Miles-Abberline Family + Happy Birthday Little Princess

Le comportement de ma fille commençait à m’agacer et je prenais sur moi pour ne pas sortir de mes gonds et montrer à Levi que je ne faisais pas que la disputer. Pourtant, c’est tout ce qu’elle méritait pour l’instant et je me promis, intérieurement, de la punir quand on sera toutes les deux ensembles à l’appartement. Je ne faisais que de jeter des coups d’œil dans le rétroviseur et quand je l’entendis me raconter sa journée, je sentis mes joues rouges. Pourquoi est-ce qu’elle me faisait cela ? « Arrête ça tout de suite Haley. » Ma voix était menaçante et elle savait ce que ça entraînait derrière. Le portable, elle n’était pas prête de le revoir de si tôt et j’allais m’en faire une joie. Même si c’était cruel et qu’elle allait m’en vouloir énormément, c’était normal de la punir ainsi. Cependant, je ne voulais pas que ça empiète sur notre journée enfin sa journée. Je soufflais un bon coup avant de me diriger vers l’un des restaurants préférés de ma fille malgré tout. Je faisais des efforts pour son anniversaire et si ça n’avait pas été le cas, ça ferait longtemps qu’elle serait rentrée et punie. Heureusement pour elle, son père se trouvait présent. Une fois arrivée et histoire de remonter l’humeur de tout le monde pour terminer cette journée sur une bonne note, j’annonçais à ma fille notre grand jeu. Je savais que malgré sa tête de boudin et son air rebelle, elle accepterait de se prêter au jeu. Dès que la voiture fut arrêtée et les portes ouvertes, je vis une chevelure blonde partir en courant vers la porte d’entrée, alors que je m’élançais à mon tour, je sentis un bras autour de moi et j’en eus comme le souffle coupé. Je me tourne vers lui et souris doucement avant d’essayer de m’échapper. « Tricheur, elle va manger ma part ! » Je rigolais bien entendu puis je me détachais de lui avant de voir rentrer Haley dans le restaurant. Au moins, elle aura gagné. Je soupire avant de me mettre en marche vers le restaurant. « Je suis désolée pour elle. » Je ne pensais vraiment pas que la petite blonde allait réagir ainsi aux conséquences de l’internement de son père. Ca me décevait, pour elle, moi mais surtout pour Levi qui avait fait en sorte de pouvoir sortir ce jour-là en particulier. On se trouvait à quelques mètres de la porte et je me tournais vers le beau brun avec toujours le sourire aux lèvres. « Je suis vraiment contente que tu sois là. » Et c’était sincère. J’ouvrais la porte et tombais sur Haley qui nous attendait. « Je crains qu’on ne puisse nous départager ma chère. » Dis-je en haussant les épaules avant de poser mes mains sur les siennes. « Tu ne pourras pas obtenir une deuxième part de goûter. » Je rigolais doucement avant de nous diriger vers une table au fond du restaurant pour pouvoir goûter tranquillement. Je tendis une carte à ma fille avant de faire de même pour Levi. « Tu prends ce que tu veux Haley. » Je mettais de côté nos divergences concernant l’école et sa rebellatitude qui prenaient de plus en plus de place dans les conversations pour pouvoir passer un moment inoubliable. Ou presque en tout cas. Lisant ce qu’il y avait sur la carte, je la refermais une fois que mon choix fut fait et j’attendis que les autres aient également choisi pour passer la commande.

