Il est temps de se jeter à l'eau [ Micah ♥ ]

C’était une journée normale qui venait de se terminer au boulot. Une journée où il y avait eu un peu moins de visiteurs que d’habitude, au vu du temps qui commençait à se rafraichir, signifiant que bientôt, les dauphins seraient déplacés dans un bassin intérieur jusqu’au retour du printemps. Ce n’était pas la fin du monde, c’était chose nécessaire et j’en étais conscient, même si je préférais qu’ils soient à l’extérieur. Après, je ne pouvais pas tant passer de commentaire, considérant le fait que même pour moi, le temps commençait à être de plus en plus frisquet, me poussant à prendre certaines mesures desquelles je n’avais même pas à me soucier en temps normal. Par exemple, lorsque je sortais du bassin à la fin de la journée, après avoir offert une dernière récompense à ces bêtes que je considérais comme mes meilleurs amis presque, je ne me contentai pas de prendre une douche toute simple pour me rincer et voilà tout, comme je faisais d’habitude. Cette fois-ci, je pris un peu plus de temps sous la douche, m’assurant qu’elle soit bien chaude, m’attardant un peu plus longtemps qu’à la normale, sans toutefois abuser, bien évidemment. Une fois que je me sentis un peu mieux, j’enfilai mon jean et mon t-shirt avec lesquels j’étais entré sur le site pendant la matinée. Je mis mes affaires trempées dans mon sac, puis ce même sac sur mon épaule, je sortis du vestiaire en saluant mes collègues, me dirigeant vers la sortie sans plans quelconques. En effet, je n’avais rien au programme, sauf passer une soirée seul, compte tenu que mon paternel ne serait pas à la maison. Cela me faisait drôle, et pour sûr, je m’en inquiétais parfois, puisque je ne voulais pas qu’il lui arrive quelque chose, mais il était en droit de faire ce qu’il voulait. J’avais beau l’héberger, nous faisions quand même notre possible pour ne pas nous envahir l’un et l’autre, et c’était parfait comme ça. Sans vraiment quoi que ce soit à l’esprit pour le reste de la journée donc, je sortis du zoo, pour apercevoir, à mon grand étonnement, une silhouette féminine, mais une silhouette féminine que je connaissais surtout. Surpris, je m’approchai quelque peu, histoire de m’assurer que je ne me trompais pas ou un truc du genre, et quand l’identité de la personne me fut confirmée dans ma tête, je fronçai les sourcils, demandant alors:  « Kayla ? Que fais-tu ici ? » Bien sûr, ce n’était pas sur un ton de reproche que j’avais tenu ces mots, au contraire, je l’avais même fait avec le sourire, parce que mine de rien, j’étais content de la voir. Étonné, je ne pouvais pas le nier, mais content quand même, parce qu’au fil du temps, j’avais appris à apprécier sa compagnie. Après, rien ne me disait qu’elle était là pour venir me voir moi, alors je n’osai pas tant m’aventurer sur ce terrain que je considérais glissant, préférant attendre de voir ce qu’elle viendrait à me dire sur la raison de sa présence en ces lieux.

