Un câlin, un bisou , tu es mon héros [Levi ♥ ]

 « Je ne pense pas qu’elle sera en colère si tu lui dis tout de suite ce qui s’est passé. » fut ce que je répondis à ma princesse d’un ton qui se voulait rassurant au moment où elle se mit à craindre que Savannah la gronde parce qu’elle n’avait pas dit qu’elle était blessée. Moi-même, je ne lui en avais pas voulu - de toute façon je ne pourrais jamais lui en vouloir pour quoi que ce soit j’avais l’impression - même s’il m’avait fallu lui rappeler qu’elle pouvait me prévenir quand quelque chose n’allait pas, à tout moment. Et je me disais qu’au fond, Savannah ferait de même, bien qu’au final, je ne sois pas si bien placé que ça pour dire quoi que ce soit. Tristement, je ne connaissais pas tant Savannah, puisque nos échanges, avant que je ne décide de faire cette cure, étaient trop peu fréquents. Mais quelque chose me disait qu’elle ne devait pas être du type mère tyrannique, même si tristement, je ne projetais pas cette image auprès d’Haley, comme je le lui prouvai une nouvelle fois peu de temps après avoir secoué la tête pour lui signifier que j’étais sûr que le fait de se débarrasser des restes du bandage pouvait attendre, lorsque je lui dis qu’il me faudrait demander l’autorisation de sa mère pour pouvoir venir à son spectacle de danse, bien que je mourais d’envie d’y aller et que j’aurais certainement voulu accepter et ce, sans hésitation aucune. Puisque c’était ainsi depuis très longtemps, soit depuis que j’avais le droit de voir Haley un week-end aux deux semaines, je pris pour acquis que ma fille en avait l’habitude, alors par conséquent, je ne m’attendais certainement pas à ce qu’elle en vienne à tempêter de la sorte, en venant même à dire qu’elle allait faire des menaces à sa mère pour s’assurer que je puisse venir. Surpris dans un premier temps, je ne sus pas trop comment réagir, parce que si d’un côté, je trouvais son petit caractère et sa volonté plutôt admirable, je ne voulais pas non plus être source de malaise et de conflits entre la mère et la fille. Partagé, je ne sus que dire et finalement, je n’eus pas l’occasion de dire quoi que ce soit, puisque ma princesse enchaîna avec un propos qui m’étonna encore plus, si bien que là, ce fut limite par réflexe que j’écarquillai les yeux, me rendant compte que je ne savais pas quoi lui dire, et que jamais Savannah et moi nous nous étions mis d’accord sur quoi lui raconter. Bien sûr, je ne voulais pas lui mentir, mais pouvais-je vraiment lui dire que sa mère et moi nous nous étions rencontrés pendant une soirée, avions bien bu, que nous nous étions envoyés en l’air sans se protéger en passant un message comme quoi la protection, c’était important, et basta ? Et si elle demandait ça, certainement qu’elle voudrait en savoir plus… Étais-je vraiment prêt à lui dire ce que je faisais à l’époque ? Pourquoi je n’étais pas là les trois premières années de sa vie ? La vérité, c’était que je ne l’étais pas, alors tant bien que mal, je tentai de m’en sortir avec un vague:  « C’est une longue histoire… », limite soulagé que peu de temps après, elle revienne sur cette idée d’aller à l’extérieur pour aller marcher un peu, prendre l’air. Me permettant de rire doucement à son argument très convaincant qu’était le fait d’agiter ses pieds de la sorte, je ne me fis pas prier pour me lever, puis lui dire:  « D’accord, allons-y. » Toutefois, avant de quitter la chambre, je pris soin d’attraper ce qui avait été nécessaire pour guérir la blessure de ma fille, les pliai en boule dans ma main. Sortant de la chambre, je vis une préposée au bout du couloir, et me remémorant ce qu’Haley m’avait demandé plus tôt, je lui tendis la boule de papier, et je lui proposai:  « Tu veux aller donner tout çà à la dame là-bas, Mademoiselle Flash ? », peu convaincu que c’était là la meilleure plaisanterie du monde, mais parce que moi, ça m’amusait, et je me disais que ce n’était pas insultant pour ma princesse - je ne l’espérais pas en tout cas - je me permis d’y sourire en attendant sa réponse.

