Levi&Trixie Le hasard fait il vraiment bien les choses?

Je ne m’attendais pas à ce que Trixie soit directement compréhensive de ma situation, montre quelconque compassion à mon égard ou quelque chose comme ça, mais je ne m’attendais pas non plus à ce qu’elle ramène ça à elle, ce qui fit en sorte que je me crispai un peu. En fait, je pourrais même dire que j’étais un brin… vexé, considérant le fait que j’avais pris le temps de lui dire que ma décision de m’éloigner n’avait absolument rien à voir avec elle. Aurais-je dû ajouter ce qui m’était venu à l’esprit par après ? Je ne savais pas, je me le demandai, je le regrettai même à un moment, mais sachant que c’était un peu trop tard, je me ravisai de le faire. Je tentai de demeurer interdit, même si malgré tout, un soupir s’échappa de ma bouche, signe de mon désaccord par rapport à son affirmation. Puis, dans un effort, je poursuivis, lui expliquant ce que j’avais fait ces dix dernières années. Et là, elle se montra un peu plus compréhensive, ne me demandant pas de lui donner plus de détails. Elle le fit d’une façon qui me fit sentir un peu coupable de ne pas parvenir à lui en dire plus, mais je restais sur ma position de ne pas lui en dire davantage. Sauf que ça devint de plus en plus compliqué, embêtant, à un tel point que suite à son commentaire, je lui dis:  « Je te l’ai déjà dit, ma décision n’a rien à voir avec toi. » Ç’avait été trop fort, et c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour détourner le sujet, refusant de parler de cette histoire avec Derrick, liée à cette histoire que je voulais garder pour moi. Mais supposant que ce ne serait pas suffisant pour qu’elle arrête d’en parler ainsi, j’ajoutai:  « Tu comptes pour moi aussi. Et c’est une des raisons pour lesquelles je n’ai pas voulu te mêler à tout ça. Tu n’en avais pas besoin. » J’avais envie de croire que d’une certaine façon, je l’avais protégée en m’éloignant ainsi, même si bon, c’était me mentir un peu à moi-même, considérant le fait que je m’étais surtout protégé moi. Enfin, j’avais tenté le coup et ça s’était mal passé, et apparemment, ça n’avait pas été mieux du côté de Trixie. La révélation m’arracha un sourire triste, que je tentai de ne pas laisser sur mon visage trop longtemps. L’occasion de parler de choses moins lourdes vint aider la cause, et d’un air un peu plus détendu, je pus lui répondre:  « J’ai fait une cure, je suis retourné au lycée il n’y a pas longtemps et j’habite avec ma fille. » Et tout ça s’était passé dans l’espace de deux ans. J’avais clairement perdu mon temps pendant les années précédentes, et parfois, je le regrettais. Je vivais avec pour le coup, je n’avais pas le choix si je voulais avancer, mais ce n’était pas glorieux non plus, j’en étais conscient. Mais n’étant pas là pour réfléchir à tout ça, pas trop en tout cas, je décidai de détourner un peu le sujet et demander:  « Et toi ? », espérant que ce soit suffisant pour l’inviter à parler aussi, et aussi montrer que j’étais intéressé de savoir ce qui était arrivé avec elle, parce que même si je ne l’avais pas contactée, même si nous ne nous étions pas parlés, je voulais le savoir, et j’espérais que ces deux simples mots sauraient transparaître ça avec une certaine sincérité.

