Il pleut, il pleut bergère, devant mon salon de tatouage ♠ Joyce

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Il pleut, il pleut bergère, devant mon salon de tatouage

Joyce& Marius

Aujourd’hui, il pleuvait des cordes. Depuis la vitrine de mon salon de tatouage, je pouvais facilement observer le manège des jambes féminines qui courraient le plus vite possible pour rejoindre n’importe quel abri. Certaines étaient pourtant bien au sac sous leur parapluie, d’autres attendaient sûrement un prince pour leur proposer de partager le sien. Si ça se trouve, l’une d’elles ferait une magnifique rencontre aujourd’hui. Je ne pouvais m’empêcher de sourire, en imaginant un couple se former à cet instant quelque part dans le pays, sous mes yeux ou non. D’ailleurs, les jours de pluie me rappellent toujours un fameux jour, il y a quelques temps maintenant. Je me souviens encore de tout dans les moindres détails, comme si c’était hier. Une jeune femme passait devant ma vitrine, l’air un peu perdu, la démarche fuyante et hésitante. Elle avait atteint le trottoir, et puis, tout s’était enchaîné très vite à partir de ce moment-là. J’allais fermer le store de ma vitrine, mais une voiture enclencha tout. Elle passa à vive allure devant la jeune femme qui m’était à cet instant encore inconnue, la trempant sans aucune hésitation, de la tête aux pieds. Je me souviens d’avoir été surpris par le dédain du conducteur qui avait continué sa route comme si de rien n’était, sans doute à la recherche d’autres personnes à changer en fontaine. J’avais une tasse de café à la main, et je la regardais. Elle devait avoir froid, c’est tout ce que je j’avais pensé à ce moment-là. Et puis, je me suis décidé à changer mes habitudes. J’avais terminé ma tasse en deux gorgés, et j’avais baissé les stores. Je suis allé prendre ma veste et mon parapluie, ouvrant la porte de la boutique, le temps de faire les quelques pas qui me séparaient d’elle, et je l’ai invité à se mettre au chaud dans mon salon. Cette femme s’était Joyce, et aujourd’hui, elle n’a pas encore quitté ma vie. Nous avions parlé longtemps ce jour-là, de tout et de rien, jusqu’à ce que la pluie se calme, et puis, nous avions finis par rester en contact. Pourtant, notre relation ne s’était pas arrêtée à une simple amitié, bien au contraire. Rapidement, je m’étais confié à elle et elle à moi, comme je l’avais rarement fait. J’avais déjà une meilleure amie, mais avec Joyce c’était encore différent. En fait, elle était la grande sœur que j’avais toujours voulu avoir. Avant dernier né d’une grande famille, je n’ai jamais eu aucun lien tendre ou aimant avec ma sœur ou mon frère aîné. Alors c’est vrai qu’avoir Joyce à mes côtés, c’était comblé cette présence qui jusque-là m’avait alors tellement manqué. Elle est ma sœur de cœur, et c’est tout aussi important à mes yeux que les liens du sang, et même parfois plus selon les personnes. Je devais la voir aujourd’hui d’ailleurs. Je me sentais enfin prêt à lui annoncer quelque chose d’important, et puis j’avais envie de la voir. Je pris mon portable pour lui envoyer un rapide SMS. « J’ai fermé la boutique, j’ai hâte de te revoir. » Je souriais un peu en lui envoyant le message. C’est vrai que j’adorais nos moments passés ensembles, et qu’elle me manquait toujours rapidement. C’est le genre de personnes dont je n’aime pas me passer pendant trop longtemps. J’avais prévu de quoi boire et grignoter même si je n’étais pas trop fourni au salon, ce qui était normal, question d’hygiène bien sûr. Je crois que j’avais attendu presque une heure, quand enfin, je cru entendre toquer à la porte du salon. J’avais baissé les stores, et je l’attendais avec impatience désormais. Je me dirigeais vers la porte « J’arrive ! » et puis, le sourire aux lèvres, je l’ouvris pour enfin voir mon amie, ma Joyce, ma sœur de cœur.

