Faut-il croire Mind Reader ? :: Solent

Rien de mieux qu'une journée seule avec soi-même. Pas de Percy, ni de Marshall. J'en profitais donc pour faire quelque achats, non pas les courses ou autre chose utile, mais du shopping tout simplement pour moi. C'était bien une chose que je n'avais pas fait depuis un moment et dont je ressentais le besoin. Malgré le fait que j'étais mère depuis plus d'une décennie, je n'avais jamais cessée de prendre soin de moi, de faire attention à comment je m'habillais. Les bras chargés de paquet de toute sorte, je traversais la rue lorsque mon téléphone m'annonçait une notification. Le blog de Mind Reader. Loin d'être une lectrice assidue, il m'arrivait quelque fois de perdre mon attention dans les dire que l'on pouvait lire sur ce blog. Rumeur ou vérité ? Je ne pouvais dire si c'était un ou l'autre. Mon regard se posait néanmoins sur une photo, une photo que je n'aurais jamais cru voir. M'arrêtant j'agrandissais l'image dans l'espoir de me tromper, hélas c'était loin d'être le cas. Le klaxon d'une voiture me fit revenir à la réalité, je me trouvais toujours au beau milieu de la rue et le feu rouge venait de passer au vert, privant les conducteurs de poursuivre leur chemin, je m'empressais de regagner le trottoir en vitesse. Comment était-ce possible ? Je reportais mon regard sur la photo qui s'imposait sur mon écran. Ces boucles blondes et ces yeux bleus, je pouvais les reconnaître entre mille. Pinçant mes lèvres, je cherchais mon souffle, une simple bouffé d'air. Je relevais la tête et bien vite l'impression que tous les visages autour de moi posaient leur regard empli de jugement sur moi. Les gens ignoraient pourtant la vérité, je le savais, mais au fond de moi je savais aussi que cette photo n'avait rien d'anodine. Passant une main sur mon visage, je m'empressais de retourner à ma voiture, balançant mes achats dans le coffre je me mettais au volant pour prendre la direction de l'appartement de mon mari. Je ne pouvais pas rester là sans rien faire. J'étais peut-être la fautive, mais je désirais savoir. Ce n'était pas parce que j'avais refusée de fuir la ville ou qu'il m'était arrivée de trouver du réconfort dans les bras de Kelvin que je n'aimais plus mon mari. Je ne l'avais jamais trompée, jamais. Kelvin n'était que le soutien que je pouvais avoir en l'absence de Trent. Une absence qui pesait de plus en plus lourd dans ma vie. Bientôt une année que j'avais quittée notre demeure de San Diego et je pensais que ce ferait un moment que nous serions retourné là-bas... mais non. Je conduisais tout en cherchant à me dire que ce n'était rien, cette photo sorti de son contexte ne voulait rien dire. Je le savais. Et pourtant... au fond de moi, un doute persistait. Je ne pouvais le décrire, mais il était présent et je le ressentais chaque fois que je regardais le regard que mon époux posait sur cet étudiant. J'avais reconnu Maxence, cet étudiant en médecine que j'avais rencontré à mon arrivée à la capitale, mais j'ignorais qu'ils se connaissaient. D'où s'étaient-ils connus ? J'arrivais au bout de quelques minutes devant l'adresse que Trent m'avait donné à un moment. Assise derrière le volant, je ne pouvais m'empêcher de me demander si je prenais la bonne décision en allant le voir. Étais-je prête à entendre la vérité quelle quel soit ? Passant une main dans mes cheveux, je prenais une profonde inspiration. Et si le fait qu'il ne portait plus son alliance venait de sa rencontre avec Maxence ? Je secouais la tête, depuis quand avais-je peur que mon mari me trompe ? Je n'avais jamais éprouvée de jalousie. Jamais. Mais pour la première fois, j'ignorais ce qu'il avait en tête. Il aimait la beauté, ça je le savais, mais ressentait-il toujours de l'amour à mon égard ? Cette distance avait-il crée notre éloignement ? Je sortais de la voiture et me dirigeais vers la porte tout en triturant la hanse de mon sac à main. Je n'étais pas encore arrivée à la porte que je tournais les talons, avant de me raviser et de reprendre la direction de sa porte. J'y toquais trois petits coups attendant patiemment qu'il vienne m'ouvrir. Je n'avais aucune certitude qu'il se trouvait chez lui, mais je croisais les doigts dans l'espoir que oui. Si habituellement j'avais une assurance indestructible à cet instant, c'était bien loin d'être le cas. La porte s'ouvrit et mon regard se posait sur ce visage qui partageait ma vie depuis tant d'année. « M'aimes-tu toujours ? » Mes mots avaient jailli des mes lèvres sans que je prenne le temps d'y réfléchir... Aucun bonjour ni formalité aucune, simplement la crainte qui prenait place sur ma raison et démontrait ma peur de perdre l'homme que j'aimais... que j'aime plus que quiconque.