J’avais bien compris et pris pour acquis que qu’importe ce que j’allais dire, Trixie ne serait pas satisfaite tant que je ne lui donnerais pas la vérité pure et simple, cette vérité que je ne pouvais pas lui partager. Et j’étais prêt à accepter son insatisfaction si elle, elle était capable d’accepter le fait que je n’allais pas lui donner ce qu’elle voulait, pas aujourd’hui en tout cas. Au bout du compte, elle sembla l’accepter. Pas nécessairement de la façon la plus sereine qui soit, mais quand même. Et sachant très bien que je ne pouvais faire le capricieux, j’allais l’accepter. C’était mieux que je fasse avec, plutôt que de commencer à faire un caprice et possiblement raviver les tensions qui commençaient tout juste à s’estomper, j’en avais l’impression. Ou bien étais-je parce que parler de ma vie actuelle était un sujet un peu plus facile et aisé pour moi ? Ça aussi, c’était une possibilité. Après tout, ce n’était pas comme si j’avais du mal à parler de ma fille; elle était ma plus grande fierté, la raison pour laquelle j’avais fait tant d’efforts pour en arriver là, la raison pour laquelle la solitude m’avait fait tant de mal, la raison pour laquelle j’avais enduré cette souffrance, pour qu’elle n’ait pas à faire de même un jour. Par conséquent, ce fut naturel de secouer la tête pour signifier à mon amie de longue date, bien que perdue avec le temps, que non, sa question n’était pas trop indiscrète. Suite à ça, je ne tardai pas à répondre:  « Elle s’appelle Haley et elle a quatorze ans. » Donc oui, je l’avais eue pendant que le groupe existait, bien que je n’en parlais pas, ayant à peine l’occasion de la voir. De toute façon, me laisser distraire par sa présence était interdit, on me l’avait bien fait comprendre, et je m’en voulais d’avoir pensé ainsi pendant tout ce temps. Heureusement que je n’avais pas continué, autrement, je n’aurais pas pu profiter du bonheur qu’elle m'offrait maintenant, même si évidemment, ce n’était pas toujours facile. Et maintenant, je pouvais partager pas mal plus de choses avec elle, au vu de ma fréquentation du lycée, lycée où j’aurais très bien pu rencontrer Trixie apparemment, autrement que dans ce café. Le hasard avait fait les choses pour qu’on se revoit, clairement, malgré ces dix ans qui s’étaient écoulés depuis la dernière fois que nous nous étions vus. Mais ce ne fut pas ce que je retins le plus de ses propos. Ce qui me marqua, ce fut le fait qu'elle vienne dire que sa vie n’était pas bien intéressante. Pensant le contraire, j’affirmai:  « C'est bien, je trouve. » Je marquai une pause, et pour approfondir ma pensée, j’ajoutai, dans un haussement d’épaules:  « Si tu fais quelque chose qui te plait, tant mieux. » Était-ce vraiment le cas ? Au vu de sa désinvolture quand elle en parlait, je n’étais pas tout à fait certain, d’où le fait que j’avais préféré laisser mon propos en suspens, attendant de voir ce qu’elle allait me dire, comment elle allait réagir à ce que je venais d’affirmer.

Le hasard fait il vraiment bien les choses?

Levi & Trixie

Je ne comptais pas brusquer Levi je devais bien l’avouer. Il avait une place assez particulière dans ma vie à l’époque et malgré toutes ses années et ce qui c’était passé je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter pour lui et de ne pas trop jouer la curieuse pour ne pas le vexer. Croyez moi c’était assez frustrant pour moi de ne pas savoir et de ne pas tous comprendre sur la façon dont cela c’étais passé entre nous mais j’étais prête à m’en contenter pour l’instant. Et puis pour l’instant le passé pouvait bien rester où il était c’était peut être pas plus mal.

On finit par se concentrer sur le présent et du coup ce qu’il me dit attise ma curiosité. J’ai envie de réapprendre à la connaitre, j’ai envie de peut être repartir un peu à zéro. Tellement d’années c’étaient écoulé et finalement on avait pas mal changé tous les deux. Même si je connaissais pas mal de chose pour lui j’avais loupé plus de 10 ans de sa vie, comme pour lui alors je finis par me dire qu’on pourrait réapprendre à se découvrir petit à petit. J’adorais la complicité qu’on avait à l’époque et j’avais juste envie de voir si cela pouvait revenir entre nous. Quand il me parle de l’âge de sa fille je pose mon regard sur lui et finis par dire. Je ne me serais jamais douté à l’époque que tu avais eu une fille. Je détourne le regard un moment et finis par esquisser un sourire. Très jolie prénom. Puis je finis par rajouter. Une ado, cela ne doit pas être de tous repos non ? Puis je me laisse peut être un peu trop allé et il finit par comprendre que ma vie n’étais pas forcement ce à quoi je m’attendais il y a de cela quelques années. J’esquisse un léger sourire et finis par lâcher. Disons que ce n’est pas ce que j’avais imaginé il y a de cela 10 ans. Puis je me reprends rapidement. Mais oui c’est bien ce que je fais me plait et puis c’est mieux que ce que ma vie a pu être à un moment. J’essaie un peu de changer de sujet pour qu’on ne parle pas trop longtemps de moi. J’étais toujours assez pudique sur ma vie et j’esquivais déjà souvent à l’époque quand on cherchait a trop me comprendre. Cela n’avait pas réellement changé. Je reporte donc le sujet sur Levi et finis par lâcher. Quelles sont les matières principales que tu as choisis au lycée ?
 

