La nuit nous appartient, à nous maintenant d'en profiter :: Chelsea&sonharem

« Chip tu peux allez mettre les poinsettias dans le camion de livraison ! » Je levais la tête pour voir mon grand-père me faire signe alors que j’avais les mains pleines de peinture. Le temps des fêtes était sans doute la période la plus achalander si on ne prenait pas en compte la Saint-Valentin ou bien la fête des mères, et puisque mon boulot au sein de la famille était en suspend durant l’hiver, j’aidais autrement. « Ouais je finis de peindre celui-là et je fais ça. » disais-je en appliquant à peinture spécial pour coloré les poinsettias en bleu. Une chose qu’on faisait depuis quelques années, les gens aimant bien avoir quelque chose de différent. Les doigts couverts d’un bleu schtoumpfs, j’aidais à mettre les plants de fleur dans le camion, qui allait parcourir la ville pour distribuer celles-ci chez les fleuristes. On pouvait dire que faisait dans plusieurs domaines. Une fois le camion rempli, je poussais un soupir, passant mes mains dans mes cheveux. « Merde. » J’avais complètement oublier mes doigts, par chance ça semblait sec, mais d’un point de vue moins agréable, je n’étais pas certain que ça partirait aussi facilement… Je sentais une main se poser sur mon épaule, me tournant pour voir mon grand-père me sourire. Bien qu’il eût pris sa retraite au sein de l’entreprise pharmaceutique, il mettait toujours son nez partout. « Déjà fatigué ! Avec ce que me dit ta mère, je pensais que tu serais en meilleur forme ! » J’haussais un sourcil, ma mère parlait de moi… C’était bon à savoir. « J’ai une forme d’enfer voyons ! » Je lui faisais un clin d’œil, sortant mon portable pour voir l’heure. Une chose que mon grand-père ne comprenait pas, pourquoi utiliser ça – comme il aimait le dire – quand il existait des montres ? Le vingt-et-unième siècle ! « Si c’est pour savoir si tu finis bientôt, je n’ai plus besoin de toi. Tu peux filer. » Je lui adressais un sourire, le remerciant, je prenais mon manteau pour sortir. J’avais fini plus tôt, ce qui me laissait le temps d’aller à la maison pour prendre une douche avant d’aller rejoindre mes potes pour la nuit blanche. Montant sur mon vélo, je pédalais à toute vitesse. Par chance, il n’y avait pas de neige accumulée au sol ni de glace sinon j’aurais pu me prendre une débarque monumentale. J’arrivais trois quart d’heure plus tard chez moi. « Skye ? » Pas de réponse. Il ne devait pas être à la maison ou alors il ne m’entendait pas. Je montais prendre une douche rapide – tout du moins ce qui aurait dû être le cas si ça n’avait pas été de la peinture sur mes mains. Au diable, ça partait pas ! Changer, j’étais une nouvelle fois près à partir. Cette fois néanmoins, je prenais le transport en commun, c’était plus pratique. Comme je ne savais pas à quelle heure on allait rentrer et que je n’avais pas envie de me trimballer un vélo ou devoir stationner la voiture du paternel à un endroit où il y avait foule, c’était mieux ainsi. Patin à glace autour du cou, écouteur dans les oreilles, bonnet sur la tête et main dans les poches, je faisais le trajet jusqu’au point de rendez-vous. En sortant du métro, je recevais un sms de Yasmin qui me souhaitait une bonne soirée. Habituellement, elle venait avec nous à chaque année, mais cette fois, elle passait la soirée avec son paternel. Je lui envoyais un snapchat de ma main bleue. Je savais qu’elle se foutrait de ma gueule, comme toujours quand il m’arrivait des noises comme celle-ci. J’arrivais devant un petit café non loin du nation mall, poussant la porte, je cherchais du regard si quelqu’un était déjà arrivé, mais je semblais être le premier. Je me commandais un chocolat chaud au comptoir et allait prendre place à une table pour quatre. Je déposais mes patins sur le sol, retirais mon manteau et mon bonnet et attendant les autres, je me mis à surfer sur mon portable regardant les derniers postes sur les réseaux sociaux, envoyant même un message à Winnie par la même occasion. En fait, retourner sur cette patinoire me rappelait notre première rencontre en vrai. Mon menton appuyé dans le creux de ma main, je me surprenais à sourire bêtement en pensant à elle.

