Quand le passé revient au galop [ PV Tommy ♥]

Apparemment, penser à rester vague avec Kayla, qu’importe les circonstances dans lesquelles ces retrouvailles étaient en train de se passer, et les soubresauts que celles-ci avaient pu connaître précédemment, était chose impossible. Dans un premier temps, cela ne me gêna pas nécessairement, parce que j’étais parvenu à détourner quelque peu le sujet de conversation pour commencer à parler de son emploi, mais encore là, visiblement, je ne sus lui demander tout banalement, pas pour elle en tout cas. Cependant, parce qu’il était vrai que j’avais quand même une idée derrière la tête, alors au bout du compte, il ne fut pas très difficile et pénible d’en venir à lui dire ce que je pensais au fond. Dans un haussement d’épaules, je lui dis donc:  « En fait, je me disais que si tu n’avais pas de boulot, peut-être j’aurais pu te trouver un petit quelque chose dans l’entreprise… » Étrangement, je ne parvenais pas à dire « mon » entreprise, pas pour le moment en tout cas. De toute façon, je ne pensais pas que je pouvais dire qu’elle m’appartenait, pas pleinement. Si je voulais arriver à ce but, il me faudrait faire encore beaucoup de travail, que ce soit au point de vue de l’entreprise ou de moi-même, de ma façon de voir les choses. Mais il n’en demeurait pas moins que dans le cas présent, le propos demeurait le même, l’offre demeurait la même, et je ne comptais pas l’effacer parce que Kayla travaillait ailleurs. Après tout, peut-être que son métier ne lui convenait pas, peut-être que ce n’était pas dans son domaine de prédilection, je ne m’étais pas encore permis de le lui demander, et je ne me voyais pas le faire. En effet, je ne comptais pas insister, donc je ne le fis pas. De toute façon, je ne pensais pas que j’aurais eu l’occasion, parce que rapidement, le sujet détourna de nouveau, d’une façon qui ne me plut pas, et qui me plut encore moins lorsque Kayla en vint à être plus franche, plus directe, me faisant comprendre que je ne pouvais pas ne rien dire concernant ce qui se passait dans ma tête, parce que sinon, j’étais étrange. Quelque peu embêté pour le coup, je fronçai les sourcils toujours peu certain que j’avais envie d’en parler. Par contre, je n’avais pas envie non plus de me fâcher avec elle, pas alors que nous venions de nous retrouver et qu’au fond, elle ne voulait probablement pas mal faire. Soupirant, je baissai le regard un instant, regardant le verre qui m’avait été apporté quelques instants auparavant et qui avait été accompagné d’un propos de la part de mon amie qui m’avait arraché un sourire, sans toutefois en prendre une gorgée. Peut-être que j’aurais pu, mais au final, je m’étais ravisé. Soupirant, je finis par simplement dire:  « Oui, quelque chose vient de m’arriver, mais je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Ce n’est pas contre toi, je n’en parle pas à qui que ce soit. » Je me rendis compte qu’après-coup que mes propos étaient quelque peu déplacés dans la situation présence, dans le sens où je ne pensais pas vraiment l’avoir améliorée, mais au contraire, je l’avais dégradée, si bien que maladroitement, j’ajoutai un vague:  « Je suis désolé. » qui ne vint pas davantage aider à mon avis, mais qui m’adoucit quelque peu la conscience pendant un bref instant, cet instant où je finis par craquer et prendre une première gorgée de mon scotch, beaucoup plus agréable au goût que le champagne, pour moi en tout cas. Pour Kayla, le champagne, cela semblait convenir parfaitement, au vu de la façon dont elle se servait de nouveau. Je l’en empêchai pas, me contentant de simplement l’écouter, m’adoucir à mon tour, et même, à un certain point, sourire doucement à ses propos, auquel je répondis, sans difficulté:  « Je le sais, et j’admire grandement cela chez toi. », sachant que mes dires ne sauraient être plus sincères.  