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Le hasard peut parfois bien faire les choses, enfin ça c'est ce qu'on dit, mais pour une fois la suédoise devait bien avouer que c'était véridique, sinon jamais elle n'aurait pu faire la rencontre de Marius, et elle aurait eu beaucoup à perdre. Enfin vous allez me dire que si elle n'avait pas fait sa rencontre, le manque n'aurait pas exister, logique. Mais même si elle garde un mauvais souvenir de ce jour où elle s'est fait trempé de la tête aux pieds à cause d'un chauffard qui visiblement s'amuse par temps pluvieux à éclabousser les piétons depuis son automobile étanche. Sur le coup, Joyce l'avait maudit, pour ne pas dit insulté. Et pourtant, dans son malheur elle a aussi eu de la chance, Marius avait assisté à la scène depuis son salon de tatouage et il avait alors proposé à la blondinette de venir se réchauffer à l'intérieur et puis, ils se sont mis à discuter, de tout et de rien.

Ils auraient pu s'en tenir là, mais il faut croire que leur amitié était fait pour durer puisqu'ils sont restés en contact, et d'ailleurs, elle tenait beaucoup à lui. Elle lui avait confié certaines choses qu'elle n'avait jamais avoué à quelqu'un d'autre. Il faut dire aussi que ses amis se faisaient rares, on l'utilisaient, la manipulait, profitait de ses faiblesses mais en dehors de ça, elle n'avait pas vraiment de personnes sur qui elle pouvait réellement quitter à part les quelques personnes qu'elle avait rencontré ici à Washington. C'était le début de sa nouvelle vie.

Alors qu'elle venait de sortir du boulot depuis peu, elle travaillait beaucoup ces derniers temps dans l'espoir que ça lui rapporte quelques billets en plus, elle en avait besoin pour son loyer et tout ce qui était besoins primitifs. Elle reçut un sms du jeune homme lui annonçant qu'il avait fermé le salon et donc qui l'attendait. Elle se mit alors en route vers le salon où ils s'étaient rencontrés la première fois avec un petit sourire au coin des lèvres. Après quelques changements dans les transports en commun, elle arriva sur place, elle toqua timidement à la porte attenant patiemment que Marius lui ouvre la porte. Elle avait envie de le voir. Envie et surtout besoin. Ces derniers temps le moral n'était pas au rendez-vous peut-être que le simple fait de le voir lui remontait le moral. Joyce n'était pas une personne qui se plaignait, au contraire, elle ne demande jamais d'aide même lorsqu'elle est dos au mur. Mais elle devrait peut-être se forcer un peu plus à sortir pour rencontrer des personnes, même si ce n'était pas dans ses habitudes. Ça lui changerait peut-être les idées après tout.

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Il pleut, il pleut bergère, devant mon salon de tatouage

Joyce& Marius

J’ai toujours eu cette capacité à me souvenir des jours passés, dans le moindre détail. Bien sûr, c’était en général valable pour les personnes qui comptent réellement à mes yeux. Quand je fermais les paupières, le plus souvent, je me retrouvais à Paris, ma ville natale, que j’avais été forcé de quitter à mes seize ans. Je voyais les ruelles de pavés, la tour Eiffel, et je pouvais encore sentir l’odeur des croissants au beurre, qui débordait par les portes des cafés. J’entendais les rires des clients, assis sur les terrasses, et je voyais encore les gens courir à travers les boulevards pour prendre le métro à l’heure. Ça avait été ma vie pendant bien longtemps, en tout cas jusqu’à mon déménagement. Paris, n’avait rien à voir avec Washington. La France, n’avait rien à voir avec l’Amérique. J’avais mis un moment, à me sentir chez moi dans cet endroit, que j’avais jugé trop rapidement, et pourtant, maintenant, je m’étais habitué doucement, je n’avais pas vraiment eu le choix de toute façon il faut bien le reconnaître. Alors heureusement, j’avais fini par trouver autour de moi, des gens de valeur, des gens qui avaient pris soin de moi, des gens, qui avaient appris à me connaître, et à m’apprécier comme je suis. Parmi eux, bien sûr, il y avait Joyce, cette belle blonde qui venait maintenant de frapper à ma porte, enfin, à celle de mon salon. C’était plutôt amusant, que cette journée puisse tant ressembler à celle qui nous avait autrefois réunis. Ou bien c’était étrange, ça restait à voir après tout. Peu importe, rien ne pouvait gâcher la joie de revoir mon amie. J’avais fini par ouvrir la porte, jetant tout de même un petit regard rapide avant de l’ouvrir entièrement, on ne sait jamais, après tout, je n’avais pas entendu de réponses, alors, ce n’était peut-être pas elle. La porte une fois ouverte, j’eus un large sourire en découvrant la silhouette de la jeune blonde aux cheveux longs. « Joyce, salut ! » Je me penchai pour lui faire la bise, ça s’arrêtait là. A vrai dire, je n’ai jamais été très démonstratif dans mes sentiments, c’est quelque chose que je n’aime pas particulièrement. Je suis plutôt pudique sur ce qui est de mes sentiments, et ça ne risque pas de changer du jour au lendemain, je le crains bien. Alors après l’avoir accueilli comme il se doit, j’ai refermé la porte derrière elle, une fois qu’elle était venue se mettre bien à l’abri, comme le jour de notre rencontre. Dehors, il pleuvait encore beaucoup. De toute façon, je ne la laisserai pas repartir aussi facilement, surtout pas pour qu’elle se trempe les os et la peau. « Entre, je t’en prie. Tu va bien ? » Je lui souriais, l’invitant en même temps à venir s’installer sur le canapé qui trônait dans la première pièce, là où les clients pouvaient attendre leur tour. Sur la table basse, des magazines étaient disposés, mais j’avais pris soin d’y poser quelques boîtes de biscuits, et puis deux tasses, histoire de l’inviter à boire quelque chose en même temps. Elle ne le savait pas encore mais je devais lui parler de quelque chose d’important aujourd’hui.