Trent n'avait jamais été très potins. Loin de se désintéressé de la vie des autres, il ne se privait jamais de l'occasion de partager une conversation avec une personne et d'apprendre des choses sur elle depuis la source. Entendre les "on dit" et les commentaires rapportés ne l'intéressait pas vraiment. Stériles et impossibles à vérifier, les ragots ne servaient qu'à attiser une curiosité que Trent ne possédait pas. Il se moquait pas mal de l'occupation des gens, de leur fréquentations ou de leurs erreurs, tant que ça n’impactait pas sa propre vie. Trent avait eu bien vite vent de Mind Reader en arrivant à Washington, après avoir entendu des personnes le mentionner dans la rue. Il n'y avait pas prêté grande attention. Il n'était qu'un passager dans la ville, un anonyme qui n'allait pas s'attarder. Quant bien même se ferait-il remarquer pour une chose ou une autre, Trent n'avait rien à se reprocher. Rien qu'un vulgaire blogueur pourrait dénicher. Ses secrets honteux, Trent les gardait bien au chaud contre sa poitrine, loin des yeux de tous. Autant dire que le chirurgien avait oublié la chose aussi rapidement qu'il l'avait apprise. Jusqu'à ce qu'une collègue vienne le voir ce matin. Trent était à l'accueil pour récupérer un dossier lorsqu'une interne du service de cardiologie lui fourra son téléphone sous le nez avec un "hey c'est toi, nan?". Trent, surpris, s'était reculé juste assez pour que ses yeux s'ajustent au petit écran et...oui c'était bien lui. Les sourcils froncés, il observa un instant la photo de lui et Maxence qui avait apparemment été diffusée auprès de toute la capitale, n'entendant plus rien de ce que déblatérait sa collègue à son oreille. Rien de bien spectaculaire. Juste eux deux, pris au beau milieu d'un rire. La photo était plutôt pas mal selon lui. La seule chose gênante résidait dans le commentaire qui accompagnait le cliché. Une suggestion peu subtile quant à la vraie nature de leur relation. Trent secoua la tête, un rictus aux lèvres. « T'as pas autre chose à faire au lieu de lire ces conneries? » dit-il à la jeune femme, coupant court à ce moment. Elle haussa les épaules et s'en alla. La chose resta un petit peu avec lui durant la matinée. Ce sentiment d'avoir eu son intimité envahie, son visage et son prénom mis sur le devant de la scène. la cacophonie  constante de son métier lui changea les idées, et il n'y pensait déjà presque plus une fois l'après-midi arrivée. Il était épuisé lorsqu'il rentra à l'appart. Celui-ci était vide, Max étant en cours, et Trent en profita pour enfiler un jogging confortable avant de s'affaler sur le canapé du salon. Il s'était presque endormi lorsque des coups retentirent à la porte. Dans un grognement, Trent se redressa, traînant le pas jusqu'à l'entrée. Maxence avait-il oublié ses clés? Il était rare qu'ils reçoivent de la visite. Quelle ne fut pas sa surprise en trouvant sa femme derrière la porte. Sa première pensée fut que quelque chose de grave était arrivée. Quelque chose était arrivé à leur fils, ou bien la police était à deux doigts de débarquer, ou pire encore, son père avait retrouvé leur trace. Mais Trent n'eu pas longtemps à paniquer puisque Raschelle lui posa bien vite une question qui le laissa perplexe. « Quoi?  » demanda-t-il, complètement perdu. Elle avait fait tout ce chemin pour lui poser une question aussi idiote? Car sa venue était une mauvaise idée de A à Z! Et si Kelvin l'avait suivie? Un coup de fil n'aurait pas suffit? « Bien sûr que je t'aime! » s'empressa-t-il de répondre. « Reste pas là » s'agaça-t-il en la faisant entrer. Heureusement que Max n'était pas là, il n'était pas prêt à lui expliquer la folle vérité sur sa vie. « Qu'est ce qui se passe? » lui demanda-t-il une fois à l'intérieur en glissant sa main dans la sienne pour l'attirer dans le salon. Quelque chose clochait, forcément. Ça ne ressemblait pas à sa femme de partir dans les extrêmes comme ça, et encore moins de remettre en question ses sentiments. Pas un instant il lui vint à l'idée de faire le rapport avec la nouvelle de la matinée.