Kayla me parut plus que surprise dans un premier temps au moment où je lui proposai de venir travailler pour moi si elle le souhaitait, à un tel point que moi-même, je fus surpris de sa réaction qui, clairement, ne manquait pas d’expression. Dans un premier temps, celle-ci me fit donc quelque peu écarquiller les yeux, mais au final, je ne pus que m’en montrer amusé. Je prenais pour acquis que cela signifiait qu’elle était contente de ce que je venais de lui proposer, me doutant bien que si ce n’était pas le cas, elle aurait eu une réaction toute autre. Et comme pour me prouver ce fait, la jeune femme en vint à expliquer sa première réaction, à me confirmer ce que je pensais déjà, ce qui n’aurait pas pu me faire plus plaisir. Et comme pour le prouver, mon sourire se fit encore plus large, et afin de m’assurer qu’elle n’ait aucun doute quant à ma suggestion, j’ajoutai:  « Si je te le propose, c’est que je veux bien. » Me concernant, ce n’était pas grand-chose, mais si cela pouvait permettre à Kayla de se sentir un peu mieux dans cette ville qu’elle commençait tout juste à découvrir, alors pour moi, c’était juste tant mieux. Après, cela ne voulait pas dire que j’avais tout prévu, compte tenu du fait que je venais tout juste de lancer, donc réfléchir à cette idée. Inutile de mentionner que pour le coup, je ne savais pas trop ce que je pourrais lui suggérer comme poste exactement, d’autant plus que je ne connaissais pas ses qualifications précises, tout ce qui venait avec. Et puis, je ne voulais pas lui proposer quelque chose qui ne lui conviendrait pas. En mon sens, ça ne se faisait pas. Ce que je me contentai de faire donc, parce que je n’aimais pas supposer de choses sans avoir des faits exacts, ce fut de hausser les épaules, puis dire:  « Je ne sais pas encore, pour tout te dire. Mais après que tu aies présenté ton CV et passé un entretien, il y aura certainement moyen de te trouver une place. » Dans l’entreprise, les boulots, ce n’était pas ce qui manquait. Et même quand il n’y avait pas de postes disponibles à proprement parler, il y avait toujours quelqu’un qui serait plus que ravi d’avoir une charge de travail moins lourde. Et dans le pire des cas, mon poste me permettait très bien de créer un poste pour elle. Dans la mesure où celui-ci soit pertinent bien sûr, mais si je prenais la décision, peu de gens pouvaient me contredire sur ce fait. J’étais le président, ce n’était pas pour rien, même si bien sûr, je n’aimais pas en abuser et jouer les tyrans. Par contre, dans certaines situations, je ne niais pas que ce n’était pas plus mal de l’utiliser à mon avantage. Finalement, une employée de plus ou de moins, ce n’était certainement pas cela qui allait changer grand-chose, j’en étais persuadé. Parfois, je devais admettre, me sentir en confiance et en contrôle ainsi, cela me faisait du bien. Trop souvent, j’avais eu le sentiment que je perdais ce fameux contrôle, et cela ne m’avait jamais vraiment plu. Maintenant, je reprenais doucement mais sûrement le contrôle, je m’appropriais mon métier. Le souci désormais, c’était que c’était ma vie privée que je ne contrôlais plus vraiment, à un tel point que je ne parvenais pas à en parler alors qu’en temps normal, j’étais comme un livre ouvert. Mais heureusement pour moi, ici et maintenant, Kayla ne m’en tint pas rigueur, se contentant de se montrer présente si je le souhaitais. Appréciant cette attention, je souris doucement puis je lui dis:  « D’accord, merci. », me disant que je la remerciais à la fois pour ne pas insister, mais aussi pour se montrer disponible. Par contre, je n’allai pas plus loin, ce qui ne fut pas nécessairement mal au bout du compte, puisque la jeune femme saisit l’occasion pour se confier un peu sur sa vie qui ne semblait pas toujours rose. Rapidement, mon air relativement neutre devint un peu plus triste, triste et maladroit, puisque je ne sus faire mieux que de ne rien dire. Je la laissai alors se confier jusqu’au bout, et ce ne fut qu’à la fin que je finis par lui dire, histoire de lui rassurer:  « Ce n’est pas ce que je pense, t’inquiète. » Je marquai une petite pause, et avec un sourire qui se voulait réconfortant, j’ajoutai:  « Et peut-être que je ne suis pas le meilleur pour proposer des solutions, mais si tu veux parler, je peux tenter d’être une oreille attentive. » Et ça, je le pensais. Peut-être n’étais-je pas parfait de ce côté, mais je voulais tenter de l’être, contrairement à ce que mon paternel avait pu faire précédemment, que ce soit pour ma mère, pour moi, ou juste pour tout le monde.

