Fan Service ♠ Isobel

Ma voiture était garée un peu plus loin que le parking. J’avais pris soin que personne ne me voit rouler jusqu’ici, puisqu’en général, je n’arrivais pas toujours à échapper à la presse et à toutes ces personnes qui s’amusaient tellement souvent à essayer de faire de ma vie un enfer médiatique pour que tout Washington puisse s’amuser à lire ce que je faisais de ma matinée, à chaque jour qui passe. Aujourd’hui, j’avais pris soin de quitter le domicile plus tôt, sans dire au revoir à ma femme, sans rien dire à personne d’ailleurs, pas même à mon meilleur ami, je préférais être prudent, et surtout l’affaire qui m’avait conduit jusqu’ici aujourd’hui, devait rester secrète, en tout cas c’était beaucoup mieux pour moi. Mes lunettes de soleil en place sur mon nez, je m’étais assuré que personne puisse me reconnaître ou en tout cas, ne vienne m’embêter pour que je puisse répondre à telle ou telle question. Les personnes qui lisent mon magazine, elles, sont toujours les bienvenues, sauf quand elles commencent à me poser des questions trop privées, ça a toujours le don de me déranger et c’est bien normal, car on a tous le droit d’avoir nos vies à nous. Je m’étais enfin décidé à sortir de la voiture, enfilant mon blouson en cuir, fermant la portière de ma Mercedes toute neuve. J’ai toujours tendance à dépenser trop d’argent, mais quand on parle de voitures, en général, je n’arrive plus à m’arrêter, c’est un défaut que j’ai et que je connais bien chez moi. Mais pour le moment j’avais le compte en banque qui me permettait d’assurer ce genre de train de vie, donc tout allait bien pour moi. Aujourd’hui pourtant, j’avais une rencontre très spéciale à assurer au Starbucks de la ville. Depuis quelques mois maintenant, j’avais engagé une femme de ménage à la maison, elle passait environ trois fois par semaines et je dois dire que j’étais tout à fait content d’elle. Elle était efficace, elle avait le contact agréable, et puis elle savait respecter ma vie privée. En tout cas c’est ce que j’avais cru pendant un moment, jusqu’au jour où mes travaux de fanfiction avaient disparu, et que sa fille les avaient apparemment lus puisqu’elle avait compris que l’auteur anonyme, c’était moi. En même temps pas besoin d’être Holmes pour comprendre puisqu’elle travaillait chez moi. Mais peu importe, toujours est-il que j’avais réussi à avoir son silence en échange de pouvoir lire mes nouvelles de façon totalement exclusives. Ça peut paraître étrange, mais je préfère que le monde continue d’ignorer mon secret. Pour des raisons évidentes. Si au début j’avais vu ça comme une menace, je dois bien avouer que mine de rien j’ai commencé à prendre goût à voir Isobel pour pouvoir de séries et ce genre de choses pour plus jeunes, en général. J’étais arrivé avec mes brouillons dans une sacoche, et j’étais allé commander un café, avec le fameux gobelet portant mon prénom, qui était faux bien sûr. Je l’avais aperçu de loin, un peu plus loin dans le café, et j’avais souris, laissant mes lunettes de soleil le temps d’arriver jusqu’à chez elle, juste au cas où. Je lui avais fait un signe de la main en souriant, m’installant en face d’elle, posant mon cahier sur la table ainsi que mon café. Je me suis penché pour lui faire la bise. Il y avait encore pas mal de monde, il faudra être discret, c’est mieux comme ça. « Salut toi. Prête à entendre une nouvelle histoire ? » Je souriais un peu, la regardant. On a vraiment l’impression de voir deux adolescentes qui s’apprêtent à parler de leurs héros favoris.