Pourquoi croyais-je Mind Reader ? C'était à se le demander ! Sauf qu'en ce moment, je ne savais plus qui croire. Je devais simplement parler à Trent. Entendre le son de sa voix. Il y avait déjà trop de temps qu'on se trouvait loin l'un de l'autre et j'en venais parfois à me demander si nous allions à un moment retrouver notre vie d'avant ! Alors que j'attendais que la porte s'ouvre, je me posais mille et une questions. Ce rire partagé avec Maxence, quel était sa signification ? Qu'est-ce qu'ils avaient dit pour s'esclaffer de cette façon ? Mais surtout, pourquoi Mind Reader avait fait planer ce sous-entendu ? Que devais-je comprendre ? Éprouvais-je de la jalousie ? Me sentais-je délaissée ? Tant de question et aucune réponse. J'en devenais folle ! La porte fini par s'ouvrir et je me laissais emporter par mes craintes et l'inconnu qu'évoquait cette photo. L'étonnement se lisait sur le visage de Trent, mais je ne me sentais pas mieux pour autant. Je continuais de le regarder, analysant ses traits. J'aimais Trent de tôt mon cœur ainsi que de tout mon être et j'en venais à me demander : Et si un jour son amour pour moi s'estompait, qu'est-ce que je deviendrais ? J'avais déjà vécu sa perte une fois, pouvais-je l'affronter à nouveau ? Sa voix résonnait comme un écho, laissant un soupir franchir mes lèvres. Son « quoi » suivit de cette simple phrase devant me rassurer dit, je sentis une larme se former à la commissure de mon œil. Je battus des cils pour la chasser tandis que Trent m'invitait à entrer. Mes doigts se lièrent aux siens franchissant le seuil de la porte tout en gardant ma tête basse. À cet instant, je me sentais idiote. Idiote de ne pas avoir cru en lui. D'avoir vu le pire dans un ragot qui ne devait être rien. Mon regard ne se posait pas sur la décoration ou sur les meubles qui trônaient dans son appartement. Tout au contraire, ils étaient vissés sur sa carrure large. Je sentais la chaleur de sa main et réalisais que même si on se voyait de temps à autre, sa présence me manquait. Ces petits gestes futiles étaient totalement absent de ma nouvelle vie. Je serrais un peu plus ses doigts, ravalant ma salive avant de sortir de mon sac-à-main mon portable. J'hésitais à lui montrer, mais je finis par me résigner. Ouvrant la page du blog de Mind Reader, puis je lui rendais mon portable. « C'est sans doute rien. » commençais-je. « Seulement quand j'ai vu cette photo et lu le commentaire, je n'ai pas pu m'empêcher de craindre... » Je m'arrêtais, retirant ma main de la sienne. « C'est idiot, je le sais. Seulement notre vie est tellement différente. Tu ne portes plus ton alliance, je dois mentir sur ma vie... Je sais que se sont des ragots, mais je ne peux m'empêcher de me demander : Qu'est-ce que je ferais sans toi ? Si tu me quittais pour quelqu'un d'autre ? Je ne sais même pas ce que tu fais. Est-ce que tu t'es trouvé du travail ? Est-ce que tu penses retourner à San Diego ? Qui partage ta vie ? Je ne sais plus quoi penser, loin de toi, je réalise que rien n'est facile. » Je prenais une longue inspiration en reprenant sa main. « Je crois que ce blog m'a mis les blues. » rigolais-je nerveusement.

Trent la faisait entrer chez lui. Pendant un court instant, cette réalité occupa toutes ses pensées. Il s'agissait d'un monde qu'il ne partageait pas; le premier depuis bien longtemps. Raschelle observait brièvement la pièce autour d'elle avant de reposer son regard sur lui, et Trent la regardait à son tour répertorier ce qui constituait la vie présente de son mari. Une longue liste de banalité qui voulait dire beaucoup. Trent lui avait donné son adresse lorsqu'ils s'étaient retrouvés, mais jamais encore elle n'était venue. Il ne l'avait pas invité non plus. Cela lui avait paru délicat étant donné qu'il n'était pas le seul à habiter sous ce toit. Il ne se voyait pas présenter Maxence à sa femme et dévoiler plus de son histoire qu'il ne le souhaitait. L'avantage de cette colocation résidait en un mot: simplicité. Pas de passé contraignant, pas de questions gênantes, juste une cohabitation agréable et profondément normale. Alors c'est à l'extérieur que Trent et la femme de sa vie se retrouvaient les rares moments où cela était possible. Et maintenant, elle était là, au beau milieu de son salon, la mine inquiète. Suite à sa question, la jeune femme piocha son téléphone de son sac. Lorsqu'il pris l'objet dans ses mains, il savait déjà ce qu'il l'attendait sur l'écran. La page du blog, tout aussi moqueuse et erronée que ce matin. Trent ne pu s'empêcher de laisser de nouveaux ses yeux s'attarder sur la photo et le texte en accompagnement. Il soupira, laissant sa main retomber mollement contre sa cuisse, tandis que l'autre se détachait de celle de sa femme. Alors c'était ça. Il la laissa s'exprimer, conscient que s'offusquer ne servirait à rien. C'était tellement inhabituel. Après tant d'années sans que l'ombre de la jalousie ne plane sur leur couple, le sentiment semblait désormais surgir de toute part. Il n'en avait pas été étranger lorsqu'il avait vu toute sa petite famille au festival avec Kelvin. Quelque chose de vicieux et de mauvais qui l'avait rendu fou de rage. Mais Solora n'était pas en colère, juste inquiète de ce fossé qui semblait naître entre eux. Elle n'avait pas forcément tort, mais n'étaient-ils juste pas victime de la situation? Condamnés à être séparés, à mentir? C'était déjà un miracle qu'ils se soient retrouvés alors que tout semblait être contre eux. Elle tenta d'alléger le coup, une plaisanterie et sa main dans la sienne, mais le cœur du problème avait été mis sur la table.  « Toi et moi on fait ce qu'on peut pour tirer le meilleur de cette situation »  dit-il, calmement.  « Je sais que c'est pas facile, ça ne l'est pas pour moi non plus ». Ça ne lui plaisait pas plus qu'à elle de mentir sur sa vie et sur ce qu'il était. « Mais on a la chance de s'être retrouvé, de pouvoir se parler même si ce n'est pas aussi fréquemment qu'on le souhaiterait ». Trent préférait se concentrer sur tous les points positifs dans cette histoire. Il pourrait toujours être perdu dans le fin fond de l'Oregon, sans aucune idée de l'endroit où se trouvait sa femme et son fils, s'ils allaient bien, si son taré de père les avait retrouvé. « Comment tu veux me perdre alors que je suis juste là? » lui demanda-t-il avant de déposer un baiser sur le dos de sa main. « Et si tu veux savoir quelque chose, demande moi. Je ne te cache rien  ». Il l'entraîna jusqu'au canapé où ils prirent place. « J'ai trouvé un job à l’hôpital, oui j'aimerai retourner chez nous à San Diego, et ça  » dit-il en mettant le téléphone sous leurs yeux. « C'est Maxence, la personne avec qui je partage cet appartement  ». Et à ce sujet, il ne pouvait rien faire pour Solora. Oui ils vivaient ensemble. Dire que Max "partageait" sa vie semblait bien trop intime, mais ils étaient amis et Trent appréciait réellement le jeune homme. Seule Raschelle pouvait contrôler sa jalousie et lui faire confiance. Comme Trent tentait de le faire au sujet de Kelvin. Il lui rendit le téléphone et écarta légèrement les mains devant lui. «Autre chose?  » demanda-t-il dans un sourire.

En franchissant le seuil de la porte, je chassais bien vite cette idée qu’on ne partageait pas cela ensemble. L’image de divorcée venait chatouiller mon esprit, mais je savais qu’on n’avait rien de cela. On s’aimait encore. Tout cela n’était qu’un malheureux inconvénient, ni plus ni moins et on finirait tôt ou tard part retrouver notre vie. Mais quand ? Tout ce dont j’étais certaine, c’était que je ne voulais pas ressembler à c’est femme qui divorce et perde leur repère, si on en venait à cela, je ne savais que je serais perdue. Mais inutile que mes pensées se noircisses pour une simple rumeur ! Je lui tendais tout de même mon portable en guise d’explication. Malgré tout, je lui confiais mes inquiétudes ne pouvant rester silencieuse face à cela. Je posais mon regard sur Trent, détaillant son visage, analysant ses réactions. Il avait semblé être au courant de cette rumeur sur lui. Je devais bien être la seule à me faire un cinéma, seulement, ne vivant pas avec lui, ne sachant pratiquement rien de sa nouvelle vie, je ne pouvais rien faire de mieux que m’imaginer tout un tas de chose, tout comme il avait dû le faire avec Kelvin et moi. Je le laissais parler, jouant avec mes doigts. Tirer le meilleur de cette situation… Ces mots résonnaient dans ma tête, alors que je tentais de lui adresser un maigre sourire. Aurait-ce été différent si j’avais accepté de fuir avec lui lors qu’il me l’avait proposé ? Cette question trottait dans ma tête depuis tellement longtemps que je ne savais plus si je prenais de bonne décision. Mentir à Korben était une autre chose, maintenant qu’il était au courant pour son père, je me demandais si je n’aurai pas mieux fait de lui dire ce fameux jour où on s’était retrouvé. « Tu as raison. » disais-je finalement en laissant mes lèvres s’étirer un peu plus. Ma main dans la sienne, je regardais ses lèvres se poser sur ma peau, laissant cette fois un rire charmé m’échapper. « Malheureusement, tu n’es pas toujours là. C’est toi dont j’ai le plus besoin et c’est aussi toi qui se trouve le plus loin. » disais-je en me pinçant les lèvres, glissant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille alors que je le suivais jusqu’au canapé où je prenais place près de lui. Je l’écoutais tentant d’analyser ce qu’il me disait et réalisant qu’il avait en parti repris sa vie ici. C’était normal après tout, il ne pouvait pas simplement débarquer dans une nouvelle vie sans se trouver un logis et un emploi. Je l’avais bien fait moi ! Je finissais par poser mes mains sur mon portable, fermant les yeux un instant, l’envie grandissante de dire que je savais qui était Maxence, mais je me ravisais. Qu’est-ce que ça pouvait changer ? « Je vois. » Je relevais mon regard vers lui, prenant mon portable que je glissais dans mon sac à main. « Es-tu heureux ici ? » Ça avait été plus fort que moi. Mon portable vibrait et je le sortais pour voir, ne sait-on jamais si ce n’était pas Percy. Mon regard se posait sur le nom de Kelvin – orthographié Calvin. Machinalement, je m’empressais de fermer l’écran après avoir lu rapidement le une partie du sms qui s’affichait. Ce qu’on mangerait pour dîner… Avais-je envie de retourner chez moi ? Pas à cet instant, seulement, je ne savais pas si j’avais ma place dans l’appartement de Trent. Après tout, il ne vivait pas seul et je ne pouvais pas brûler ma couverture. « Tu sais toujours préparer ces pâtes comme ta mère les fait ? » demandais-je en tournant mon regard vers Trent, lui adressant un sourire en coin en glissant mon portable dans mon sac à main. Kelvin attendrait. Kelvin n’avait pas le droit de s’immiscer dans un rare moment où je pouvais être Raschelle. Seul Trent avait le pouvoir de me ramener à ma vie de maintenant.

