derrick - just like fire

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Je commençais à voir les murs grossis par le fond de mon verre. Je continuais malgré tout à boire sans même une petite pause le reste de ce dernier. Une fois vide, je le reposais sur la table le bras lourd. J’étais fatiguée, que dis-je épuisée. J’aurais sans doute mieux fait de rentrée chez moi pour prendre un bon repas chaud avant d’aller me coucher. Mais j’avais finalement pris une tout autre décision. Le bar n’était pas forcément rempli, quelques habitués tenaient à peine debout tandis qu’une bande de copain sans doute à l’université du coin venait décompresser de leur semaine de dur labeur. Je passais ma main sur mon visage qui devait sans doute déjà être rougi par les deux verres que je venais de descendre avec peu de temps d’intervalle. Ma main glissait le long de ma joue pour finalement s’arrêter sous mon menton, la manche de mon pull la couvrait à moitié. Aussi bizarre que cela puisse paraitre j’avais froid. Je crois être restée ainsi les yeux dans le vide quelques instants avant de commander un nouveau verre. Les nouvelles des médecins m’avaient achevée. Même si ça ne me ressemblait pas, je n’avais pas l’envie d’en parler, ni celle de m’entourer de mes proches qui me regarderaient sans doute avec leurs yeux remplis d’inquiétude et de désolation. Pas pour ce soir, je préférais rester seule à ruminer tout ça pour moi. Parce que oui, je crois que j’avais un peu de mal à le digéré et la joviale et optimiste Summer n’avait pas envie de l’être ce soir. Demain matin les choses iraient sans doute mieux mais pour le moment je n’avais simplement pas envie. J’ai fais signe à l’un des serveurs qui passait par là. « Un autre verre s’il vous plaît. », avais-je lancé en décollant légèrement mon verre de la table. J’avais fait l’effort de sourire malgré mon état d’esprit assez assombri. D’ailleurs, tout ici correspondait à mon état d’esprit. Entre les murs sombres et délavés par les années et cet homme d’un certain âge, accoudé au bar, les traits aussi fatigue que pouvait l’être mon esprit. Je devais admettre que j’avais du mal à saisir, pourquoi la maladie me rattrapait-elle ? J’avais suivit chacune des recommandations à la lettre, je n’avais fait aucun écart. Jamais en retard à un rendez-vous médical, jamais oublié de prendre un de mes traitements et pourtant cette saloperie me rattrapait alors que j’avais l’impression qu’on m’annonçait la voie de la guérison hier encore. Le bruit du verre sur la table me fit revenir à moi. Je levais mon regard froid et fatigué vers le jeune homme qui venait de me servir le remerciant, encore une fois, d’un simple sourire. A peine avait-il tourné les talons que déjà je portais mon verre à mes lèvres pour en descendre un bon quart. J’avais vraiment l’impression de simplement chercher à oublier la réalité seule dans mon coin plutôt que l’envie de me changer les idées, d’ailleurs je crois que la plupart des gens présents ici auraient été capable de dire que je cherchais uniquement à fuir le présent, tout comme ça avait du être un jour le cas pour certain d’entre eux …

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De retour à DC pour une durée de quelques jours, je n’allais très certainement pas rester cloitré entre quatre murs ! Oh que non ! J’avais besoin de me vider la tête, bien qu’aimant mon métier, parfois je trouvais ça difficile entre le fait de voyager, mais aussi tout ce que j’avais à faire durant les tournages. Cinq heures d’avion et j’étais de retour dans la capitale, déjà sollicité par des amis qui avaient envie de faire la fête. Je prenais tout de même le temps d’aller poser ma valise dans mon appartement, prendre une douche et me changer pour être fin prêt à rejoindre mes potes au point de rendez-vous. Je laissais un mot à Shaz et Sav’ inutile de me chercher, je n’avais pas l’intention de rentrer ce soir. Je prenais mes clés et sortait, arrivant quelques temps plus tard devant le bar. « Hey Rick ! Comment t’es foutu ? » Habituellement plus décontracter, j’avais opté pour un look plus coincé avec ma chemise fermé jusqu’à l’avant dernier bouton, cette chemise rentrer soigneusement dans mon pantalon, lunette à large monture noire sur mon nez et mes cheveux lissés avec du gel. « Vous aimez pas ? Je suis que je score avant vous ! » Le mec bien mis avait toujours autant de succès et je le voyais bien pendant le tournage. « Tu devrais vraiment arrêter de jouer tes personnages quand tu es de retour ici… » J’éclatais de rire, passant mes bras autour de leur cou. « Voyez ça comme un avantage, les filles seront plus pour vous ! » Chose que