Les fantômes du passé qui ressurgissent [Feat. Caleb Lloyd]

C’était les petites vacances scolaires, du coup Caleb était bien content, il n’avait pas besoin de se rendre à l’université. Un peu de repos ne lui faisait pas de mal après tout. Surtout que pendant les congés d’été il bosse au cinéma et le reste de l’année, il bosse aussi au cinéma comme projectionniste les soirs de la semaine ainsi qu’une journée complète le week-end ou un week-end sur deux. Autant dire qu’il ne chômait pas du tout le petit et que le repos il ne connaissait pas trop. Sans compter qu’en plus il fallait qu’il bosse ses cours. Ce qui laissait peu de place au temps libre. D’ailleurs ça n’était pas toujours facile pour lui d’arriver à se dégager du temps pour voir son petit-ami. Encore une chance que celui-ci était aussi étudiant, parce que sans ça ils se verraient probablement encore moins que ça ne l’est déjà.

Quoi qu’il en soit en cette fin d’après-midi Caleb avait eu envie d’aller en ville, se ressourcer un peu au parc. Après tout il avait toujours aimé la nature et se balader, alors autant en profiter quand il le peut. Le jeune homme était assis sur un banc, il admirait les cygnes qui étaient posés sur l’eau, il les trouvait incroyablement beaux. Ayant cru entendre un bruit plus loin derrière lui, l’étudiant se retourna. Apparemment il n’y avait rien près de lui mais il put voir un peu plus loin une jeune femme allongée dans l’herbe, près d’un arbre avec un carnet non loin d’elle. Il arqua un sourcil, se demandant ce qui se passait. Mais pensant à un problème, il se dépêcha de se lever et courut pour aller près d’elle. Il s’était accroupi près d’elle, attrapant l’une de ses mains. « Mademoiselle, Madame, vous allez bien ? Je peux vous aider ? » Il ne savait pas du tout si elle l’entendait ou non mais en tout cas de sa main libre il avait vérifié si elle avait un pouls et c’était bien le cas. Ce qui le soulageait déjà un peu même s’il ne savait pas trop comment faire pour aider cette jolie blonde. Il regarda autour d’eux, sans la lâcher mais il n’y avait pas grand monde, c’était bien leur veine tiens. Si la jeune femme ne réagissait pas plus que ça, il pourrait toujours ceci dit appeler les secours puisque cette fois il n’avait pas oublié son téléphone chez ses parents, une chance !

Cal ne savait pas du tout ce qui arrivait à la jeune femme mais il ne pouvait pas la laisser seule comme ça. Après un temps indéterminé qui lui avait paru durer une éternité, la jeune femme se mit à bouger. Il entendait qu’elle respirait difficilement. Au vu de sa réaction, elle semblait avoir peur de lui. Il se recula tout doucement en levant les mains en l’air, comme un signe de paix avant de lui dire. « Je ne voulais pas vous faire peur. J’ai vu que vous étiez en difficulté, alors je venais voir si vous aviez besoin d’aide… » Il s’interrompit quelques instants avant d’ajouter. « Je suis désolé si je vous ai effrayé, ce n’était pas mon but. Vous, vous allez bien ou vous voulez que j’appelle les secours ? » Demanda-t-il en baissant ses bras, les laissant pendre près de son corps.

Le pauvre étudiant n’était pas super à l’aise face à la jeune femme. Jamais il n’avait fait peur à quelqu’un de la sorte. Après tout il avait juste voulu apporter son aide. Mais bon peut-être qu’à la place de la blondinette il aurait eu une réaction semblable. Qui sait ? Mister Lloyd ne pouvait s’empêcher de la regarder afin de s’assurer qu’elle allait bien. Il avait trop bon cœur et ne pourrait pas la laisser tranquille tant qu’il ne serait pas certain qu’elle se sent bien. Après tout, si un jour il avait un souci lui aussi, il aimerait qu’une autre personne en fasse autant pour lui. Même s’il sait que maintenant les gens comme lui ne sont plus monnaie courante dans ce monde. Mais peu importe, lui est comme ça et ne changera probablement jamais. Ne voulant pas faire d'avantage peur à la jeune femme, il lui demanda. « Ça vous dérange si je m’assois moi aussi ?  Au fait je m’appelle Caleb. » Il ne savait pas si ça apaiserait un peu la blondinette qu’il se présente à elle mais après tout ça ne pourrait pas lui faire plus de mal de connaître le prénom du jeune homme. Et puis oui il se trouvait un peu idiot d'être planté debout comme ça alors que son interlocutrice était assise près d'un arbre.  