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Joyce avait mis pas mal de temps avant de trouver ses marques dans cette nouvelle ville. Et puis, elle n'avait pas eu spécialement d'aide pour s'installer, mais heureusement, au fur et à mesure, elle avait pu trouver des personnes sur qui elle pouvait s'appuyer. Ça change de toutes ces personnes qui la savent naïve et profitent de cette faiblesse pour l'utiliser à leur guise, la manipuler sans qu'elle ne s'en rend vraiment compte. Ce n'est qu'à la fin qu'elle en prend connaissance et qu'elle se dit que finalement, elle était tellement naïve que c'en était presque inquiétant. Et pourtant, malgré plusieurs mois d'effort, son trait de caractère restait inchangé, elle croyait toujours que tout le monde était doté de bonnes intentions même si elle a été trompé à maintes et maintes reprises. Il faudrait que quelqu'un puisse la secouer pour lui remettre les idées en place et qu'elle se révolte un peu. Bon pas trop non plus, parce que la blonde est une personne relativement calme, cependant, elle dit les choses franchement, ce quk bien souvent ne plait pas vraiment.

Alors qu'elle attendait patiemment devant la porte de son ami, cette fois, dotée d'un parapluie, elle lui adressa un petit geste de la main lorsque celui-ci ouvrit la porte avec précaution avant de finalement lui ouvrir totalement et la laisser entrer. La jolie blonde était une personne qui avait besoin d'attention, de tendresse et d'amour par-dessus, mais, elle n'avait toujours pas trouvé le prince charmant, elle doutait même le trouver un jour. Elle savait cependant que malgré le fait que Marius l'appréciait, tous les gestes amicaux un peu trop proches n'étaient pas son fort, et elle ne lui tenait pas rigueur, jamais elle ne le forcerait à quoique ce soit, l'avoir auprès d'elle est déjà bien !

Elle lui fit alors la bise en retour et entra dans le salon où elle était venu la toute première fois il y a quelques mois. Elle s'installa alors sur le canapé qui lui avait désigné avec un peu d'appréhension. Elle n'aimait pas s'installer comme si elle était chez elle, encore une partie de sa timidité qui l'a contraignait bien souvent. Non pas qu'elle ne soit pas à l'aise avec lui, c'est simplement qu'elle n'ose pas. Elle n'ose jamais rien de toute façon.

" - Ça va et toi ?" demanda-t-elle avec un léger sourire.

Une fois assise dans le canapé, elle croissa ses jambes tout en regardant les boîtes de biscuits qu'il avait pris soin de disposer à la place des journaux habituels pour ses clients.

" - Tu as préparé un gros festin à ce que je vois !" dit-elle en laissant un petit glissement passer la barrière de ses lèvres.

