It is a pack + Lukyan & Johan

Lukyan n’avait réellement qu’une hâte en cette année scolaire, c’était réellement que celle-ci prenne fin. Il devait l’affronter, la dernière, la plus difficile, semée d’embuches et d’examens en tout genre. Voilà presque trois ans qu’il était dans cette école et il en avait réellement marre. Son seul plaisir restait le sport, le journal du lycée et surtout ses amis. D’un autre côté, heureusement qu’il avait encore le temps car il ne savait décidemment pas où il irait. En économie pour faire plaisir à son père en acceptant un jour de reprendre l’entreprise familiale lui assurant un avenir tout tracé ? En Art et théâtre pour faire plaisir à sa mère et continuer dans cette carrière de célébrité qu’elle tentait de lui construire… Ou en journalisme pour remplir ses rêves à lui, sa lubie du moment préférant jouer la carte de l’insécurité ? Il avait finalement encore quelques mois pour réfléchir et ça lui convenait.

Et puis Lukyan se plaisait bien au lycée, il n’était pas le plus populaire mais il faisait tout de même partie des têtes connues, sans jamais avoir eut à jouer les gros durs ou les causeurs de problèmes, mais par sa sympathie, son sens de la fête et tout de même peut-être un peu son nom. Pourtant, en rejoignant un lycée classique, Lukyan avait espéré que ce genre de détails n’entrerait pas en compte mais il fallait croire que si… Malheureusement. Enfin, ce n’était pas non plus que pour ça qu’on venait lui parler. Lukyan essayait d’être plutôt sympa avec tous le monde, bien-entendu il n’aimait pas chaque élève de cette école bien au contraire, et ses nombreuses conquêtes ont malheureusement finies par entacher cette résolution, mais il n’allait pas harceler les élèves plus faibles ou différents, au contraire il les trouvait intéressant. Et il essayait de les connaitre.

C’était le cas avec un jeune garçon du lycée. Jeune était le mot adéquat, il s’agissait d’un p’tit gars de treize ou quatorze ans qui par on ne sait quel miracle s’était retrouvé au lycée. Lukyan n’avait jamais su s’il était surdoué ou autre, mais il se disait que c’était ça et s’en fichait un peu. Il se disait que ce p’tit mec devait déjà assez se sentir différent pour qu’une personne de plus le bombarde de question sans compter qu’il avait quand même un certain tempérament qui plaisait au brun. Il lui rappelait un peu Kjostel dans ses débuts et même si Johan essayait de repousser Lukyan, celui-ci n’abandonnait pas l’idée d’être sympa et le voyait comme son petit frère.

Lukyan quittait justement son cours pour profiter de la récréation afin de passer un coup de téléphone important. Il laissait Kjostel et ses autres amies ensemble pour quitter les couloirs de l’établissement et rejoindre la cours de récréation. Le nez plongé sur son portable, il n’avait d’abord pas vu l’agitation se déroulant à quelques mètres de lui. Ce n’est qu’en entendant plusieurs rires idiot, qu’il avait levé le nez de son écran pour voir d’où provenait toutes ces voix. Il ne fut pas étonné de voir qu’il s’agissait des éternels même idiots qui continuait toujours à faire chier leur monde. Seulement, lorsque Lukyan reconnut son petit protégé se faisant bousculer au milieu de ce groupe, Lukyan vit rouge. Il était ainsi le jeune Droski, s’il appréciait une personne, il la protégeait coute que coute. Il avait rangé son téléphone, avait foncé s’immisçant au centre du cercle pour se mettre devant Johan. « Laisse le tranquille. » prononçait-il froidement. Il avait beau être entre quatre personnes, Lukyan ne voyait pas le risque lorsqu’il s’agissait de protéger ses amis. Et puis dans ce genre la règle était simple frapper le plus proche, les autres ne sauront pas réagir. « Dégage et laisse nous rigoler avec cette p’tite merde qui manque de respect. » Lukyan serrait les poings et voyait rouge, ne se retenant plus il envoyait un coup de poing en plein dans la mâchoire de cette idiot qui reculait de quelques pas, avant se jeter sur lui pour lui en mettre un autre. Cependant, l’idiot trop surpris et ne voulant pas méler la direction de l’école à ça, préféra partir avec ses potes en promettant à Lukyan qu’il se vengerait. Il se tournait alors vers ce p’tit mec qui lui dirait surement qu’il n’avait pas besoin d’aide. « Ca va.. ? »

Malgré les quelques mois depuis lesquels le jeune garçon était en ville, il ne se sentait pas pour autant à sa place. Peut-être parce qu'il n'avait aucun endroit à lui, comme une maison par exemple. Chacun de ses camarades rentrait chez lui le soir, au chaud pour retrouver ses parents ou tout du moins sa famille. Johan lui, quittait les cours avait comme seul objectif de se trouver un endroit où dormir. Pas trop froid, pas trop humide, mais il n'était clairement pas en position de négocier quoique ce soit. Avec le temps, il s'était contenté de ce que lui offrait la ville. Un squat, une station de métro, tout ce qui pouvait lui permettre de voir le jour se lever tous les matins.


Petit à petit, il s'était éclipsé du lycée sans que personne ne s'en rend vraiment compte. Au bout d'une semaine la direction avait tout de même daigner joindre les personnes à contacter en cas d'urgence. Manque de chance, c'était le jeune allemand qui avait rempli cette fiche, et bien évidemment, n'ayant aucune famille, il s'était amusé à y mettre de faux numéros ainsi qu'une fausse adresse. Tout pour faire croire qu'il n'est qu'un élève comme tous les élèves. Mais la vérité est bien loin de ce récit utopique.


Au fil des jours qui défilaient, Johan s'enfoncait encore un peu plus dans son mal-être. Venir au lycée était déjà une tâche compliquée pour un gamin de son âge. Il avait beau être surdoué, pour lui tout cela n'était qu'un handicap contrairement à tout ceux qui l'enviaient d'être plus développé que les autres de son âge. En plus de tout cela, le jeune garçon était devenu la cible à répétition des plus grands. N'ayant pas la carrure pour se défendre, il se laissait faire. D'autant plus qu'il n'était pas violent comme garçon, mais il ne fallait tout de même pas toucher les points sensibles sous peine de le faire de ses gonds.


Aujourd'hui ne fit pas exception à la règle, Johan était plongé dans son livre de droit, domaine dans lequel il aspirait réellement à se lancer si toutefois il arrive à avoir un dossier scolaire de qualité. Enfermé dans sa bulle, il entend des rires se rapprocher de lui, c'est de cette manière qu'il sait que son heure est bientôt arrivée. Refusant de leur donner raison, l'allemand ne leur accorde aucune importance jusqu'à ce que l'un de la bande ne lui pique son livre, fasse semblant de s'y intéresser avant que de le laisser tomber comme s'il n'avait aucune valeur. En vérité, il n'en avait aucune, si ce n'était que le prix d'achat en librairie, mais aux yeux du jeune garçon, ses livres de droit étaient son seul refuge, un peu comme si c'était les seuls amis dont il disposait. Le soir quand il était enfermé dans une station de métro ou bien dans un squat, il se plongeait dans la lecture de ses livres et il avait l'impression d'être un enfant normal. Ne serait-ce que l'espace de quelques heures. 


