Hystériques, elles sont toutes hystériques ! ♠ Carter

La routine. Je déteste la routine mais c’est ce que je dois faire pour cacher le fait que je protège une famille. Horrible. Je secoue la tête et bois mon café en hochant la tête au mec qui me raconte son week-end end. Je n’en ai rien à foutre mais je n’ai que ça à faire. Je hoche la tête. C’est cool sa vie, vraiment, je n’aurais pas mieux à raconter. Entre le fait de sortir avec Solora et son mioche, de faire attention à qui elle parle ou autre, ce n’est pas vraiment un week-end de tout repos. Puis les entendre parler, quasiment tout le temps alors qu’avec mon chien, on n’en a pas l’habitude, c’est chiant. D’accord ça fait un moment qu’ils sont avec moi mais je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’ils sont chez moi, qu’ils vont y rester un moment et que le silence dans la maison sera banni pendant un temps. « Hein ? » Je lève les yeux vers le petit jeune et arque un sourcil, en fait je ne l’écoute pas donc je ne peux pas savoir ce qu’il m’a posé comme question. « Et toi, ton week-end ? » Ah… Il veut que je lui parle, mais je n’en ai pas envie. Vraiment pas. Après tout ça me regarde et parler de ma vie privée ne le regarde pas. Je suis prêt à le faire lorsque j’entends des cris, enfin des paroles assez fortes, apeurées également. Je m’excuse auprès de mon collègue et me dirige vers l’entrée du bâtiment de police. Une jeune femme, brune, affolée presque, qui essaie de dire quelque chose. Je vois le chef arriver mais je ne sais pas pourquoi, je prends les devant, peut-être parce que cette femme me rappelle Solora. Je me pose devant le comptoir et regarde la jeune femme en souriant légèrement. « Bonjour, je suis l’officier Forrest. Reprenez votre souffle et dites-moi ce qu’il vous arrive. » Généralement quand les gens entendent ce prénom, ils ont toujours cette blague à la con sur le bout de la langue, mais dans le cas de cette femme, j’espère que ça la calmera pour m’expliquer ce qui la met dans cet état. Puis les femmes ont toujours le don de dramatiser tout, donc je me méfie et pour cause, j’en ai une à la maison qui pourrait faire le même coup et en faire tout un plat alors que ce n’est pas grand-chose. Mon regard plonge dans le sien et je sens les regards derrière moi, je me retourne pour voir le fameux collègue qui raconte sa vie, ainsi que mon « supérieur » qui couvre mes arrières sur ma couverture actuelle. Je fais le tour du comptoir et dirige la jeune femme vers un bureau, histoire qu’on ne soit pas dérangé et que personne n’écoute la conversation, qui sait, c’est peut être très privé et elle ne veut pas s’étaler sur le sujet. « Vous voulez un café, un thé ? De l’eau ? » Commencer par les bases, après tout, ça l’aidera à remettre ses idées en place. Je prends place en face d’elle, faisant un signe au plus proche collègue d’apporter une boisson de chaque, elle pourra choisir comme ça. Je pose mes coudes sur la table, joignant mes mains et l’observe, prenant mon air d’enquêteur. Pas question que je me laisse ramollir par les yeux doux d’une jolie femme brune. « Comment vous appelez-vous ? » Il fallait absolument que je puisse la faire parler pour amorcer le sujet pour lequel elle était venue, enfin peut être que je ne lui en laissais pas l’occasion, du coup, j’optais sur le fait de me taire, peut être qu’elle redeviendrait hystérique comme il y a quelques minutes pour me dire pourquoi elle est là. Je jetais un œil derrière moi et compris que j’en étais là pour un moment en voyant les regards et sourires de mes collègues. Sympa. Affichant un semblant de sourire sur mon visage, je tournais la tête vers la jeune femme sans dire un mot de plus. J’avais assez fait d’effort pour l’instant, c’était à elle de me dire ce qui n’allait pas maintenant.