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Joyce& Marius

Il y a des moments dans la vie qui vous tiennent plus à cœur que d’autres. Ceux où on rejoint un ami en ville ou au cinéma, et qu’on va oublier une heure ou deux les malheurs qui s’abattent sur nous pendant la semaine, ceux où on se rends au restaurant entre amoureux, et que l’on profite du sourire ravi de son partenaire, ceux où on retourne voir sa famille après une semaine d’études, le temps d’un week-end. Moi, mon moment particulier cette semaine, c’était le moment qui m’attendait avec Joyce. J’avais rarement des relations amicales, et encore moins fraternelles, mais avec elle, c’était tout à fait spécial pourtant, et ça s’était fait naturellement. Un jour de pluie, et ça avait suffi à nous réunir. Je la considère comme une grande sœur. J’en avais une, mais je n’avais aucune relation avec elle, et je n’en avais jamais eu aucune. J’avais grandi dans une famille exigeante où je me suis toujours senti différent, étouffé. Depuis tout petit je n’entrais pas dans les critères de mon père qui m’avait destiné à devenir un grand avocat. Contrairement à ma sœur que l’idée avait plu puisqu’elle avait décidé de se diriger dans cette branche, moi j’étais resté sur mes positions, j’aimais dessiner, et je ne voulais pas faire de longues études. J’étais parti très tôt de chez moi, et de fil en aiguille j’avais croisé la route de personnes qui me sont chères. J’avais eu un père de cœur, et il m’avait un jour cédé son salon de tatouage, dans lequel je me tenais désormais avec Joyce, qui venait d’arriver malgré le mauvais temps. J’avais refermé le store, préférant être au calme, et ne plus trop entendre la pluie qui cognait contre la vitre. C’était un bruit apaisant mais quand j’avais du monde je préférais écouter la personne que la météo. « Oui ça va merci. Et toi ? ça fait un petit moment que on ne s’est pas vu. » Je souriais, prenant son manteau pour la débarrasser, comme un vrai prince, ce qui chez moi était plus que rare je tiens quand même le souligner. Mais Joyce était importante pour moi et elle méritait tout à fait ce genre d’attentions. « Oh c’est rien ! Mais je me suis dit qu’avec tout ce qu’on à comme histoires à se raconter, on aurait forcément faim au bout d’un moment. » Je souriais, l’invitant d’un geste de la main à me rejoindre sur le canapé. Je lui souriais, m’étirant un peu. J’avais les mains engourdies, j’avais passé cinq heures sur un tatouage ce matin. « Tu veux boire quoi ? J’ai du soda, du thé, du café… » J’avais un peu de tout ici, c’était un salon plutôt chaleureux et je faisais souvent patienter mes clients avec de quoi boire ou autre.

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Joyce avait rarement trouvé une personne comme Marius avec qui elle pouvait discuter sans se soucier de ce qu'il pensait. Elle avait toujours été jugé, rejeté, malmené, mais avec lui, c'était différent, même si c'était un homme. Elle lui faisait confiance, du moins, assez pour se confier et se dévoiler un peu plus au fur et à mesure du temps qui passe.

Certes leur rencontre avait été assez hasardeuse, mais on peit dire que le hasard fait bien les choses parfois, et ça avait leur cas. Sinon, jamais ils n'auraient eu la chance de se rencontrer et, d'avoir un lien aussi fort que celui qu'ils avaient aujourd'hui.

En rentrant dans le salon, le jeune homme prit le manteau de Joyce comme l'aurait fait un gentleman, et au fond, malgré les allures de badboy qu'il pouvait avoir pour ceux qui ne le connaissait pas, Marius n'en était pas un. Il avait un fond vraiment adorable, et elle était heureuse de pouvoir partager sa vie comme elle le faisait depuis peu. Elle le remercia en le gratifiant d'un sourire, puis elle finit par aller s'installer sur le canapé, devant le buffet qu'avait préparé son ami.

" - Ça va, je suis juste un peu fatiguée avec le nouveau travail que j'ai trouvé, mais c'est toujours mieux que rien, et puis, je ne peux pas cracher sur l'argent, j'en ai déjà pas beaucoup, alors je ne vais pas faire la difficile."

La suédoise avait quand même du mal à s'adapter à son nouveau travail. Ça lui demandait beaucoup d'efforts pour se fondre dans la masse, d'autant plus que travailler dans le luxe ne l'aidait pas à se sentir à l'aise.