Ce qui était guère le cas à l'instant présent. Les grands se mirent alors à le pousser, jouant avec lui comme s'il n'était qu'un ballon. Passant de mains en mains, essuyant toutes les moqueries possibles et imaginables, ils finirent par lui prendre son sac dans lequel tenait toute sa pauvre vie. Autrement dit, pas grand chose. Le jour c'était son sac de cours, le soir c'était son sac de voyage, celui qu'il gardait auprès de lui quand il dormait. Le contenu de ce dernier fut répandu au sol, non loin de l'endroit où la torture n'avait fait que commencer. Durant de longues minutes, qui lui paraissait une éternité, le jeune garçon se laissait malmener en priant pour qu'ils finissent par l'achever une bonne fois pour toutes. 


Après quelques coups reçus au visage ainsi que des filets de sang coulant de son minois, quelqu'un semblait prendre la défense du brun. En relevant la tête, il reconnu Lukyan. Ce garçon qui le traînait comme une personne normale, sans tenir comprendre son âge, de ses vêtements ou autre. Il l'appréciait mais comme bien souvent, cela serait trop simple de le remercier et de s'appuyer sur lui. Non Johan est indépendant, il l'a toujours été, et se confier à quelqu'un ou même aller chercher de l'aide n'est pas dans ses capacités. Il n'avait suffit que d'une phrase, quelques mots, pour que la bande de gros durs ne se tourne vers Lukyan le prenant alors pour cible. Immédiatement, le jeune garçon s'en voulait de l'avoir mis au coeur de cette moquerie qui ne concernait que lui à l'origine. Le chef de la bande paya de ne pas avoir écouter les conseils de Lukyan. Peut-être que dans une autre situation, Johan se serait permit de rire, mais là, il n'en avait aucune envie.


Rapidement la foule se dissipa et Johan se retrouva seul, le nez en sang ainsi que probablement quelques hématomes sur le visage, à devoir ramasser son livre ainsi que le contenu de son sac, lorsque Lukyan s'adressa à lui, alors même qu'il connaissait vraisemblablement déjà la réponse.


" - T'étais pas obligé de faire ça mais.. Merci.." avoua-t-il difficilement.


Il devait bien le reconnaître, sans lui, il ne serait peut-être même plus capable de marcher à cause de ces brutes, mais Lukyan lui avait en quelque sorte sauvé la vie. Pour l'allemand, reconnaître qu'il avait besoin de quelqu'un était compliqué, tout comme le remercier de lui avoir été d'une telle utilisé face à ces populaires. Et tout cela n'était pas dans ses habitudes, mais il devait le faire, parce que Lukyan c'était un peu son grand frère, la famille qu'il n'avait jamais eu la chance d'avoir en quelque sorte.

Lukyan ne rêvait vraiment que de la fin d'année même si elle signifiait aussi pour lui d'être séparé de toutes ces personnes avec qui il s'était crée des liens. Il ne s'inquiétait pas vraiment pour Kjostel, Juliet ou encore Peyton et Claire mais il y avait vraiment d'autres personnes qu'il appréciait vraiment. Le petit Johan par exemple, qui malgré son jeune âge avait su suscité l'intérêt du russe de par son tempérament volcanique et surtout ce coté mystérieux qui émanait de lui. Il l'aimait bien ce gamin sans doute bien plus intelligent que lui. Lukyan aimait la différence de toute façon, la banalité l'ennuyait royalement.

Et c'est pourquoi Lukyan avait vu rouge en voyant toujours ces mêmes idiots passant leur journée à emmerder tous le monde s'en prendre à Johan. Parce qu'il était plus petit et que malgré tout, quoi qu'on en dise à 13 ans on a pas la carrure d'un mec de 18 voir plus. Ce crétin était tellement débile que Lukyan le soupsonnait d'avoir bien fait quelques années supplémentaires en redoublement. En plus à plusieurs. Son sang ne fit qu'un tour lorsque le brun aperçu des coups partir. Lukyan, on pouvait tout lui dire sans qu'il ne réagisse mais il ne fallait pas toucher au gens qu'il aime. C'est un chien de meute Lukyan, pour ses amis il ferait n'importe quoi. Et même si le jeune garçon n'était pas vraiment l'un de ses amis car ils ne passaient pas tous leur temps ensemble, il était pour Lukyan comme un petit frère, un gamin qu'il voudrait protéger sans même se douter de l'histoire du jeune adolescent. Il le considérait comme l'un des siens. C'est pour cela qu'il s'était interposé en se mettant au milieu. Ils avaient beau être plusieurs, Lukyan ne s'en inquiétait pas. Les trois toutous ne suivaient que leur chef au gros bras. Il avait déjà eu à faire à Lukyan lorsqu'il s'en était prit à Claire et aujourd'hui encore, il n'hésitait pas à se confronter à lui. Il sentait une telle fureur en lui lorsqu'il avait vu que Johan saignait. Il avait envie de leur faire pareil mais malgré tout il savait qu'être surpris en pleine bagarre jouerait en sa défaveur pour son dossier. Il laissait une dernière chance à ce crétin en lui demandant de dégager. Lukyan qui avait toujours le sourire aux lèvres et un regard amusé, à cet instant précis dégageait une froideur qu'on ne lui connaissait que peu. Il avait continué à insulter le plus jeune et Lukyan perdit son sang froid et en envoya une au chef de groupe qui reculait. Cependant à cet instant Lukyan était tellement énervé qu'il se jetait sur lui pour continuer à le frapper. Comprenant qu'il aurait des ennuis, l'idiot préféra partir promettant à Lukyan de se venger ce qu'il ne lui faisait ni chaud ni froid. Il ferait sans doute mieux de s'en prendre à lui ici car il était seul. En dehors Kjostel était sans doute pire que lui et ne supportait pas qu'on s'en prenne à son meilleur ami.

Il les reverrait, c'était sûr mais pour l'instant il avait la paix. Après tout en dehors du lycée, peut-être qu'il aurait eut les quatre à gérer. Lukyan retrouvait son calme et se montrait bienveillant envers Johan pour qui il s'inquiétait. Il souriait, tendrement lorsque le plus jeune lui répondait qu'il n'était pas obligé de le faire mais qu'il le remerciait. « Je me suis pas senti obligé non plus. Mais c'est bien ce que font les amis, ils se défendent entre eux non ? » Il prenait un air réfléchi, pour faire comprendre au plus jeune que c'était normal et qu'il pouvait compter sur lui. Il avait l'air tellement seul, pourtant Lukyan voulait lui faire comprendre qu'il ne l'était pas et qu'il pourrait compter sur lui.  « Donc t'es pas obligé de me remercier. » ajoutait-il simplement. Il ne devait même pas le faire car si c'était à refaire demain ou chaque jour de cette semaine il le ferait. Surtout que Lukyan se demandait dans quel état ils auraient laissé Johan, en sachant qu'il n'irait sans doute pas se plaindre.