Avec la nouvelle grossesse, j’éprouvais facilement de la fatigue, ce n’était pas une chose tant agréable sachant bien que je devais travailler pour deux. Au fond de moi, j’en voulais à Declan de ne pas se bouger le cul pour se trouver un emploi, qu’il soit minable ou non. Dès que je rentrais chez nous, j’étais attendrit pendant un bref instant, le regardant s’occuper de notre fils, mais bien vite la terrible réalité venait me rattraper. Qu’est-ce qu’on deviendrait si on restait ainsi ? J’essayais tant bien que mal de ne pas penser à tout cela. Si je continuais, je savais que rien de bon s’échapperait de tout ceci. Penser à tout cela, créait encore plus de fatigue, un épuisement qui semblait sans fin. Comme pratiquement tous les jours où je ne travaillais pas, je m’autorisais une sieste en même temps que Steve. Ça avait quelque chose d’apaisant et ça me rappelait ces moments où on était que tous les deux. Cette période où il n’avait pas encore de berceaux et que je le faisais dormir près de moi. Je me sentais toujours plus confiante quand je le savais près de moi, mais en ouvrant les yeux, je ne trouvais plus mon fils. Il avait disparu je ne sais où ! Me levant, je faisais le tour de l’appartement, rien. Je recommençais, j’avais peut-être oublié un endroit. Toujours rien. Je sentais la panique m’envahir, criant le prénom de mon fils dans tout le logement, je prenais mon portable ainsi que mon manteau et c’est sans plus réfléchir que je me dirigeais vers l’endroit qui me paraissait le plus logique en vue de mon état à ce moment précis. Je franchissais la porte du poste de police, me dirigeant vers le comptoir. J’avais beau ne pas être grande, quand je m’inquiétais pour mon fils je pouvais être plus redoutable qu’un dinosaure. « Puis-je vous aider ? » me demandait l’homme derrière le comptoir. Il ne devait pas s’attendre à devenir un véritable punchingball aujourd’hui. « Il a disparu ! » disais-je d’une voix animée. Il tentait de me faire parler, mais l’inquiétude l’emportait sur tout le reste, je n’arrivais pas à dire autre chose que ces trois mots, n’élaborant pas, mais haussant de plus en plus le ton de ma voix. Un homme arrivait près de nous et je le toisais presque comme si c’était le kidnappeur de mon fils. Il m’abordait de façon diplomate, mais j’en avais que faire. Je croisais mes bras sous ma poitrine, l’observant avant de souffler un bon coup. « Il a disparu que je vous dis. » L’envie de traîner l’autre officier d’incompétent me brûlait les lèvres, mais je me retenais. Inutile que je fasse un coup d’état, quoi que je pusse toujours allez à la maison blanche et exiger que toute l’infanterie militaire se mettent à la recherche de mon petit Steve. Il devait avoir si peur à cet instant, seul sans sa mère. Si je mettais la main sur celui qui avait voler mon garçon, j’allais lui broyer les bijoux de famille. Ne jamais énerver une maman enceinte ! Continuant de toiser l’homme, je me décidais tout de même à le suivre jusque dans un bureau clos. S’il pensait que ça pouvait m’arrêter, il faisait fausse route ! « De l’eau. » répondais-je avant de prendre place devant le bureau, posant mon sac à main sur la chaise près de moi. Une fois dans le silence de la pièce et assise, je sentais tout ce qui me rendait forte partir en fumer. Une larme roulant sur ma joue, je m’empressais de la faire disparaître du revers de ma main. Inutile qu’il remarque cette faiblesse et pourtant, je sentais un flot de larme me monter aux yeux. « Carter Barrow… Gardner. » Je n’avais pas encore l’habitude qu’on m’appelle par le nom de mon mari. Peut-être aussi l’avais-je dit pour que le nom Barrow le fasse réagir. Mon père étant bien connu, ça pouvait faire accélérer les choses, tout du moins je l’espérais. Regardant mes doigts, je prenais une grande respiration : « Je crois qu’on a kidnapper mon fils. » disais-je finalement, tentant de cacher le tremblement dans ma gorge qui rendait ma voix si incertaine. Peut-être qu’on s’en était pris à Steve à cause de mon père ? Je secouais la tête pour chasser cette idée.