C’était bien la première fois de sa vie que le jeune Caleb inspirait la peur. Ça lui faisait vraiment bizarre de voir qu’il pouvait produire cet effet chez quelqu’un. Surtout lui qui n’est pas méchant pour deux sous et qui s’est fait beaucoup malmener par le passé. Toutefois ne voulant pas continuer à effrayer la jeune femme qui était en mauvaise posture, il leva les mains en l’air comme pour lui montrer qu’il ne tenterait rien de mal contre elle. Et pour bien lui faire comprendre il lui expliqua ce qu’il faisait là non loin d’elle.  Visiblement ça fonctionnait plus ou moins bien mais au moins la blondinette lui avait répondu tant bien que mal. Contrairement à ce qu’elle disait, le jeune homme avait remarqué qu’elle ne semblait pas aller si bien que ça. Il aurait bien voulu appeler les secours mais il imaginait parfaitement que si elle lui avait répondu ça ce n’était pas pour rien. Alors il préféra ne pas insister sur ce sujet et respecter son choix. Cependant il tâcherait de s’assurer qu’elle se sentait mieux avant de s’éclipser. Certes il pourrait faire comme beaucoup de gens, s’en moquer complètement mais même s’il ne la connaissait pas, il ne voulait pas laisser cette personne seule alors qu’elle n’allait pas bien.

Finalement l’étudiant se risqua à demander à son interlocutrice s’il pouvait s’asseoir. Il serait peut-être un peu plus à l’aise en se trouvant à la même hauteur qu’elle. Il en profita également pour se présenter à elle. Histoire de montrer sa bonne foi. Une fois qu’il eut une réponse positive de la blonde, Caleb s’asseya en souriant à une distance raisonnable de la jeune femme, face à elle. À son tour elle se présenta. « Enchanté Joyce. » Lui répondit-il toujours avec un sourire aux lèvres. Caleb observa la jeune femme qui semblait faire un exercice de respiration pour se calmer. Il ne parla pas, ne voulant pas la déranger, espérant que ça lui ferait du bien. Cependant au bout d’un moment il remarqua qu’elle tremblait. Il grimaça avant de demander. « Vous êtes sûre que ça va aller Joyce ? Je peux faire quelque chose pour vous aider ? » Il était quelque peu paniqué mais tâchait de ne pas le montrer afin de ne pas compliquer les choses pour la jeune femme. Puis une idée lui vint en tête. « Fermez les yeux Joyce, essayez de respirer doucement. Pensez à quelque chose d’agréable, envoyez au loin tout ce qui est négatif. Et concentrez-vous sur quelque chose qui vous fait plaisir, qui vous donne le sourire, qui vous apaise. » Mister Lloyd ne savait pas si ce qu’il faisait serait concluant mais en tout cas il l’espérait. Et puis comme on dit, qui ne tente rien n’a rien…

Caleb était un garçon trop bon. Ce qui lui avait valu par le passé de se faire marcher sur les pieds par des crétins qui étaient dans les mêmes écoles que lui. Cependant il n’avait jamais pu changer ce trait de caractère chez lui. Bien sûr maintenant il a plus de répartie qu’auparavant et ne se laisse plus faire aussi facilement mais son caractère restera toujours des plus gentils. Surtout dans des moments comme celui-ci où une étrangère est dans une mauvaise passe. Malgré que la jeune femme semblait méfiante et réticente à lui parler, ce qu’il pouvait tout à fait comprendre vu le monde dans lequel on vit aujourd’hui, ils échangèrent tout de même leurs prénoms et elle lui demanda s’il était venu à pied. Le jeune homme ne savait pas pourquoi elle lui demandait ça mais il répondit tout de même. « Oui, vu qu’il fait beau aujourd’hui, je me suis dit que ça serait bien de se promener au parc. Pourquoi cette question ? » Puisqu’il était curieux de savoir, autant poser la question à la blonde. Elle avait certainement une idée en tête pour lui avoir demandé ça. Alors autant savoir ce que c’était.  

