(Jacaya#1) Une vie privée pas si "privé".

e ne pensais pas qu’il répondrait, qu’il évoquerait à son tour, les choses qui lui plaisent et qui peuvent le détendre. J’avais tort. Tout comme j’avais tort de penser et de croire qu’il ne pensait qu’à s’envoyer en l’air. Bon après, sur ce point, il pouvait très bien mentir. Dans les deux sens d’ailleurs. Il pouvait très bien faire celui qui en parlait beaucoup, s’en vanter et au final, n’avoir jamais rien fait. J’en ai connu des mecs comme ça. Tout comme il pouvait également me faire croire qu’il ne pensait pas qu’à ça, alors que c’était tout le contraire. Enfin peu importe, au fond, je m’en fichais, il faisait ce qu’il voulait, je faisais ce que je voulais, mais il était important qu’il sache que je ne le suivrais pas, parce que je ne le connaissais pas. Il n’empêche, j’étais presque choquée par ses paroles. Je pensais vraiment qu’il se foutait de moi parce que je n’avais vraiment pas tardé avant de le cataloguer dans la catégorie « pervers qui pense qu’à ça ». Avais-je tort ou avais-je raison, je l’ignorais encore. « Parce que vous êtes venus au Japon ? Vous savez, moi aussi, je suis dans cet avion, ça ne peut pas pour autant dire que j’aime voyager. Les Etats-Unis, c’est chez moi depuis longtemps, maintenant ! » dis-je, tandis qu’il m’expliquait qu’il aimait voyager, ce que j’avais sans doute devinée. J’étais japonaise de naissance, mais américaine d’adoption et mes papiers étaient américains maintenant, pas japonais. J’étais contente d’avoir revue mon pays, le quartier ou j’avais passé les dix premières années de ma vie, mais j’étais également contente de retourné chez moi, à Washington, parce que, comme je l’avais dit, les Etats-Unis, c’était chez moi maintenant. Il m’expliqua qu’il aimait le sport, mais ça se voyait, non pas que je l’ai observé pendant tout ce temps. Il n’était pas mon genre, je vous le rappelle ! Il aimait lire aussi. Puis, il continua avant de me dire que la drague et par conséquent, la sexualité, était pour lui, secondaire. Oui, j’avais du mal à le croire étant donné comment il s’était appliquer à me parler. Je n’ai pas répondu, je me suis contenté de le fixé quelques secondes, paumée. Je ne savais toujours pas ce qui l’avait poussé à me parler de la sorte.

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inalement, lorsqu’il n’est pas en train de me servir des beaux discours pour me draguer, ce que je n’ai jamais apprécier ; sans doute parce que ça m’arrive pas souvent ; il est plutôt sympathique. Gentil même. Bien sûr, je ne me fais pas trop d’illusion, je reste persuadée qu’il a simplement changer de tactique car la première ne fonctionnait pas sur moi. Il ne doit pas avoir l’habitude qu’on lui résiste, je suppose. En tout cas, oui, quand il ne joue pas les dragueurs pervers, il est gentil. Il pourrait me plaire. Presque. Mais là n’est pas la question. Après m’avoir expliqué qu’il aimait les voyages, j’en viens à lui dire que même si je suis japonaise de naissance, les Etats-Unis, c’est mon pays, mais que je n’aime pas forcément les voyages. Il m’explique alors être venu pour des raisons professionnelles, comme quoi, je ne suis pas la seule, mais je me tais. Il me dit que Tokyo est une ville fantastique, car il s’y est déjà rendu dans le passé. « Ha oui ? Dans quel coin ? » je demande, curieuse. Une hôtesse arrive ensuite vers nous et nous transmet la carte des repas. Je n’ai pas spécialement faim, je dois dire que notre conversation précédente m’a un peu coupée l’appétit, néanmoins, je n’ai rien avalé ce matin et la route est encore longue, alors autant ne pas prendre de risque et manger un peut, ça ne serait pas raisonnable de rester jusqu’au soir le ventre vide. Je jette un œil distrait à la carte, tandis qu’il reprend la parole pour me dire qu’il se sent chez lui, aux Etats-Unis. « Vous n’êtes pas américain ? » je demande, décidément toujours aussi curieuse. Je ne suis pas curieuse d’ordinaire. Plutôt timide et effacée. Je n’aime pas parler de moi, je le fais lorsque je suis nerveuse, et je ne m’en rends pas forcément compte. Je n’aime pas non plus poser des questions, de peur de me montrer indiscrète, ce que je suis forcément en ce moment précis. Mais le fait qu’il change de comportement me détends d’avantage. Néanmoins, je ne suis pas convaincue par les plats qui nous sont proposés. La bouffe dans les avions n’est jamais bien délicieuse. Néanmoins, ça sera toujours meilleur que ce qu’on nous servait à l’école. Berk, rien que d’y pensé, j’en ai la nausée. Je vais attendre de voir ce qu’il choisit et je prendrais pareil. Après tout, je mange uniquement parce qu’il ne faut.

