidé de lui pardonner et de lui donner une nouvelle chance. Peut être l'avait-il toujours voulu, lui qui aurait pu tout simplement l'ignorer et décidé de ne plus jamais lui parler. Une histoire de plus qu'il aurait laissé sombrer dans l'oubli avant de passer à autre chose. Au lieu de ça, un sourire rayonnant lui faisait face, et dans l'instant qui suivi, Devon lui sauta au coup. Surpris, Nash posa ses mains sur les hanches fines de la jeune femme, prêt à la stabiliser alors que sa chaise poussait un grognement de protestation face au mouvement soudain. Quelques regards pivotèrent dans leur direction, mais ils ne présentaient pas non plus un tableau particulièrement intéressant. De quoi avaient-ils l'air? D'un jeune couple incapable de refréner leurs élans affectifs? Si seulement ça pouvait être aussi simple. « Non, c'est rien » répondit-il, amusé malgré lui. C'était assez flatteur après tout. Il hocha rapidement la tête lorsqu'elle proposa d'aller ailleurs. Il n'avait pas particulièrement envie de s'attarder dans ce bar non plus. Nash la suivit jusqu'à l'extérieur, et l'air frais le ramena rapidement sur Terre. Il hésita un instant, incapable de savoir de quelle manière se comporter maintenant qu'ils avaient fait la paix et s'étaient mutuellement promis d'essayer de construire quelque chose. Bon sang, Nash n'était vraiment pas un pro des véritables relations romantiques. Il réfléchissait trop là où les gestes lui venaient d'habitude naturellement. Mais c'était sans compter sur l'audace de Devon qui guida son bras autour de ses épaules. Okay. Il se laissa faire, haussant un sourcil en pivotant son regard sur la jeune femme qui se blottissait contre lui. Un léger rire s'échappa de ses lèvres tandis qu'il acceptait la chose, resserrant son étreinte et déposant un baiser furtif sur sa tempe. Okay, ils faisaient vraiment ça. Pas de soucis. Il était rentré dans ce bar prêt à couper les ponts et voilà qu'il en sortait prêt à en construire un nouveau. Ne le méritait-il pas? Quelque chose de positif et de rien qu'à lui, loin des soucis de son boulot et de son frère qui avaient accaparés une bonne partie de son temps? Si, définitivement si. Nash fut sorti de ses pensées par un sous-entendu de Devon qu'il mis quelques secondes à comprendre. Il s'était attendu à une nouvelle confession sérieuse avant de voir l'expression aguicheuse sur le visage de la belle. Il rigola. « J'ai hâte d'en apprendre plus à ce sujet » rétorqua-t-il, d'un ton faussement sérieux. Voilà bien un domaine où ses mensonges n'avaient pas eu grande influence. Les nuits passaient ensembles devaient sans doute faire partie de leurs interactions les plus honnêtes. Nash fut surpris pas la question qui suivie. « Si c'est le cas, le début laissait un peu à désirer » grimaça-t-il. Il valait sans doute mieux garder ce privilège pour une soirée organisée dans ce but précis...mais après tout, ils n'avaient rien fait de manière conventionnelle. « Mais on a encore le temps de se rattraper, la nuit est jeune ».