" - Je veux bien un soda s'il te plait." répondit-elle de sa petite voix suave.

Joyce ne buvait pas d'alcool, ce n'était pas ce genre de femme à toucher à ça, ni la drogue d'ailleurs et elle n'en était pas malheureuse pour autant, même si parfois, ça lui permettrait peut-être de remonter la pente.

" - Alors quoi de neuf ? Qu'est-ce que tu me racontes depuis la dernière fois ? Ton salon à l'air de pas trop marcher à ce que je vois, c'est cool !"

Joyce n'était pas le genre de personne qui souhaitait le malheur des autres, elle était bien trop gentille pour penser à de telles choses.

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Joyce& Marius

Soupirant, j’avais tendu une canette de soda à Joyce, en prenant une pour moi au passage. Je ne buvais que rarement du café, quant au thé, il était souvent réservé pour mes soirées devant la télé, à regarder n’importe quelle série Américaine qui passait sur les écrans au moment où j’avais enfin décidé de me poser sans rien faire. J’ai toujours été accro au soda, et grand bien me fasse, tout ce sucre n’avait jamais pesé sur ma balance, et je m’en étais toujours sorti aussi au niveau des carries. Je me penchai pour prendre un oréo histoire de grignoter un peu. De toute façon je n’avais pas encore mangé aujourd’hui, je n’avais pas eu le temps avec tout le travail que je m’étais donné. Je sais que ce n’est pas bien de sauter un repas, mais peu importe, parfois il n’y a pas le choix. J’écoutais donc mon amie me parler de son travail. Je fis une petite moue déçue, l’écoutant avec la plus grande attention. Je ne comprenais que trop bien son problème, moi aussi avant de trouver ma voie et cet endroit, je n’avais jamais pu me sentir très bien, et d’ailleurs j’avais longtemps été confronté aux gens qui ne croyaient pas en mon talent. Maintenant c’était du passé, mais j’étais attristé pour mon amie, qui n’avait vraiment pas l’air à l’aise dans son travail. C’est le genre de souci qui vous pèse toujours, même dans votre vie personnelle, et je faisais mon possible pour essayer de lui remonter le moral ou pour la distraire, même si ça restait compliqué. « Je comprends, de nos jours c’est déjà difficile de trouver un travail, mais il ne faut pas que ça te ruine la santé et le moral. Mais je sais que tu vas y arriver, t’es quelqu’un d’adorable et ce n’est qu’une question de temps avant que tu ne t’intègres. J’en suis certain, tout se passera bien pour toi Joyce. » Je lui souriais doucement, caressant un tout petit instant sa chevelure blonde. « Tu sais que je suis là pour toi de toute façon hein. » J’embrassai son front en souriant. Je ne suis que très rarement démonstratif, mais je sentais que mon amie avait besoin d’attention particulière alors je lui en donnais du mieux que je le pouvais en tout cas. Je prenais sa main doucement dans la mienne, essayant de lui transmettre un peu de courage et de motivation. Je ne suis pas doué pour les sentiments et pour réconforter les autres, mais j’avais au moins le mérite d’essayer quand il s’agissait de quelqu’un à qui je tiens particulièrement, et c’est le cas pour mon amie Joyce. « Ouais ça marche super, j’ai réussi à me faire un petit nom dans le quartier maintenant. » Je souriais. Depuis que Scott m’avait cédé le salon, j’avais réussi à lui succéder, en tout cas assez pour avoir une caisse remplie. Mais j’attendais avec impatience d’être reconnu dans toute la ville. « A part ça pas grand-chose, la routine…Mais…ça tombe bien que tu sois là, je voulais te parler d’un truc. » Je soupirais, prenant une gorgée de soda. Je pense que depuis le temps que je la connais, elle avait le droit de savoir que j’étais gay. Ce n’est pas le genre de choses que je dis, même ma sœur ne le sait pas encore. Je soupirais un peu, inquiet

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La jeune suédoise s'installa sur le canapé, attendant que Marius ne lui tende une canette qu'elle porta ensuite à ses lèvres. Puis, elle se confia sur le malaise qu'elle ressentait dans son nouveau travail. Tout cela lui pesait sur ses épaules, mais, elle n'avait pas vraiment d'autres choix, elle devait prendre ce qu'on lui donnait. Elle avait besoin de cet argent pour son loyer, et puis, après quatre ans sans travailler c'est certain que reprendre la routine quotidienne est assez compliquée. Mais bon, dans sa vie, elle a connu des obstacles plus importants que celui-ci, alors elle ne se plaint pas et fait le travail qu'on lui demande.

