Jealous ? I don't know what you're talking about.

Un patient tentait-il de se lever sans aide ? Avait-il du mal à attraper son bol de soupe qui était juste à côté de lui, sur une table tout près, mais qui lui semblait inaccessible ? C’était fort probablement ce que se disait les gens qui passaient non loin de la chambre, en entendant des grognements étouffés, des bruits sourds, pour finalement se convaincre qu’il n’y avait rien de grave et qu’ils pouvaient continuer leur chemin sans trop de problème. Parce que les gens, ils étaient égoïstes comme ça. Les gens, ils se soucient de ne pas grand-chose, sauf leur bien-être personnel. Et autant je trouvais cela parfois pathétique, surtout quand cela venait entraver une enquête, là, dans le cas présent, j’en étais bien contente. Parce que ces grognements, ils n’avaient rien à voir avec une quelconque difficulté. Ils trahissaient un plaisir partagé, un plaisir que je prenais à rouler les hanches au-dessus d’un homme en uniforme, un infirmier de ma connaissance, attrapé dans un coin, pour satisfaire vite fait un besoin qui n’avait pas été comblé depuis un temps qui paraissait que trop long maintenant. C’était risqué, mais c’était excitant, et puis, ce n’était pas comme si on ne faisait pas des efforts. Évidemment, le fait que j’aie choisi de porter une robe venait grandement aider à la subtilité, mais parfois, avec les bruits, c’était plus difficile, surtout quand on était douée comme moi pour procurer du plaisir à son partenaire. Et apparemment, cela finit par déranger au moins une personne, le voisin de chambre, temporaire. Temporaire parce qu’une fois terminé, nous allions reprendre nos occupations. C’était ce que je prenais pour acquis, c’était ce que je comptais faire. Jamais je n’aurais cru que mes plans allaient foirer en un coup de rideau sec, parce que le voisin de chambre, c’était une personne de ma connaissance. Évidemment, en le voyant, en l’entendant, je sursautai, mais je n’en fis pas tout un cas, me radoucissant dès que je vis de qui il s’agissait, ou plutôt, me rappelant de la dernière fois que nous nous étions vus, cette fois où il m’avait limite dit qu’il serait plus simple pour lui que je sois une vulgaire prostituée, sans y donner suite, comme s’il le pensait vraiment. Je savais que j’aimais bien prendre mon pied, mais j’aimais aussi être respectée un minimum. Et si lui, ne savait me respecter, alors je ne voyais pas pourquoi je ferais de même. Sans broncher davantage, je continuai ce que je faisais, soit chevaucher mon ami. Puis, impassible, je répondis à sa question, entre deux soupirs:  « Pourquoi ? Tu veux te joindre à la partie ? » J’avais fait exprès de tenir mes propos ainsi, seulement pour y ajouter:  « Ah non, c’est vrai… Vaut mieux pas qu’on se voit. » Détournant mon attention de sa personne, je terminai ma petite affaire, mon partenaire aussi. Mais lui, plus marqué par la présence d’un tiers parti que moi, ne tarda pas à se rhabiller, puis quitter les lieux. Ce n’était pas tout à fait charmant, mais au moins il avait été poli. Replaçant ma robe convenablement en remettant ma culotte dessous, soit le seul tissu que j’avais enlevé, je me levai, reportai mon regard sur Josh, et la tête penchée sur le côté, je demandai:  « T’as un problème ? » Je n’allais quand même pas lui demander ce qu’il faisait en ces lieux, puisque je le savais, puisque nous en avions discuté, alors je supposais que l’opération avait bel et bien eu lieu. Et pour le moment, c’était le plus diplomatique, moins provocateur, que j’avais trouvé à lui demander.