Heureusement pour moi, Savannah ne parut pas trop insultée que je l’aie retenue de la sorte. Bon d’accord, elle me traita quand même de tricheur, mais je préférais penser que c’était à la blague plutôt qu’une véritable insulte, d’autant plus que c’était quelque peu mérité. Acceptant le commentaire, je n’insistai toutefois pas éternellement, la lâchant sitôt que je compris qu’Haley avait pris suffisamment d’avance pour que sa mère ne la laisse pas gagné. En somme, ce fut court comme étreinte, mais suffisant, et pas susceptible de mettre un malaise, ce que je ne voulais pas faire, quand même. Et puis, il fallait que je me l’avoue, cela m’avait fait un peu drôle, de prendre part à une plaisanterie ainsi, de retenir Savannah, même si au final, je n’avais pas trouvé ça désagréable. De plus, cela avait eu du bon, puisque cela nous laissa quelques secondes pour parler, quelques secondes pendant lesquelles Savannah en profita pour s’excuser du comportement d’Haley. Sachant désormais que la coupure l’avait blessée, et le comprenant, je ne cherchai pas à en faire un drame, me contentant de hausser les épaules, comme pour lui montrer que je ne lui en voulais pas, et que j’acceptais la chose, même si ce n’était pas facile, même si au fond, cela m’avait blessé de voir Haley m’ignorer comme ça plus tôt, dans la voiture. Ce n’était pas tant en raison de mon traitement, c’était plutôt parce que je venais de voir le reflet de ma pire peur, celui de ne plus jamais voir ma fille, parce que cette dernière ne voulait plus rien savoir de ma personne. Heureusement, les choses s’étaient quelque peu remises dans l’ordre, dans le sens où je n’avais pas eu à retourner au centre pour le reste de la journée, et où tout semblait se calmer lentement mais sûrement, ou du moins, suffisamment pour que Savannah passe un commentaire qui me fit doucement sourire, en plus de dire:  « Je suis content aussi. » Toutefois, conscient que ça ne venait pas tout effacer, je ne gardai pas mon sourire longtemps, prenant un air un peu plus sérieux, un peu plus triste, au moment de lui dire:  « Je suis désolé de ne pas pouvoir être plus… utile du coup. » En effet, ce n’était pas moi qui était parvenu à la réprimander, à lui faire savoir qu’elle devait changer de comportement. Peut-être aurais-je pu mettre ça sur le compte du choc que j’avais vécu en la voyant ainsi, mais en fait, non. Au quotidien, ce n’était pas moi qui lui faisait des remontrances, mon rôle étant bien souvent de la rendre heureuse le peu de temps que je passais avec elle. C’était Savannah qui faisait tout le boulot, j’en étais conscient depuis le début, même si c’était une des premières fois que j’y assistais, concrètement. Pour cette raison, je crus bon de lui dire, avec la plus grande sincérité qui soit:  « Tu es une bonne mère, vraiment. » En vérité, je pensais cela depuis longtemps, mais je ne me rappelais pas lui avoir dit en face. Peut-être aurais-je dû, peut-être était-ce trop tard, mais en mon sens, ce n’était pas complètement perdu, je l’espérais en tout cas. Toutefois, je ne sus faire son éloge plus longtemps, non pas que je manquais de mots, mais parce qu’ensuite, nous arrivâmes dans le restaurant, côte-à-côte, faisant en sorte que dans le contexte de la course improvisée, nous étions à égalité. Était-ce mal ? Pas vraiment, et au vu de la réaction des deux femmes qui occupaient le plus de place dans ma vie, c’était pareil pour elles. De toute façon, me connaissant, j’aurais été du genre à offrir ma part à Haley si elle l’avait voulue, même si j’avais gagné la petite compétition. Et peut-être même que je le ferais aussi, même si je devais admettre que je n’étais pas contre le fait de manger de la nourriture différente - et sûrement meilleure - qu’au centre. Considérant le menu donc, plus attentivement, puisque je ne le connaissais pas, je n’eus toutefois pas le temps de choisir qu’Haley reprit la parole, en venant à demander de me parler, seul à seule. Fronçant les sourcils, ne sachant pas où elle voulait en venir, je choisis toutefois de ne rien dire, attendant de voir comment Savannah allait réagir. De mon côté, je pouvais bien lui accorder cette conversation, mais je ne voulais pas mettre la jeune femme à part non plus, alors je préférais la laisser prendre cette décision plutôt que de dire ou faire quoi que ce soit.

