Assis devant les étoiles :: Noäm

L'été. La seule saison où tout m'est possible. Seulement, cette fois, pas de cours de rattrapage et aucune punition en vue. J'avais la satisfaction de pouvoir profiter de mon été sans le regard réprobateur de mes parents ou les commentaires cyniques de certain à cause d'un second redoublement. J'étais libre. Libre de pouvoir enfin grandir en quittant le lycée avec un diplôme en main. Pendant un instant, un court instant, j'avais cru qu'une fois de plus j'allais devoir refaire une année dans le bahut. Le soulagement que j'avais ressenti en sachant que non, pas cette fois. Remontant les marches menant à ma chambre, j'envoyais un sms à Noäm, quelques mots banals qui finirent par me faire sourire à la répartie de mon meilleur ami. Croquant dans la pomme que j'avais entre mes dents, laissant le jus gicler à la commissure de mes lèvres et coulant quelque peu sur mon menton, je gardais mon regard vissé sur mon portable, essuyant avec mon avant bras le jus qui perlait ma peau. Un simple petit encas après le dîner. Connaissant mes parents, si je tendais la main vers une pâtisserie faite par ma mère, il était certain que j'allais me faire réprimander avec un " Tu pourrais prendre un fruit ou un yaourt si tu as toujours faim ". Autant tout de suite sauter sur le fruit, j'évitais ainsi toute remarque. « Chip tu veux regarder un film avec moi. » entendais-je dans mon dos, alors que j'arrivais tout en haut de l'escalier. M'arrêtant, je tournais la tête pour voir en bas la gamine que mes parents avaient pris sous leurs ailes. Daisy. Comment pouvais-je décrire celle-ci ? Je n'avais pas de mot. Je ne l'acceptais toujours pas et lui rendais assez bien, malgré le fait qu'elle n'en faisait qu'à sa tête. Par moment, elle ne semblait avoir que mon prénom à la bouche. Exaspérant. Je faisais tout en mon pouvoir pour lui échapper, mais d'une façon que j'ignorais elle savait où me trouver. « Une prochaine fois. » répondais-je en me retournant pour prendre la direction de ma chambre. Ma réponse ne semblait pas la satisfaire puisque je l'entendais déjà gravir les marches derrière moi dans une foulée courte, mais rapide. Profitant de ma grandeur plus imposante que la sienne, j'avançais en quelques foulée pour franchir la porte avant qu'elle n'arrive à l'étage et fermait derrière moi. Un soupir franchissait mes lèvres, appuyant mon dos contre la porte et fermant les yeux un instant. Je devais trouver un moyen pour m'échapper. Son petit poing tambourinait à la porte de ma chambre. « Va voir Skye. » disais-je en espérant fortement qu'elle irait le retrouver. Il avait beaucoup plus de facilité avec elle que je ne pouvais en avoir. Étrange, quand on sait que j'étais sociable et cela bien plus que mon frère. Daisy continuait de tambouriner la porte, poussant un soupir, je me tournais pour regarder la fenêtre. J'avais beau vivre à l'étage, cette fenêtre était devenue mon échappatoire. Pour éviter de tomber sur mes parents lorsque je voulais sortir c'était par celle-ci que je sortais. Une fois de la plus, j'allais utiliser cet échappatoire. L'ouvrant, je mis un pied dehors puis le second et je me faufilais à l'extérieur tel un voleur. En moins de deux, j'étais dehors pied au sol et sans égratignure. N'attendant pas plus longtemps, je me dirigeais vers le parc où on s'était donné rendez-vous. Quelques minutes plus tard, j'arrivais à bon port. « Hey Blondie ! » disais-je en trouvant le blond.

Une fois de plus, je m’échappais par la fenêtre de ma chambre. Je faisais le mur comme on dit. Pourtant, je n’étais pas privé de sorti, seulement, je ne souhaitais pas que Daisy me suive comme elle semblait tant vouloir faire. Elle semblait m’accorder une attention toute particulière, une attention que je désirais d’aucune façon. J’étais sans doute le seul dans la maison à ne pas réclamer qu’elle m’aime. Si au contraire elle pouvait m’oublier, je serais sans doute le plus heureux des hommes ! Je me gardais bien de dire de tel propos à ma famille, surtout mes parents. Inutile que j’attire leur courroux sur ma personne. Prenant mon vélo, je pédalais à toute vitesse vers l’endroit où j’avais donné rendez-vous à Noäm. Il était déjà lorsque j’arrêtais mon vélo, descendant de la selle et laissant mon vélo tomber dans l’herbe. Arrivé à sa hauteur, je lui rendais son accolade. Du genre tactile, affectif et démonstratif, ça ne me gênait d’aucune façon d’agir ainsi. Certain aurait pu interpréter la chose de diverse manière, mais en me connaissant un minimum, on pouvait savoir qu’il n’avait de toute façon rien de plus que de l’amitié avec moi. J’allais beau avoir dix-neuf ans, je ne ressentais toujours pas l’envie de me lier d’affection autrement que par l’amitié. Si certain durant leur adolescent avait senti une érection au moindre effleurement d’une fille, moi c’était le calme plat. Rien. Pas même un petit frisson. En y réfléchissant, je ne devais pas être humain. Comme mon frère dirait, j’étais l’erreur, l’imperfection. Il s’était pas vu – bitch bromance ! « C’est pas toi qui a du faire de l’escalade sur ta maison ! » répliquais-je faussement outré, fronçant les sourcils réfléchissant à la remarque de mon meilleur ami. « Hey ! Ça fait même pas une heure que je t’ai texté ! » Enfin peut-être… Je ne savais plus trop, je n’avais peut-être pas vu le temps passer. Mais j’avais l’impression d’avoir pédaler comme un force né, mais peut-être que je m’étais pas assez donné. Bref. Je prenais place sur la balançoire voisine d’un blond, laissant mes bras battant dans le vide. Poussant un soupir à sa question, je levais un sourcil posant mon regard sur mon ami. « Tu parles ! C’est un vrai pot de colle, j’ai beau la repousser elle revient comme un vrai boomerang ! » Et c’était une maigre allégorie. Je n’avais pas d’image assez représentative qui pouvait représenter Daisy à mes yeux… Et sans doute que si j’en trouvais une, elle aurait rien de valorisante pour la gamine, je préférais donc ne pas chercher. Laissant simplement un sourire au coin de mes lèvres, celui-ci se changeait en moue : « On a besoin d’une raison particulière pour se voir ? » J’affichais mon air de réflexion, réfléchissant à sa question. J’haussais finalement mes épaules, commençant à me balancer en prenant appui sur mes pieds. « Alors disons que j’avais envie de me balancer sous les étoiles… » C’était tellement kitsch dit ainsi. Mon regard se portait tout de même sur le ciel de plus en plus sombre. En fait, on ne voyait pas réellement d’étoile ici. L’inconvénient des grandes villes, c’était tout de même dommage. Oh, je voyais un point briller. Finalement, on pouvait peut-être en avoir la chance d’en voir. Mais bad new, c’était rien de plus qu’un hélicoptère… My bad… « ... Et y’a personne de mieux pour partager ce moment que ma blondie ! » Je pouffais de rire, tournant la tête pour regarder Noäm, avant de me mettre à tourner sur moi-même, torsadant les chaînes entre elles. J’avais vraiment un mal fou à rester en place. Avant que la torsade n’arrive jusqu’à ma tête, je m’arrêtais posant mon regard sur le blond. « Mais si tu veux une raison particulière, je suis sur qu’on peut trouver. Moi y’a rien de particulier, mais toi tu as peut-être quelque chose à me dire ? »