« - A tout à l’heure. » Dernier mot adresser à l’ensemble de mon équipe. Ils n’ont pas besoin de moi et puis de toute manière, j’ai quelque chose de prévu. Un rendez-vous avec l’auteur de fan fiction que j’adore tout particulièrement. Honnêtement, il y a quelques temps d’ici, jamais je n’aurai pensé pouvoir le rencontrer. Mais ma mère étant devenue l’une de ses employées, les choses se sont faites. Et j’en suis ravie, je passe toujours de bons moments avec lui, et j’ai la chance de pouvoir lui en avant-première ses nouvelles. Bien sûr, je ne connais pas le restant de ses activités, enfin, je sais qu’il est gérant d’entreprise, je serais complète bête de ne pas savoir ça mais je ne connais pas sa seconde vie. Je pense que si je venais à l’apprendre, mon regard deviendrait tout autre. Quoi qu’il en soit, je rejoignais ma voiture, une mini couleur bordeaux que je trouve magnifique. Car l’esthétique est tout ce qui m’importe dans une voiture, je ne m’y connais en rien pour le reste. Une fois dans la voiture, je démarre sans attendre, me rendant un peu plus dans le centre de la ville. C’est au Starbucks que nous avons rendez-vous. Je me trouve une place sur un parking non loin de là. Laissant ma voiture sans aucune crainte. Je prends mon sac, sortant de l’habitacle, pour aller prendre un ticket de parking. Rien n’est jamais gratuit de toute façon. Sourire aux lèvres, j’avance dans les rues tranquillement, profitant des quelques rayons de soleils qui commencent à venir. En quelques minutes, je me retrouve devant cette enseigne célèbre et pousse la porte. Je regarde autour de moi, puis constate que le jeune homme n’est pas encore là. En même temps, je dois être un peu en avance, comme souvent. Je me rends au comptoir, regardant les divers choix. Je choisis ce nouveau café avec du caramel dedans. Je donne mon prénom, puis j’attends. Une fois le café fait, je le prends remerciant la serveuse. Je regarde autour de moi, puis me rends vers une table pour deux, posant le café sur celle-ci. En attendant, ce que je peux considérer comme mon ami, je regarde mon portable. Je lis les dernières nouvelles, je regarde mes mails, je regarde les photos et souris en voyant celle avec Derrick. Encore une personne que je n’aurais jamais cru rencontrer. Je pense souvent à lui en ce moment, je ne devrais pourtant pas, ce n’est pas une bonne idée. Mais bon, je n’y peux rien, je ne contrôle pas mes pensées. Comme puis-je savoir qu’il est dans le cœur de ma meilleure amie ? Toujours dans mes pensées, je n’ai pas vu venir Isaac, ce n’est que quand j’ai senti quelqu’un s’approcher que j’ai levé la tête. Le sourire aux lèvres, je lui fais la bise à mon tour. « - Bonjour ! Plus que prête ! Je suis même impatiente ! » Dis-je en me retenant de frapper dans mes mains, comme je le fais souvent. Oui, j’ai parfois l’air d’une gamine de 10 ans, mais… Ca fait mon charme non ? Enfin soit, je suis contente de le voir. J’observe sa commande, j’observe sa tenue puis sa manière d’être. Ses boucles lui donnent beaucoup de charme. « - C’est dommage que je ne puisse pas voir tes yeux davantage. » Dis-je en faisant une petite moue. Mais je comprends bien qu’il se cache du monde. Je sais très bien, j’étais à la place des journalistes, il y a encore peu de temps. Ca m’amusait, mais ça n’était pas amusant pour les célébrités. Enfin soit, je ne lui veux pas de mal, je pense qu’il l’a compris depuis le temps. « - Comment tu vas ? » Demandais-je finalement en prenant quelques gorgées de mon café que je trouve plus qu’excellent.