je me permettais de douter, mais je n’allais pas froisser leur égo. Ils y arriveraient à merveille tout seul. On finissait par entrer dans le bar, prenant une table. On avait pour habitude de s’échauffer dans ce genre d’endroit avant de passer dans un nightclub, et puis il était encore tôt pour aller dans un club. On discutait banalement et j’en profitais pour raconter commence déroulait le tournage. Parmi tous les films que j’avais fait, c’était bien le premier où je ne disais pas des répliques complètements stupides. Commandant finalement, je prenais une bière blonde et attendant la commande, je me levais me dirigeant vers la sortie pour aller me griller une clope. On était deux à y aller, c’était toujours mieux que de fumer seul. Poursuivant la discussion, on revenait à l’intérieur chahutant un peu trop, au point qu’il me bousculait et je perdais pied pour venir bousculer à mon tour quelqu’un. Je n’avais pas vu qui ça pouvait bien être, me tournant je regardais la personne, une jeune femme. « Désolé. » disais-je en replaçant mes lunettes sur l’arrête de mon nez. « Il y a des gens qui on pas de savoir vivre. » continuais-je en pointant l’abruti derrière moi qui était mort de rire en retournant à notre table. Je ramenais mon regard vers la jeune femme, lui adressant un sourire ne manquant pas de charme. Une question résonnait : Qu’est-ce qu’une fille comme ça faisait seule au bar ? Je ne pouvais pas le nier, elle était pas mal. Tout à fait mon genre, même si je n’allais pas lui faire du rentre dedans. Bon pas tout de suite… Penser que je ne tenterais pas ma chance serait bien mal me connaître. « Laissez-moi vous offrir un verre en guise d’excuse pour la bousculade. » Je penchais légèrement la tête pour voir qu’elle en avait déjà un très peu entamer. « Enfin un second si vous le désirez. » Voilà que je tentais de saouler une femme… Bon c’était pas tout à fait cela, mais je ne voyais pas trop comment me faire pardonner si ce n’était pas ainsi. Je n’allais pas lui dire : Je peux te donner du plaisir si tu veux, tu sembles triste… Quoique de la compagnie fait toujours plaisir, à voir si c’était ce qu’elle recherchait, mais pour le moment un verre serait bien suffisant !

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Mon regard était rivé sur mon verre, du bout des doigts je le faisais tourner sur lui-même, réfléchissant à la suite des évènements avec la maladie. Mon autre main se trouvait dans mes cheveux, retenant par la même occasion ma tête de tombé. Je ne sais pas si c’était l’alcool mélangé au mal-être mais je me sentais vraiment comme vidée de toute énergie. Le fait de faire tourner le verre créait de petites vaguelettes avec l’alcool qu’il contenait. Dans le fond, ça me faisait penser à ma situation. L’espace de quelque temps j’avais pensé pouvoir surfer sur les vagues que représentait la maladie dans ma vie mais finalement, c’était elles qui me passait à nouveau dessus. J’ai pourtant cru pouvoir les dompter, pouvoir prendre le dessus sur tout ça, mais visiblement j’ai trop pris confiance en moi et la grandeur des vagues m’a rattrapé. Le regard vitreux, perdu dans mes pensées les plus intimes, j’en ai été extirpée d’une manière plutôt brutale. Un coup dans l’épaule et la main qui soutenait ma tête venait renverser le verre devant moi qui se vidait un peu plus de son contenu. Je crois que j’avais laissé échapper un petit « Oh » de surprise avant de redresser le verre aussi vite que possible. Les mains pleines de liquide et le verre à moitié vide, j’allais faire signe au serveur quand une voix masculine s’adressait à moi. Je secouais doucement ma main pour égoutter un maximum de liquide avant d’attraper l’une des serviettes au bout de la table. Tandis qu’il s’adressait à moi. Je n’avais pas vraiment pris le temps de le regarder bien trop occupé à essuyé le plus gros. « C’est pas grave. », m’étais-je contenté de dire pas vraiment décider à socialiser. Puis faut dire que dans ce genre d’endroit on ne savait jamais trop sur qui on allait tomber alors autant faire bande à part. Inutile de vous dire à quel point l’idée de prendre un verre avec un parfait inconnu qui fréquentait les bars ne m’intéressait pas vraiment. Mais quand j’ai levé le regard pour faire signe au serveur pour arranger le reste des dégâts je fus bien surprise de découvrir un jeune homme à l’allure soignée, rien à voir avec le pilier de bar que je m’étais imaginé. Je fronçais légèrement les sourcils prise d’incompréhension. « Vous n’avez rien de l’habitué de ce genre d’endroit. », lançais-je avec franchise. J’avais ce côté naïve et l’idée que je me faisais des bars était plutôt