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ui, quand il n’a pas l’esprit occupé par des pensées frivoles, il semble être de charmante compagnie. Mais je ne me berce pas d’illusions, je suis certaine que si l’occasion se présente, il recommencera. Il me l’a dit, il est comme ça, il est fait dans ce genre de moule, je l’ai compris. Tout comme il a compris qu’il perdait son temps avec moi s’il pensait pouvoir me mettre dans son lit. L’autre bon côté des choses, c’est que les turbulences semblent s’être enfin interrompues. J’imagine qu’il devait y avoir de fortes rafales de vents. Je n’ai vraiment pas aimé ça. Enfin, puisqu’il me dit avoir aimer le Japon, je le questionne aussitôt sur les endroits qu’il préfère. Il m’explique y être déjà venue, dans le cadre de son travail, il y a de ça environ quatre ou cinq. J’en suis surprise. Il me semble très jeune. Comment peut-on avoir faire des déplacements pour affaires il y a si longtemps quand on est si jeune ? Ou alors, il fait bien plus jeune que son âge. C’est fort possible, également, mais je ne ferais pas de commentaires à ce sujet, je ne veux pas qu’il se fasse des idées fausses sur le pourquoi je me pause ce genre de questions. « Je n’étais pas revenue depuis mes dix ans ! » dis-je, tristement. Je n’ai pas vu grand-chose, mon séjour a été bref. Je suis arrivée hier après-midi, et je n’ai pas vraiment eut le temps de voir des choses. J’ai tout juste eu le temps de me rendre dans le quartier ou je vivais avec mes parents quand j’étais petite. Le quartier ou j’ai passé les dix premières années de ma vie. J’ai l’impression que c’était une éternité. Je sais parfaitement que l’on l’avait pas le choix, que l’on devait partir, mais j’ai le sentiment que si j’étais restée au Japon, j’aurais sans doute l’emploi que je voulais aujourd’hui. Que je ne serais pas qu’une petite assistante de rien du tout. J’ai des regrets, bien sûr, qui n’en aurait pas à ma place ? Il m’avoue ensuite se sentir chez lui à Washington et je me méprends sur ses paroles en pensant, à tort, qu’il n’est pas américain. Il se sent simplement chez lui dans cette ville, car c’est ici qu’il est resté le plus longtemps. Encore une fois, je me demande comment il peut voyager autant pour son travail, alors qu’il est si jeune. Je n’ose toutefois pas lui demander ce qu’il fait dans la vie, car je ne tiens pas à ce qu’il croit que je m’intéresse à lui et qu’il recommence à essayer de draguer. S’il recommence, je serais bien capable de le gifler, mais pas certaine que c’est l’effet recherché. « Ha oui, ça ne doit pas être évident tous les jours ! » dis-je, simplement. Puis comme il fait son choix parmi maigres propositions à notre disposition, je décide de prendre la même chose que lui. J’ai encore l’estomac noué, à cause des turbulences et de ses tentatives de séduction. Je mange uniquement parce qu’il le faut, mais je n’ai pas faim, et c’était la seule chose qui avait l’air comestible dans le menu du jour.

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e ricane tandis qu’il évoque mon cours séjour au Japon, en espérant, dit-il, que j’ai pu en profiter pour m’amuser. « Pas vraiment non. Je suis venue pour mon travail ! » Je n’ajoute rien. Il n’a pas besoin de savoir que j’en veut à mon patron de m’avoir laissé me démerdée toute seule avec les japonais. Je ne lui indique pas que j’espère avoir un merci à mon retour et la promotion attendue. Seulement, je n’y crois pas vraiment. S’il n’a pas pris la peine de venir à la réunion d’aujourd’hui, pourquoi se donnerait-il la peine de venir me remercier ? Il doit surement penser que je suis trop stupide pour être chef de projet et me laisserais à mon petit poste d’assistante médiocre. Sauf que je déteste cette place. J’en ai assez de faire le café pour les autres et de ne pas pouvoir assister aux réunions. Bon, je déteste le café, je préfère le thé, mais ce n’est pas une raison ! Enfin bref, je ne dis rien, je suis venu pour mon travail, point. Il n’a pas besoin d’en savoir d’avantage, je ne le connais pas. De toute façon, vu ce qu’il avait en tête tout à l’heure, il se fiche pas mal de savoir ce que je peux bien faire dans la vie de tous les jours. C’est évident, non ? Enfin, je change de sujet de conversation et nous parlons de nos origines et plus particulièrement des siennes. Il est américain. Puis, c’est plus fort que moi, lorsqu’il m’indique qu’il voyage beaucoup, je ne peux m’empêcher de le plaindre. C’est ridicule. Je ne le connais pas et le peu que je sais, c’est qu’il n’est pas du genre à s’attaché aux gens. Autrement dit, si je m’étais laissée séduite, j’en aurais souffert. Une chance, je n’ai pas un cœur d’artichaut. « Vous avez de la chance ! » je me contente de répondre quand il m’indique aimer ce qu’il fait. Honnêtement, je sais pas comment il fait, mais ce ne sont pas mes oignons. Puis, nous passons commande d’un plat pour l’heure du déjeuner, qui approche à grand pas. Je me tortille sur son siège, j’ai hâte d’arrivé, je déteste me trouver dans cet avion. « Pas du tout. J’aime le poisson bien sûr, comme tous les japonais je suppose, mais j’apprécie aussi le poulet et le porc. » dis-je, tandis qu’il me demande si moi aussi, je ne mange pas de viande. J’en déduis que c’est son cas. Quelque part, il n’a pas tort. « C’est juste que la bouffe dans les avions est dégueulasse et comme vous le prenez souvent, je me suis dit que si vous choisissiez ce plat, c’est qu’il avait l’air d’être comestible ! » je pouffe de rire.