« Viens avec moi » Lukyan ne lui laissait pas vraiment le choix. Il avait bien vu le regard de tous ces curieux posé sur eux et ça ne lui plaisait pas. Ces crétins auraient pu intervenir au lieu de jouer les spectateurs. Il avait prit la main, ou plutôt le poignet de Johan, sans le serrer pour l'emmener jusqu'au toilette à l'intérieur du lycée ou il n'y avait personne. Lukyan s'étonnait d'avoir un comportement si fraternel envers le jeune homme mais à cet instant il en ressentait le besoin. Il ne savait pas trop sur quel pieds danser avec le jeune surdoué, disons que sa maturité et son comportement parfois adulte faisait oublier à Lukyan son âge, et parfois il avait l'impression qu'il avait besoin d'être traité comme un adolescent de treize ans. Lukyan attrapait plusieurs morceau de papier qu'il passait rapidement sous l'eau pour frotter le visage de l'enfant et lui enlever ce sang. Son nez saignait encore mais l'écoulement semblait s'être arrivé. Lukyan tamponnait la lèvre du plus jeune. Il ne savait même pas si Johan apprécierait ou pas que Lukyan le soigne ainsi et tous ses contacts mais il ne lui laissait pas le choix. « Ils t'ont pas raté... » Il soupirait, finissant de jouer les infirmiers. « T'es sûr que ça va ? Enfin je me doute que c'est pas trop ça, mais rien de casser, t'as pas mal autre part ? » Lukyan avait cru voir un coup de pieds partir dans le ventre du plus jeune et c'était souvent douloureux.

D'aussi loin qu'il se souvienne, Johan ne s'est jamais battu, il est peut-être déjà arrivé d'être froid et sec dans ses propos, mais jamais il n'a participé à une bagarre. Non seulement il déteste la violence, mais il n'a clairement pas la carrure pour s'attaquer à qui que ce soit. De plus, l'allemand connaît très bien la loi du plus fort, il a déjà dû encaisser les coups qu'il prenait lorsqu'il était en foyer pour jeunes. Il n'avait jamais bronché, il se laissait faire, pensant que c'était normal, que c'était la seule chose qu'il méritait pour être si différent des autres. Mais aujourd'hui, les choses avaient changé, enfin dans son esprit, il savait qu'il resterait différent jusqu'à la fin de sa vie, et il avait appris à accepter d'être vu comme une menace, comme un extraterrestre aux yeux des autres, mais ça ne changeait pas du foyer pour jeunes.

Quand ces mecs lui sont tombés dessus, il aurait pu au moins essayé de riposter, de se défendre, mais non, il les avait laissé faire. Le coups de poing d'abord, puis, une fois qu'il était au sol, c'était des coups de pieds beaucoup plus violents. Le souffle coupé, le jeune garçon avait du mal à respirer, mais il se disait que s'il pouvait mourir ici et maintenant ça lui éviterait tellement d'autres problèmes. Il avait fermé les yeux en espérant qu'ils viendraient à bout de lui. Mais, quelqu'un s'était interposé entre lui, gisant à terre dans son propre sang et ces mecs qui l'avaient pris pour cible simplement pour s'amuser. C'est vrai que c'est super marrant de tabasser quelqu'un, ça permet de bien rigoler. La scène était déjà assez humiliante comme ça pour que le jeune surdoué ne soit défendu par un plus grand.

Mais il y avait un lien entre Lukyan et lui, même s'il ne pouvait clairement le décrire, il l'appréciait. Il ne l'avait jamais véritablement traité comme un gamin, il avait tout de suite compris qu'il avait une différence et il ne lui en avait jamais tenu rigueur, au contraire, il l'avait accepté tel quel et c'était bien le seul qui l'appréciait dans l'établissement, mais il refusait de dépendre de lui. À la fin de l'année, il s'en irait et Johan sera de nouveau livré à lui-même face à ces brutes. Il ne pouvait pas constamment compter sur Lukyan pour prendre sa défense, mais pourtant, cette fois-ci, il savait pertinemment que s'il n'était pas intervenu, il serait peut-être mort ou dans un état bien pire que celui dans lequel il est déjà.

Lorsqu'ils furent enfin tous les deux, après que les grands gaillards aient pris la fuite face à Lukyan, le gamin le remercia, pas forcément de la meilleure manière qu'il soit parce que celui venait de lui sauver la vie, mais Johan ne pouvait tout simplement pas le remercier avec un grand sourire et lui avouer tout cela. C'était tellement compliqué d'être différent dans le monde actuel, il était constamment pris pour cible et il ne savait pas se défendre, c'était la cible idéale, d'autant plus que les autres étudiants savaient qu'il n'irait jamais se plaindre, alors ils se défoulaient sur lui comme sur un punching-ball... Mais les paroles de Lukyan redonnaient un peu d'espoir et de baume au coeur à l'allemand. Il releva même la tête vers lui comme s'il avait besoin de voir s'il était sincère ou non.

" - Tu.. Tu me considère à comme un ami ?"

Johan pensait constamment qu'il était seul avec Lukyan venait de lui prouver le contraire. Et puis, comment pouvait-il le supporter après tout ce qui lui avait fait endurer ? Ce gars était quelqu'un en or et il fallait que Johan accepte le fait qu'il n'était plus seul maintenant.

" - Enfin les amis se défendent entre eux.. Ça aurait été toi à ma place, j'aurai pas pu faire grand chose.."

L'adolescent baissait petit à petit ses barrières, il commençait à montrer son vrai visage, celui d'un gamin qui avait simplement besoin d'affection, qu'on lui prouve qu'il avait sa place ici, et c'est exactement ce que Lukyan était en train de faire. Personne ne lui avait accordé autant d'importance depuis des années, cette pensée fit monter les larmes au brun qui les refoula autant qu'il pouvait.

Au milieu de la cour, les spectateurs étaient encore présents et observaient la scène entre Lukyan et Johan en silence tout en murmurant certaines choses. Le jeune homme décida alors d'emmener Johan ailleurs, ignorant l'endroit vers lequel il se dirigeait, il n'avait pas résisté et se laisser guider par son sauveur. Ils arrivèrent aux toilettes, là où avant même que Johan n'ai pu dire quoique ce soit, il se retrouva en train de se faire soigner par Lukyan. Ses gestes étaient doux et même s'il lui faisait parfois mal, il n'y était absolument pour rien.

Il se laissa faire, profitant presque de cet instant pour fermer les yeux et sentir la présence de sa maman auprès de lui. Johan aurait aimé avoir un grand frère comme Lukyan. C'est finalement ce genre de lien qui lui avait toujours manqué, celui d'avoir un protecteur, une personne à qui se confier, une personne avec qui partager des choses.. Johan en prenait conscience que maintenant.

