Il faut qu'on s'explique. ◘ Baby

Le choix de l’école de Wesley avait été partiellement influencé par le fait que je pouvais aisément aller le chercher après ma journée à moi à l’école et ce, sans qu’il doive rester trop longtemps après ses cours. Non pas que ce n’était pas une bonne chose qu’il reste, parce que cela lui permettait de passer du temps avec ses amis. Cependant, aujourd’hui, une exception venait changer ces plans; en effet, il me fallait rester plus longtemps après l’école pour une rencontre d’urgence, prévue la veille seulement, concernant un élève aux prises avec de grandes difficultés qui venaient affecter l’ambiance de sa classe et même de l’école en général. Puisque j’étais son enseignante, je me devais d’être présente, même si dans un premier temps, il ne me fit clairement pas plaisir de faire cette annonce à mon fils. Parce que maintenant, je préférais de loin gérer la chose avec lui, plutôt que d’impliquer son père, le faire râler une énième fois et engendrer une nouvelle dispute. Au bout du compte, tout cela devint un mal pour un bien, puisque Wesley en profita pour me demander d’aller passer du temps chez son ami après l’école pour faire ses devoirs et préparer un projet. Clairement, après avoir eu l’accord de la mère de l’ami en question, je ne sus faire autrement que d’accepter cet arrangement. Par conséquent, à la fin de la journée, je me rendis à ma rencontre sans m’en faire pour le bien-être de Wesley, et ce fut même l’esprit relativement tranquille que je pris la route pour quitter le lycée et me rendre devant la demeure de l’ami de mon garçon. Le seul problème que j’eus, et ça n’en était pas vraiment un, c’est qu’il me fut difficile de trouver un endroit où me garer non loin de la demeure. Apparemment, les gens de ce quartier rentraient plutôt tôt, rendant les places limites. Au final, ce fut un pâté de maison plus loin que je trouvai un espace, le saisissant aussitôt. Sitôt garée, je coupai le contact, puis je sortis du véhicule, commençant à regarder les environs pour repérer la dite maison. En voiture, c’était bien joli, mais là, ce n’était pas la même chose. Marchant donc en prêtant attention aux demeures pour ne pas passer tout droit, je ne me rendis pas compte tout de suite que quelqu’un m’avait abordée, le réalisant que lorsque la personne, une jeune femme, vint me retrouver à ma hauteur. Perturbée, je ne sus pas lui répondre dans un premier temps, la laissant ainsi aller au bout de son propos, la laissant se présenter, me laissant encore plus surprise, mais encore en mesure de lui dire:  « Oh… Oui, je me souviens… » Enfin, il était évident que je me souvenais vaguement, parce qu’onze années étaient passées, et qu’une chose était certaine, c’était que bien des choses avaient changées, à commencer:  « Wow… tu as grandi ! »  Cet aveu, je le fis dans un rire nerveux, me rendant compte que je ne savais pas trop quoi dire pour le coup, parce que clairement, je n’avais aucune idée de ce que je pouvais faire pour la demoiselle. Malgré tout, je me dis que lui demander:  « Comment tu vas ? » n’était pas de trop, même si c’était fort banal, bien que je ne me voyais pas vraiment faire autrement pour le moment.

 « Non, ça va, t’en fais pas. » fut ce que je répondis à la demoiselle au moment où elle me demanda si elle me dérangeait. Mieux encore, je ne lui dis pas seulement pour bien paraître ou ne pas la vexer, mais bien parce qu’en fait, je me doutais bien que Wesley pouvait attendre quelques minutes. Il était chez un ami, en sécurité, et très certainement qu’il devait s’amuser. De plus, je ne lui avais pas donné d’heure précise à laquelle j’allais arriver, donc je me doutais bien qu’un peu plus de temps en compagnie de son ami n’allait pas le faire râler, bien au contraire. Et puis, il fallait admettre que j’étais bien curieuse de voir ce qu’Alys était devenue. La dernière fois que je l’avais vue, elle n’était encore qu’une petite fille qui, maintenant, était une jeune femme qui, visiblement, ne détestait pas être considérée comme tel. À cela, je choisis de ne pas passer de commentaire, parce que je ne comptais pas changer d’avis, ou bien blâmer qui qui que ce soit pour autant. Cela me donna l’occasion de lui poser une première question particulièrement banale, à laquelle elle répondit on ne peut plus simplement, ce qui, en mon sens, était parfaitement légitime, voire normale. Et puis, j’aurais été bien placée pour la blâmer de quelconque manque de développement, puisqu’à son retour de question, je lui servis une réponse similaire, soit:  « Ça va, merci. » avec un petit sourire timide, sourire qui, toutefois, ne resta pas longtemps sur mes lèvres, puisqu’avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, celle-ci en vint à changer le sujet de discussion, d’une façon à laquelle je ne m’attendis pas vraiment. Quelque peu perturbée, je la considérai pendant un bref instant, quelque peu surprise. Il me fallut quelques instants pour trouver ce que je pourrais lui répondre, parce que même si je ne pouvais pas nier que oui, j’avais revu Andy, je me refusais de lui faire croire qu’il se passait quoi que ce soit entre nous pour le coup. Une fois que tout cela fut environ en ordre dans ma tête, je baissai le regard, et je dis:  « Hum non, pas vraiment… On s’est parlés quelques fois, voilà tout. » Pour tout dire, je n’avais pas envie de m’étaler de long en large sur la question. Par contre, j’avais tenu ces propos avant même de savoir ce qu’Alys qui, étant la cousine d’Andy, devait savoir quelques trucs aussi. Curieuse, mais surtout désireuse de savoir à quoi m’en tenir pour le coup, je décidai de demander, aussi naturellement que possible:  « Tu lui as parlé dernièrement toi ? », limite certaine qu’Alys devait en savoir un peu plus sur lui que moi. Et étrangement, je croisais les doigts pour qu’elle me réponde, parce que même si je refusais de l’admettre à voix haute, je voulais bien savoir comment il allait, ce qu’il faisait, parce que clairement, ce n’était pas lui qui allait me dire quoi que ce soit par rapport à ça en ce moment.