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e n’ai jamais manqué de rien quand j’étais enfant. J’étais récompensée lorsque j’étais sage et que j’avais de bonnes notes à l’école. Je pouvais compter autant sur ma mère que sur mon père lorsque j’étais triste ou malade, lorsque j‘avais des problèmes. Non, vraiment, je n’ai jamais manqué de rien. Parce que même si nous n’avions pas beaucoup d’argent, nous étions heureux. Et je pense que c’est ce que tous les enfants eux besoin pour bien grandir et s’épanouir. De l’amour et l’affection. Des points de repères. Lorsque l’on n’a pas tout ça, il nous manque un truc, un quelque chose qui fera de nous un adulte bien sous tous rapport, et forcément, si ça manque, l’adulte que l’on deviendra aura des problèmes pour s’attacher aux gens. C’est comme ça que je vois les choses. Je ne le connais pas, mais du peut que j’aie compris de lui et de son addiction aux histoires sans lendemains, je me dis qu’il a dû manquer de certaines choses quand il était gosse. Des choses que moi, j’ai eu. Je me moque de ne pas avoir un salaire exceptionnel, de ne pas pouvoir m’offrir certaines choses qui me font envie, parce que ce n’est pas ça le bonheur. L’argent y contribue, c’est vrai, mais il ne fait pas tout. A quoi crouler sous des montagnes de billets lorsqu’on a personne avec qui partager ? Ou alors, je me trompe, j’ai sur toute la ligne et ce que j’avais pensé de lui au départ c’est la vérité, il est pervers ou un truc du genre. En tout cas, il est sûr de lui, c’est une certitude et je n’aimais pas ça. Après, ça n’a aucune espèce d’importance, puisque une fois que nous serons sortis de cet avion, il a très peu de chance pour que l’on se croise un jour en ville. J’ai compris qu’il avait du pognon et qu’il voyageait beaucoup à cause de son travail, mais je ne sais pas vraiment ce qu’il fait dans la vie. De toute façon, ça ne me regarde pas. Ça m’étonnerait beaucoup. Mon salaire ne me permet pas de voyager ! » je réponds, tristement. Et vu qu’il m’étonnerait beaucoup que je décroche un jour une promotion, autant ne pas se faire de faux espoirs. Je suis venue cette fois, parce que je parle le japonais, mais mon patron ne fera certainement pas de nouveau appel à moi, surtout qu’il ne sait même pas comment je m’appelle ! Je finis par lui dire qu’il a de la chance de faire ce qu’il aime, mais j’aurais sans doute dû ne rien dire, car il enfonce le clou. On dirait que ça l’amuse de me dire ça ! A croire qu’il a parfaitement compris que je n’aimais pas mon travail. Ça me donne l’impression désagréable d’être une abrutie qui a complètement rater sa carrière et qui est passé à côté de sa vie. Sauf que j’ai que vingt-cinq ans, je ne devrais pas avoir ce genre de pensées. Il m’indique ensuite être pesco-végétarien. Et je me surprends à m’imaginer entrain de lui faire gouter des sushis. Erk, je devrais arrêter, ce type est un dragueur pathologique ! Enfin, j’en viens à dire que j’ai choisi ce plat, parce que son expérience des voyages en avions me laisse supposé qu’il ait pris ce plat car il semblait être le plus digeste. « Oui, on verra bien ! » dis-je, simplement. Finalement, je me rends compte que je commence à avoir faim moi aussi.

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