Satisfaite et détendue, je me trouvais relativement calme à la vue de Josh, à la vue de ses commentaires sur quelque chose qui ne le regardait pas à la base. Après tout, je faisais ce qu’il voulait, il connaissait ma nature, ma façon de vivre, et s’il n’avait pas voulu y adhérer, c’était son problème, et pas le mien. Plus encore, s’il refusait de le comprendre et l’accepter, alors rien ne m’obligeait à venir l’écouter parler. Mais comme s’il pensait pouvoir se le permettre, il se mit à râler, comme s’il cherchait à ce que je sois encore son épaule pour pleurer. Ça ne marchait pas comme ça; ce n’était pas parce qu’il voulait me traiter comme sa pétasse de service que moi, je devais accepter de me faire traiter ainsi. Et compte tenu qu’il semblait prêt à continuer à me considérer de la sorte, il allait devoir l’assumer, assumer les conséquences de ses paroles. Parce que moi, je n’avais jamais demandé à me faire considérer de la sorte. Je savais que j’étais peut-être plus facile que certaines femmes, et je n’avais pas de complexe avait ça, mais j’avais droit à un minimum de respect. Et venant d’un ami que j’appréciais, c’était encore plus cruel, mais surtout encore plus dégueulasse. Trop blessée et énervée pour rester stoïque à ses propos, j’eus un air plus froid, plus austère, et je lui dis:  « T’as qu’à t’acheter des amis à qui pleurnicher tes malheurs avec. » Parce que non, ce ne serait plus moi, pas tant qu’il saurait me considérer autrement. Et le pire dans tout ça, c’était que je ne comprenais pas vraiment pourquoi il agissait de la sorte. Qu’avais-je fait de si mal pour qu’il me traite comme ça ? Ça ne pouvait pas être que par ce qu’il avait vu. Il y avait quelque chose qui trainait depuis ce dernier moment que nous avions passé ensemble. Depuis ce temps, aucune nouvelle de lui, rien du tout. Évidemment, je ne niais pas que cette scène n’avait pas vraiment aidé, mais c’était plus profond que ça, et pour ça, c’était plus difficile à supporter. Ce n’était pas drôle, ça n’avait rien d’une blague, je le sentais bien. Mais qu’est-ce que c’était ? Voilà ce que, sur les nerfs, je ne parvenais pas tant à déchiffrer, ce qui me valut de dire, à la place:  « En fait, tu avais raison. Il vaut mieux qu’on ne se voit plus. Je ne traine pas avec des connards. » Est-ce que je cherchais à le provoquer ? Peut-être, d’une certaine façon, même si je pensais ces mots, dans le sens où je voulais le secouer concernant son comportement, et peut-être lui faire comprendre que ce n’était même pas pour le plaisir, mais que j’étais sérieuse, et surtout profondément dégoûtée.

Étais-je en train de me borner à croire que Josh ne me voulait que du mal, ou étais-je en train d’entendre que même si c’était moi qui était supposément en tort, c’était lui qui se donnait le droit de me traiter comme une vraie merde ? Qu’importe ce qui en était vraiment, une chose était certain, c’était que ça ne pouvait marcher avec moi. Ses caprices, parce que pour moi, c’était ce qu’il était pile en train de faire, des caprices, ça ne marchait pas. Je n’étais pas sa chose, je ne le deviendrais jamais, et par conséquent, il n’avait aucune raison d’agir ainsi. Dans ma tête en fait, ça en était même incompréhensible. Mais avant que je puisse lui demander directement pourquoi il agissait de la sorte, je le compris, par ses propos. Il était possessif, il ne voulait pas que je sois à qui que ce soit d’autre. Et en fait, c’était même plus que ça.  « T’es jaloux. » Voilà ce qu’il était, il n’y avait pas d’autre explication possible, comme je venais de l’affirmer, alors qu’il était sur le point de partir, certaine que ce serait suffisant pour le faire arrêter. Et si ce n’était pas suffisant, il n’allait pas s’en sortir aussi facilement. En effet, je ne me fis pas prier pour en ajouter une couche, la tête penchée légèrement sur le côté, les bras croisés sous ma poitrine:  « T’es jaloux parce que pour toi, je ne suis pas qu’une simple coucherie. » Qu’étais-je précisément ? Je ne saurais le dire par contre. Peut-être étais-je une amie, peut-être était-ce plus que ça. Honnêtement, je n’étais pas certaine que je voulais le savoir, parce que je ne voulais pas me faire déstabiliser par ce qui en était vraiment. Ne lui laissant par l’occasion de me contredire ou de préciser le propos, j’ajoutai à la suite:  « Et plutôt que de l’admettre, tu te rétractes et tu me repousses. » En mon sens, il n’y avait pas tant d’autre explication, au vu de ce qu’il avait dit, au vu de son comportement. Et sur ça, j’étais pas mal sûre, compte tenu qu’après tout, c’était mon métier, je connaissais Josh. Il lui restait donc très peu d’options pour se dérober, sauf prendre la fuite, ce qui viendrait en dire pas mal plus long sur ce qu’il pouvait penser que certains pouvaient l’imaginer.