Mister Lloyd voyait bien que malgré les efforts qu’elle faisait, la jeune femme ne se sentait pas mieux. Alors il tenta quelque chose, un truc qu’il avait déjà vu à la télévision. Il ne savait pas si ça fonctionnerait mais envoyer des bonnes ondes par la parole afin d’aider cette femme ne pourrait pas lui faire plus de mal. Du moins c’était ce qu’il s’était dit. Après tout l’idée de lui faire imaginer des choses positives parviendrait peut-être à la calmer qui sait ? C’était peut-être idiot tout ça mais pourtant c’était tout ce qui était venu en tête au jeune homme à ce moment-là. Il parlait doucement afin d’essayer d’apaiser Joyce. Après lui avoir dit quelques petites choses il attendit patiemment qu’elle se calme et reprenne la parole. Il ne l’avait pas brusquée et avait souri tendrement quand la blondinette l’avait remercié. Elle semblait déjà aller un peu mieux que quelques instants plus tôt. « De rien Joyce, ça va un peu mieux ? » Lui demanda-t-il curieux de savoir si son idée avait été bonne ou pas. Selon lui, elle paraissait être apaisée puisqu’il ne la voyait plus trembler mais peut-être qu’il se trompait après tout. S’il avait réussi à l’aider ne serait-ce qu’un peu il en serait déjà bien content.  

Visiblement au fil des minutes la jeune femme semblait être moins sur la défensive avec Caleb. Ce qui soulageait ce dernier qui n’avait aucune pensée négative envers elle. Certes ça pouvait paraître suspect, ça il le savait mais non le jeune Lloyd était un garçon bien et ne cherchait qu’à apporter son aide. Voulant savoir pourquoi la jolie blonde lui avait demandé s’il était à pied, il l’avait questionnée pour connaître le fond de sa pensée. À la réponse de la demoiselle il grimaça. « Ah oui, je suis désolé mais effectivement là je ne peux pas vous raccompagner en voiture. » Il était vraiment désolé pour elle mais ne tenait pas vraiment à la laisser repartir seule. Il craignait qu’elle se sente de nouveau mal en chemin. « Mais je peux tout à fait prendre les transports en commun ou un taxi avec vous et vous raccompagner jusqu’à votre porte. » Se rendant compte que là aussi ce qu’il disait pouvait paraître étrange il prit de nouveau très vite la parole pour rajouter. « Mais c’est juste parce que je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose en chemin… Je jure n’avoir aucune mauvaise intention. » Il était important pour lui qu’elle prenne bien conscience du fait qu’il ne lui voulait absolument aucun mal. « Je me sentirais mal de vous laisser partir seule… » Avait-il dit tout doucement dans l’espoir que la jeune femme accepte sa proposition.  Il se sentirait vraiment très mal si elle venait à refuser, il n’aurait pas la conscience tranquille tout simplement.

Mister Lloyd était content de savoir que son interlocutrice se sentait mieux. Il lui fit un geste de la main pour minimiser la chose lorsqu’elle le remercia. « Mais non ce n’était rien. » Certes ça le touchait qu’elle le remercie mais selon lui il n’avait pas fait grand-chose à part être présent et rester près d’elle afin de veiller à ce qu’elle ne se sente pas davantage plus mal. Il ria doucement tandis qu’elle lui avouait avoir eu peur que son aide soit intéressée. « J’avoue que ça m’a fait bizarre de voir que je vous faisais peur mais je peux comprendre ce que vous avez ressenti. Ce n’est rien vous n’avez pas à vous faire pardonner je vous assure. » Évidemment qu’il comprenait parfaitement la jeune femme. Il était même d’accord avec elle lorsqu’elle lui avait dit que peu de personnes auraient agi comme lui. C’était bien triste mais tellement vrai pourtant.