Naïf sur les bords, il m’arrivait parfois de ne pas capter les blagues, comme cela m’arriva au moment où Kayla vint à parler du fait qu’elle s’était perdue près de l’aquarium. Enfin, je ne mis pas une heure à la comprendre non plus, mais il eut quand même un petit délai avant que j’en rie doucement. Plus encore, je ne me permis pas de rire très longtemps, ne tardant pas à reprendre mon sérieux quand elle fit la même chose, histoire de lui montrer que j’étais déterminé à être attentif à ses propos. C’est là que j’accusai réception de son invitation, invitation qui, sommes toutes, me surprit, puisque clairement, je ne m’y en attendais pas. N’étant pas d’un naturel spontané, j’aurais été davantage du genre à planifier le tout quelques heures, voire quelques jours à l’avance, d’où le fait que ça me perturbait. Après, cela ne voulait pas dire que je m’en montrais vexé ou quelque chose du genre. Au contraire, j’étais flatté qu’elle aie pris la peine de se déplacer pour venir à ma rencontre de la sorte, sauf que malheureusement, je faillis à le lui dire. Ne réagissant donc pas dans un premier temps, cela lui donna l’occasion de supposer que je n’en avais pas envie, me pressant par la même occasion de faire, dire quelque chose. Tristement, je n’eus pas le bon réflexe dans un premier temps, en venant à balbutier:  « Non je… Enfin… Je veux dire… » Je compris qu’après avoir peiné à tenir ces derniers mots que mes propos n’allaient nulle part. Ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait, et je savais qu’en temps de stress comme en ce moment, je devais prendre un temps pour reprendre ma contenance. M’arrêtant de parler donc, je secouai la tête, inspirai profondément une fois, deux fois, le temps de réfléchir convenablement à mes propos. Cela pouvait paraître assez idiot de l’extérieur, mais moi, cela m’aidait grandement, à un tel point que peu de temps après, je présentai à mon amie un visage mieux composé, puis je me permis finalement de lui dire:  « Je n’ai rien de prévu, et je pense qu’il me ferait plus que plaisir d’accepter ton invitation. » Content d’avoir pu m’exprimer en des mots clairs, même si cela ne m’était pas venu aussi naturellement que la normale des gens, au moins, j’avais pu lui dire ce que je pensais. Maintenant, il me suffisait d’attendre de voir comment elle allait réagir, espérant juste ne pas avoir tout gâché pour le coup.

Le fait que je vins à secouer la tête de gauche à droite fit office de réponse négative pour signifier à Kayla que je n’avais pas besoin d’aller déposer mon sac chez moi avant d’aller où que ce soit. En effet, à cet instant précis, j’estimais que c’était plus une perte de temps qu’autre chose, sachant que mes vêtements pourraient très bien sécher pendant la nuit. Et puis, ce n’était pas comme si ce n’était pas une tenue adaptée pour être portée même trempée et ce, pendant plusieurs heures. De ce fait, je ne craignais pas de potentielles odeurs de moisissure ou quelque chose dans le genre, d’où le fait que ce fut en toute confiance que j’avais répondu cela à mon amie, me déclarant indirectement prêt à la suivre là où elle voulait aller, qu’importe où c’était. Normalement, je n’étais pas du genre à aimer être dans le flou, préférant de loin prévoir mes propres trucs et faire avec, mais étrangement, avec Kayla, ça ne me gênait pas, pas tant que ça en fait. Ce fut donc sans rien dire que nous nous rendîmes au restaurant, un endroit qui semblait quand même plus chic qu’un restaurant de restauration rapide, mais pas trop, faisant en sorte que malgré mon jean et mon t-shirt de type polo, je n’étais pas si mal habillé. Rassuré de l’ambiance relativement agréable, j’accompagnai la jeune femme à une table pour deux, prenant le menu en pensant tout de suite trouver quelque chose à manger, jusqu’à ce que Kayla reprenne la parole, me proposant de prendre un apéro, me demandant de ne pas me gêner, pour me l’offrir. Un peu gêné, je ne sus pas tant quoi faire; les apéros, ce n’était pas mon truc, alors je ne savais pas tant que prendre, et d’un autre côté, je ne voulais pas vraiment vexer Kayla en refusant son offre. Réfléchissant pendant un instant, je parvins quand même à arrêter mon choix, même si ce ne fut pas d’un ton très convaincu que je vins à dire:  « Euh… Je vais prendre une bière je crois… » Je me disais que c’était un choix simple, et qui, si je ne me trompais pas, convenait bien avec un hamburger. Après, peut-être je me trompais, mais j’allais faire ce que je faisais souvent, c’est-à-dire que j’allais vivre avec mon choix, d’autant plus que quelque chose me disait qu’il n’était pas si mauvais que ça. Décision prise, je choisis de laisser tomber le menu pendant un instant, considérant ma compagne pour la soirée, fronçant les sourcils en me rendant compte que quelque chose, pour moi, était un peu particulier… En temps normal, je me serais tu, mais un peu inquiet, je ne pus m’empêcher de demander:  « Tout va bien ? Tu sembles… Un peu tendue… » Je pinçai les lèvres après-coup pour ne pas risque d’aller plus loin dans mes propos, attendant juste de voir si j’étais complètement à l’Ouest ou si mon instinct avait eu raison, sachant que l’un ou l’autre dans le cas présent pourrait être totalement plausible.