En voyant son ami la réconforter comme il pouvait, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il était vraiment adorable, et elle se demandait encore pourquoi elle ne lui avait pas confier tous les fantômes de son passé qui la hantait, c'était peut-être trop tôt, ou alors, pas du tout adapté à ce type de moment. Une fois de plus, elle garda le silence sur tout ce qui s'était passé avant qu'elle ne débarque en ville.

" - M'intégrer ? Je vais vraiment avoir du mal.. Je fais tâche au milieu de toutes ces poupées bien foutues et impeccablement habillées avec les tailleurs fait sur mesure, hors de prix. Je ne fais parti de ce monde là.. J'ai toujours dû me battre pour avoir quelque chose, alors que ces gens ont juste à claquer des doigts pour l'avoir, je ne serai jamais à ma place là-bas Marius.." avoua-t-elle presque dans un murmure.

Mais la démonstration soudaine de soutien de la part de son ami la fit instantanément sourire. Elle était heureuse de l'avoir auprès d'elle. Profitant de cet instant de délicatesse, elle se blottit contre lui au fond du canapé. Ici, elle était loin de tout, tous les soucis étaient restés dehors, et elle se sentait parfaitement à sa place dans ce salon auprès de son ami.

Son bonheur était contagieux, car, lorsqu'il laissa sa fierté exploser, Joyce lâcha un large sourire, heureuse qu'il soit enfin à sa place ici, et surtout, qu'il est pu se faire une petite place parce qu'il le mérite vraiment. La jeune femme fronça les sourcils en entendant les propos de Marius. Les phrases qui commençaient par ce genre de choses étaient rarement bonnes à entendre. Mais c'est son ami et elle l'écoutera même si c'était pour dire qu'il venait de tuer quelqu'un.

" - Tu.. Tu me fais peur Marius.. Mais je t'écoute. De quoi voulais-tu me parler ?"

Ceci sonnait comme un moment confession, c'était peut-être maintenant qu'elle devait lui confier tout son passé. Son aventure avec son ancien patron, le fait qu'elle est été enceinte de cet homme avant de perdre l'enfant qu'elle avait. Mais, elle redoutait que le regard de son ami ne change et qu'il l'a méprise ou même la repousse, et venant de lui, elle ne supporterait pas d'être ainsi rejeté.

