ALEXEE&LEVI ▬ Nice to see you again

Finalement, l’hôpital, ce n’était pas si affreux que ça, en fait. Jamais je n’aurais imaginé exprimer une telle pensée un jour, mais là, c’était probablement la conclusion la plus plausible que je pouvais tirer de ma petite escapade, même si utiliser un tel terme était une parfaite ironie. Évidemment, j’étais conscient que ce n’était pas un hôtel cinq étoiles, bien loin de là, mais me concernant, c’était probablement une des meilleures choses qui pouvaient m’arriver. Dans un hôtel cinq étoiles, j’aurais pu trouver de l’alcool, même quelqu’un pour me vendre de la drogue. Dans un hôtel cinq étoiles, j’aurais été laissé à moi-même, avec un service aux chambres présent pour répondre à mes caprices sans se poser quelconque question sur le bien-fondé de ceux-ci. À l’hôpital, personne ne se pliait à mes caprices. C’était plutôt moi qui se pliait aux caprices des gens qui passaient pour voir si tout allait bien, en prenant un médicament quelconque, en allant marcher un peu pour voir si cela n’avait pas d’effets secondaires, en me soumettant à un examen ou un autre. Mais limite, cela ne me gênait pas, parce que je savais que pour une fois dans ma vie, je n’étais pas laissé seul à moi-même, et que même si ces gens ne savaient pas qui j’étais, ne se rappelleraient probablement même pas de moi une fois que je serais reparti au centre de désintoxication, au moins, là, tout de suite, ils prenaient soin de moi. Et ça, personne ne l’avait jamais vraiment fait avant cela, je m’en rendais compte. De ce fait, je ne m’en plaignais pas, même si évidemment, je ne me voyais pas passer des mois en ces lieux. Je prenais juste le temps qu’il fallait pour essayer de me remettre lentement, mais sûrement de ce qui s’était passé précédemment, dans l’espoir que cela me donne une base convenable pour me prendre définitivement en main, et devenir clean une bonne fois pour toutes. Je savais que l’enjeu dans le cas présent était élevé, mais j’avais quand même envie d’y croire.

Cependant, puisque les médecins n’étaient pas encore complètement convaincus que c’était une bonne idée de me laisser partir, qu’importe si je serais surveillé par la suite ou pas, c’était une autre journée qui passait en ces lieux, avec une routine qui, je devais l’admettre quand même, n’avait pas grand-chose de bien intéressant. Après le petit-déjeuner du matin, on me fit passer de nouveau quelques examens, avant de me faire une prise de sang et me laisser à moi-même encore une fois. Puisque maintenant, on me le permettait, j’avais décidé de prendre mon téléphone portable, premièrement pour envoyer un message à Savannah, puis ensuite à une de mes amies, Alexee, une des rares personnes que j’appréciais, pour la prévenir de la situation, ce que je n’avais pas encore été en mesure de faire avant aujourd’hui. Enfin, je ne lui dis pas exactement ce qui était arrivé, jugeant que c’était peut-être un peu trop compliqué à écrire, mais l’essentiel fut que je l’avais tenue au courant et qu’elle ne pouvait pas dire que je l’avais laissée dans le flou. Sa réponse ne se fit pas attendre, puisque rapidement, elle se proposa même pour venir me payer une visite. Évidemment, puisqu’elle était la seule avec Savannah à le faire, je fus touché de l’intention, même si je n’insistai pas, histoire de ne pas la forcée à quoi que ce soit. Malgré tout, puisqu’elle semblait décidée à le faire, je ne m’y opposai pas non plus, même si je ne lui donnai pas d’heure ou quoi que ce soit, parce que la dernière chose que je voulais, c’était qu’elle commence à chambouler son emploi du temps pour cela. Je pris donc pour acquis qu’elle viendrait quand elle aurait un moment, alors je préférai ne pas rester là à l’attendre, décidant d’allumer la télévision qui se trouvait dans ma chambre pour voir s’il n’y aurait pas quelque chose le moindrement intéressant à regarder pour passer le temps.