Je grimpais tout en haut de l’immeuble d’un pas rapide et énergique jusqu’à atteindre le dernier étage. Dans ce même étage se trouvait le seul appartement de la résidence abandonné possédant encore une serrure avec la clé dessus. C’était toujours un petit plus pour quiconque voulait squatter ici, c’est-à-dire moi. C’était en quelques sortes mon appartement à moi. Je me dirigeais alors jusque ce qui avait dû être par le passé un salon pour aller dans un coin où le parquet grinçait plus qu’ailleurs. Je m’agenouillais alors soulevant quelques lattes détachées sous laquelle se trouvait un second sol. N’étant pas forcément toujours présent et ne sachant pas ce qui pouvait se passer dans ce bâtiment pourtant normalement interdit au public, je préférais cacher mes affaires afin d’avoir la mauvaise surprise d’être dépouillé une fois de retour dans mon sorte de chez moi. D’autant plus que lorsque j’avais quitté le cirque, j’avais vraiment tout pris, même les affaires peu utilisé. Je ne voulais pas que la moindre chose que j’ai réussi à acquérir revienne à Gaspard et justement, l’une de ces choses se trouvait dans ma seconde valise, la plus grosse et pourtant celle que j’ouvrais le moins. Je la soulevais dans un souffle étouffé avant de la poser au sol et de l’ouvrir. Là, je farfouillais dans ce bazar empilé pour en sortir une vieille paire de patin à glace. Nous avions le droit à peu de loisir, mais c’était quelque chose que je faisais toujours avec Devon, un tour dans les patinoires locales en période hivernale. Elle aimait bien ça et moi au fil du temps j’avais fini par apprécier. Et c’était il y a deux ans, en prévision de l’hiver qui approchait que nous avions économisé tous l’argent que nous gagnons en plus de nos prestations qui elles ne nous revenaient pas, pour nous payer à chacun une paire presque potable et ainsi nous éviter les locations. Je n’aurais pourtant jamais pensé les ressortir sans elle, mais je dois dire que je n’aurais jamais pensé sortir tout court avec de nouveaux amis. Je refermais ensuite ma valise avant de la mettre au fond du parquet et de replacer les lattes, dissimulant du mieux que je pouvais le fait qu’elle s’enlevait. En théorie je ne risquais rien car il fallait du courage pour monter les treize étages à pieds et encore plus pour s’amuser à venir vérifier les lattes mais ne sait-on jamais. J’enfilais ensuite le gilet à capuche qu’Eloan m’avait prêté avant de mettre un manteau un peu plus chaud par-dessus. Pas que je sois frileux mais je préférais éviter de tomber malade. Ce n’est pas comme-ci je pouvais me permettre d’aller au médecin. J’étais plutôt impatient de me rendre à la nuit blanche d’autant plus que j’allais y retrouver la plupart de mes meilleurs amis à savoir les jumeaux Danvers et la belle Chelsea. Je m’y étais rendu en utilisant les moyens de transport et pour une fois, je me payais un ticket avec les sous que j’avais réussi à économiser. Bien-sur si on me demandait, je ne dirais jamais de quel façon je l’ai obtenu mais bon, toujours est-il que j’avais eu de la chance de tomber sur une personne qui avait dû énormément retirer pour ses achat de noël. Pas très sympa je sais mais il fallait bien que je vive. Et ma conscience n’était plus affectée par ce genre de détail. Je finissais finalement par rejoindre le café dans lequel nous nous étions donné rendez-vous et je n’étais pas mécontent d’entrer au chaud. Je jetais un rapide coup d’œil au table me demandant si j’étais le premier où s’ils étaient déjà arrivés avant moi et ce n’est que Chip que j’aperçu sur une table pour quatre au milieu de la pièce. Je m’arrêtais au comptoir me commander un bon chocolat bien chaud avant de le rejoindre. Il semblait concentrer sur son téléphone, je ne savais pas ce qu’il regardait comme ça mais ça devait être captivant. « Pourquoi tu souris comme un imbécile heureux ? » demandais-je le sourire aux lèvres et sans prévenir de ma présence. Peut-être trop curieux mais cela semblait l’avoir perdu dans ses pensées. Je m’installais en face de lui sur le siège côté fenêtre après l’avoir salué. « T’es tout seul ? » Après tout peut-être que Chelsea pouvait déjà être là et l’avoir abandonné pour se rendre aux toilettes ou qu’ils soient venu avec son jumeau mais qu’ils soient occupé à quelque chose.