(c) Niagara

Spoiler:

 « Je n’en ai pas beaucoup parlé. » Voici comment je m’excusai de ne pas l’avoir tenue au courant de l’existence de ma fille avant aujourd’hui et ce, même si elle avait vu le jour pendant que le groupe était encore fonctionnel et bien vivant. Hors de question pour moi de commencer à lui dire que je ne pouvais pas en parler, qu’on m’avait bien fait comprendre que je ne pouvais pas me laisser distraire par elle de quelconque façon, m’empêchant de la voir autrement qu’en photos pendant presque trois ans, trois années fatidiques que j’avais pu rater dans sa vie et que jamais je ne pourrais rattraper. Même si elle avait bientôt quinze ans maintenant, il n’en demeurait pas moins que j’allais toujours le regretter. Il fallait par contre que je continue à avancer parce que si je vivais dans le regret constamment, ça ne ferait pas de moi un père convenable pour Haley. Souriant doucement au commentaire concernant le prénom de celle-ci, je vins passer mon pouce sur mon poignet, là où il y avait justement son nom, tatoué sur ma peau. Je ne perdis toutefois pas le fil de la discussion pour autant, riant légèrement à son commentaire, pour finalement dire:  « Pas toujours non, mais elle me rend vraiment heureux. » En fait, ma fille, je l’avais toujours dit, je continuais à le dire, c’était mon trésor le plus précieux. J’étais même certain - et sans exagérer - que si ça n’avait pas été d’elle, je n’étais même pas certain que je serais là, dans un état relativement acceptable, à discuter avec Trixie. Les longs moments d’absence ne m’avaient pas permis de me tenir à flot, j’en convenais, mais quand elle était là, elle me faisait oublier tous mes problèmes, et savoir que j’allais la revoir était ce qui me permettait de ne pas sombrer complètement, de faire que le nécessaire pour oublier pendant un moment, m’accrochant à ce petit espoir que les choses aillent mieux après. Gardant ça pour moi, je cherchai à en savoir plus sur comment Trixie vivait, satisfait et soulagé de voir que mes suppositions n’étaient pas tant fausses quand je disais qu’elle devait être bien dans son métier. Passant outre le commentaire concernant cette décennie qui avait changé bien des choses, je souris doucement à son propos, ajoutant même un petit:  « Tant mieux. », estimant que pour le coup, c’était l’essentiel. Puis, avant que j’ajoute quoi que ce soit d’autre, elle reprit la parole, me posant une question sur moi et mon parcours scolaire. Réfléchissant dans un premier temps, je répondis ensuite:  « Pour le moment je reprends les matières de base. Anglais, mathématiques, histoire… » Je n’avais pas vraiment le choix, c’était la base pour avoir un diplôme, ce que je voulais avant de choisir une spécialité. Et de toute façon, je n’en étais pas au stade de choisir, non pas parce que j’étais un cancre - pas totalement - mais parce que:  « En ce moment je n’ai aucune idée en quoi je pourrais me spécialiser, ou même si je veux me spécialiser. » Parce que mon but premier, c’était surtout d’avoir un diplôme, pensant que ce serait plus facile après d’avoir un autre boulot convenable, mais après ? Dans un rire nerveux, je conclus:  « Je t’avoue que je ne sais pas trop ce que je veux faire de ma vie en ce moment. » Je savais que la chose la plus saine pour moi était de prendre un jour à la fois, une étape à la fois, mais il fallait quand même que je planifie un minimum et en ce moment, pour tout dire, de ce côté, j’étais complètement paumé, et ça, Trixie allait certainement le remarquer.