Je n’étais pas un expert en médecine, mais j’estimais qu’une éraflure, ce n’était pas de quoi avertir les urgences ou même consulter un médecin. Enfin, pas une éraflure avec laquelle Haley avait pu continuer son cours de sport, se rendre jusqu’ici, et même supporter sa blessure jusqu’à ce qu’elle se cogne le coude sur la table qui se trouvait dans ma chambre en tout cas. Sinon, si jamais j’avais compris que je n’étais pas capable de la soigner moi-même, pour sûr j’aurais fait appel à de l’aide médicale, mais là, ça n’avait pas été nécessaire, et je supposais que Savannah aurait réagi de la même façon que moi… Mais encore là, c’était une grosse supposition, tellement qu’elle ne suffisait pas pour que je passe quelconque commentaire et que je sois en mesure de contredire les propos de ma fille ou au contraire, les appuyer. Après tout, ce n’était pas simple de savoir ce que Savannah pensait, ce qu’elle pouvait faire, parce que je ne la connaissais pas suffisamment pour prétendre être en mesure de deviner ses réactions. Avant ma cure de désintoxication, nous ne parlions presque jamais, nous adressant la parole que lorsqu’il nous fallait de parler trucs techniques concernant Haley et encore là, c’était bien souvent elle qui me disait quoi faire et moi qui acquiesçait. De ce fait, je ne pouvais pas vraiment faire mieux que d’être satisfait à l’idée que le fait que j’étais venue en aide à ma fille - ce que j’estimais être la moindre des choses - pourrait jouer en ma faveur, d’où le fait que j’esquissai un simple sourire sans ajouter quoi que ce soit, comme je fis exprès de ne rien ajouter au moment où Haley insista sur le fait que je ne lui avais rien dit concernant ma rencontre avec Savannah. Cela ne me faisait pas plaisir de lui cacher la vérité de la sorte, mais pouvais-je vraiment faire autrement ? En mon sens, pour le moment, ce n’était juste pas possible, mais heureusement pour moi, je parvins à quelque peu faire oublier le sujet à ma fille pendant un moment, en lui tendant les restes du pansement et de la compresse que j’avais utilisé pour la soigner plus tôt. Ce fut sans se faire prier qu’elle se mit à courir dans le couloir pour aller tout donner à l’infirmière, ce qui m’arracha sitôt un air amusé tandis que je la regardais faire. Puis, une fois qu’elle fut de retour non loin de moi, ce fut sans hésiter un seul instant que je lui répondis:  « Tu es la meilleure. », le faisant avec la plus grande sincérité du monde, et pas seulement pour courir. Pour moi, elle était la meilleure pour tout, tout simplement. Et surtout, me concernant, elle était probablement mon meilleur remède, ma meilleure chance de parvenir à venir à bout de cette cure et être pour elle le père que j’avais toujours voulu être, et pas seulement celui que j’étais un week-end aux deux semaines. Je voulais être plus que ça, je voulais être celui qui pourrait aller la prendre à l’école si jamais Savannah n’était pas disponible, pouvoir la garder en cas de besoin, et non pas être obligé de prévoir d’être clean pour le faire. Je voulais devenir suffisamment fiable pour que Savannah me donne le droit d’aller voir Haley quand j’avais envie de le faire, ne serait-ce que pour quelques minutes, une heure, le temps d’aller manger une glace ou un truc du genre, bref, passer ce genre de moments comme je le voulais. Mais là, je me devais de me contenter des moments actuels, ce que j’étais justement en train de faire. En effet, ce fut sans me faire prier que je l’accompagnai finalement à l’extérieur, m’asseyant sur le banc, l’écoutant avec un petit sourire pour finalement lui dire, à la fin de ses propos:  « Tu as raison. » Après tout, il était vrai que je pouvais difficilement contredire l’idée que le grand air, même si je me devais de le prendre dans un espace limite, me faisait du bien. Le souci, c’était que seul, la motivation me manquait quelque peu pour sortir là, tout seul, alors que bien souvent, les gens venaient ici pour socialiser, que ce soit entre résidents ou bien avec leurs visiteurs, comme moi en ce moment. Après, peut-être faudrait-il que je fasse quelques efforts de plus, mais me sentais-je prêt à les faire ? Ça, je n’en étais pas totalement convaincu. Enfin, évidemment, quand Haley était là, ça, c’était sans se poser la question, mais autrement ? Il faudrait que je trouve le courage de me pousser à le faire, c’était sûr et certain. Mais là, ce n’était pas nécessaire, et tout ce que je voulais, c’était profiter de ce moment avec ma fille, ce que je fis en passant un bras autour de ses épaules pour la serrer contre moi avec un sourire, sourire que je perdis toutefois quelque peu à sa question, non pas que celle-ci n’était pas bien, mais parce qu’elle m’avait laissé quelque peu surpris. Après tout, ce n’était pas une question des plus simples, et surtout, je ne savais pas si je pouvais lui répondre sincèrement, en m’ouvrant comme j’aurais pu le faire en d’autres circonstances. Après un bref moment de réflexion, j’en vins à la conclusion