Tandis qu'il continua à nettoyer son visage, parfois déformé par une grimace suite aux blessures qui se trouvaient dessus, il posa les papiers et demanda à Johan comment il se sentait. Devait-il lui dire la vérité ou bien le préserver parce qu'il n'aimait pas se plaindre ? Pour la première fois, il envisagea la première solution, et c'est sans affronter le regard de son interlocuteur, bien trop honteux de ce qui venait de se passer qu'il se confia à lui.

" - J'ai mal partout.. J'ai du mal à respirer et j'ai très mal au ventre.."

Peut-être qu'avec la force des coups, il avait une côte cassée, il n'en savait rien, mais il souffrait atrocement. Soudain, il se mit à tousser, il placa un morceau de papier pour couvrir sa bouche. Lorsqu'il le retira, celui-ci était couvert de sang, et ses côtes le faisaient souffrir après cet effort.

" - Tu n'étais vraiment pas obligé d'intervenir, ils auraient pu me tuer et c'est ce qui aurait été le mieux pour tout le monde.. Tu ne seras pas toujours là pour moi, mais je ne sais pas me défendre, alors si des gars me prennent pour cible comme eux l'ont fait, je serai incapable de m'en sortir.."

Il ignorait pourquoi il lui confiait une telle chose, peut-être parce qu'il se sentait en sécurité avec lui et qu'il savait qu'il ne pouvait rien lui arriver de plus maintenant qu'il était à ses côtés.

" - Merci.. Tu m'as sauvé la vie Lukyan.." fit-il en lâchant les larmes qu'il retenait depuis deux bonnes minutes maintenant.

Même maintenant face à ces mecs, Lukyan ne se démontait pas. Il n'avait pas peur, pourtant quoi qu'il affirme, il ne pouvait pas prévoir leur réaction et peut-être qu'il finirait par être la cible des coups. Mais Lukyan était impulsif et il avait frappé le premier, et bizarrement, ça avait calmé les troupes en voyant qu'il ne se démontait pas. Et puis Lukyan était plutôt grand, il était de l'équipe de hockey et il avait de quoi le soutenir derrière en cas de besoin. Maintenant, Johan aussi. Il aurait toujours quelqu'un pour l'aider. Lukyan aimait vraiment beaucoup ce gamin qui à l'image de son entourage était différent. Lukyan avait été différent, le jeune russe qui arrive dans une nouvelle ville, son meilleur ami l'était, chacun de ses amis en fait. La banalité l'ennuyait et il trouvait des personnes différentes bien plus intéressantes. C'est pourquoi il n'avait pas toléré qu'on s'en prenne de la sorte à Johan, un gamin en plus, et avec une telle violence. Ce n'était même plus du harcèlement mais bel et bien un passage à tabac.

Heureusement les abrutit avait fini par décamper, car Lukyan dans une telle colère les auraient sans doute blessé plus que de raison, un par un. Jusqu'où aurait-il été si Lukyan n'avait pas été là et pourquoi personne n'intervenait ? Clairement Lukyan était dans une telle colère. Cet enfant, il avait envie de le protéger de tout. C'était injuste que simplement car il en avait plus dans la cervelle que les autres, il soit la victime de tels actes. Maintenant que ses agresseurs étaient loin, Lukyan s'inquiétait de l'état de santé du plus jeune qui semblait vraiment bien amoché. Le jeune Droski s'étonnait de l'entendre le remercier ce qui n'arrivait jamais, disons que Johan était assez peu démonstratif et Lukyan n'était de toute façon pas en quête de gratitude. Pour lui c'était normal de défendre ses amis, ce qui avait eut l'air de toucher le petit homme. « Évidemment ! On l'est pas ? » Lukyan lui répondait cela comme s'il s'agissait d'une évidence, certes entre eux c'était spécial et c'était sans doute différent mais Lukyan l'aimait vraiment comme un frère et il voudrait faire tellement plus pour lui mais il ne lui en laissait peu l'occasion. Lukyan riait en l'entendant dire qu'il n'aurait pas pu faire grand-chose. Lukyan haussait les épaules. « Peut-être pas dans cette situation, mais on a tous nos faiblesses et peut-être un jour, dans d'autres circonstances c'est toi qui me viendra en aide ! » Il lui souriait, de toute façon, le brun n'attendait rien en retour si ce n'est qu'il n'aille mieux. Voir ainsi son visage ensanglanté lui faisait vraiment mal au coeur. Et surtout voir tous ces idiots les fixer en parlant entre eux encore pire. Il avait presque envie de leur infliger la même chose que ce que le l'adolescent avait vécu. Mais ça ne servirait à rien et puis il n'avait pas besoin de ça.

Il se décidait alors à aller le soigner. Lukyan aurait pu et même sans doute du l'emmener à l'infirmerie mais du peu qu'il connaissait Johan, il savait qu'il ne voudrait pas. Il ne savait pas pourquoi en revanche mais il respectait le jardin secret de son protégé. Il l'emmenait au toilettes de l'étage, peu utilisées en général pour le soigner grossièrement. Il voulait surtout voir s'il saignait encore ou s'il n'avait plus qu'à enlever ses vilaines tâches de sang. Le lycéen essayait d'être le plus doux possibles mais il était impossible qu'il ne lui, fasse pas mal. Il faisait toutefois de son mieux pour le soulager même s'il risquait d'avoir mal un moment. Il souriait en voyant que Johan ne le repoussait pas, ça lui faisait plaisir de pouvoir s'occuper de lui même s'il aurait aimé que ça soit en d'autres circonstances. Il avait toujours voulu avoir un petit frère mais malheureusement ses parents ne lui en avait jamais fait. Dans tous les cas, la bienveillance et la protection étaient des traits de caractères quotidien du Droski. Maintenant Lukyan s'inquiétait du reste de son corps, car il avait bien vu que Johan avait du mal à bouger et qu'il grimaçait. Il espérait qu'il lui dise la vérité mais Lukyan faisait confiance au jugement du surdoué. Celui-ci lui avouait avoir mal partout et avoir mal au ventre, mais il semblait gêné et baissait le visage. Lukyan prit son menton entre ses doigts pour lui relever la tête, l'observant dans les yeux. « T'as le droit d'avoir mal, tu peux m'le dire. T'as pas à avoir honte, tu n'es pas le coupable dans cette histoire »


Cependant, Lukyan s'inquiétait un peu plus lorsqu'il se mit à tousser et cracher du sang. Mais il ne disait rien, il se disait qu'il devait sans doute s'être fêlé voir fracturer une côté, ça lui était déjà arrivé, quoi qu'il misait plus sur une fêlure, sinon le garçon ne pourrait même pas marcher aussi tolérant à la douleur soit-il. Lukyan l'écoutait lui dire que ça aurait été mieux qu'il le tue car il ne serait pas toujours là pour lui. « Désolé de briser tes espoirs, mais ces types t'auraient pas tué, t'aurais reçu des coups ça ouais, mais il t'aurait simplement laissé là un peu plus blessé. Ils ont pas le cran de tuer quelqu'un et heureusement, c'est que des merdes qui aiment rabaisser les autres. Et non je serais pas toujours là pour te protéger mais tu finiras bien par y arriver seul alors si à ton âge tu perds goût à la vie… C'est dommage car tu vaux la peine de grandir et de vivre, tu es spécial et surtout tu es une personne en or. » Maintenant que Lukyan venait de lui remonter un peu les bretelles, il souriait lorsqu'il le remerciait de lui avoir sauvé la vie se mettant à pleurer. Lukyan s'approchait de lui et malgré les deux ou trois têtes de plus que lui les séparant, il le prenait dans ses bras pour qu'il se laisse aller. Ca lui faisait étrange à Lukyan, car jamais Johan ne s'était autant laissé aller avec lui, mais il sentait qu'il avait besoin de se lâcher. « Je serais toujours là pour toi, dès que tu auras besoin de moi... » Lukyan se le promettait, ce Johan, il n'avait l'air d'avoir personne et Lukyan voulait être celui qui pourrait l'aider. Il le laissait aller jusqu'à ce que ses larmes cessent de couler d'elle même.