Compte tenu que c’était bien la première fois qu’on me posait une telle question, et que je devais admettre que je n’avais pas songé à une telle chose quand je lui avais proposé de me refiler son CV, je fronçai les sourcils. Par contre, je me fis un devoir de lui fournir une réponse rapidement, histoire de ne pas mettre un malaise dans la conversation. Non pas que j’étais persuadé que ça le ferait, mais je me doutais bien que c’était sujet délicat pour elle, et je ne voulais pas ressasser tout cela dans sa tête plus longtemps. Seule chose, c’est que me presser ne me donna pas tant une réponse précise, et de ce fait, le mieux que je pus lui répondre, ce fut un haussement d’épaules, accompagné d’un banal:  « C’est à toi de voir. » Après tout, cela la concernait elle, ça dépendait qu’à quel point elle souhaitait se lancer dans une nouvelle vie en faisant fi de tout ce qu’elle avait pu faire précédemment. Je ne pouvais pas l’obliger à le faire, comme je ne pouvais pas l’en empêcher. Bon, peut-être que j’aurais pu penser à ce que les gens des ressources humaines pourraient dire, mais ça, je ne m’en faisais pas trop, compte tenu que si jamais quelque chose ne me convenait pas, je pouvais passer outre le département et prendre une décision moi-même. Pour ne pas manquer de respect à mes employés, je ne le faisais pas, mais si jamais c’était nécessaire, je pourrais le faire sans problème, ça ne me complexait pas. Une chose était certaine, c’était que je n’allais pas la forcer à faire quoi que ce soit, parce que me concernant, je ne pourrais pas la juger, et ça, elle l’avait visiblement compris, au vu de comment elle me le fit remarquer, m’arrachant un petit sourire au passage, sans toutefois que j’ajoute quoi que ce soit, ne me voyant pas dans un premier temps me vider le coeur concernant les jugements du monde, ces jugements qui m’avaient fait souffrir à une époque, et qui me blessaient toujours d’une certaine façon, même si j’avais choisi de ne plus m’en occuper. Puis, au final, je me contentai de simplement lui répondre:  « Je sais que ça fait du mal, donc je ne me vois pas faire la même chose à qui que ce soit. » Je n’allai pas plus loin toutefois, parce que comme je l’avais dit précédemment, j’étais là pour l’écouter, et non pas pour exposer mon opinion sur tout et n’importe quoi, ce qui reviendrait à un jugement à mon avis. Et comme je lui avais dit, je l’écoutai aller au bout de son propos, me raconter ce qui la perturbait tant. Ce fut avec un air qui était loin d’être enjoué que je l’entendis me partager ses craintes, même si je tentai de ne pas avoir quelconque réaction susceptible de lui faire poser des questions. Je réagis à proprement parler seulement lorsqu’elle supposa quelque chose sur ce que moi, je devais penser, en secouant la tête négativement pour lui signifier que non. Elle était parfaitement en droit d’avoir des craintes, et c’était, en mon sens, encore plus chose vraie compte tenu que cela ne semblait pas trop ancien. Après, si jamais elle s’accrochait encore et toujours après un bon moment, ça pourrait devenir problématique, mais ça, je ne le soulevai pas pour le moment. De toute façon, je n’en aurais pas tant eu l’occasion, compte tenu du fait que la jeune femme reprit la parole, me posant une question m’arrachant un petit sourire, à laquelle je répondis, dans un haussement d’épaules:  « Écoute, si jamais ça te rend plus à l’aise, ne te gêne pas pour me demander ce que tu veux savoir. » Et ça, je lui avais dit de façon on ne peut plus détendue, parce que maintenant qu’elle m’avait demandé ce qui était probablement la chose la plus délicate me concernant en ce moment, alors je ne savais pas vraiment ce qui pourrait m’affecter, puisqu’autrement, j’étais carrément un livre ouvert.