Je m’étais calmée et ça ne servait à rien de gâcher cette journée qu’on avait préparée avec Levi, pour l’anniversaire de sa fille. C’était injuste pour lui et Haley se rendrait bien vite compte de son erreur d’avoir agi ainsi. J’avais donc juste haussé le ton comme il fallait pour lui faire comprendre que son comportement ne méritait pas d’être ainsi envers son père. Et apparemment, elle avait réussi à le comprendre. Puis je ne voulais pas que Levi se sente mal pour le reste de la journée alors le mieux était de passer à autre chose. Ce que je faisais plutôt bien car je lançais une course pour que le premier arrivé ait une récompense. Haley et moi faisions souvent ça quand on arrivait à l’appartement, ça nous permettait de nous rapprocher et de rigoler par la même occasion. Et là, comme prévu, ça fonctionna à merveille jusqu’à ce que je sente un contact autour de moi qui m’électrisa. Levi. C’était incroyable la sensation qu’il pouvait me faire ressentir à chaque fois qu’on pouvait avoir un contact l’un et l’autre ensemble. Souriant, je l’écoutais avant d’avancer vers le restaurant en haussant les épaules face à sa remarque. Je vis que son sourire s’était affaibli et qu’il avait un regard triste, mais ce n’était pas le moment de penser à des choses négatives. « T’en fais pas Levi, tu fais ce que tu peux et rien que cela, ça m’aide énormément. Tu es utile d’une manière différent et c’est suffisant pour l’instant. » Je ne pouvais pas lui en demander plus, surtout pas, avec le centre c’était compliqué. Mais peut être qu’à l’avenir j’allais y réfléchir à deux fois et lui donner plus de responsabilité concernant sa fille quand il sortira et quand il sera installé quelque part. En tout cas, j’y penserai plus sérieusement par la suite. Cependant, ce n’était pas le moment de commencer à faire des plans sur la comète ! Haley nous attendait. Me rapprochant de la porte, je me tournais vers lui en souriant sincèrement face à ce qu’il venait de me dire. Ca me touchait et ça réconfortait dans mon rôle de mère et de parent individuel qui n’étaient pas facile à gérer tous les jours. Je m’avançai vers la table choisit par Haley et m’assit en face d’elle lui souriant, lui proposant de choisir ce qui pouvait lui faire plaisir. C’était son anniversaire et c’était la moindre des choses. Je la regardai avant de sourire légèrement, prenant la carte pour mettre mon nez dedans. « Je pense en effet que tu as des choses à lui dire. » Disais-je sans lever mon nez du menu, je n’avais pas donné mon accord pour l’instant. Mais je comptais bien le faire. Elle avait été un peu méchante avec son père et le fait qu’elle y ait réfléchi me faisait chaud au cœur. Haley grandissait et pouvait se rendre compte de ses erreurs et ça me faisait vraiment plaisir. « Vas-y. Je vais commander pour nous en attendant. » Je les regardais tous les deux et souriais avant de leur faire un geste de la main pour qu’ils aillent parler plus loin. Connaissant Haley, j’étais certaine qu’elle ne voudrait pas que j’entende ce qu’elle avait à lui, alors s’ils voulaient aller dehors ou à l’autre bout, ça ne me dérangeait pas. Les regardant s’éloigner, je m’enfonçais dans la banquette et soupirais en les voyant ensemble. Ca me faisait toujours sourire et plaisir. Depuis le début de son retour, Levi avait été impliqué dans la vie de sa fille et voir ce lien qui les unissait me faisait sourire et me rendait heureuse. Ils étaient si proches et si complices que les séparer leur ferait plus de mal qu’autre chose, voilà pourquoi je pensais vraiment à donner plus de responsabilité au brun concernant sa fille à sa sortie du centre. Voyant le serveur arriver, je commandais pour trois un assortiment de petites pâtisseries et la glace préférée de ma fille. C’était une journée exceptionnelle aujourd’hui alors les quantités ne pouvaient être que grandioses. Je posais mes mains sur la table et regardais devant moi en attendant le retour des deux êtres les plus proches de moi à présent, sans compter Derrick.