Je n’aimais pas perdre la face, je n’aimais pas avancer quoi que ce soit si je n’étais pas certaine de ce que je disais, si je n’étais pas certaine d’avoir raison. Et là, je savais que j’avais raison, sauf que ça ne me rendait pas fière, ça ne me confortait d’aucune façon. En vérité, je préférerais avoir tort. C’était idiot de penser ainsi, mais j’avais envie de croire que pour une fois, j’avais mal interprété le comportement, les propos de mon ami, et qu’en fait, la réalité était tout autre. Parce que je ne voulais pas que ça devienne gênant, parce que je ne voulais pas me retrouver avec un plus gros problème sur les mains qu’en ce moment. Parce que des histoires complexes comme la nôtre présentement, c’était un problème à mes yeux, à défaut de pouvoir le qualifier autrement. Et le plus triste, c’était que je n’avais pas tort, c’était que j’avais raison, et que la réalité était pire que ce que je croyais. Le fait qu’il soit simplement jaloux, j’aurais pu faire avec. Ç’aurait peut-être pris un bref temps d’adaptation, mais j’aurais fini par me faire à l’idée qu’il n’aimait pas que je sois avec d’autres, en me sentant spéciale, privilégiée. Non, ce n’était pas suffisant, ça ne pouvait être aussi simple. Il était amoureux de moi, selon ses mots. Et ces mots je ne les aimais pas. Je ne les aimais tellement pas que limite, ils me faisaient mal, me faisaient grimacer. Ils me faisaient mal parce que je ne savais pas quoi y répondre, et je n’étais pas une personne qui appréciait le fait de perdre le contrôle de sa contenance, comme c’était en train d’arriver. Croisant mes bras sur ma poitrine, signe que j’étais en train de me rétracter, je ne sus que lui demander:  « Et qu’est-ce que tu attends de moi, en fait… ? » J’avais tenté de garder ma composition pendant le processus, même si je savais bien que tout ça, pour moi, n’était pas normal. Si cette conversation avait été typique pour moi, je me serais probablement mise à rire ou quelque chose du genre. Sauf que là, je ne restais pas insensible, je ne comprenais pas pourquoi, et ça m’énervait, comme ça m’avait énervé, le fait que Josh me maltraite ainsi. Et c’était malsain, mais je ne savais m’en détacher. Pourquoi ? Comment ? Voilà les questions auxquelles je ne parvenais pas à trouver de réponse, me plongeant dans un cercle vicieux de questions et frustrations dans lequel je venais de plonger, dans lequel je m’enfonçais de plus en plus profondément, sans savoir si j’allais parvenir à remonter à la surface.

Au vu du précédent discours de Josh, la suite était attendue, mais encore une fois, elle ne me plaisait pas, pas un seul instant. Ça sonnait comme un mélodrame, et toute suite pourrait transformer cette histoire en une comédie romantique. Bref, exactement le genre de chose que je n’aimais pas, mais pas du tout. Et ce qui m’angoissait le plus, c’était que je m’en faisais, que cette histoire, elle me rendait nerveuse, et que la possibilité que mon ami aie des sentiments pour moi me donnait l’impression que tout était tout simplement gâché, et que cette discussion que nous avions, ce serait la dernière. Et même si peut-être ce serait le plus simple, le plus logique pour ne pas se faire mal l’un et l’autre, il n’en demeurait pas moins que ça ne me faisait pas envie. Parce que oui, Josh et moi avions eu nos différends, et non, je n’allais pas lui pardonner de si tôt la façon dont il m’avait traitée, même si maintenant, il m’avait expliqué pourquoi. Et à cette idée, je devins nerveuse, ce qui ne m’arrivait jamais, ou du moins, peu souvent, pas assez pour que je sache comment réagir. Et justement, là, tout de suite, je ne réfléchis pas, me trouvant donc à dire:  « Tu peux pas être sérieux, c’est pas possible… » Non pas dans le sens où je pensais qu’il était en train de plaisanter, mais parce que je pensais qu’il devait avoir l’esprit brouillé, qu’il pensait n’importe comment et que finalement, c’était ce qui l’avait poussé à tenir un tel discours. Cherchant donc à lui prouver, ou du moins, pensant que c’était la façon de lui prouver que c’était un ramassis de conneries, son histoire d’amour, je m’approchai, puis avec violence presque, je glissai mes doigts au niveau de sa nuque, le forçant à approcher son visage du mien pour échanger un baiser. Comment ? Je ne savais pas. Tout ce que je voulais, c’était le sentir réagir d’une façon ou d’une autre, le réveiller, le secouer. Bref, quelque chose qui pourrait me faire comprendre que ce n’était pas ce qui était similaire, pour moi, à un cauchemar, probablement encore plus horrible que de se faire insulter à tout va.