Lorsqu'il allait mieux, Lukyan se reculait de quelques pas l'observant toujours calmement. « Johan… Lèves ton t-shirt s'il te plait… » Il voulait voir l'ampleur des dégâts… Il leur faudrait peut-être aller à l'hôpital après tout. « Si tu as une blessure aux côtes… Il va surement falloir qu'on aille à l'hôpital... »

Johan ne savait pas vraiment comment interpréter tout ce qui venait d'avoir lieu. D'un côté, il avait cru qu'on allait le laisser mort au milieu de tous ses étudiants venus assistés au triste spectacle, et en même temps, il avait la sensation que cela n'avait duré que quelques secondes. En vérité, si Lukyan n'était pas arrivé, il ne sait pas dans quel état il serait à l'heure actuelle, et malgré qu'il n'acceptait pas facilement de l'aide, il devait bien avouer que cette fois-ci, c'était l'option la plus raisonnable qui s'était offerte à lui. Bon il faut dire aussi qu'il n'a pas vraiment eu son mot à dire. Le tout était que finalement les personnes responsables de son passage à tabac avaient décampés et il s'était retrouvé seul avec Lukyan sous le regard des derniers curieux qui restaient plantés là.

L'allemand n'avait pas ce que l'on pouvait appeler une ribambelle d'amis, il n'était pas des plus sociable et ne faisait pas vraiment d'efforts pour s'intégrer de peur d'être rejeté à cause de sa différence. Cette différence.. Cette même qui fait que Lukyan l'apprécie. Sans doute l'ironie du sort qui veut ça. Le jeune homme finit alors par lui dire qu'ils sont amis, Johan lui jette un coup d'oeil surpris. Il venait bien de dire qu'ils étaient amis ?

" - Oui.. Enfin je sais pas.. Je suppose.. C'est la première fois qu'on me dit quelque chose comme ça.."

En règle générale, les personnes cherchaient plutôt à le fuir qu'autre chose, alors forcément qu'une telle déclaration le touchait, surtout venant de Lukyan qu'il savait sincère et franc lorsque c'était nécessaire. S'il avait eu un coeur, il aurait presque pu se mettre à pleurer, mais ça fait bien longtemps qu'il n'est plus sensible et qu'il se cache sous sa carapace pour cacher cette vulnérabilité qui l'anime au quotidien.

Il haussa les épaules à ces dernières paroles. Lui venir en aide à Lukyan ? Il avait beau chercher des situations dans lesquelles ça pourrait arriver, il n'en trouvait aucune.

" - Hormis faire tes devoirs, je vois pas vraiment.."

Johan aurait pu aussi pencher de ce côté de la balance comme certains gamins surdoués. C'est-à-dire utiliser sa différence pour en profiter vis-à-vis des autres. Il aurait pu mettre à profit son intelligence plus développée que la moyenne pour faire payer des étudiants et faire leurs devoirs à leur place, mais ça ne lui était jamais venu à l'idée.

Lors du trajet jusqu'aux toilettes inoccupées, le gamin se posa tout un tas de questions, mais le silence demeura entre eux, jusqu'à ce qu'il commence à le soigner, retirant le sang séché de son visage. Bien évidemment, même si Lukyan était le plus doux possible, Johan souffrait mais il ne disait rien, laissant faire le plus grand. Venant d'une autre personne, il aurait très certainement refusé de se faire soigner ou même qu'on l'accompagne quelque part. Lukyan ne l'avait pas obligé à aller à l'infirmerie et il lui en était reconnaissant.

Malgré les paroles réconfortanteq de son ami, puisqu'il avait qualifié leur relation ainsi, Johan avait du mal à ne pas se sentir coupable. Il venait tout de même de se faire humilier devant une bonne partie du lycée, et bien que ce ne soit pas la première fois, ce fut l'une des plus violentes. En général, c'était des petites blagues, méchantes, blessantes mais sans réelle incidence. Tout le contraire de ce qui venait de se passer.

Le visage quasiment nettoyé, Johan lui avoua que s'il n'était pas intervenu, il serait peut-être mort à l'heure qu'il est. Lukyan n'était pas de son avis. Certes, il serait en piteux état, mais pas mort. Il avait raison, Johan avait perdu goût à la vie il y a bien longtemps, en fait si on y réfléchit bien, depuis le décès de sa mère, ça avait été le déclencheur. C'est à partir de cette époque que sa vie avait totalement basculé et qu'il était devenu une autre personne. Il lui arrivait parfois de se demander si sa mère serait fier de lui.

Comment veux-tu qu'elle soit fière de toi alors que tu es bon à rien, tu sèches la moitié de tes cours pour aller vendre de la drogue à des gars encore plus paumés que toi ? La réponse à ta question est évidente.

Mais les propos de son ami raisonnait dans son esprit. Tu es une personne en or. Ce n'est pas de cette manière qu'il se considérait, ni même que quiconque le voyait. Il faut dire que l'allemand avait pris l'habitude de se dénigrer tout seul, il y a été tellement habitué que les critiques des autres sont devenus comme une évidence. Comme une vérité qui raisonne dans ses oreilles. Ses propos eurent raison du jeune garçon qui laissa couler quelques larmes sur son visage tuméfié. Immédiatement, Lukyan s'approcha de lui, réduisant la distance entre eux pour que le jeune garçon se perde dans ses bras, et le laisse aller sans risque de se faire juger. Se ressaisissant assez rapidement, il resta quelques secondes supplémentaires quand Lukyan lui promit qu'il serait toujours là pour lui. La promesse en elle-même fit un énorme plaisir à Johan, mais il savait aussi qu'il ne pourrait pas toujours être là pour lui, c'était une certitude, et Johan refusait d'être un boulet dont on devait s'occuper.