Conscient de mon manque de connaissances et d’expérience quand il était question des apéritifs, je n’en voulus pas à Kayla quand elle vint à rigoler une fois que je lui eus fait part de mon choix. Le souci, c’était que je ne parvenais pas tant à savoir comment réagir, ne me voyant pas tant rire à mon tour. Puis, quand elle vint à me proposer de prendre un apéritif maison, pour garder la bière pendant le repas, me prouvant ainsi qu’elle s’y connaissait mieux que moi, je finis par hausser les épaules comme pour accepter, ou du moins, lui signifier que ça ne me gênait pas. Par contre, je préférai quand même ajouter:  « Je ne bois pas beaucoup au quotidien, donc tant que ce n’est pas trop fort, ça me va… » et encore là, je n’étais pas totalement convaincu que je prenais la bonne décision, puisque la vérité était qu’en d’autres circonstances, certainement que j’aurais décliné l’invitation, mais quand il était question de Kayla, j’avais bien du mal à lui refuser quoi que ce soit. Pourquoi en fait ? La vérité était que je ne saurais le dire. Mais quelque chose m’inspirait confiance en elle, et qui faisait en sorte que même si ce n’était là que des banalités, je m’octroyais la permission de faire certaines choses avec elle, à commencer par la laisser commander un cocktail dont je ne connaissais pas du tout la composition, mais sans que je ne bronche de quelconque façon. Et puis, je me disais que dans le pire des cas, s’il ne me plaisait pas, je pourrais toujours le siroter, ou bien compenser avec la bière que j’allais recevoir avec mon repas, si j’avais bien compris la structure logique de la chose. Ne m’en faisant plus, je décidai de passer à autre chose, en venant à demander à Kayla si tout allait bien. Apprenant à la connaître, j’avais cette vague impression que quelque chose ne tournait pas rond, et visiblement, je n’avais pas eu tout à fait tard dans mon impression. Cependant, je n’eus pas l’occasion de savoir quelle était cette fameuse nouvelle, une serveuse vint à notre rencontre pour savoir si nous souhaitions boire quelque chose. Pour cela, je laissai Kayla faire la commande, lui souriant doucement pour la remercier de l’avoir fait pour nous deux et ce, avant que je ne puisse dire quoi que ce soit. Et puis, le fait que je n’ajoute pas quoi que ce soit lui permit de reprendre la parole peu de temps après que nous eûmes nos cocktails, m’annonçant qu’elle avait trouvé un emploi dans une grande entreprise. Je n’allais pas le nier, c’était là une excellente nouvelle pour elle, mais ce que je retins surtout dans un premier temps, ce ne fut pas tant le métier, mais bien le nom de l’entreprise, ce qui me poussa à dire, sans trop réfléchir:  « Grayson, sérieusement !? » Je m’étais exclamé ainsi surtout parce que le nom était loin de m’être inconnu, ma meilleure amie travaillant au même endroit. Mais puisqu’il n’était pas question d’elle, je me ressaisis rapidement, m’exclamant plutôt:  « C’est… C’est vraiment génial ! Je suis très content pour toi ! » Et même si mes propos ne se voulaient pas les plus élaborés qui soit, il n’en demeurait pas moins que ceux-ci étaient sincères. En effet, pourquoi ne serais-je pas contente pour elle, alors qu’elle-même, elle semblait ravie de la nouvelle ? Encore mieux, elle en était venue à laisser sous-entendre que j’étais le premier à savoir, et je n’allais pas le nier, cela me touchait qu’elle ait pensé à moi pour le dire en premier. Gardant mon sourire, je trinquai avec elle avant de prendre une légère gorgée du cocktail, me rendant compte que celui-ci n’était pas si mal que ça, au final, et surtout pas trop prononcé niveau alcool. Puis, je pris brièvement le menu lorsque Kayla vint à me demander ce que j’allais commander, pour me rendre compte que, pressé, je ne me sentis pas vraiment d’attaque à lire chaque plat du menu. N’étant pas difficile, ayant toujours appris à m’ouvrir aux nouveautés, je finis par faire dans le simple, et dire:  « Le choix du chef. » Une fois ma décision prise, je reposai le menu sur la table, regardant, par réflexe, si quelqu’un revenait à notre rencontre. Puisque ce n’était pas le cas pour le moment, je me permis de considérer Kayla de nouveau, lui demandant alors, curieux:  « Et tu commences quand ? », me disant que c’était la moindre des choses de s’intéresser à son nouveau boulot, d’autant plus que je ne le faisais pas que par politesse, mais aussi parce que j’en avais envie, tout simplement.