Ses mots peinaient à convaincre, et Trent en avait pleinement conscience. Il y avait quelque chose dans le maigre sourire de sa femme qui trahissait un certains malaise; celui de ne pas retrouver des repères familiers, ceux qu'ils avaient construits ensemble au cours des années. Un environnement étranger, un quotidien inconnu, tout autant de variables attaquant l'équilibre fragile de leurs certitudes. Trent essayait de rendre leur situation plus rationnelle, plus acceptable. Il croyait réellement qu'ils faisaient du mieux qu'ils pouvaient. Raschelle sembla se retrouver dans ses mots, verbalisant son accord avec un sourire un peu plus dense. Elle mettait le doigt sur le véritable problème. Il était là et en même temps il ne l'étais pas vraiment. Etre dans la même ville ne réglait pas tous les problèmes, et parfois, c'était comme s'ils étaient à des kilomètres de distance l'un de l'autre, incapables de se rejoindre. Le fait est qu'ils vivaient chacun une vie parallèle. Un mensonge qui devenait terriblement normal, au point où ne pas voir sa femme à chaque heure du jour ne lui semblait pas inacceptable. Parce qu'elle habitait dans une autre maison avec leur fils, occupant ses journées à faire un métier pour lequel elle n'avait jamais montré le moindre intérêt. Parce qu'il rentrait chaque soir dans un appartement partagé avec quelqu'un de complétement différent. « Je ne suis pas si loin » dit-il, mais il comprenait la nuance. « Tu sais que si tu as besoin de moi, tu n’as qu’à m’appeler ». Rien n’avait changé. Elle restait la personne la plus importante au monde à ses yeux, avec son fils. Il n’y a rien qu’il ne ferait pas pour elle, et c’était idiot de se restreindre. Pourquoi ne se retrouvaient-ils pas plus elle et lui ? En public ou en privé, juste de quoi passer du temps ensemble sans éveiller les soupçons de qui que ce soit. Etaient-ils chacun trop perdus dans leurs nouvelles habitudes, incapables de réconcilier leur vie d’avant et celle-ci ? Trent aurait été incapable de dire si Raschelle était rassurée par ses mots. Elle se contenta de ranger le téléphone sans un mot de plus. Trent n’aurait su quoi ajouter pour disperser sa jalousie. Il l’aimait comme il l’avait toujours aimé. Rien que de l’affection pour Maxence ne pourrait déloger. Elle lui demanda s'il était heureux. Il n’en avait jamais fallu beaucoup à Trent pour être heureux. Les petites choses de la vie, voilà de quoi il se délectait. Son monde avait pris une tournure cauchemardesque l’année dernière, et le bonheur avait semblé inatteignable. Loin de sa famille, rattrapé par son passé, soupçonné, Trent aurait été incapable de dire s’il allait pouvoir un jour retrouver un quotidien normal. Il n’en était toujours pas arrivé là; peut-être ne le pourrait-il jamais. Etait-il heureux à présent ? Le mot semblait trop particulier, comme incapable de survivre hors de San Diego et la routine paisible qu’il suivait avec sa famille. « Je ne suis pas malheureux » répondit-il avec honnêteté. Il avait retrouvé sa femme et son fils, ainsi que la stabilité d’un emploi glorifiant, et s’était construit un chez lui avec l’aide de Maxence. Ça n’était pas parfait, mais c’était suffisant. Raschelle fut distraite un instant – un sms, peut-être de leur fils, peut-être de Kelvin – avant de reposer son regard sur son mari et de lui demander quelque chose qui le fit sourire. Le dîner n'était pas d'actualité pour encore plusieurs heures, et Trent savait que Maxence rentrerait seulement à ce moment-là, affamé après une journée de cours. Ils ne mangeaient pas toujours ensemble, ayant chacun des horaires très variés et variables. Il n'était pas rare que Trent passe ses nuits à l'hôpital et ne croise son colocataire qu'au petit matin. Mais en cet instant, foudroyé par la nostalgie et la tendresse, les allers-et-venues de Max lui importaient peu. « Je serai un fils indigne si j'avais oublié » répondit-il avec malice.  