Ce n’était pas mon jour. Après avoir quitté une femme hystérique à la maison, je me retrouvais avec une autre femme tout aussi folle au boulot. Franchement, pourquoi ce genre de merde m’arrivait ? Mais bon, je devais aussi faire ce boulot, après tout, j’avais conclu ce pacte avec mon supérieur. Il fallait cacher les apparences mais bon, gérer une femme qui ne sait pas ce qu’elle dit et qui s’agite plutôt que de parler, je pouvais m’en passer. J’arrivais donc vers elle en demandant ce qu’elle avait. Disparu. Lui. Mais qui plus précisément, je ne savais pas. En fait je n’avais pas le temps de lui poser la question car elle ne cessait de répéter ces mots. J’ouvris la bouche plusieurs fois, levant la main pour la poser sur son épaule aussi mais je me ravisais, je ne voulais pas me prendre une retournée de gifle monumentale car j’avais osé poser mes mains sur elle. Je laissais mes mains retomber le long de mon corps pour essayer de trouver une solution à son problème et surtout pour que j’en place une. Je l’emmenais à part des regards des autres agents et surtout pour que la conversation reste entre nous si c’était trop délicat. Une fois seuls, je m’assis en face d’elle, prenant une respiration bien longue pour m’exprimer et lui demander enfin ce qu’elle avait. J’eus le droit aux mêmes mots. Super. « Je peux vous demander qui a disparu, madame ? » Car si elle ne m’en disait pas plus ça pouvait être tout et n’importe quoi. Un chien, un chat, un hamster et pourquoi pas sa grand-mère aussi. Alors avant de m’alarmer et de déclencher quelque chose je me devais d’avoir toutes les informations à ma disposition ! Je demandais de l’eau pour cette jeune femme et tournais ma tête vers elle afin de scruter son regard. Je me devais d’être patient avec ce genre de personne. Après tout, je ne savais pas du tout ce qui se passait dans sa vie et la brusquer n’était pas la meilleure des choses à faire, alors j’attendais en faisant trembler ma jambe. J’ai ce tic quand ça ne va pas assez vite à mon goût quand ça ne va pas ou bien quand je suis impatient et que je dois évacuer le stress ou l’exaspération qui est en moi. Je sortis un stylo et un morceau de feuille de ma poche et notais les informations dont j’avais requis jusque-là. Soit : Il a disparu. Je mis un point d’interrogation à côté pour me dire que pour l’instant je n’avais pas l’identité du disparu. Puis je notais son nom entier, enfin je savais comment appeler cette jeune femme, ça allait être plus facile maintenant. Enfin je l’espérais. « Très bien Madame Gardner, est-ce que vous pouvez me donner plus de détails sur votre venue ? » J’étais prêt à écrire la suite quand sa phrase me surpris. Je levais le regard vers elle, plantant mes yeux dans les siens pour y déceler un trouble ou bien un mensonge, mais non c’était véridique. Je l’avais déjà eu ce regard et plus d’une fois à chaque fois où je ne savais pas où se trouvait son fils, à Solora, donc autant dire que ça ne déconnait plus à partir de maintenant. Je me redressais sur mon siège puis me penchais vers Carter, joignant mes deux mains ensembles pour essayer de la faire parler. « Vous dites qu’il a été kidnappé, en êtes-vous sûre ? Tout d’abord quel âge a-t-il ? » C’était plus qu’important de savoir son âge par rapport au dispositif de recherche qu’on allait installé s’il y en avait besoin. « Quand l’avez-vous pour la dernière fois aussi ? » Ces deux choses que je demandais étaient ce qu’il y avait de plus normal et surtout de primordial. Sans ça, je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour le retrouver ou pour savoir où il pouvait être. « Vous êtes sûre qu’il n’est pas avec quelqu’un de votre famille ? A l’école ? La crèche ? » Je pressais un peu les questions, il fallait que cette chère maman se réveille et me parle plus si elle voulait que je retrouve son fils. D’accord, je n’étais plus tellement patient mais je m’en foutais, il s’agissait de la vie d’un enfant après tout et qui ne réagirait pas de la sorte ?