Ce moment de bien-être fut de courte durée, Lukyan vient alors le briser lorsqu'il demanda au gamin de relever son haut. Sans dire un mot, il secoua la tête refusant ce que cela impliquait. Il savait que si son ami avait le moindre doute, il l'emmènerait à l'hôpital et il refusait d'y aller. Puis, il n'avait aucun moyen pour payer les frais que cela allait engendrer. Non. Il resterait ici, et même s'il n'allait probablement pas fermé l'oeil de la nuit à cause de la douleur qui irradiait son corps, il fera comme tous les soirs avant de trouver un endroit où dormir. Se reculant de quelques pas, comme une proie qui se sent menacé, il se terra dans un coin des toilettes avec le mur qui le bloquait. Il était pris au piège désormais et son regard en disait long sur l'état d'esprit dans lequel il se trouvait. Comme une pauvre biche aveuglée par les phares d'une voiture. Lukyan ne savait rien de la vie que menait Johan et, s'il acceptait d'aller à l'hôpital, toute la couverture qu'il avait bâti, tous les mensonges qu'il avait soigneusement préparé allaient tomber et il découvrait qui il est véritablement. L'allemand refuse de prendre le risque de le perdre, d'autant plus après les confessions qui lui a fait.

Lukyan voulait vraiment réussir à mettre son jeune protégé à l'aise. Il lui laissait la réponse de savoir si oui ou non ils étaient amis. De son côté il savait que c'était le cas, mais il était conscient que Johan ne connaissait pas tout ça. Il était jeune et si ses fonctions cognitives étaient prêtes à encaisser les savoir de lycée, mentalement il n'était pas du tout apte à survivre à cette jungle sans foi ni loi, physiquement n'en parlons pas. Et pourtant il était là, tentant de s'en sortir du mieux qu'il pouvait. Alors Lukyan se promettait de le soutenir dès qu'il en aurait l'occasion, lorsque ses frêles épaules ne pourraient plus le faire seule. « Et bien habitue toi, tu risque de l'entendre souvent ! » Lukyan aussi était différent, c'était peut-être pour ça qu'il le comprenait et qu'il était si tolérant. Certes ça se remarquait bien moins vite qu'un enfant dans une cours de lycée mais c'était le cas. Ce n'était pas non plus le fait qu'il soit étranger de naissance à ce pays qui lui fasse dire cela, ni que son compte en banque dépasse déjà celui de bien des personnes ici. Simplement sa vision de voir les choses, sa vision indépendante et généreuse. Il était comme ça et il le prouvait encore. Lukyan n'était pas le sale riche qui croit que tout lui est dû simplement grâce à quelques zéro sur un compte. Il voulait s'en sortir par lui même et aider son prochain. Et Lukyan était sûr qu'il lui viendrait en aide un jour en retour. « Désolé mais j'suis pas du genre à exploiter les autres, y a bien des fois où tu peux m'aider avec mes devoirs mais souvent je me débrouille seul ! J'aime pas profiter des gens, faudra trouver autre chose si tu veux me venir en aide. »

En réalité lui même n'avait aucune idée de ce que pourrait faire le plus jeune. Mais il n'attendait pas de retour, il savait juste que si un jour il avait besoin de lui et que c'était dans ses cordes le jeune Rieder ferait de son mieux. Finalement ensemble, ils avaient rejoint les toilettes inoccupés. C'était bizarre d'y aller à deux mais c'était pour la bonne cause, et puis ce n'était qu'un enfant, blessé qui plu est. Lukyan s'était improvisé infirmier en essayant de nettoyer le visage du plus jeune, avec toute la tendresse dont il pouvait faire preuve. Autant dire que le blondinet devait parfois serré la machoire mais ce n'était pas volontaire.

Le visage maintenant nettoyé, Johan se confiait, pensant qu'il serait mort si Lukyan n'était pas intervenu. Malheureusement le russe savait que ce n'était pas le cas. Il aurait été amoché à en perdre connaissance, mais ces lâches ne portaient pas suffisamment leur couille pour aller trop loin. Heureusement d'ailleurs, sinon lui aussi serait mort depuis longtemps. Dans tous les cas, Lukyan n'était pas du genre à le secouer ou lui faire des leçons de morale qui n'auront pas d'un impact. Il jouait calmement de ses mots pour faire comprendre que lorsque lui disait qu'il était là pour quelqu'un c'était le cas. Il ne pouvait pas s'engager à vie, mais il sait au fond de lui que même si le jeune Rieder se mettait à le repousser il lui viendrait toujours en aide. C'est ancré en lui. Il était une personne en or, c'est ainsi qu'il le voyait. Il ne s'attendait cependant pas à le voir verser des larmes, ce jeune qui s'était toujours montré tellement inexpressif. Il lui brisait le coeur, il ne méritait pas ça, aucun enfant ne le méritait d'ailleurs. Alors malgré lui, prenant le risque de se faire repousser, Lukyan s'était approcher pour le prendre dans ses bras. Au fond de lui, il se disait que sous ses airs indépendants, cela devait énormément manquer au jeune adolescent, alors loin d'avoir la carrure d'une figure paternelle, Lukyan espérait au moins être comme un grand frère pour lui. Il lui promettait de ne pas le laisser, jamais. Il serait là pour lui, peut-être pas toujours à l'instant présent, peut-être pas en le collant à longueur de journée mais au moindre appel, il savait qu'il répondrait présent.


Malheureusement ce moment de tendresse fut bien vite interrompu lorsqu'il remarquait que le gosse avait mal et qu'il lui demandait de lever son haut. Il se contentait du haut parce qu'il avait vu les coups partir dans le ventre mais il n'osait pas imaginer l'état de ses jambes qui avait du prendre aussi. Les côtes étaient touché, c'était obligé au vu de l'hématome positionné sur sa cage thoracique. Lukyan n'était pas médecin mais en jouant aux Hockey, ça lui était déjà arrivé. Et malheureusement, si les côtes se soignent seuls dans le cas de petits bobos, il valait mieux aller faire des radios. « Johan… Johan... » Il l'appelait pour essayer d'attirer son attention en s'approchant de lui sans l'effrayer lorsqu'il fut assez proche Lukyan s'accroupissait pour lui parler, rendant Johan presque plus grand que lui, tout en l'observant. « Je sais pas pourquoi tu caches tous ces mystères ni pourquoi tu fuis les hôpitaux et je chercherais pas à savoir... » Il posait une main sur ses épaules avant de remonter à nouveau lui-même le haut de l'adolescent pour lui montrer. « Tu es plus intelligent que moi, tu dois bien te douter que cette zone très douloureuse à présent, c'est tes cotes. Pas de risque ça se répare seul mais vu la teinte que ça prend et le fait que tu ais affreusement mal dès que tu bouges, ça veut dire qu'au mieux c'est fêlé. Je pense pas que ça soit cassé tu marcherais pas sinon, mais je sais que t'as mal. Et si ce petit morceau abimé se balade, il peut t'abimer le poumon voir te le perforer et là c'est opération pas juste des examens. » Il relâchais le haut de l'enfant, histoire de pas avoir la sensation de le déshabiller de force. Il plongeait ses yeux noisettes dans ceux incroyablement bleu de son jeune ami. « Tu me fais confiance ? » Il ne bougeait pas, il avait en tête de raisonner le jeune garçon. « J'ai horreur de le faire d'habitude mais pour une fois je vais utiliser mon nom. C'est simple, si on tombe sur un médecin en pleine galère, on pourra le payer pour qu'il te fasse les examens en échange de quelques billets. Si il insiste pour avoir une autorisation parentale, crois moi qu'en quelques coups de fils ça sera chose faites. Mon père connaît le directeur, te faire passé pour un membre de la famille en vacance sera très facile pour moi. Et je paie tes frais, ne dis pas non juste accepte. S'il te plait...» Lukyan détestait utiliser son nom et son argent pour avoir ce qu'il souhaitait. Mais si ça pouvait en profiter à Johan alors il allait jouer les gosses de riches le temps d'une journée.