« Tu me croyais si je te disais que j’ai peur de te déranger en t’appelant… » disais-je, surprise par tant de franchise, seulement je ne pouvais rien lui cacher. Si avant cette mésaventure il aurait été le premier que j’aurais appelé, aujourd’hui c’était différent. J’y pensais toujours, mais bien souvent mon choix se posait sur quelqu’un d’autre et cela pour diverse raison. C’était sans doute stupide, mais je n’arrivais pas à reprendre certaine habitude. Créant ce faussé qui nous éloignait de plus en plus et je craignais que si nous ne faisions rien on finirait par se perdre l’un l’autre. Peut-être que cette photo que j’avais vu sur le blog de Mind Reader reflétait cette crainte. Je n’avais pas peur qu’il me trompe, car après des occasions il en avait eu pour le faire avant, mais plutôt la peur de ne plus avoir ma place dans sa nouvelle vie. Déjà qu’il ne portait plus son alliance, il ne me restait plus rien. Notre vie ensemble s’égrainait de jour en jour, on se construisait quelque chose de nouveau sans vraiment se soucier de l’autre. Et cela, je le faisais autant que lui. Créant un mur entre nous et prochainement, il serait sans doute trop tard pour tenter de le franchir et revenir comme à notre vie à San Diego. Nous n’en étions pas encore là et je le savais au plus profond de moi, je devais simplement me montrer assez combative pour que ce mur ne voit jamais le jour. Seulement, je ne savais pas comment arranger les choses. Quoi faire pour que celui-ci n’arrive pas ? Je ne pouvais pas demander à Trent de laisser sa nouvelle, tout comme je ne pouvais pas laisser la mienne. Comme cela, il n’était pas malheureux. Une chose qui me soulageait, savoir qu’il aurait pu l’être m’aurait d’avantage brisé, mais ça ne me réconfortait pas dans l’idée que je n’étais sans doute pas la cause de son bonheur. J’aurais pu me montrer curieuse, mais j’estimais que ce n’était pas mon droit de savoir, après tout, moi non plus je n’étais pas malheureuse. Dire que j’étais heureuse, je n’étais pas certaine de pouvoir utiliser ce mot. Envahie par mes cauchemars, mes nuits étaient tourmentées. Je continuais de voir le Docteur Ashford pour combattre certaine parcelle de ma vie. Mon boulot me plaisait un peu plus, même si le fait de cuisiner me manquait un peu plus chaque jour. Voir Korben s’adapter à cette nouvelle vie sans trop de peine me sécurisait. Ma relation avec Kelvin qui connaissait de meilleur jour. Toutes des petites choses qui affectait mon moral à savoir si j’étais plus malheureuse qu’heureuse ou inversement. Des jours je me sentais plus perdu que d’autre, alors qu’à certain moment j’en oublie mes soucis. Posant mon regard sur mon portable, je me sentais triste de voir la vie me rattraper plus vite que je ne l’aurais désiré. Devait-elle toujours nous séparer à chaque fois qu’on était ensemble ? Cette fois, j’avais bien envie de faire perdurer ce moment en sa compagnie. Après tout, ils étaient rares et de plus en plus précieux. Un sourire prit place sur mes lèvres. « Ce serait trop présomptueux de ma part de te demander si on pouvait en faire… » Je pinçais mes lèvres. « …maintenant. » Mais une réalité me rattrapait, encore une fois. « Enfin, si tu n’as rien de prévu. Il est vrai que je suis arrivé à l’improviste. » C’était ce genre de chose qui faisait que ça n’avait rien à voir avec notre vie d’avant. Un sourire timide prenait place sur mes lèvres, avant que je ne risse nerveusement : « J’en viens à me sentir gêner de te déranger. » je rigolais. « C’est bien loin de ces moments où je n’avais aucune gêne devant toi. »

Trent la croyait, et c'était peut-être le pire. Il accusa d'abord l'aveu avec une pointe d'incrédulité, les sourcils froncés et une réfutation tout prête sur le bout de la langue. « C'est absurde » dit-il même, souhaitant balayer l'inquiétude au lieu de s'y attarder. Car Trent avait du mal à l'accepter. Que sa propre femme y réfléchisse à deux fois avant de le contacter. Qu'elle remette en question le fondement même de leur relation en doutant qu'il puisse être éternellement disponible pour elle. Si elle ne pouvait pas l'appeler lui, avant tout autre personne, qu'est-ce que cela trahissait? Devait-il être jaloux? Amer d'être relayé au second rang, en supposant qu'il y avait désormais une personne fixe vers laquelle se tournait sa femme à chaque problème ou doute? Peut-être ce foutu flic. Ou au contraire, devait-il être honteux, conscient que sa propre attitude et ses propres fautes avaient emmenés sa femme à ne plus lui faire autant confiance? Trent n'était pas macho, au diable les clichés de l'italien dans toute sa splendeur, mais il admettait conserver en tête cette image de père de famille, de mari, et tout ce que cela supposait. Il était censé être le