Un petit sourire fut suffisant à mon avis pour faire comprendre à la jeune femme que cela ne me gênait pas vraiment que son chien en vienne à passer sa langue que ma main. J’étais consciente que ce n’était pas la chose la plus hygiénique du monde, mais c’était, en mon sens, bien moins pire que s’il en était venu à me mordre, vouloir déchirer mon jean ou quoi que ce soit du genre. Plus encore, ce ne fut pas gênant au point que j’en perdre le fil de la discussion; sans attendre bien longtemps, je reportai mon attention vers Alys donc, qui m’expliqua ce qui s’était passé pendant Thanksgiving en compagnie d’Andy. Pendant un bref instant où j’oubliai la tension qui régnait entre mon ex et moi-même, je souris discrètement, ne pouvant m’empêcher de le faire en m’imaginant Andy coincé dans une boutique. Enfin, je savais bien que ce n’était pas très drôle non plus, d’où le fait que je ne gardai pas mon sourire bien longtemps et que je dis à l’adresse de mon interlocutrice:  « Oh… Je vois… », ayant heureusement réussi à reprendre ma contenance suffisamment pour être sérieux dans ce bref propos. Le problème, c’est que maintenant que je savais qu’ils s’étaient revus, même si ce n’était pas dans les meilleures circonstances qui soit et que plus encore, elle l’avait revue plus récemment que moi, il me fut alors impossible de garder cela pour moi-même, donc j’en vins à dire:  « Et… Comment il va ? », me sentant bien ridicule de lui poser la question ainsi, mais c’était plus fort que moi. Au bout du compte, qu’importe comment il se comportait, qu’importe le fait qu’il était parti, puis qu’il était revenu sans me dire quoi que ce soit, je voulais savoir comment il allait, en espérant qu’il aille bien, même si quelque chose me disait que ce n’était pas vraiment possible. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, mais sachant maintenant ses soucis, je ne pouvais pas m’empêcher de penser autrement, et je me sentais coupable de le faire devant Alys, bien sûr, même si là, je ne pouvais rien faire d’autre que d’espérer qu’elle ne m’en veuille pas trop de lui poser la question.

Alors que la discussion en venait à être un peu plus délicate, Alys en vint à me poser une question quelque peu hors contexte, d’où le fait que j’en vins à y froncer les sourcils, mais celle-ci étant parfaitement normale, nullement offensante, je ne fis pas tout un cas, me contentant de simplement répondre:  « Oui je travaille au lycée. J’enseigne la littérature. » Puis, comme pour tenter de répondre aux impressions de la demoiselle, lui faire comprendre que ce n’était pas que ça, j’ajoutai:  « Il est possible qu’on se soit croisées vite fait. » Après, je ne pouvais pas prétendre davantage, puisqu’après tout, jamais je ne l’avais eue comme élève. Et si ça avait été le cas, comment les choses se seraient passées ? Je me doutais bien que ça aurait été probablement moins pire que ce l’était en ce moment avec Kara, la demi-soeur d’Andy, mais après, est-ce que ça aurait été aussi tendu que je le sentais en ce moment ? Je n’en savais rien, j’étais un peu confuse, considérant que je constatai peu de temps après que limite, j’étais celle qui en faisait tout un plat avec la situation Andy, qu’en fait, Alys ne semblait pas au courant de ce qui s’était passé, et que même si elle avait passé Thanksgiving avec lui, ils avaient discuté de peu de choses pour le coup, rien me concernant, à ce que je comprenais. C’était un peu déstabilisant, mais après, parce que je n’attendais rien de lui, je tentai de me dire que c’était chose normale, je finis par dire d’un air que je voulus un peu plus détaché, tout en haussant les épaules:  « Parce que… Tu l’as vu plus récemment que moi, je suppose. » Je n’étais pas parvenue à en dire davantage pour le coup, donc je m’en tins à cela, et je me contentai de simplement hocher la tête pour accuser réception de l’information concernant son roman, ajoutant:  « C’est… C’est bien. » avec un sourire plus nerveux que je l’aurais voulu dans un premier temps, me rendant compte que finalement, peut-être que tout cela me chicotait un peu plus que je ne l’aurais voulu dans un premier temps, et c’était quelque peu gênant.