qu’en fait, ce n’était pas si compliqué que ça, trouver la réponse, et doucement, je lui dis donc:  « Je rêve que tu m’aimes pour toujours, comme moi je vais toujours t’aimer. » Neuneu, moi ? Oui, quelque peu, mais je m'en moquais, parce qu’il était vrai que c’était là mon rêve le plus cher, même si dans le cas présent, il cachait bien des choses, entre autres le fait que je craignais encore que lorsqu’Haley saurait la vérité à mon sujet, elle ne me considère plus de la même façon, elle cherche à s’éloigner de moi et ça, je devais admettre que j’aurais beaucoup de difficulté à m’en remettre. Mais il fallait aussi que je vive avec mes actions passées, l’idée que cela ne puisse pas lui plaire. Sauf que ça, je ne voulais pas qu’elle le sache, pas tout de suite, alors tout naïvement, j’enchaînai en lui demandant:  « Et toi, c’est quoi ton rêve, ma puce ? »

Haley semblait prendre pour acquis que jamais elle n’allait cesser de m’aimer, et cela me touchait profondément, même si je savais qu’au fond, ce n’était pas aussi simple. Évidemment, jamais, de mon côté, je ne cesserais d’aimer ma fille, elle était beaucoup trop précieuse pour moi pour que je ne fasse ne serait-ce que songer à une chose pareille, mais une fois qu’elle saurait la vérité me concernant, qu’elle saurait mon passé, les circonstances dans lesquelles j’avais rencontré sa mère, le pourquoi du comment je m’étais retrouvé en ces lieux, est-ce que ce serait pareil ? C’était ça que je redoutais le plus, pour tout dire. Je craignais de ne plus être celui qu’elle pensait que j’étais à cause de cela, que je ne sois plus son héros, que je ne sois qu’un individu ordinaire, qu’importe si j’avais toujours tout fait mon possible pour l’aimer et la rendre heureuse ou pas. Mais si je venais à justifier tout cela ici et maintenant, il me faudrait aussi expliquer bien des choses et ça, je n’étais pas prêt à le faire. Ce n’était pas contre ma fille, personne ne savait ce qui s’était passé, ce qui avait fait la personne que j’étais aujourd’hui, l’épave que j’avais été pendant presque dix ans. Enfin, une seule personne le savait, et cette personne avait perdu ma confiance à tout jamais, alors pour sûr, cela ne m’encourageait pas à m’ouvrir encore une fois, même si à un moment ou un autre, il me faudrait le faire. Mais ce moment, ce ne serait pas aujourd’hui, je ne voulais pas que ce soit aujourd’hui. Là tout de suite, je préférai de loin écouter ma princesse me parler de ses rêves, de ses ambitions, et accueillir avec un sourire profondément ému ses propos me concernant. Pris par l’émotion, je ne sus me retenir et je m’approchai pour la serrer contre moi en lui disant:  « Je resterai avec toi aussi longtemps que possible, ma puce. » Si jamais elle avait tourné ses phrases autrement, peut-être que je lui aurais dit que je resterais pour toujours. Mais ça, ça ne voulait pas dire que je ne le pensais pas, parce qu’importe ce qui se passerait par la suite, qu’importe ce que je ferais, ce qu’elle ferait, toujours, elle aurait une place particulière dans mon coeur et ça, rien ni personne ne pourrait venir changer cela. C’était probablement une des seules certitudes que j’avais concernant ma vie, mais elle était si béton qu’elle me donnait le courage d’affronter la suite sans souci. Toujours le sourire aux lèvres donc, celui-ci se fit un peu moins évident quand elle en vint à me demander pour qu’on se voie plus souvent. Non pas parce que je ne voulais pas, bien au contraire, mais parce que ça, c’était un sujet plus délicat sur lequel je ne pouvais malheureusement pas me prononcer. En effet, le mieux que je pus faire, ce fut de promettre à ma petite fille:  « Je vais essayer, c’est promis. », sachant très bien que je n’aurais pas de mal à tenir cette promesse. En effet, même si rien n’était confirmé, Savannah et moi en avions déjà quelque peu parlé, et une des conditions pour que cela se réalise était que je fasse cette cure, ce que j’étais exactement en train de faire en fait. Mais est-ce que ce serait suffisant ? C’était ça qui restait à déterminer, mais si jamais Haley le voulait, c’était déjà plus rassurant, parce que les chances étaient un peu plus de mon côté, j’avais l’impression. Mais ça, ce n’était pas encore chose faite, alors je me concentrai de nouveau sur le présent, répondre à son propos avec un sourire amusé:  « Je suis sûr que c’est plus joli chez toi ma puce. » non pas parce que je voulais la convaincre de rentrer, mais parce que… Je ne pouvais pas la garder ici éternellement, ce n’était pas l’idéal et je me doutais bien qu’elle finirait par se lasser de l’endroit. Mais cela ne sembla pas l’affecter, pas suffisamment pour qu’elle vienne m’embrasser sur la joue, m’arrachant un rire franc à son commentaire. Puis, histoire de l’embêter, je la serrai un peu plus contre moi, et je commençai à déposer plusieurs bisous sur ses joues, en m’assurant de bien frotter ma barbe contre son visage, en faisant gaffe de ne pas lui faire mal dans le processus, évidemment.