N’étant que spectateur passif dans la situation présente, j’attendis, sans rien dire, de voir ce que Savannah allait penser de la demande d’Haley, si elle allait être d’accord ou pas. Je ne disais rien non pas parce que je ne voulais pas, mais parce que je ne voyais pas ce que je pourrais dire. Parce que oui, je me doutais bien que parler seul avec Haley ne serait pas de refus, au vu de tout ce qui s’était passé, mais je ne voulais pas non plus laisser Savannah complètement de côté, qu’elle soit vexée ou un truc du genre. De toute façon, avais-je vraiment mon mot à dire ? Je ne croyais pas. Attendant donc, j’acquiesçai au verdict lorsque Savannah le donna, me levant donc pour accompagner ma file à l’extérieur, sans rien dire. Je gardai encore et toujours le silence lorsqu’elle m’invita à m’asseoir à côté d’elle, n’osant pas me tenir trop proche, la prendre dans mes bras ou un truc du genre, même si bien sûr, ce n’était pas l’envie qui me manquait. Parce que malgré ce qui s’était passé dans la voiture, elle m’avait terriblement manquée, et j’avais l’impression de ne pas avoir pu lui dire. Enfin, je ne savais pas si je pourrais lui dire ici et maintenant, n’osant pas m’imposer alors que je savais qu’elle voulait me parler. Sachant que je pourrais choisir mon moment, je décidai d’attendre de voir ce qu’elle voulait me dire, l’écoutant se vider le coeur, premièrement en s’excusant de son comportement précédent, puis en m’expliquant, en quelques sortes, pourquoi elle avait réagi de la sorte. Ce fut avec un douloureux pincement au coeur que j’appris comment elle avait réagi en apprenant la vérité sur la façon dont elle était arrivée dans nos vies, comment ç’avait eu un impact sur son comportement en classe, et à quel point elle s’en voulait d’avoir réagi de la sorte. Touché par son discours, ayant l’impression que si je ne faisais rien, les larmes allaient finir par me monter aux yeux et couler - d’autant plus que ces derniers temps, c’était malheureusement chose fréquente - je ne trouvai toutefois pas les mots pour m’exprimer, alors ce que je fis, c’est que je me levai, afin de me positionner à genoux devant elle, puis je la pris dans mes bras, la serrant fort contre moi, si bien que j’en vins à penser que je devais faire gaffe puisqu’autrement, j’allais lui rompre les os. Puis, une fois que j’eus puisé suffisamment de courage dans cette étreinte, je me permis finalement de lui dire:  « C’est moi qui suis désolé. J’aurais tant voulu pouvoir t’en parler avant que tout ça arrive… » Malheureusement, quand j’avais dit aux médecins que j’étais prêt, on ne m’avait laissé que trop peu de temps pour le faire, me prenant mon téléphone, me coupant du reste du monde. Mais ça, ici et maintenant, je jugeais que ce n’était pas l’essentiel. L’essentiel, c’était de faire en sorte que ma fille aille mieux, et non pas qu’apaiser ma conscience. Je me décalai donc, et en la regardant dans les yeux, le regard brillant, puisque visiblement, je ne savais retenir mes larmes, je lui dis:  « Tu n’as rien d’un petit microbe, bien loin de là… Haley, tu es… » Je ne savais pas si c’était vraiment cela qu’elle avait besoin d’entendre, mais je continuai quand même en ajoutant:  « Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée Haley… Et chaque jour, je remercie le ciel que tu sois dans ma vie… » Je me rendis compte que moi aussi, en fait, j’avais besoin de le lui dire. J’avais l’impression que je ne lui avais jamais suffisamment répété, et je travaillais très fort pour parler, m’ouvrir sur mes sentiments, même si parfois, ça pouvait faire mal. Mais là, ça ne faisait pas mal, au contraire, je tenais à le lui partager, et j’espérais que cela viendrait l’aider, même si ça, c’était loin d’être gagné. Sachant que ce n’était pas qu’à propos de moi pour ça, je posai mon pouce sur sa joue, pour y chasser ses larmes, et j’ajoutai:  « Tu es ma fille, mon trésor, et je t’aimerai toujours, qu’importe ce qui se passe… Je ne veux pas que tu l’oublie, jamais, d’accord ? » Pinçant les lèvres, je me redressai, puis je l’embrassai sur le front avant de la serrer encore un peu dans mes bras, histoire de l’aider à retrouver sa contenance, et la mienne aussi. Puis, une fois que ce fut chose faite, je lui dis:  « Viens, on ne fera pas trop attendre ta mère… Allons souligner ton anniversaire comme il se doit. » Je m’efforçai de lui sourire, puis je me redressai pour prendre sa main, afin de rentrer de nouveau dans le restaurant et aller retrouver Savannah sur la banquette. Histoire de montrer à la jeune femme que tout allait bien, en tout cas, c’était l’impression que j’avais, je lui souris discrètement, reprenant ma place et tentant de dire avec enthousiasme:  « Tout compte fait, je meurs de faim ! J’ai bien hâte de voir ce que tu as commandé. » Ce n’était pas mon genre de m’exclamer ainsi, mais j’avais envie que ce soit quand même une journée de fête, une belle journée pour nous tous. Et puis, je devais admettre que oui, l’estomac dénoué désormais, j’avais vraiment faim, d’autant plus que j’étais persuadé que ce serait bien meilleur que la nourriture qu’on me donnait au centre.