proche de ces émissions dramatiques qui nous présentaient ces alcooliques de toujours qui fréquentaient les bars du matin au soir. Du coup vous comprenez bien le décalage entre mon esprit et le jeune homme devant moi. « De toute façon j’en commanderais un autre après alors pourquoi pas. », me résignais-je pensant finalement que moi non plus je n’étais pas nécessairement de ce monde-là pourtant j’y répondais bien présente ce soir. J’ai finalement repris mon verre en main pour le porter à nouveau à mes lèvres. Son éponge à la main, le serveur nous à rejoins pour retirer les restes d’alcool sur la table. « La même chose si vous plaît et .. », j’ai tourné la tête vers le type qui venait de me bousculer en espérant une réponse de sa part. Parce que oui, j’étais pas forcément dans l’état d’esprit nécessaire à une éventuelle socialisation mais quand même, je n’étais pas non plus du genre à rester trop longtemps toute seule …

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Boire et faire la fête faisait en quelque sorte parti de mon quotidien, sollicité à droite et puis à gauche, je n’avais jamais le temps de poser mes fesses quelque part. Pourtant, j’aimais bien parfois rester seul, penser à moi sans me soucier de ce que les tabloïds pourraient écrire si on me voyait complètement défoncé. Car oui, j’y pensais à chaque fois que je sortais, mais une fois un verre dans le nez, ça devenait bien vite le cadet de mes soucis. Au moins à Washington, je savais qu’on me laissait un peu plus tranquille, à croire que dans cette ville les vedettes étaient oubliés à cause de toute cette politique. Ce qui n’était pas un mal, je devais bien l’avouer. En tout cas, ce soir je ne souhaitais pas penser à tous mes problèmes et ce qui pouvait venir avec, je cherchais simplement à faire le vide. Soirée entre pote et puis voilà. Seulement, ce n’est pas parce qu’on atteint la trentaine qu’on devient mature, et c’était cette jeune femme assise seule à une table qui écopait de l’immature de deux trentenaire qui se chamaillaient comme deux gamins. Je ne réalisais que trop tard qu’avec ma bousculade, je lui avais fait renverser son verre. Ça ne m’avait tout de même pas empêcher de lui en offrir un second avant de réaliser le dégât. C’était en quelque sorte la moindre des choses et une politesse qui avait fait ses preuves durant de nombreuses années. Debout près de la table qu’elle occupait, je la voyais enfin relever son regard vers moi, remarquant aussitôt la couleur de ses yeux, puis le changement de ses traits. Avais-je quelque chose sur le visage ? Elle laissait une phrase lui échapper, celle-ci eut le mérite de me faire rire. Je passais mes doigts sur mon front, amusé par sa franchise. « Et un habitué devrait ressembler à quoi ? » J’étais curieux de savoir ce qu’elle imaginait comme habitué. Le loup solitaire qui restait dans son coin sans adresser un seul mot à quelqu’un. L’ivrogne qui arrivait à peine à lever ses fesses d’un banc pour simplement aller vider sa vessie. Ou bien encore le mec légèrement pompette à qui l’alcool lui donne le courage d’aborder une fille. Des stéréotypes ils pouvaient en exister une panoplie variée au sein d’un bar. Et si je devais prendre un stéréotype pour elle, j’aurais dit la jeune fille morose pour une nouvelle déconcertante. Car en toute franchise, elle n’avait rien d’une fille comme on pouvait généralement voir dans un bar. Elle finissait par accepter mon invitation pour un second verre. Lui adressant un sourire, je me mettais un peu sur le côté pour laisser le serveur nettoyer la table. Je ne cherchais pas à m’incruster non plus, mais lorsqu’elle commandait, je percevais cela comme une invitation. Je me glissais sur la banquette devant elle. « Une Stella blonde. Merci. » disais-je en regardant le serveur s’éloigner avant de reporter mon attention sur la jeune femme devant moi. « Ça ne vous dérange pas que je m’asseye quelques instants avec vous ? » Sait-on jamais, elle pouvait me demander de partir, préférant rester seule. « Au moins, le temps que la personne que vous devez attendre n’arrive. » Ça je l’avais complètement déduit, mais en fait, elle pouvait très bien être seule confirmant mon hypothèse qu’elle était là pour noyer quelque chose avec l’aide de l’alcool. Et si elle attendait quelqu’un je retournerai sans mal avec mes amis qui semblait s’amuser plus qu’il n’en faut, à les entendre chahuter et rire. Je tentais de ne pas leur porter d’attention particulièrement, mais ce n’était pas chose facile surtout en sentant mon portable vibrer dans ma poche. Valait mieux que j’évite de lire les stupidités qu’ils devaient m’écrire à cet instant.