Autant Johan était un petit garçon intelligent, autant il n'était pas prêt à encaisser tout ce qui se passait au lycée. La situation dans laquelle il était devenait parfois difficile à gérer. Son handicap, ou son don pouvait bien souvent le mettre à l'écart des autres étudiant du lycée. Heureusement pour Johan il savait qu'il pouvait compter sur lui Lukyan. C'est donc pour cette raison qu'il hésite au moment où Lukyan lui demanda s'ils étaient bien amis, car pour le jeune allemand ils n'avait jamais eu affaire à ce type de situation. N'ayant jamais vraiment eu d'amis comme c'était le cas avec Lukyan.

Le jeune adolescent ne put s'empêcher de rire en attendant les propos de son ami. Il est vrai qu'il allait devoir s'habituer à le considérer comme un ami, même si ça lui faisait bizarre. Au fond, l'allemand savait très bien qu'il avait raison, que s'il essayait de s'ouvrir un peu plus, il pourrait très certainement avoir des amis, mais il n'y arrivait pas, même si avec lui il avait réussi, c'est aussi parce qu'il était plus grand et qu'il avait senti une certaine confiance ave lui, mais il n'avait pas fallu être impatient. Johan l'avait repoussé durant des mois et n'avait pas été tendre avec lui, pourtant aujourd'hui, c'est lui qui était intervenu pour ne pas qu'il finisse totalement défiguré par ces abrutis qui n'ont aucun passe-temps hormis emmerder les autres, et notamment, les gens qui sont différents et n'entrent pas dans le moule que la société impose.

Sur l'instant, l'allemand réfléchit sur comment il pourrait lui venir en aide, il se sent gêné que quelqu'un lui soit venu en aide et qu'il ne puisse pas rendre la pareille, alors il se promit silencieusement d'y réfléchir plus tard pour trouver comment il pourrait être utile à son ami. Oui, parce qu'ils étaient amis, même si cette simple idée le mettait quelque peu mal à l'aise, mais au fond, ça lui plaisait aussi de pouvoir appeler quelqu'un comme étant son ami.

Contrairement à ce que Johan pouvait laisser croire, il n'était pas un adolescent froid et distant avec les autres, c'est simplement qu'il avait son histoire qui avait impacté chacun de ses faits et gestes d'aujourd'hui. Alors oui, quand Lukyan s'était approché de lui pour le prendre dans ses bras, il aurait pu le repousser, mais ça aurait été se mentir à lui-même, il en avait besoin, c'était un besoin qu'il ressentait depuis des années mais qu'on ne lui avait pas donné.

Au bout de quelques instants, ils s'étaient rendu aux toilettes afin de nettoyer le visage du plus jeune. Lorsque ce fut fait, il ne put que soupirer et craindre ce que lui demandait Lukyan. Il voulait observer les dégâts sur son corps, mais au fond, il était déjà pudique de base, alors le fait de devoir se dévoiler, de devoir montrer les dégâts quitte à devoir aller à l'hôpital, c'était trop de choses pour qu'il ne puisse accepter comme ça, sans rien dire. Il finit tout de même par soulever son haut sans affronter le regard de son interlocuteur.

Durant quelques secondes, Johan était terrorisé à l'idée que son ami le force à aller à l'hôpital à cause des hématomes présents sur son corps, notamment sur son torse. Il faut dire qu'il n'avait pas non plus beaucoup de peau pour pouvoir le protéger contre tout ça. Sa silhouette chétive avait toujours été un problème. Et sans doute la raison pour laquelle on s'en prenait aussi souvent à lui. C'est toujours plus facile de s'en prendre aux faibles.

Lorsque Lukyan lui demandait s'il lui faisait confiance, il hésita quelques instants, comme s'il pesait le pour et le contre dans son esprit, puis il hocha la tête. Écoutant attentivement l'idée que son ami avait en tête, il en fut bouche-bée, il était prêt à utiliser son statut d'enfant de riches pour lui, pour ce gamin qu'il ne connaissait pas finalement. Parce que même s'il l'ignorait, tout les éloignait tous les deux, ne serait ce que cet argent dont Lukyan pouvait faire ce qu'il voulait alors que Johan en avait plus que besoin. Est-ce que s'il lui faisait part de la situation dans laquelle il vivait, il l'aiderait d'un point de vue financier ? Très certainement, et l'allemand refusait qu'il dépense de l'argent pour lui, même s'il en avait besoin, il estimait ne pas le mériter.

" - Et si j'accepte, je te devrais encore un autre service.."

Mais au fond, il avait déjà accepté, seulement il ne l'avait pas exprimé de manière pleinement compréhensible.

Lukyan pensait vraiment réussir peu à peu à percer le coeur du jeune garçon enfoui sous une carapace forgé par toutes ces mauvaises expériences que pouvait vivre le blondinet. Mais il était persévérant et même si Johan ne lui avait jamais montré le moindre signe de sympathie il aurait quand même été à son secours. Il était comme ça le jeune Droski et oui Johan malgré ses treize ans était son ami. Son petit protégé en quelque sorte. Il l'adorait vraiment, il avait même envie de toujours le prendre dans ses bras mais il savait aussi que le jeune allemand n'aimerait pas, alors il s'abstenait. Lukyan s'était alors amusé de le voir chercher une façon de lui rendre la pareil en lui venant en aide, en sachant qu'il était hors de question pour le russe, de laisser son jeune camarade faire ses devoirs à sa place. Il n'était pas un profiteur et il ne le serait sans doute jamais. « Mais arrêtes de te triturer l'esprit, entre amis on ne compte pas les points. » Il levait les yeux au ciel tout de même heureux, au fond de lui, de voir que Johan voulait s'investir même s'il n'avait pas une bonne vision de l'amitié. Parce que pour Lukyan, cela signifiait surtout d'être là l'un pour l'autre quoi qu'il arrive et en toute circonstance et ça même lui pourrait le faire. Et finalement il l'avait prit dans ses bras parce que le russe avait senti que le jeune surdoué en avait besoin. Il ne l'aurait jamais fait sinon, mais là il savait que c'était le bon geste. Et Johan ne l'avait pas repoussé, au contraire, il s'était laissé aller dans une étreinte qui avait même étonné le plus âgé.