Les vacances… Je ne le dis jamais parce que je sais que c’est absurde, mais si je devais choisir entre passer mes journées assis sur une chaise pendant huit heures ou passer mes journées à glander sans arrêt, je choisirais les cours. J’en sais rien, pendant les vacances j’fais jamais de trucs sensationnels. Soit je bosse pour l’entreprise familiale en tant que fleuriste, je squatte l’arrière d’un comptoir et je parle à de simples inconnus, à pas mal de personnes âgées qui me racontent leur vie, ou soit je reste chez moi, à glander en lisant des bouquins ou en essayant de regarder cette série télévisée dont tout le monde arrête pas de parler. Mon entourage le sait, je déteste rien faire. Rester allongé pendant tout un après-midi, c’est pas pour moi. C’est pour ça que juste avant les vacances, j’ai réussi à dégoter un job à l’école de danse dans laquelle j’étudiais il y a encore quelques années avec mon frère. J’en sais rien, faire le fleuriste ça commence un peu à me lasser. On m’a proposé pas mal de choses : du ménage, de la livraison de pizza… J’ai trouvé cool le fait que mon ancienne prof de danse m’appelle après avoir vu l’un de mes posts sur Facebook dans lequel je criais à l’aide. On a un peu discuté au téléphone puis elle m’a donné une date. Ça fait maintenant quelques jours que j’y ‘bosse’ en tant qu’assistant et franchement, ça me plaît pas mal.

Le cours est terminé. Je salue certains élèves avec lesquels je ris pas mal puis je file me changer dans les vestiaires, j’enfile ensuite une veste histoire de pas me les geler une fois à l’extérieur. Il n’y avait pas de verglas ni de neige, du moins pas encore et j’en étais plutôt ravi. J’étais sur le point de quitter le studio de danse lorsque la professeure m’interpella, me demandant si j’avais besoin d’une course. En effet, on était déjà en hiver et comme à mon habitude, j’étais pas habillé comme il le fallait. Pas d’écharpe, pas de gants, pas de gros manteau… Non, j’avais juste une légère veste sur les épaules et je m’en plaignais pas. J’étais pas très frileux. Le National Mall n’était pas très près, j’ai donc accepté son invitation. Elle a fermé la salle puis on est monté en voiture. J’ai directement attaché ma ceinture puis on s’est mis en route. On a discuté. On s’est raconté la façon dont on passerait nos vacances, elle m’a demandé des nouvelles de Chip, si on allait bien… C’est une prof vraiment sympa, parfois j’repense aux cours qu’on prenait avec mon frère, au jour où j’ai décidé d’arrêter pour avoir plus de temps libre. Puis j’regrette pas.

« Merci beaucoup. À samedi. » Une fois arrivé sur place, je la remerciais, mettant un pied puis enfin un autre à l’extérieur du véhicule avant de claquer la portière et de regarder la voiture s’en aller. J’en avais pas parlé à grand monde mais j’étais hyper excité à l’idée de passer la nuit avec mon frère, Chelsea et Austin. Ils m’avaient invité à les rejoindre ce jour-là, d’abord autour d’un verre. J’étais un peu surpris que mon frère m’y invite d’ailleurs, on était plus aussi proches qu’avant mais ça me faisait franchement plaisir de sortir un peu, de passer la nuit dehors à m’éclater avec des potes.

Je marche un peu puis fait mon entrée dans le café dans lequel nous avions rendez-vous. Chelsea, Austin et Chip étaient déjà là et ne m’avaient pas vu. Et comme d’habitude, j’étais le dernier à arriver, mon sac sur les épaules. J’avais prévu le coup et j’avais quand même préparé mes vieux patins à glace pour l’occasion. Je jetais un léger coup d’œil vers mes trois amis et ils ne m’avaient évidemment pas attendu pour prendre un verre. Je m’approchais du comptoir pour commander un bon bol de chocolat chaud que j’eus après une trentaine de secondes puis je me dirigeais à table et m’installais, posant bien entendu mon sac à dos sous ma chaise alors que Chelsea disait mon prénom, se demandant visiblement pourquoi je n’étais toujours pas présent. « Il est là, désolé du retard ! » je riais un peu, goûtant déjà mon chocolat chaud. « J’aurais dû m’habiller un peu plus chaudement, j’crève de froid ! »

