Le rendez-vous chez le psy (Layla)

J’ai beau dire haut et fort que je suis quelqu’un de calme et de réfléchie, que je ne m’énerve pas facilement, que je ne juge personne. En réalité, c’est faux. J’ai tout de suite classé Chloe, la fille de l'appartement en face du mien de « pétasse » simplement parce qu’elle sort tout les jours de chez elle avec des jupes tellement courtes qu’elle n’a pas besoin de la descendre lorsqu’elle vas aux toilettes ! C’est plus fort que moi, je la trouve vulgaire. Oh, je ne l’ai jamais dit en face, mais chaque fois que je suis à la boîte aux lettres ou à la cave et qu’elle entre dans la pièce, les hommes tournent la tête vers elle et ça me fait fulminer. Pour moi, cette fille est une allumeuse ! J’ai également classé le type du troisième étage dans la case « pervers » car il à tenter à plusieurs reprises de me faire du rentre dedans. Il croit que je ne vois pas clair dans son jeu, mais en réalité, c’est clair comme l’eau de roche. Bref, j’ai un peu tendance à juger sans connaitre. Et on en parle de ce que je fais dans le dos des autres ? j’ai bousillé la cafetière de a salle commune ; exprès ; parce que le café était dégueulasse. C’est aussi moi qui est « tuer » la plante verte de Malorie, juste parce que je la trouvais hideuse. La liste est encore longue. Et on en parle de mon agressivité lorsque je me retrouve en compagnie d'une concurrente ? Le premier jour des soldes, j'ai repéré une magnifique paire de boots noirs. Le seul problème, c'est qu'il n'en restait plus qu'une seule paire à ma taille. Laissez-moi vous dire, qu'ils étaient pour moi et uniquement pour moi.Alors quand cette grande perche à tendu la main pour les prendre, je me suis jeter sur elle ! Le problème, c’est que ce jour-là, je suis tellement devenue instable que le propriétaire à du appeler la police. Et j’ai du leur promettre de consulter un psy. Voilà comment je me suis retrouver dans ce couloir à tourner sèchement les pages d’une revue périmée depuis trois ans, en attendant mon tour. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire à cette psy ? Que je suis folle ? Si le flic a fait son boulot, elle doit déjà le savoir !

J'ai le sentiment d'avoir été prise au piège. peut-être est-ce simplement parce que je ne suis pas là de mon plein grès. Je ne sais pas. Je sais juste que je ne comprends pas pourquoi l'autre idiote ne se retrouve pas ici elle aussi. C'était un acte répréhensible de sa part que de m'avoir "voler" cette paire de chaussures. Je n'en démordrais pas. L'espace d'un instant, je suis tentée de prendre la poudre d’escampette. De me tirer d'ici avant que la psychologue n'est le temps d'ouvrir la porte. Mais aussitôt, je me l'interdit, parce que je ne suis pas une dégonflée. J'ai l'habitude d'aller au bout des choses, d'aller au bout de mes convictions. Alors certes, c'est vrai, je ne le fais pas forcément pour les bonnes raisons ; enfin ce que le commun des mortels pense être la bonne raison ; mais le principe reste le même : je ne suis pas une pétocharde. Alors non, je ne partirais pas. Je vais assister à ce rendez-vous, on me signera un papier comme quoi je suis bien venue et que j'ai fais ma part du marché, aux flics ensuite de faire la leur. La porte s'ouvre alors et je me sens comme une petite fille prise la main dans le sachet de bonbons alors qu'elle sait qu'on lui a dit non. "B'jour !" fais-je en ravalant ma salive avec difficulté. Je n'ai peur de rien ni de personne, mais je ne sais pas pourquoi, me retrouver face à une psychologue me terrifie autant que d'être poursuivie par un tueur fou sorti tout droit d'un film d'horreur. Elle me demande ensuite de lui dire les raisons de ma présence ici. Je la regarde, étonnée. "Parce que vous ne le savez pas ?" que je lui demande. Je pensais vraiment que les flics lui auraient transmis mon dossier. "Il parfait que j'ai, comment ont-il dit déjà ? Ah oui, des problèmes pour gérer ma colère ! N'importe quoi !" dis-je alors en soupirant. Je ne me formalise pas pour le tutoiement, j'ai l'habitude. Puis, il faut bien le dire, à côté d'elle, je suis clairement une gamine. "Je veux bien un verre d'eau, merci !" lui répondis-je, comme elle me proposait quelque chose à boire.

