Il est temps que la vérité tombe [Micah ♥]

Kayla est chez elle. Comment je le sus ? Parce que j’entendis sa voix à distance. Puis au fur et à mesure, sa voix devint plus claire, les mots aussi, le ton aussi. Elle semblait être en train de râler. Contre qui ? Contre moi, fort probablement. Ou plutôt, ce fut l’idée que je m’en fis et qui ne vint clairement pas me rassurer. Le pire, c’était que ce n’était pas tant logique, peut-être elle ne savait même pas que je venais frapper à la porte. Mais quand j’entendis le « vous pouvez rentrer chez vous », je me sentis concerné, si bien que je commençai à tourner les talons pour quitter et abandonner l’idée de lui parler. C’était stupide de toute façon, il était clair que je n’avais pas suffisamment réfléchi à ce que j’allais lui dire. Mais avant que je puisse disparaître, la porte s’ouvrit, sur une Kayla étonnée, me faisant croire que finalement, peut-être que ses propos ne s’adressaient pas à moi. Pinçant les lèvres, je ne sus pas quoi dire, encore une fois. Et ce fut ainsi qu’elle m’invita à entrer. Dans un haussement d’épaules, je m’y résignai, bien que peu certain que ce soit une bonne idée. Mais après, ce n’était pas mieux si je restais dans l’embrasure de la porte, comme ça, en silence. Au final, j’avais donc accepté. Mais ce que je ne sus accepter toutefois, ce fut de faire comme chez moi. J’étais venu à l’appartement de Kayla par le passé, mais je ne me sentais pas de le faire, parce que je ne me sentais pas à ma place, je me sentais horriblement inconfortable. Me grattant la nuque, je finis par dire, histoire de ne pas laisser un silence trop long s’installer:  « Écoute Kayla je… » Au final, peut-être n’était-ce pas tant une bonne idée ? Je n’avais toujours pas su quoi lui dire. Je ne savais pas par quoi commencer. Puis final, je débutai pas un: « Je suis désolé… » Je n’étais pas celui qui avait menti sur son identité, et pourtant, je me sentais obligé de présenter une apologie pour mon comportement parce que ma réaction avait été… exécrable. Exécrable, mais justifiée en même temps. Peut-être que justement, justifier serait pas plus mal ? Justifier me rendrait vulnérable, mais j’avais envie de croire que si Kayla m’aimait comme elle le présentait, alors elle saurait le comprendre et l’accepter, contrairement à bien des gens à qui j’avais eu le malheur de faire confiance par le passé. Baissant le regard, j’ajoutai:  « C’est arrivé trop souvent par le passé qu’on me mente ou on me cache des choses… » Et que finalement, on profite de ma naïveté et que je me retrouve rabaissé, humilié. Cette partie, je n’osai pas en faire part, attendant d’abord et avant tout de voir comment elle allait réagir, ce que j’attendis nerveusement, alors que je peinais à lever le regard en sa direction pour guetter son expression.

Comment Kayla allait réagir à ce qui était sommes toutes de ma part un souci personnel qui datait de trop longtemps ? Je ne le savais pas et c’était probablement ce qui me stressait le plus. Allait-elle me juger comme bien trop de gens avant elle l’ont fait ? Me repousser, me rejeter au vu de la réaction que j’avais eue précédemment ? Je ne saurais pas le dire, mais une chose était certaine, c’était que cela me terrifiait. Mais finalement, les choses se passèrent beaucoup mieux que je l’espérais, que j’osais l’imaginer. Parce que bien sûr j’avais tenté tant bien que mal de me réconforter à l’aide d’un scénario un peu plus rassurant, mais rapidement, ç’avait été vain. Et le pire, c’est que ce ne fut pas tant ses excuses qui me rassurèrent le plus, mais plutôt le fait que rapidement, elle m’offrit de tout me dire, sans me cacher quoi que ce soit. Ou du moins, c’était comme ça que je l’interprétai. Et même si cela ne changeait rien au fait qu’elle m’avait caché la vérité, et que peut-être elle l’aurait fait encore sur un temps si je n'avais pas pris cet appel téléphonique, je ne pouvais pas tant m’en plaindre non plus, considérant le fait que l’essentiel était qu’elle cherche à se rattraper et qu’elle n’essayait pas de garder un froid. Et ça, je l’appréciais grandement, qu’elle se montre compréhensive et ce, si rapidement. Je souhaitais croire que ce serait suffisant pour passer outre, passer à autre chose. Je tentai de me convaincre que oui, prendre sur moi, accepter ce qu’elle me proposait. Enfin, pas complètement, je ne voyais pas l’intérêt de faire un interrogatoire non plus. Mais avant que je puisse lui dire quoi que ce soit, elle reprit la parole, me proposant de nous asseoir. C’était logique, ce serait clairement plus simple de discuter ainsi. Mais où ferais-je mieux de m’installer ? J’eus une hésitation pendant un instant. Et cette hésitation me rendit quelque peu triste, dans le sens que normalement je ne me serais pas posé la question, et là, c’était presqu’inconfortable. Je m’assied sur le même canapé qu’elle, mais pas à distance réduite à néant comme d’habitude. Une distance raisonnable, mais pas trop près non plus. C’était bizarre mais bon, j’allais tenter de faire avec. Une fois assis, je pris quelques instants, puis je dis ce que je pensais depuis un moment maintenant, soit:  « Je ne veux pas te forcer à me dire quoi que ce soit… Si tu veux m’en parler, je t’écouterai. Mais je ne te poserai pas de questions et je ne t’obligerai pas à me dire quelque chose que tu veux garder pour toi. » Au vu de comment j’avais réagi plutôt, c’était un peu paradoxal que je le dise ainsi, mais si elle était capable de se montrer compréhensive, je me devais de l’être aussi, et c’était la façon la plus appropriée que j’avais trouvé pour m’y prendre pour le moment.