Je savais pertinemment que je n’étais pas le meilleur père qui soit, et je savais très bien que je ne le serai jamais. Cependant, je m’étais toujours promis de faire mon mieux, de toujours rendre ma fille heureuse. Et si j’y parvenais, alors cela me convenait parfaitement. Cependant, même si je voulais rester aussi réaliste que possible, il n’en demeura pas moins que les paroles de ma fille adorée me firent grandement plaisir, et pendant un instant, je voulus croire que si jamais elle tenait de bons mots me concernant à l’adresse de sa mère, que si jamais je faisais tout mon possible pour ressortir plus fort et plus stable que jamais de cette cure de désintoxication, alors cela pourrait marcher. N’ayant donc clairement pas envie de venir tout gâcher, je choisis de ne pas me lancer dans une réflexion à propos de cette réalité, de ma condition et tout ce qui venait avec et de simplement dire à ma fille, dans un haussement d’épaules:  « Peut-être. », sans toutefois prendre le risque de commencer à m’étaler sur le sujet et rendre le tout un peu plus délicat, et finalement trop croire que cela saurait marcher. Parce qu’à force de trop espérer, à force de me plonger trop profondément dans une idée, je finissais bien souvent par être déçu. En tout cas, mon passé m’avait appris qu’être déçu ou complètement floué était loin d’être une bonne chose, que cela faisait mal. C’était comme ça que j’avais fini par me brûler les ailes et finalement m’échouer, faisant de moi ce que j’étais aujourd’hui, cette personne horrible que je tentais de changer en ce moment. Évidemment, je sentais que les choses changeaient, mais il n’en demeurait pas moins que je restais sur mes gardes, que je ressentais toujours le besoin de me protéger d’une façon ou d’une autre. Un exemple de protection que j’avais conservé était la barbe que je m’étais laissé pousser, qui était finalement devenu une habitude qui ne déplaisait pas à Haley. Enfin, je n’en abusai pas non plus dans le cas présent, arrêtant de la taquiner lorsqu’elle me le demanda, mais gardant toujours un sourire aux lèvres, heureux de ce moment. Cependant, ce sourire ne resta pas bien longtemps sur mes lèvres, puisque sitôt que ma fille en vint à parler de la précédente visite de celui qu’elle appelait tonton - pour mon plus grand dégoût, même si je ne le laissais pas paraître - ce sujet que nous n’avions jamais abordé et qui, franchement, ne me plaisait pas plus que ça. Légèrement pris de court, parce que je ne pensais clairement pas qu’elle allait m’en parler comme ça, ici et maintenant, il me fallut un bref moment de réflexion pour lui dire:  « C’est parce qu’il ressemblait beaucoup à quelqu’un que j’ai connu il y a longtemps… » Bon d’accord, ce n’était pas la vérité brute, mais disons que c’était assez proche. Il était quand même vrai que maintenant, je ne considérais plus connaître Derrick. Le Derrick que j’avais connu, il était mon meilleur ami, il était celui qui avait promis de ne jamais me laisser tomber, et l’inverse était aussi vrai. Mais il m’avait laissé tomber, d’une façon que jamais je ne saurais me pardonner. Voilà pourquoi je ne voulais plus le considérer, parce qu’il m’avait fait trop de mal. Et si ça n’avait été que de moi, jamais il ne serait entré dans la vie de ma fille, mais ça, je ne pouvais rien y faire, j’étais totalement impuissant de ce côté bien malgré moi.