Une fois aux toilettes, Lukyan avait jouer aux infirmiers improvisés, ce qu'il n'était absolument pas même s'il était habitué à soigner ses bobos tout seul. Seulement, voir de telles blessures sur un enfant passé à tabac, ça lui rendait une haine folle qu'il contenait en se concentrant sur le petit homme. Il ne s'était pas imaginé que lorsqu'il demanderait au blondinet de monter son haut pour le laisser voir les dégats, il le rendrait mal à l'aise. Il n'était pas pudique et il avait toujours été à l'aise avec son corps. Dans tous les cas le pré-adolescent n'avait pas le choix Lukyan voulait observer l'ampleur des dégats qui devinait déjà être une blessure aux côtes.

Le verdict tombait il devait aller à l'hôpital. Il n'avait pas que des hématomes et Lukyan le savait. Le Hockey lui avait déjà ruiné les côtes un nombres incalculables de fois. Deux fois en trois ans, en réalité mais tout de même. Il savait que vivre avec cette douleur était un calvaire sans nom. Face à la panique du plus jeune, Lukyan avait su resté calme comprenant qu'avec ce gamin, il y avait vraiment anguille sous roche. Pourtant pas respect pour sa vie privé et surtout pour ne pas le brusquer, il ne cherchait pas à en savoir plus mais plutôt à trouver une solution le forçant à aller contre ses principes. Aller à l'hôpital de façon non officiel, en payant les médecins un peu plus. Lukyan avait toujours détesté utiliser son argent à des fins personnelles. Pour Johan il était prêt à le faire autant de fois qu'il le faudrait. Voyant que Johan refusait, Lukyan toujours à sa hauteur lui attrapait la main. « Je ne veux plus t'entendre dire que tu me dois quelque chose. Tu es mon ami… Tu es de ma meute, on se sert les coudes les uns les autres et je n'attends rien en retour. Quoi que si, j'attends quelque chose de toi. Que tu suives le traitement qu'on te prescrira convenablement. C'est tout. Ni plus, ni moins. » Voilà qui était dit, Lukyan n'avait pas sa langue dans sa poche et s'il fallait un peu brusquer l'allemand en lui donnant des ordres il le ferait. « Alors c'est oui ? Je te promet qu'il ne t'arrivera rien . » Ni une ni deux Lukyan se redressait dégainant son téléphone pour téléphoner à son père, lui expliquant la situation en surface pour qu'il prévienne le directeur de l'hôpital qui lui devait de toute façon des services. Heureusement qu'il ne se posait pas trop de questions sinon ça serait une autre paire de manche. « On peut y aller c'est réglé. Personne ne te demandera rien, mon père a dit que tu étais son neveu venu en vacances. Tu ne risques rien c'est promis. »

Quoiqu'il arrive, le jeune garçon avait toujours été méfiant sur tout ce qui se passait. Et alors, lorsqu'il s'agissait de l'amitié, il n'y avait plus personne. Il ignorait totalement ce qu'était ce sentiment et comment on devait agir avec ces personnes que l'on considérait comme ses amis. Comment pouvait-on savoir qui était nos amis d'abord ? Tout cela, c'est des choses que le jeune surdoué doit encore apprendre malgré ses quatorze ans. Il connaît sans doute beaucoup plus que tous les étudiants du lycée réunit, mais au niveau des sentiments, il a des années de retard et un vide à combler, que pour le moment, Lukyan remplit correctement, à la plus grande surprise de l'allemand. Lorsque son ami lui demanda d'arrêter de se triturer l'esprit, c'est ce qui fit, du moins en apparence, parce que maintenant, il ne passera un seul jour durant lequel il ne pensera pas à savoir ce qu'il pouvait faire pour lui rendre la pareille. C'était ça l'amitié ? Se rendre des services mutuellement ? Si ça n'allait que dans un sens ce n'était pas juste.

Dans un premier temps, il le soigna en retirant le sang séché collé sur sa peau, puis ensuite, il voulait s'assurer qu'il n'y avait rien de plus que de simples hématomes sur son corps. C'est alors au moment où il lui demanda de lever son tee shirt que les choses deviennent trop compliquées pour Johan. Même si c'était un adolescent, il n'en demeurait pas moins qu'il ne pensait pas comme les autres. Il avait honte de son corps, et toutes les moqueries qu'il avait pu recevoir sur celui-ci ne l'aidait pas à avoir confiance en ce dernier. Alors il resta figé quelques secondes, jusqu'au moment où, c'est de sa propre initiative que Lukyan releva le haut du jeune garçon, et l'allemand ne s'y opposa pas.

Même si au premier abord, il peut paraître froid et insensible, sous sa carapace, il y a tellement de secrets qui pèse sur ses frêles épaules qu'il ne sait plus bien comment réagir et perd souvent pied. Alors il se renferme sur lui-même et devient chaque jour un peu plus inaccessible que la veille.

Après avoir pris conscience de l'état des blessures du jeune allemand, son ami lui annonce qu'il ne peut pas rester comme ça, il doit aller à l'hôpital. Il fait appel aux connaissances supérieures qu'il a dû à son don d'enfant surdoué. Il sait parfaitement ce qu'il risque et pourtant, il n'arrive pas à se décider d'aller à l'hôpital, même si sa vie en dépend. Au fond, il est reconnaissant à Lukyan de ne poser aucune question, mais il sait que c'est simplement pour mieux le questionner plus tard, quand il jugera le moment opportun.

Sans vraiment avoir le choix, Lukyan lui propose d'user de son nom pour qu'il puisse passer incognito et que les frais engendrés par ses blessures soient pris en charge par sa famille, comme s'il en faisait parti. Comme si pour la première fois depuis longtemps, Johan avait une famille. Une famille où il était aimé et où il avait l'attention nécessaire. Mais tout cela fut bien vite balayer d'un revers de la main lorsqu'il accepta la proposition de Lukyan plus à contre coeur qu'autre chose, mais il lui devait bien ça. Comme s'il le connaissait parfaitement et qu'il lisait en lui, il lui demanda une seule chose pour lui rendre la pareille : prendre convenablement le traitement qui lui sera prescrit. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres qui s'effaca rapidement quand il passa son coup de fil.

Ça y est, il n'y avait plus aucun obstacle, il allait allé à l'hôpital, se faire soigner, sans doute y rester quelques jours en observation. Il ne restait plus qu'à espérer qu'avec son train de vie, les médecins ne découvrent pas d'autre chose qui le contraindrait à rester plus longtemps que prévu enfermé dans cette structure médicale entre quatre murs blanc. Les paroles de Lukyan raisonnaissaient dans son esprit. Il ne risquait rien. Il pouvait lui faire confiance et c'est ainsi qu'il se laissa porter par sa nouvelle amitié, espérant qu'il ne se mettait dans une position délicate une énième fois.

C'est sur le chemin pour rejoindre la sortie de l'établissement scolaire que Johan se tourna vers son ami. Ses yeux bleu se posant dans les siens.

" - Lukyan.. Tu dois savoir quelque chose.."

Est-ce que c'était le moment ? Est-ce que s'il anticipait assez, ça lui éviterait la tonne de questions que devait se poser le plus grand ? Il l'espérait sincèrement.