protecteur de cette famille, celui qui apportait confort et assurance. Mais il n'avait plus vraiment l'opportunité de jouer ces rôles, n'est-ce-pas? Sans femme et sans fils avec lui. « Tu ne me dérangeras jamais » insista-t-il. Il était important qu'elle le comprenne, qu'elle ne tire pas ses propres conclusions suite à la distance qui s'était installée entre eux contre leur grès. C'était la faute de personne, une adaptation naturelle à un nouvel environnement, un nouveau contexte. Trent réalisait, non sans culpabilité, qu'il lui arrivait parfois de passer une journée entière dans cette nouvelle vie sans la remettre en question. Ou était passée l'urgence de retourner à San Diego ou complétement ailleurs, pour reconstruire une vie à trois? Trent n'en avait aucune idée. Ils se devaient de passer plus de temps ensemble, si bien que Trent n'imagina pas un instant refuser la demande de sa femme. Un sourire étira ses lèvres tandis qu'il s'emparait d'une de ses mains. « Bien sûr » la rassura-t-il, peut-être trop rapidement. Mais tant pis pour les règles, tant pis pour Maxence. S'il ne pouvait plus partager un simple plat de pâtes avec sa femme, quel était l'intérêt? Il déposa un baiser rapide sur le dos de sa main avant de se lever pour aller inspecter le contenu de ses placards. Il devait avoir de quoi faire le nécessaire. Il s'arrêta tout de même pour accuser la remarque de Raschelle. « Qu'est ce que tu veux qu'on fasse? » demanda-t-il, soudainement pris au dépourvu. « Je ne peux pas vous rendre visite sans avoir le Marshall sur le dos, mais....j'imagine que je pourrais prendre un appartement seul...» proposa-t-il, les pensées en ébullition. Rien ne pouvait le satisfaire. Pas de savoir sa femme gênée de venir le voir, non plus d'être obligé d'utiliser le mot "visite" pour passer du temps avec sa famille. Trent était devenu un acteur secondaire dans la propre vie de sa famille, et ça achevait de le frustrer. Si c'était une solution logique de prendre un logement pour lui tout seul afin que sa femme et son fils puissent débarquer quand bon leur semble, Trent se demandait aussi pourquoi il devrait sacrifier le peu de compagnie qu'il a pour attendre sagement dans une maison vide qu'on vienne lui rendre visite. Rien n'était idéal, et ça n'était pas la faute de Raschelle. Il ne savait pas ce qu'il espérait qu'elle lui dise. Qu'elle allait tout quitter pour le suivre dans une destination inconnue et repartir de 0? Attendre ici sagement que son agresseur soit arrêté et que tout redevienne comme avant? Trent n'en savait rien.  

Elle pouvait comprendre qu’elle ne le dérangeait pas et pourtant, c’était bel et bien ce qu’elle ressentait. Elle ne voulait pas arriver à l’improviste, même si elle venait de le faire, pousser par l’envie d’avoir des réponses. Seulement, leur vie n’était plus partagée, elle le savait, tout comme elle se doutait que revenir ensemble ne serait pas chose aisé. Ces petites habitudes qu’ils avaient, elle les perdait de jour en jour et doucement, elle commençait à se forger de nouvelle habitude. Il devait lui arriver la même chose et elle ne pouvait lui en vouloir pour cela. Elle se résignait à ce changement, un jour ou l’autre elle devait simplement l’accepter. Lui adressant un sourire, elle cachait une nouvelle fois ces appréhensions, préférant de loin profiter de ce moment avec lui. C’était tout ce qu’elle pouvait faire de toute manière, profiter du temps qu’ils pouvaient avoir ensemble. Elle lui adressait un sourire en le voyant baiser sa main. Elle n’avait jamais su si c’était son sang italien ou simplement Trent qui était ainsi, mais elle aimait le voir agir de cette façon. Le suivant du regard, elle lui adressait un sourire un peu plus large avant de parler à cœur ouvert. Elle ne voulait pas à mal, mais elle avait ressenti le besoin d’en parler, de lui dire même si ce n’était pas chose facile à faire. Elle l’observait, ne s’attendant pas à sa réaction. Elle n’avait pas dit cela pour chambouler son mari. « Je ne te demande pas de prendre un appartement seul. » C’était sorti avec spontanéité, posant son sac sur le canapé, elle se levait pour se diriger vers lui. Sa main se posant sur son bras, elle le forçait doucement à ce qu’il se tourne vers elle pour la regarder. « Je n’ai pas de réponse à te donner. Je crois qu’il n’existe pas de solution miracle à notre situation. On ne put pas fuir, on ne peut qu’attendre. » Elle baissait son regard, humectant ses lèvres. Ce qu’elle s’apprêtait à dire lui faisait mal, mais elle se devait de lui dire, lui faire comprendre qu’elle ne pouvait le priver d’une nouvelle vie. « Tu as besoin de tout ceci, te retrouver seul ne serait qu’un poids de plus sur tes épaules. Je le comprends même si je trouve cette situation