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Je devais admettre que parfois, je comprenais bien l’idée de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Un jour ma franchise m’apporterais de gros, gros ennuie. Mais pour l’instant ça n’était pas le cas et c’est tant mieux. Sa question me fit sourire, il marquait un point, c’était quoi un habitué au final ? Si je m’en faisais une image négative à cause de ces stéréotypes qu’on nous balance aux visages à longueur de journée, un habitué pouvait très bien être un jeune ado qui rejoins ses potes ici tous les vendredi soirs histoire de lâcher la pression. J’ai arqué un sourcil bombant le torse pour me redresser. « Et bien j’aurais tendance à dire que le pilier de bar là-bas représente bien la chose. », commençais-je en indiquant l’homme d’un certain âge d’un signe du bout du nez. « Mais la question est intéressante. Est-ce qu’un habitué des bars ressemble forcément à l’image que l’on nous inculque d’eux ? », poursuivais-je en levant les yeux au ciel pour réfléchir. « Je pense que c’est une question digne d’un sujet d’examen de philo. », concluais-je en ramenant mon regard vers lui un léger sourire aux lèvres. J’avais accepté sa proposition, après tout il avait l’air d’un type sympa, sérieux et qui ne se prend pas la tête. Alors même si je n’étais pas au meilleur de ma forme en terme de socialisation, il ne m’inspirait ni peur, ni méfiance alors à quoi bon se mettre des barrières ? Il s’est installé en face de moi juste après avoir commandé. Je me suis contenté d’hausser les épaules. Je me penchais légèrement en avant comme pour lui dire quelque chose de manière discrète. « Vous risquez de rester là un bon moment. », soufflais-je à peine assez fort pour qu’il puisse entendre avant de me redresser à nouveau. « Je n’attends personne. Et pour être tout à fait franche, j’avais pas particulièrement envie d’être accompagnée ce soir. », ajoutais-je en haussant les sourcils. Evidemment, ma franchise avait encore parler pour moi. Sept fois, il fallait vraiment que je le fasse. « Enfin, je veux dire, c’est pas que vous m’ennuyez hein. C’est même pas du tout le cas. Mais disons que à la base, j’étais pas venu pour socialiser vous voyez ? », tentais-je d’expliquer un peu hasardeuse. Disons que dire les choses comme elles me viennent ça me connait mais les expliquer ensuite, ça c’est une autre affaire. Vous savez je fais partie de ces gens pour qui tout est claire quand ils réfléchissent et qui, finalement, sont incapables d’être claire quand il s’agit d’expliquer le raisonnement. J’ai pincé mes lèvres entre elles. « Désolée. », m’excusais-je pour mon franc parlé. Je lui ai finalement tenu la main avec un sourire bien plus amicale que mes derniers propos. « Je suis Summer. Mais je préfère qu’on m’appelle Sum. Enfin, vous faites comme vous voulez mais .. », je m’arrêtais là, haussant à nouveau les sourcils, j’avais un vrai problème en matière de socialisation ce soir. « Bref, je m’appelle Summer. », terminais-je par dire sans ajouter un mot de plus. L’alcool n’y était pour rien dans tout ça c’était juste que mon esprit était trop plein. Avec les dernières nouvelles j’avais tendance à saturer et quand ça m’arrive mes pensées se bousculent dans mon esprit et ma franchise se transforme en un besoin irrépressible de tout dire et de tout expliquer. Cela dit, c’était sans doute l’une des raisons qui m’avait poussée à vouloir m’isoler ce soir. Enfin, toujours est-il que j’étais comme ça, à mon grand désarroi …