J’avais un sac messager en bandoulière, mes lunettes de soleil encore sur le nez, et je m’étais engagé dans le Starbuck pour pouvoir aller voir Isobel. Depuis le temps, je crois que j’avais fini par la considérer comme une vraie amie, même si je ne lui cachais pas qu’au début, je n’avais pas pu la supporter. En même temps il fallait me comprendre, comment réagir quand une employée de maison vous prend vos affaires pour les montrer à sa fille qui ensuite vient vous voir en menaçant de tout balancer ? Bon, sur le moment c’est vrai que j’avais paniqué et que j’avais pensé à appeler les flics, mais je ne tenais pas à ce que tout le monde sache que je publiais sous un nom anonyme par internet. Au fur et à mesure que je montrais mes travaux à Isobel, j’avais bien compris qu’elle n’était pas méchante, mais que c’était simplement une jeune fille adorable. Très rapidement nous avions partagés beaucoup de choses, et comment ne pas aimer une personne qui comprends notre passion, après tout, elle savait pour mes fanfictions, et je pouvais ainsi avoir une lectrice de la première heure. On avait donc fini tout naturellement par s’accorder. Je l’avais rejoint avec ma tasse à la main, et j’avais baissé doucement baissé mes lunettes pour la regarder et lui sourire le temps d’un clin d’œil amical à son intention. « Impatiente ? Eh bien j’espère que mes écrits seront à la hauteur alors. Je t’avoue que j’ai pris moins de temps que d’habitude en ce moment au boulot c’est un peu la course. » Je soupirais doucement, tandis que je prenais place en face d’elle, posant ma tasse pleine de café noir sur la table, et sortant de mon sac une pochette très organisée, où chaque intercalaire indiquait un nouveau chapitre sur une nouvelle série. J’ai toujours été très organisé dans ma vie et ce n’est pas des écrits qui changeront ça. Je bus une gorgée de mon café en lui souriant. « C’est vrai. Je suppose que ça devrait aller. Après tout il n’y a pas grand monde à cette heure-ci. » Je retirais mes lunettes de soleil les déposant devant moi. L’endroit n’était pas très rempli et j’avais fait attention. De toute façon si quelqu’un prévenait la presse c’est comme ça je ne pourrais pas l’éviter. Je pouvais alors profiter de son sourire pleinement. « Je vais bien, je vais bien. Débordé mais le travail c’est toujours comme ça. Et toi comment tu va ? » J’attendais sa réponse en tenant ma tasse, laissant ma pochette sagement fermée. D’abord j’avais envie de prendre de ses nouvelles.

Le regard toujours posé sur mon ami, qui comme d’habitude s’est camouflé comme il le peut, je lui rends le sourire. Je prends toujours plaisir à le voir, comme la plupart de mes amis. Bien que les autres ne m’offre pas de la lecture gratuite à chaque fois. C’est le cas d’Isaac et sans ça, nous ne nous connaitrions pas. J’avoue que j’avais des aprioris sur lui, par rapport à ce que j’ai pu entendre dans les médiats, son mode de vie et son argent. Mais il est une personne sympathique et normale, si je peux dire ainsi. « - Je peux comprendre. Le boulot, ça n’est pas toujours facile. Ca nous empêche de donner plus de temps à ce qu’on aime. Mais je ne vois pas pourquoi ton travail serait mauvais, il ne l’a jamais été jusqu’ici. » Et je ne dis pas ça car il est mon ami. Je suis sincère, je suis complètement fan de sa manière d’écrire, il rend les choses tellement plus intéressante. J’ai toujours autant hâte de me mettre à la lecture. Mais je lui laisse quand même le temps de se poser, c’est la moindre des choses. Je pose les yeux sur la pochette, résistant à l’envie de lui prendre des mains. Je souris directement me mordant un peu la lèvre. Puis mon sourire s’agrandit quand enfin, il retire ses lunettes. « - Voilà qui est mieux. En plus, tu as un joli regard, c’est dommage de me le cacher. Puis si on vient t’ennuyer, on a du café chaud en guise d’arme. » Dis-je en levant le mien avant de rire légèrement. Je prends d’ailleurs une gorgée de celui-ci faisant attention à ne pas me brûler la bouche avec. Ca m’est déjà arrivé, et c’est désagréable pendant deux jours. Enfin maximum. « - Je vais bien aussi. En ce moment, je suis plus que chanceuse dans la vie. Donc j’en profite, car comme on dit, la roue tourne. Je ne sais pas encore ce qui va s’abattre sur moi, mais ça ne sera certainement pas joli. » Dis-je en faisant une grimace. Après peut-être pas… Mais autant se mettre en garde, je n’aime pas avoir des mauvaises surprises. « - Au fait, tu as le bonjour de ma mère. » Avant que je n’oublie de le lui dire. Maintenant que c’est fait, je peux me concentrer sur autre chose. Je louche un peu sur sa pochette, faisant une petite grimace. « - Je suis très très impatiente. » Avouais-je finalement en désignant la pochette du doigt. Je lui aurais même fait les yeux doux. Mais, il faut que je me tienne tranquille. Puis ça ne fait pas vraiment partie de la politesse en cas de contact sociale. Je l’observe attentivement en réfléchissant. « - Ta femme doit avoir de la chance, elle doit toujours être la première à pouvoir lire tes nouveaux écris. J’aimerai être à sa place, juste pour ça. » Dis-je avant de rire. Je sais qu’il est marié, mais je ne connais en rien les conditions de sa relation. Je me contente des informations de bases, je ne creuse pas plus loin pour une fois dans ma vie, c’est pas plus mal.