difficile. On s’est retrouver face à cette situation sans prévenir. On fait de notre mieux et même si j’aimerais ne pas avoir à dire tout cela… Je vois bien que tu te plais dans cette vie. Et je ne peux te la retirer, je n’en ai pas le droit. » Elle venait poser sa main sur sa joue, caressant celle-ci de son pouce. « Je regrette simplement que tu sois dans cette situation, qu’on le soit tout simplement parce que je n’ai pas été assez vigilante. » Elle était en train de se reprocher à elle-même leur situation, cette agression c’était sans doute de sa faute. Elle ne voyait pas d’autre chose, sinon pourquoi cet homme aurait détruit leur vie aussi aisément ? Elle s’était tellement posée de question depuis ce fameux jour qu’elle en perdait tout simplement le fil. Inspirant, elle tournait la tête pour regarder ses placards. « Alors tu as de quoi faire ces pâtes ? »

Si Trent avait un instant douté de l’influence des derniers mois sur leur relation, cette situation ne faisait que la mettre en lumière de la plus terrible des manières. Rien que l’arrivée de Solora avait été animée par des doutes et des craintes, accentués par la perfidité de Mind Reader et la réalité de leur distance. Une entrée en ma matière qui, même atténuée, avait donné le ton de la discussion à venir. Si Trent n’avait que faire des rumeurs de sa supposée infidélité, cela lui brisait le cœur à petit feu de voir tous les soupçons et la peine que cela infligeait chez sa femme. La manière dont elle se comportait à présent, comme si elle devait justifier sa place à ses côtés ou demander l’autorisation pour ce qui avait autrefois été la plus naturelle des actions. Ils étaient mari et femme, et deux depuis de nombreuses années. Il était complétement absurde qu’ils en soient arrivés là par coup du sort, chacun victimes de cette séparation forcée. Cela donnait à Trent un élan de vexation et de colère qu’il ne savait pas comment canaliser. Ça n’était la faute de personne après tout. Du moins, ça n’était pas aussi simple que ça. Il y avait eu plusieurs facteurs en jeu, et si Trent faisait indéniablement partie des personnes à blâmer, il ne pouvait être tenu responsable de tout ce qui leur été arrivé. Trent voyait bien que sa femme chercher à apaiser les eaux troubles dans lesquelles ils se trouvaient. Ça n’était pas non plus le moment de tout envoyer valser et d’agir avec bêtement avec précipitation. S’ils faisaient tout ça, c’était quand même pour une raison à la base: garder Raschelle et Korben en sécurité jusqu’à ce que tout soit résolu. C’est pourquoi sa femme mis un peu d’eau dans son vin et lui précisa qu’elle ne lui demandait pas de prendre un appartement tout seul. Il lui en était silencieusement reconnaissant, même s’il l’aurait fait sans y réfléchir si elle lui avait vraiment demandé. « Je déteste être passif » soupira-t-il, défaitiste, en laissant son front reposer contre le sien. Elle avait raison. Ils étaient pris au piège, incapables de fuir ou de changer drastiquement la situation. « Ce dont j’ai besoin, c’est d’être avec toi et notre fils » articula-t-il avec ferveur, le regard planté dans le sien. Elle était trop gentille avec lui, trop compréhensive. Bien évidemment qu’elle avait raison; elle le connaissait trop bien pour avoir tord. Oui il en était venu à se plaire ici, et évidemment qu’il préférait de la compagnie à la solitude. L’inverse lui rappellerait trop les mois qui avaient suivis la disparition de sa famille: enfermé comme un rat dans un appart de Portland, avec personne à qui parler en dehors de quelques agents du FBI. Une torture sans nom qui aurait achevé de le rendre fou. Mais il était hors de question qu’elle oublie qu’elle restait le pilier dans sa vie et qu’il était ridicule qu’elle souhaite se mettre en retrait. « Ce n’est pas une question de retirer quoique ce soit. On m’a déjà retiré tout ce qui comptait, toi et Korben. Mon quotidien n’est pas si terrible que ça, oui, mais ce n’est pas notre vie. Pas celle qu’on s’est promis de vivre, du moins ». Oh comme il était nostalgique de la vie paisible et aux allures parfaites de San Diego. La prochaine phrase de sa femme acheva de le rendre complétement alerte. « Non » dit-il en encadrant ses épaules de ses mains. « Rien de ce qui est arrivé n’est ta faute. Tu ne pouvais rien prévoir et rien faire. Rien, tu m’entends? » articula-t-il ardemment, presque étouffé par le poids de sa propre culpabilité et la peine sourde de savoir que sa propre femme portait le fardeau de ses propres erreurs. Il la serra dans ses bras et déposa un baiser sur le sommet de son crâne. « Oui, j’ai tout ce qu’il faut » enchaîna-t-il, désireux de passer à un sujet plus léger et de remonter le moral à sa femme. Il lui devait au moins ça, et tellement plus encore.