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Ma question soulevait l’interrogation, ce qui m’amusait même si je tentais de ne rien laisser paraître, suivant simplement du regard la direction qu’elle me montrait. Mon regard ne s’attardait qu’un bref instant sur l’homme, avant de revenir à elle, écoutant ses propos sans sourcilier. « C’est vrai qu’on pourrait s’étendre sur la question pendant des heures. Mais je trouve que l’homme est un bon exemple de ces stéréotypes qu’on a l’habitude de s’imaginer. » disais-je en reposant mon regard sur l’homme qui semblait se noyer dans tous les verres qu’il cumulait devant lui. Bien que fêtard, j’espérais ne jamais arrivé à un tel point dans ma vie. Si je buvais c’était surtout pour le plaisir, même si j’avais connu une période où je le faisais surtout pour oublier, j’essayais encore de mettre de côté cette partie de ma vie. Puisque je n’étais pas là pour cela de tout façon, je me permettais de m’incruster. Bien qu’on eût l’image des personnes solitaires buvant ou tout au contraire les groupes présents pour faire la fête, les bars restaient des endroits pourvu de rencontre anodine, mais parfois étonnante. Je ne savais pas ce que donnerait cette rencontre avec cette fille que j’avais malencontreusement bousculé. Peut-être que ça donnerait quelque chose d’intéressant ? Commandant une bière, je posais mon regard sur elle, lui adressant un sourire. Sourire qui s’étira lorsqu’elle se pencha vers moi. Entreprenante ? Non, mais je parvenais à lire entre les lignes dans ce qu’elle venait de me dire, chose qu’elle confirmait rapidement. Mon sourire ne quittait toutefois pas mes lèvres, alors qu’elle m’avouait ne pas chercher de compagnie. « Eh bien, je peux toujours partir. » disais-je avant qu’elle ne poursuive. Mon but n’était pas de l’importuner, même si je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi venir dans un bar, si au final elle désirait être seule ? Tôt ou tard, quelqu’un l’aurait abordé et elle aurait pu tomber sur pire, ça je pouvais aisément le parier ! Je remontais mes lunettes sur mon nez. « Vous auriez pu me dire que je suis ennuyant que je n’en aurais pas été offusqué. Ne vous en faites pas, on a tous besoin de ces moments seul. » J’étais prêt à retourner avec mes zinzins qui continuaient leur gaminerie dans le dos de cette pauvre fille. Si elle voyait ce que ces imbéciles faisaient, autant dire que mon apparence de mec sérieux s’envolerait en fumé ! Qui a dit qu’à trente ans on est mature ? Je reportais mon attention sur la jeune femme, lui adressant un sourire suite à son excuse, essayant d’oublier mes amis. Prenant la main qu’elle me tendait, je la serrais délicatement. Son attitude m’amusait et je le laissais bien paraître en lui souriant. « Enchanté Sum, moi c’est Derrick. Vous pouvez m’appeler Derrick, Rick, Dede… » Je laissais un petit rire m’échapper, inclinant la tête, avant de relever mon regard vers elle. « …Je n’ai pas de préférence, donc vous pouvez m’appeler comme bon vous sembles. » Les personnes proches m’appelaient Dede, ceux moins familier m’appelaient Rick et les fans c’était surtout Derrick. Je répondais à tous les trois et même les petits surnoms merdiques que les gens pouvaient affubler certains en disant que c’était des mots d’amour. Je croisais finalement mes bras sur la table, posant mon regard – ou devrais-je dire perdait – dans le sien. « Mais si ce n’est pas indiscret, qu’est-ce qui vous a menez dans ce bar ? » Oui, je pouvais me montrer curieux par moment, mais j’étais avide de savoir ce qu’une fille telle qu’elle pouvait bien faire dans un endroit comme celui-ci. « Enfin, vous n’êtes pas obligée de répondre. C’est assez indiscret comme question. » continuais-je en me passant une main dans mes cheveux.