Étant semble-t-il le premier, je m’étais mis à faire ce que je savais le mieux faire, surfer sur les réseaux sociaux. J’étais concentré dans mes sms envoyés à Winnie, lorsqu’une voix me fit relever la tête posant mon regard noisette sur Austin. « Hein ? » Je souriais ? Je ne m’en étais même pas rendu compte… « Pour rien. » disais-je en fermant mon portable pour le glisser dans ma poche et souriant plus franchement à mon ami. Bien que ma relation avec Winnie ne fût que de l’amitié, je n’en parlais pas, même Skye n’était pas au courant – bon Yasmin l’était, mais ça c’était différent. Après tout, qui se vanterait d’avoir rencontré une fille sur Tinder. Je savais que je serais le point central de ragot si on apprenait cela et je n’étais pas très enclin à devenir le centre d’intérêt de diverse rumeur qui au final ne serait rien de plus que du vent. Prenant une gorgée de mon chocolat, je regardais Austin prendre place. « Faut croire. » lui répondais-je en lui souriant. Peut-être que l’un d’eux s’était perdu dans les toilettes et je ne les avais pas remarqués, mais on semblait bel et bien être les premiers. « Ils sont peut-être en train de se réchauffer mutuellement. » Je plaisantais. « Tu sais faire du patin ? » demandais-je avant de voir arriver Chelsea vers nous. « Salut. » lui disais-je en la regardant prendre place. La seule fille de la soirée, je savais pas si elle était chanceuse ou non. « Tu bois quoi ? » demandais-je en voyant le breuvage qu’elle s’était commandé. Soit j’étais fou, mais j’avais l’impression de voir des glaçons dans son verre. Je me les gelais assez ainsi dehors que je ne serais pas assez fou pour prendre une boisson froide. Seulement, elle semblait avoir remarquer quelque chose d’autre. Mes mains. Les mettant devant moi, je les regardais. « T’aime pas le look schtroumpf ? Je pensais pourtant partir une nouvelle mode. » rigolais-je, avant de rire aux éclats. Me confondre avec mon frère, c’était impossible. Trop de différence. On avait plus grand-chose en commun. Et lorsque Chelsea demandait où pouvait être mon jumeau, je n’avais qu’une chose à dire : aucune idée. C’était vrai, je ne l’avais pas croisé avant de venir ici, j’ignorais où il était passé, mais il finirait bien par arriver et au pire des cas, je le retrouverais emmitouflé demain dans son lit, me disant sans doute qu’il n’avait pas eu envie de venir préférant réviser ou je ne sais quoi d’autre. Ma vie relationnelle avec mon frère était plutôt bancale en ce moment, peut-être dû au fait que nos parents avaient pris en charge une gamine. Il semblait accepté la situation alors que moi pas. Non, je ne l’acceptai pas malgré tout ce que j’essayais de faire pour m’en convaincre. Est-ce que ça changerait ? Je n’en étais pas certain. Je n’avais pas le temps de répondre à Chelsea, que je voyais une tête brune et extrêmement familière arriver près de nous. « C’est ça quand on veut paraître cool. Tu sais même en t'habillant plus tu plairais aux filles, n'est-ce pas Chel ? » disais-je a l’intention de mon frère avec un sourire amusé. On était tous enfin là. « Grandpa’ te passe le bonjour. » disais-je à Skye en m’approchant pour qu’il soit le seul à entendre, avant que je me tourne pour regarder notre petite bande. « J’espère que malgré qu’on soit la nuit blanche, il y aura pas trop de monde sur la patinoire. » disais-je en passant ma main dans mes boucles brunes. Je n’avais rien contre les gens, mais patiner lorsqu’il y avait foule c’était pas une chose bien agréable. Des plans pour qu’on se vautre tel des dominos sur la glace. « Alors quelqu’un aura besoin d’un cône orange ce soir ? » Je connaissais les talents de patinages de mon frère, mais pour ce qui était de Chelsea et Austin c’était un peu le point mort.