J’avais bien sûr envie de croire ma fille quand elle disait que sa mère était plus clémente avec moi maintenant que j’étais en ces lieux. Ça, ce n’était pas vraiment difficile à faire en vérité, parce que moi aussi, je l’avais remarqué; en d’autres circonstances, si j’avais demandé à ce qu’Haley vienne passer un après-midi supplémentaire en ma compagnie pour une raison ou pour une autre, en plein milieu de la semaine, qu’importe si je l’aidais à faire ses devoirs ou pas, pour sûr, je me serais heurté à un mur. Était-ce parce que Savannah savait que je ne pourrais pas aller où que ce soit, qu’il y avait trop de gens pour que je fasse une bêtise ? C’était possible, mais dans le cas présent, j’étais content, pour tout dire, de constater que je n’étais pas le seul à l’avoir vu. Alors pour sûr, je donnai raison à Haley sur ce point en hochant la tête, en venant à me dire que j’avais envie de la croire tout le temps, que je voulais qu’elle parvienne à me convaincre que tout allait bien, parce que son innocence et sa bienfaisante étaient une véritable bouffée d’air frais dans mon quotidien. En revanche, quand elle vint à parler de nouveau de Derrick, je me rendis compte que malheureusement, tout ne pouvait pas être aussi simple. Et ce n’était pas parce que je ne voulais pas essayer de me faire à l’idée que mon ancien meilleur ami s’occupait bien d’elle. Tout portait à croire que c’était le cas, mais me concernant, Derrick avait brisé un lien de confiance si précieux que plus rien de ce qu’il faisait pouvait être pour le mieux. Je ne doutais pas de sa capacité de gentillesse; ce que je craignais, c’était qu’un jour, il laisse tomber Savannah et Haley, comme il l’avait fait avec moi. Ou que pire encore, personne ne sache m’écouter et qu’inévitablement, ce soit moi le marginal, encore une fois, et que je perde la valeur que j’avais aux yeux de ma fille, le peu de valeur que j’avais pour quelqu’un dans ma vie. Pour cela, les propos de ma fille se voulurent rassurants, mais pas assez pour que je lui dise quoi que ce soit. Maladroitement, je tentai de lui faire un petit sourire timide, espérant juste que le fait que je ne renchérisse pas soit suffisant pour convaincre ma petite princesse de changer de sujet. À mon grand soulagement, ce fut le cas; le sujet qu’elle vint à aborder par la suite me rassura quelque peu, et ce fut un sourire plus sincère que je lui servis. Plus encore, à la fin de ses propos, ce fut sans problème que j’ajoutai:  « Et ça me fait plaisir de t’en envoyer et d’en recevoir… » Après, je jugeai inutile de parler de ses dessins, parce qu’elle savait déjà ce que j’en pensais, puisqu’elle l’avait mentionné. Et puis, je lui avais dit plus d’une fois que ceux-ci me faisaient grandement plaisir, et cela n’allait certainement pas changer ici et maintenant, comme je lui prouvai en gardant mon sourire jusqu’au moment où elle en vint à me poser une nouvelle question qui me fit reprendre mon sérieux, même si je ne fus pas plus troublé que cela. Pourquoi ? Parce que la réponse était simple, comme je le lui prouvai en secouant la tête négativement pour lui signifier que non, je n’avais personne dans ma vie. En mon sens, les relations d’un soir, les coucheries, ça ne comptait pas, d’autant plus que je m’étais éloigné de ce mode de vie depuis plusieurs semaines maintenant et que franchement, à quelques exceptions près, ça ne me manquait pas trop. De plus, et ça, Haley ne le savait pas, parfois, mon manque de confiance envers les gens m’empêchait de me plonger dans une relation plus sérieuse. Cependant, cela ne me manquait pas; pour être franc, tant et aussi longtemps que j’avais la considération de ma fille, j’étais un homme heureux. Cependant, cela ne voulait pas dire que pour autant, elle pouvait rester avec moi tout le temps, comme la réalité nous le rappela au moment où un préposé du centre vint nous voir pour me rappeler que ce serait bientôt l’heure du repas, et que par conséquent, ce serait l’heure où Haley devrait partir. Évidemment, j’aurais voulu pendant un instant m’y opposer, mais ne pouvant pas faire une chose pareille, je pris une attitude un peu plus adulte, acquiesçai aux propos de l’homme, et je regardai à ma princesse:  « Il ne faudrait pas que tu arrives en retard… Mais on va se revoir très bientôt, je te le promets ma puce. » Après tout, dès qu’elle voulait venir, je l’accueillais avec plaisir, et cela n’allait certainement pas changer. Sur ces mots, je me levai, et je lui tendis la main pour qu’elle me suive jusqu’à ma chambre pour prendre ses choses, puis à l’entrée du centre, là où je me devrais malheureusement de la laisser quitter les lieux.