Finalement, la télévision eut pour effet de m’occuper pendant un petit moment, même si ce que je regardais était relativement banal. En vérité, cela ne me chicotait pas plus qu’il le fallait. Plus encore, je me rendais compte que c’était une des rares fois que je portais vraiment attention à la télévision et à ce qui s’y passait alors que j’étais seul. En temps normal, quand je l’allumais chez moi, c’était pour avoir un son de fond, un peu de vie dans la demeure parce que sinon, si jamais je n’étais que seul avec moi-même, c’était beaucoup trop silencieux, limite angoissant. Et puis, quand je me décidais à me poser devant, c’était bien souvent après avoir consommé, faisant en sorte que je la regardais sans vraiment la regarder, me contentant de regarder les images défiler et le son s’échapper des hauts-parleurs en n’associant pas les deux dans ma tête. En fait, les seuls moments où je la regardais en portant attention, c’était quand Haley me demandait de regarder un film, ou bien une série qui lui plaisait. Là, je ne me faisais clairement pas prier pour le faire, devenant limite un expert des comédies romantiques ou des séries destinées aux petites filles. Et ça, ça ne me gênait pas, même si je ne m’y adonnais pas en son absence, parce que cette activité perdait tout son sens. Mais là, dans cette chambre d’hôpital, alors qu’il n’y avait pas grand-chose à faire, je retrouvais le plaisir de regarder la télévision, ce plaisir que ma mère m’accordait que trop peu souvent quand j’étais enfant, parce que la télé, ça prenait de l’électricité et ça coûtait cher. Je regardai un documentaire sur les animaux, le résumé des derniers matchs de baseball qui avaient eu lieu la veille, bref, je passais le temps comme je le pouvais. Je m’arrêtai que lorsque le médecin vint à ma rencontre, puis lorsqu’on vint me laisser le repas du midi, mais après cela, je vis plus ou moins le temps passer. Ce ne fut qu’en fin d’après-midi que je me lassai de cela, éteignant l’appareil en prenant mon téléphone, histoire de voir si j’avais eu des messages. Rien du tout, pas même de la part d’Alexee. Je ne lui en voulais pas, jamais je ne pourrais lui en vouloir alors qu’elle avait la bonté de venir me visiter à l’hôpital, selon ses dires, mais pendant un bref instant, j’avais été curieux de savoir si elle viendrait aujourd’hui, ou bien le lendemain. Un ou l’autre ne me gênait pas, mais j’aurais préféré savoir si je me devais de l’attendre, évidemment. Au bout du compte, je n’eus pas à l’attendre bien longtemps; alors que je ne m’y attendais pas vraiment, la porte s’ouvrit, mais plutôt de laisser entrevoir une infirmière ou un nouveau médecin, je vis mon amie. À ce moment, un large sourire se forma sur mes lèvres, un comme rarement j’avais eu depuis bien longtemps, me semblait-il. Sans me faire prier, je lui répondis:  « Salut ! » Ne pouvant m’empêcher de remarquer qu’elle avait les mains bien remplies pour une simple visite à l’hôpital. Cependant, avant que je puisse la questionner à ce sujet, elle renchérit en venant me demander directement la raison de mon séjour en ces lieux. D’une certaine façon, cela ne m’étonna pas, compte tenu du fait que je n’avais pas voulu le lui expliquer via SMS, la chose étant trop compliquée à mon avis pour ce faire. Par contre, me sentais-je vraiment d’attaque à lui déballer tout ça immédiatement ? Je n’étais pas certain que dans les circonstances actuelles, c’était vraiment le mieux. Je me permis alors de lui répondre:  « Je vais tout te raconter, je t’assure. Mais avant, fais-moi plaisir et installe-toi. » D’un geste de tête, je lui désignai la chaise qui se trouvait à côté du lit tandis que de mon côté, je me redressais quelque peu dans celui-ci, histoire d’être un peu plus présentable, quand même. Puis, j’ajoutai:  « Et tu peux poser tout ça sur la table si tu veux. » Après tout, ce n’était pas comme si j’avais eu une tonne de cadeaux depuis mon arrivée à l’hôpital à exposer. La vérité était que je n’avais rien du tout pour le moment, mais je ne m'en complexais pas vraiment, n’attendant pas quoi que ce soit de personne. Cependant, puisque là, mon amie me laissait plutôt curieux, je ne me vis pas faire autrement que de lui demander:  « Qu’est-ce que tu as apporté là, d’ailleurs ? », prenant pour acquis que ma question n’était pas déplacé, et n’oubliant pas évidemment que sûrement, après qu’elle y ait répondu - si elle y répondrait - il me faudrait tout lui raconter. Mais une fois qu’elle serait installée, je sentais déjà que je n’aurais aucun souci à le faire.