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Les épaules se soulevaient, finalement, peut-être que c’était nous qui étions hors cadre. Et si c’était eux qui avaient raison ? Si finalement c’était comme ça qu’on vivait vraiment ? Parce que bon à un moment il faut savoir poser les choses, je n’ai jamais rien fais d’illégale, jamais je ne me suis montrée méchante ou irresponsable et pourtant, je vivais avec une maladie qui visiblement n’était pas décidée à me laisser tranquille. De leur côté eux ils étaient malades mais ils savaient pourquoi. Alors évidemment je ne dis pas qu’on mérite ou pas d’être atteint d’un cancer, mais admettons quand même que c’était un peu un truc qui vous tombait dessus au petit bonheur la chance. Mon regard c’est reposé sur ce pauvre homme ivre mort, finalement je ne suis pas certaine qu’on pouvait appeler ça vivre et je l’étais encore moins de vouloir défendre ce mode de vie. Perdue dans mes songes, la voix grave et assuré du jeune homme me rappelait à la réalité. « C’est pas vraiment ce que je voulais laisser entendre. Vous ne m’ennuyez pas. », admis-je de bon cœur. Dans le fond, cette idée de passer la soirée toute seule n’était pas forcément la meilleure du siècle alors un peu de compagnie ne me ferait sans doute pas de mal. Sa main serrait la mienne avec délicatesse et le sourire qu’il me lançait n’avait rien d’un sourire classique. J’avais bien conscience que pas manière de réagir pouvait avoir l’air un peu idiote mais dans le fond je m’en fichais c’est ce qui faisait de moi quelqu’un d’unique comme toute autre personne d’ailleurs. Plus le temps passait et plus son visage me semblait familier, ne me demandez pas pourquoi mais quand il m’a dit son prénom, tout semblait vraiment me rappeler un vague souvenir dont j’étais incapable de me rappeler. Je me suis donc contenté de lui sourire un peu gênée par ma main toujours dans la sienne. « Enchantée Derrick. », me contentais-je de dire sans pour autant lâcher sa main un peu trop prise par l’idée de le connaître. « Oh, pardon. », ai-je lancé avant de lâcher un peu brusquement sa main. Mon regard a finalement croisé le mien, j’ai froncé un tout petit peu le sourcil pensant que j’avais quelque chose sur le visage pour qu’il insiste autant. En fait j’étais pas vraiment doué en matière de socialisation et j’étais carrément incapable de décodé un simple regard alors je me posais toujours un million de question du genre « pourquoi il me regarde ? », « j’ai vraiment un truc dans les cheveux ? », … Mais je n’ai pas vraiment eu le temps de lui poser ouvertement la question comme j’avais l’habitude de le faire puisque ce dernier enchainait avec une nouvelle question plus ou moins personnel. J’ai pincé mes lèvres entre elles, je ne savais pas vraiment si je pouvais ou pas lui faire confiance mais un je ne sais quoi m’inspirais en lui, peut-être le fait que j’avais cette impression de le connaître. « Et bien comme tout le monde je noie certaines choses … », ai-je répondu de manière plutôt vague. J’ignorais pourquoi mais cette sensation de déjà vu commencer à tourner à l’obsession, je continuais bêtement à chercher où je pouvais bien l’avoir vu. Ce qui ne m’empêchait pas pour autant de tenir la conversation. « Si vous voulez tout savoir l’idée était plus sympas sur papier. », lui adressais-je en baissant ma voix au fur et à mesure des mots. Finalement, la question me brûlait bien trop les lèvres et mon manque cruel de tact revenait au galop. Après un regard insistant, détaillant chacun de ses traits je me suis lancée. « Je suis désolée mais on se serait pas déjà vu à quelque part ? La clinique vétérinaire, la fac, l’hôpital ? Vous êtes infirmier peut-être ? », tentais-je plus ou moins rapidement. Je venais de tout bêtement dire tout haut ce que je pensais tout bas, je faisais le tour des possibilités sans n’en trouver aucune qui puisse convenir et ça m’agaçait un peu de ne pas trouver …

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