Le rendez-vous chez le psy (Layla)

J’ai beau dire haut et fort que je suis quelqu’un de calme et de réfléchie, que je ne m’énerve pas facilement, que je ne juge personne. En réalité, c’est faux. J’ai tout de suite classé Chloe, la fille du bureau en face du mien de « pétasse » simplement parce qu’elle se pointe au travail avec des jupes tellement courtes qu’elle n’a pas besoin de la descendre lorsqu’elle vas aux toilettes ! C’est plus fort que moi, je la trouve vulgaire. Oh, je ne l’ai jamais dit en face, mais chaque fois que je suis à la machine à café et qu’elle entre dans la pièce, les hommes tournent la tête vers elle et ça me fait fulminer. Pour moi, cette fille est une allumeuse ! J’ai également classé mon patron dans la case « pervers » car il à tenter à plusieurs reprises de me faire du rentre dedans. Il croit que je ne vois pas clair dans son jeu, mais en réalité, c’est clair comme l’eau de roche. Bref, j’ai un peu tendance à juger sans connaitre. Et on en parle de ce que je fais dans le dos des autres ? j’ai bousillé la cafetière de l’étage ; exprès ; parce que le café était dégueulasse. C’est aussi moi qui est « tuer » la plante verte de Malorie, juste parce que je la trouvais hideuse. La liste est encore longue. Et on parle de ma fâcheuse manie de dire des vérités, parfois gênantes, lorsque je me retrouve dans une situation insortable ? La semaine dernière, j’ai littéralement péter un plomb dans une librairie, parce qu’un inconnu venait de me dire que ma jupe était coincée dans ma culotte. Tout y est passé. Même la concierge et ses cheveux violets. Pourquoi ? Je n’en sais fichtrement rien. Tout ce que je peux dire pour ma défense, c’est que dès que je me retrouve dans une situation inconfortable, je pète un câble et, naturellement, je ne m’en rappelle pas. Le problème, c’est que ce jour-là, je suis tellement devenue instable que le propriétaire à du appeler la police. Et j’ai du leur promettre de consulter un psy. Voilà comment je me suis retrouver dans ce couloir à tourner sèchement les pages d’une revue périmée depuis trois ans, en attendant mon tour. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire à cette psy ? Que je suis folle ? Si le flic a fait son boulot, elle doit déjà le savoir !

La seule et unique fois ou j’ai mis les pieds dans le bureau d’un psy, j’ai détesté ça. Je me souviens très bien du pourquoi du comment car c’était une visite obligatoire, suite à mon embauche. Le bonhomme, car c’était un homme, un chauve avec de grandes lunettes cerclées de métal, un homme avec une tête de psychopathe, m’avait fichue une trouille bleue ! Dès que j’étais entrée dans son bureau, j’avais eu l’impression d’avoir une grosse bêtise, alors que je n’avais clairement rien à me reprocher. Et les questions qu’il m’a posé. Je préfère les oublier parce que finalement, ça n’avait strictement rien à voir avec le travail que je venais d’obtenir ; et que j’occupe toujours. Alors, quand je pénètre dans la salle d’attente immaculée, je ne suis pas à mon aise. Il y a une plante verte à moitié défraichie, quelques chaises, une table basse et des revues, mais pas de secrétaire, ou s’il y en a une, je ne la vois nulle part. Aussi, je me risque à cogner contre la porte. Après tout, c’est écrit « frapper avant d’entrer », mais, je me contente de frapper et d’attendre, question de politesse. Comme quoi, je ne suis pas ce que l’on prétends que je suis, je ne suis pas instable. Un peu zinzin, mais gentiment zinzin. Une voix féminine me dit d’entré, ce que je fais alors. Je me sens conne lorsque je traverse la pièce avant de me planter devant le bureau et elle me dit de m’assoir. Ok, mais où ? Sur le divan ? Sur la chaise face à elle ? Je pensais que je n’aurais jamais à revivre ça, alors, je suis un peu perdu. Avec l’autre, je n’avais pas eu le choix, le divan était occupé par une montagne de livres. « Euh … ? » hésitais-je, en me dandinant d’un pied sur l’autre.