(Jacaya #3) Jacob : 0 - Amaya : O / Deuxième mi-temps

Je ne lui fais pas confiance. Il a beau se montrer convainquant dans ses paroles, je ne le crois pas. Pour moi, il cache son jeu, il dit des choses qu’il ne pense pas en espérant que je briserais ma carapace. Je suis peut-être jeune, mais je connais très bien ce genre de personne et il perd son temps, il ne m’aura pas facilement. Pas même à l’usure, parce que s’il continu son petit numéro, je demanderais ma démission. D’une certaine façon, je suis persuadée qu’il s’en doute déjà, car je ne suis pas très subtile. Dans tous les cas, j’aimerais pouvoir le croire, mais je n’en suis pas capable parce qu’il y a quelque chose chez lui qui ne m’inspire pas confiance ; et là je ne parle pas de son comportement déplacé dans l’avion. Physiquement parlant, rien à dire, il n’a pas le moindre défaut à mes yeux, mais son mental n’a rien à voir avec le mien. Il est tout ce que je ne suis pas, alors forcément, ça clash et pas qu’un peut. D’ailleurs, je tente de mettre fin à la conversation en répondant que je suis d’accord, mais par forcément d’un ton gentil. Il semble comprendre le message et quitte mon bureau non sans préciser qu’il pense qu’il m’emmerde. Je n’irais pas jusque-là, mais je ne cherche pas pour autant à le rattraper. De toute manière, il se fait tard, j’ai faim et je suis fatiguée. Je passe suffisamment de temps dans la journée dans mon bureau, inutile d’y rester plus que de raison. Je rassemble donc mes affaires, range le dossier que je lui ai montré à sa place, puis, après avoir fait le tour du bureau, à la recherche du truc que j’étais venue récupérer et que je me rappelle plus c’était quoi, je m’en vais. Je descends à pieds les deux étages qui me séparent de la sortie. Mince de mince, il est encore en bas ! Je pense en le voyant fumer une cigarette. Je resserre le col de ma veste, puis je lui fais un signe de la main ; plus par politesse que par réelle envie ; avant de m’éloigner à toute jambes, en direction du métro qui me permettra de pouvoir, enfin, rentrer chez moi. Cette journée aura vraiment trainé en longueur et je suis épuisée. Pas par mon travail, mais par l’énergie que je dépense à résister à mon patron.