Je n’étais pas certain qu’avoir eu la capacité d’expliquer ma surprise sans qu’on me pousse à le faire, j’aurais utilisé le mot « connaître » pour décrire ce que je savais de l’entreprise qui avait embauché la jeune femme. Pour moi, c’était un trop gros mot, un mot qui laissait sous-entendre que je connaissais bien des gens dans cette entreprise, que j’étais familier avec ses affaires et tout ce qui venait avec, et c’était loin d’être le cas. Et comme si j’avais besoin de le justifier, je vins à dire:  « Ma meilleure amie y travaille…. ou plutôt, y travaillait, comme réceptionniste. » Et plus encore, elle sortait avec le grand patron, et ils allaient avoir un enfant ensemble. Mais ça, je décidai de le garder pour moi, non pas que c’était un secret bien gardé, mais parce que je n’étais pas tant certain que c’était à moi de le dire à Kayla. Après tout, je ne connaissais pas tant quelle était sa relation avec le propriétaire de l’entreprise, et ce n’était pas à moi d’exposer sa vie privée, même si elle concernait aussi une personne qui était très proche de moi. Bien sûr, ça ne me mettait pas à l’aise, ayant l’impression de cacher des choses à une personne à qui je tenais également, mais je me dis que c’était le mieux. De toute façon, au bout du compte, je n’en aurais pas eu l’occasion, compte tenu du fait que Kayla ne tarda pas à reprendre la parole, venant à me demander si je lui en voulais de ne pas me l’avoir dit avant. Je dus avouer que cela me surprit quelque peu dans un premier temps, puisque je ne pensais pas avoir à dire quoi que ce soit, mais déterminé à ne pas laisser un malaise s’installer dans la discussion, je vins à hausser les épaules aussi rapidement que je le pus, venant à lui dire:  « Pas du tout. » Et un peu plus détendu par la suite, je me permis même de lui sourire doucement, histoire de me montrer rassurant, en silence, à défaut d’avoir le temps de pouvoir dire quoi que ce soit d’autre. En effet, nos plats arrivèrent, me rappelant que finalement, ma journée m’avait creusé l’appétit. Et puis, il fallait l’admettre, ce burger semblait terriblement bon, si bien que l’eau me vint à la bouche, me faisant comprendre que le besoin de manger était vraiment présent. Bien sûr, je pris le temps de souhaiter un bon appétit à ma cavalière pour la soirée, mais après ça, je ne tardai pas à prendre une première bouchée, puis une seconde, mangeant avec conviction. Au bout du compte, je m’arrêtai que lorsque je vins à terminer mon plat, à ma grande surprise d’ailleurs. Je n’étais pas un grand mangeur, ayant pour habitude de me sustenter selon ma faim, mais là, ma faim, elle était bien grande. Cette assiette était copieuse, et je ne pouvais pas juger Kayla qui, elle, n’était pas parvenue à terminer son plat. Moi, j’y étais parvenu, mais j’étais bien rempli, persuadé que je ne saurais manger autre chose pour le moment, voire dans la prochaine heure. Du coup, je refusai poliment l’idée de prendre un café, le faisant en lui disant:  « Ça va aller, t’inquiète. » Plus encore, je ne regrettai même pas, à un certain point, d’avoir refusé, puisqu’à moins, qu’elle, elle souhaite prendre autre chose, cela signifiait que nous pourrions passer à la suite de cette soirée qu’elle avait concoctée, soirée qui, visiblement, n’était pas encore terminée. Quelque peu intrigué par rapport à ce que Kayla vint à me dire, je ne pus m’empêcher de lui demander:  « Ah bon ? » alors que normalement, je n’étais pas d’un naturel curieux. Décidément, Kayla savait comment m’intriguer, me surprendre, comme elle l’avait fait avec ce restaurant. Du coup, inutile de dire que j’avais bien hâte de voir ce que la suite allait nous réserver, même si j’avais toujours cette petite nervosité, espérant juste que je n’allais pas la décevoir d’une façon ou d’une autre, ce que je craignais toujours quand j’étais dans l’abstraction, comme en ce moment.