Le commentaire de Trixie concernant ma paternité, je le pris avec humilité, mais je le pris surtout comme un compliment. Je n’avais pas grand-chose de quoi être fier dans ma vie, mais ma fille, c’était ma plus grande fierté, et même si je ne cherchais pas de reconnaissance ou quoi que ce soit du genre, il me faisait du bien de voir que certains remarquaient que Haley ressortait chez moi ce que je pensais être le meilleur de ma personne. Ne m’attardant pas trop sur le sujet par contre, je laissai la discussion se poursuivre, parlant du quotidien, un peu de tout et de rien, comme des amis, comme si nous n’avions pas passé autant de temps loin l’un de l’autre, en froid surtout. Bien sûr, ça ne pouvait pas être aussi simple, et la suite vint me le rappeler. En fait, ce fut surtout la supposition de Trixie qui fit le boulot, me faisant sentir un peu mal concernant la façon dont elle pensait que je voyais notre relation. Peut-être était-ce une blague, peut-être pourrais-je juste passer outre, mais je décidai de ne pas le faire, de ne pas avoir le sentiment horrible de fuir encore une fois. Essayant d’être plus habile que je pouvais l’être parfois, j’essayai de dire:  « C’est plutôt moi qui devrais te rendre la question. » Étais-je satisfait ? Quand même. Enfin, j’étais certain que j’aurais pu faire pire. Mais je ne pouvais pas laisser ça en plan, comme ça, sans rien ajouter. Prenant une pause pour rassembler mes mots, j’ajoutai ensuite, bien que ce ne soit pas d’un ton bien assuré, un peu hésitant:  « Je n’ai plus envie de fuir, donc si tu veux bien… J’aimerais bien qu’on puisse se parler plus… Normalement. » Je pensais m’excuser une nouvelle fois dans le processus, mais au final, je ne le fis pas. Je me disais que mes mots faisaient office d’apologies, et si ce n’était pas le cas, pour sûr, je gardais ces excuses en banque. Je ne voulais pas faire comme si je n’avais pas à me faire pardonner encore une fois, parce que je savais que je le devais.

Trixie n’avait peut-être pas tant changé de caractère, mais moi, c’était une autre histoire. Évidemment, mon fond n’avait pas changé. Je n’étais pas une personne complètement différente, mais il était clair que je n’étais pas l’adolescent que j’étais auparavant. J’étais passé par de nombreuses phases, parfois horribles, parfois moins horribles, qui avaient fait ce que j’étais désormais. Du coup, je ne savais pas vraiment si je pouvais acquiescer ou m’opposer aux propos de la jeune femme, mais refusant de me lancer dans un discours philosophique sur la question, je décidai de simplement hausser les épaules, geste flou qui pouvait laisser sous-entendre plusieurs choses que je refusais d’élaborer pour le moment. Espérant que ça passerait, je la laissai poursuivre, avec un propos qui vint me rassurer un peu plus, même me faire sourire, légèrement. Je fus sur le point de lui dire que moi aussi, je l’étais, malgré la tension que j’avais pu ressentir dans un premier temps, lorsque nous nous étions vus, quelques minutes auparavant, dans ce café. À ce moment, au vu de comment elle était venue m’aborder, je devais avouer que j’avais eu peur pendant un instant. Peur que ce soit bordélique, peur que cela vienne me marquer, comme chaque chose de mon passé avait pour effet de me marquer par moments, tout dépendant de comment je le vivais, je l’abordais. Mais maintenant, c’était plus rassurant, positif, et je n’allais pas le nier, c’était ce dont j’avais besoin. Et puis, comme elle parut le dire, nous n’avions clairement pas l’intention de partir bien loin dans les prochains mois, les prochaines années, pourquoi tenter de s’éviter alors que clairement, une rencontre prochaine était inévitable ? Peut-être si elle m’avait annoncé qu’elle n’était que de passage, ou elle faisait un autre métier, les choses auraient été bien différentes, mais là, ce n’était pas ça. Autant faire la paix, ce fut ce que je me dis, mais Trixie poussa le concept encore plus loin, me proposant de tout simplement repartir à zéro, oublier ce qui s’était passé. Surpris, je me demandai pendant un instant si c’était possible. Complètement ? Certainement pas. C’était la logique des choses en fait. Mais recommencer ? L’idée ne me déplaisait pas, d’où le fait que je dis:  « Oui, j’aimerais bien. » Je l’avais dit sans hésitation, je n’avais pas pris le temps de réfléchir parce que pour moi, il n’y avait pas de raisons d’y réfléchir. J’en avais envie, c’était aussi simple que ça. Est-ce que Trixie le verrait comme ça ? Je ne savais pas trop, mais comme si je voulais m’en assurer, je tendis ma main, et je demandai, moins sûr de moi cette fois-ci toutefois:  « On fait la paix et on recommence à neuf ? » Mon manque d’assurance n’avait rien à voir avec le fait que je ne voulais plus, mais parce que je me trouvais un peu idiot de vouloir qu’on se serre la main, comme si on se promettait ça, qu’on faisait un pacte. J’en eus même un petit rire nerveux l’espace d’un instant, mais je repris mon sérieux, attendant de voir si poser un geste inspiré de ma fille et ses amies faisait du sens, ou si c’était complètement ridicule.