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Joyce& Marius

C’est toujours compliqué de réconforter quelqu’un qui semble abattue, c’est toujours compliqué de faire à une personne le bon côté des choses quand il n’y en a pas. Mais Joyce est mon amie, et c’était pour moi une obligation de lui rendre le sourire au moins le temps qu’elle était dans mon salon de tatouage. Je tenais toujours sa main, et je la regardais me parler, avec un air embêté. Je n’aimais pas savoir que tout était aussi difficile pour elle en ce moment, mais je la comprenais parfaitement. Je ne suis pas de ce monde moi non plus, en tout cas pas au fond de moi. Même si ma famille était aisée et que mes parents vivaient très confortablement, ce n’est pas un monde dans lequel j’avais pu trouver ma place, parce que tout simplement, je ne suis pas comme eux, et je ne le serais jamais. Je l’écoutais attentivement, mais ça me faisait de la peine pour elle d’apprendre tout ça. Ce n’est jamais facile de s’intégrer, et quand on se retrouve dans un univers qui ne nous correspond pas, c’est parfois juste impossible. C’était sans doute le cas pour Joyce dans son nouveau travail, et je crois que j’aurai pu dire n’importe quoi, ça n’aurait peut-être servi à rien pour l’aider. En tout cas j’essayais, même si les mots me manquaient, et que je ne suis pas vraiment doué pour ce genre de choses. Je crois qu’il n’y a rien de pire que d’être dans l’incapacité d’aider une amie. Je me sentais vraiment mal pour elle, et je ne pouvais pas m’empêcher de soupirer, caressant alors sa main de la mienne. Je n’ai jamais été un grand amateur de tendresse, mais je pouvais au moins faire cet effort là pour une amie. C’était simplement rare venant de moi, j’ai toujours eu du mal avec les effusions de sentiments depuis toujours. « Je comprends ce que tu ressens. Pendant des années j’ai vécu dans un endroit où je n’étais pas à ma place. C’était dur, alors, je peux imaginer comme c’est pour toi. Mais tu es forte, je le sais. Tu vaux mieux que ces nanas en tailleurs comme tu dis. Tu es toi tout simplement, et tu peux tenir, j’en suis persuadé. Je peux t’aider à chercher quelque chose d’autre si tu veux. » L’endroit dont je parlais, ça avait été ma maison, ma famille, mais je ne voulais pas m’attarder sur ce genre de détails, d’ailleurs je n’avais pas vraiment envie d’en parler. Mon enfance n’a pas réellement été le meilleur souvenir que j’ai pu me faire depuis tout ce temps passé. Et de toute façon, ce n’était pas le sujet d’aujourd’hui. Au moins, l’annonce de ma popularité en tant que tatoueur avait eu le mérite de la faire sourire, et c’était déjà bien, de pouvoir voir un peu une humeur plus joyeuse se dessiner sur son visage. Ça m’encourageait à lui remonter le moral autant que je le pouvais en tout cas. Et puis elle était beaucoup plus mignonne avec le sourire, comme la plupart des filles d’ailleurs. Je soupirais un peu, buvant une gorgée de mon soda, en l’entendant s’inquiéter pour la suite. Pourtant il n’y avait pas de quoi, peut-être que la façon dont j’avais annoncé les choses avait été trop solennel pour elle, toujours est-il que mon annonce n’avait rien de terrible, en tout cas de mon point de vue, mais j’étais certain que pour le sien aussi. « Non ne t’inquiètes pas, il n’y a rien de grave je t’assure. » Je riais un peu pour la détendre. Je secouais la tête en haussant les épaules. « C’est juste quelque chose que je n’ai pas dit à beaucoup de monde, et je t’aime vraiment. Je pense que tu as le droit de savoir, voilà tout. » Je lui souriais, un peu impatient et à la fois un peu stressé. Je savais qu’elle ne me jugerait pas, mais ça restait important pour moi et donc ça me faisait un petit coup d’angoisse auquel je ne pouvais pas échapper, rien de très grave quoi.

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Joyce ne se plaignait jamais, elle avait pour habitude de se renfermer dans ses problèmes et d'essayer de les régler seule, même si pour cela, elle doit perdre tout ce qu'elle a, c'est toujours mieux que de demander de l'aide. Enfin à ses yeux bien évidemment. Depuis que la jeune femme connaissait Marius, elle n'avait jamais vu une telle démonstration d'amour pour elle, et en vrai, ça lui faisait chaud au coeur, parce qu'elle savait qu'il n'était pas de nature très communicatif sur ses sentiments, alors, elle lui était reconnaissante de tels efforts.

Voilà maintenant qu'il essayait de trouver les mots justes pour la rassurer, pour l'aider à surmonter ce malaise qu'elle ressentait, mais même avec tant d'efforts, elle doutait sincèrement que sa place soit ici.

" - C'est gentil merci Marius, je vais voir si ça s'arrange, et je prendrais une décision au moment venu. Mais je sais que si j'ai besoin, tu es là." fit-elle avec un large sourire sur ses lèvres.

La suite des paroles du jeune homme eut pour effet de rassurer la blonde. Elle attendait donc avec impatience ce que comptait lui révéler Marius, même si elle essayait d'imaginer ce que ça pouvait être, elle n'en avait aucune idée de ce qu'il s'apprêtait à lui révéler. Son ami avait aussi le droit de savoir pourquoi elle était aussi fragile que ça aujourd'hui. La perte de son enfant, son aventure interdite avec son ancien patron. Peut-être même que ça lui ferait un bien fou de lui confier tout ça, ça la soulagera sans doute d'un poids sur ses épaules.

" - Je pense que tu devrais aussi savoir quelque chose sur moi.. Je n'en ai jamais parlé parce que d'une part je n'en suis pas fière et d'autre part, parce que je n'arrive pas à mettre des mots sur la douleur que je ressens, mais surtout, c'est ce qui fait que je suis devenu cette personne que je suis aujourd'hui.." avoua-t-elle sans oser affronter le regard de son ami.

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