J'ai bien envie de lever les yeux au ciel quand elle m'indique avoir lu mon dossier et lui répondre que puisqu'elle le sait déjà, pourquoi devrais-je le redire encore une fois ? Mais je n'en fais rien, parce que je sais que c'est mal poli. Or, j'essaye toujours de changer, ne serais-ce qu'un minimum. A la place, j'explique ce qu'elle sait probablement déjà, à savoir que j'aurais, soit disant, du mal à gérer ma colère, ce dont je ne crois rien, bien évidement. La réponse ne se ferait pas attendre, pourquoi la police mentirait. Je ne réponds pas. Je me contente, à la place, de hausser les épaules. La police enjolive toujours la situation à son avantage, c'est bien connu. C'est comme lorsqu'ils parlent de graves dégradations du mobilier urbain, alors qu'au final, juste un seul banc à cramer. Et un banc pourri, qui plus est. Enfin bref, ils exagèrent toujours et tout le monde le sait. Comme elle me propose à boire, j'accepte un verre d'eau. Il faut chaud aujourd'hui et je meure de soif. Puis, je me dis aussi que ça nous fera perdre du temps. Malheureusement, elle revient un peut trop vite vers moi à mon goût. Elle me donne le verre et me repose à nouveau la question. Je la remercie d'un signe de la tête avant de pousser un profond soupire. Je suis là pendant encore cinquante cinq minutes si j'en crois l'horloge, alors je n'ai pas trop le choix. Il faut que je parles, sinon, je vais mourir d’ennui. "Ils sous-estiment l'importance d'une paire de chaussures !" lâchais-je, simplement.

Il est des moments dans une vie ou le temps semble s'être arrêté. Ou les secondes s’égrainent longtemps, telles des heures. Ce moment en fait partis. J'ai l'impression de me revoir le jour de l'oral du baccalauréat, ce fameux jours ou je n'étais franchement pas à mon aise tant j'étais stressée. Je n'ai pourtant pas peur de m'exprimer à l'oral mais face à ce professeur, je m'étais sentie comme une petite sourire face au gros chat, dans les cartoon. J'étais effrayée ! Avec ces énormes lunettes noires et son nez aquilin, il ne m'avait pas faciliter la tâche et je m'étais vidé juste après être passé devant lui. La honte. Et bien là, je ne me sentais pas beaucoup mieux. Je n'avais pas envie de vomir, mais j'avais tout de même envie d'être n’importe ou sauf ici, ça c'est évident ! D'autant plus que j'estimais toujours qu'elle avait sans doute des cas bien plus importants à traiter et qu'à cause de ces maudits poulets, je lui faisait perdre son temps. "Des chaussures ! Vous êtes une femme vous aussi, alors vous devez forcément aimer les chaussures !" dis-je, en repensant à cette paire de boots sublimes que cette mégère avait obtenu. Ils ne lui allaient même pas, j'en suis certaine ! C'était une conspiration envoyé par mon idiot de frère pour m'empêcher de dépenser mon argent ;l'argent de papa plutôt ; dans une autre paire de chaussures. J'avais vraiment hâte de commencer à travailler, au moins, je pourrais faire ce que je voulais avec mon argent. Je haussais une nouvelle fois les épaules. "Non. Je me suis juste jeter sur cette dernière paire avant que cette femme ne le fasse et j'y serais arriver si cet imbécile de vendeur n'avait pas appeler les flics !" répondis-je, en faisant tourner mon verre dans un sens et puis dans l'autre.

Ce que ça m'agace d'être ici ! Franchement, je n'ai pas détruit la boutique et personne n'a été blessée. Même pas quelques griffures et bleus. Rien. Ce type ; dont le visage me rappelle vaguement mes années lycées ; en a simplement trop fait et personne ne veut le reconnaitre. C'est tellement plus facile d'accusé Elena. D'aussi loin que je me souvienne, c'est toujours moi que l'on accusait. Ok, je l'avoue, je me suis longtemps montrer hostile envers bien des gens, pour ne pas dire tout le monde. Mais, il y a longtemps maintenant que je ne suis plus comme ça. Je dois sans doute connaitre ce type. J'imagine que j'ai du lui mener la vie dure à une certaine époque, mais ce n'est pas une raison pour me le faire payer aujourd’hui, alors que, comme lui, j'ai changé. Alors oui, ça m'agace d'être ici. De perdre mon temps à raconter ma vie à une inconnue, qui à sans doute des cas bien plus grave à traiter. Je ne sais pas moi, il doit bien y avoir des dépressifs et des bipolaires en ville ? Ils ont bien plus besoin d'elle que moi ! Saleté de propriétaire et saletés de flics ! "Au moins, nous sommes d'accord sur ce point !" lâchais-je, devant sa remarque sur les chaussures. Le reste me plait beaucoup moins. "Bien sûr que non !" dis-je, offusquée qu'elle est pu penser que j'ai blessé cette idiote de voleuse de chaussures. "Naturellement !" continuais-je, évoquant l'état des chaussures. Oui, elles avaient survécut. C'est cette femme qui les avait obtenu. Évidemment. Tout ça à cause de ce fantôme du passé. Ce fantôme que j'ai oublié.