Ne souhaitant pas m’imposer, la contredire ou un truc du genre, je ne fis qu’acquiescer au moment où Kayla en vint à me mentionner qu’elle viendrait déposer son CV elle-même sur le bureau de ma secrétaire. Je ne me permis même pas de dire que ce serait probablement plus complexe que cela, dans le sens où ce n’était pas vraiment ma secrétaire qui prenait la décision concernant les employés ou un truc du genre. Ma secrétaire semblait déjà dépassée avec le fait de garder mon emploi du temps en ordre, alors je n’allais certainement pas lui demander de faire du travail supplémentaire, sinon elle serait bien capable de me faire un procès et franchement, je n’en avais pas du tout envie. De toute façon, ce n’était pas comme si je n’avais aucun impact sur cette prise de décision. Parfois, si ça ne me concernait pas directement, je ne m’en mêlais pas tant, même si je prenais quand même le temps d’aller me présenter, souhaiter la bienvenue et tout ce qui venait avec, mais si jamais je me devais d’intervenir, alors j’allais le faire. Pour une amie, ce serait même sans problème. Prenant donc pour acquis que ce ne serait pas quelque chose à régler ici et maintenant, je laissai le sujet se clôturer de lui-même, donnant l’occasion à la jeune femme de poursuivre son discours avec des propos qui étaient on ne peut plus flatteurs mais auxquels, dans le moment présent, je pouvais difficilement m’identifier. J’appréciais le fait qu’elle pense que j’étais intelligent, mais il n’en demeurait pas moins que je ne le pensais pas tant, et limite, ce genre de propos m’envoyait un signal d’alarme; jamais personne ne m’avait fait une telle remarque avant aujourd’hui, à croire que mon comportement était si réservé qu’elle pensait autrement. Pour moi, c’était troublant, et ça ne me plaisait pas tant. Après, je ne pouvais pas non plus changer du tout au tout en un clin d’oeil, même si ça reviendrait à être moi-même, puisque ce ne serait pas naturel du tout. À la place, je pris la décision de me montrer un peu plus ouvert quand je lui proposai de me poser des questions sur mes goûts et autres. Souriant quand elle vint à parler de sport, je ris légèrement quand elle descendit mes choix de réponses à deux. Cela ne devint pas une question difficile pour autant, puisque rapidement, je lui répondis:  « Football américain. » Je ne disais pas que je n’aimais pas le baseball, mais j’avais plus de bons souvenirs liés à ce second sport, surtout avec mon frère, de nos journées sur la plage à nous lancer un ballon et nous bousculer dans le sable, parce que nous, c’était ça qu’on appelait, jouer au football, les règles, on s’en moquait pas mal. Après, ça ne voulait pas dire non plus que c’était mon sport préféré, et dans l’optique de me montrer plus ouvert, j’ajoutai, à titre d’information:  « Mais en vérité, je préfère les sports d’adrénaline, comme le vélo de montagne ou le saut en parachute. » Je m’abstins de dire qu’en fait, toute activité avec un peu plus de sensations fortes, même si ce n’était que monter dans un manège ou sauter d’une falaise pour se jeter dans un bassin d’eau profonde, j’étais preneur. Alors que certains faisaient du yoga ou un truc du genre pour se détendre, moi, je m’amusais un bon coup et ça me faisait un bien fou. Et mon métier actuel m’empêchait pas mal de faire ça, alors je me devais de trouver autre chose. Étrangement, je commençais à apprécier les soirées tranquilles à la maison, à manger de la nourriture réconfortante, comme un de mes plats préférés auxquels je ne saurais dire non, soit:  « Des pâtes, avec du fromage… » N’importe quelles pâtes, n’importe quel fromage, j’étais preneur. Même que parfois, je me contentais de seulement des pâtes et du fromage, sans sauce, rien du tout à côté. C’était idiot, peut-être dégoûtant pour certains, mais c’était un de mes goûts particuliers que j’assumais très bien, comme je venais de le démontrer. Mais ne voulant pas parler que de moi pour le moment, j’aurais voulu poser une question à la jeune femme, mais elle renchérit sur quelque chose outre, ce à quoi je ne pus répondre qu’en secouant la tête pour lui dire que non, je n’attendais personne. Je continuai de secouer la tête quand elle me demanda si j’allais prendre autre chose. N’ayant même pas terminé mon verre actuel, même si je n’en étais pas loin, j’avais plus envie de discuter que de boire en fait. J’avais une forte tolérance à l’alcool, mais parfois, je n’en avais juste pas envie, comme en ce moment. Mais conscient que parfois, ça pouvait mettre l’autre mal à l’aise, je pris la peine d’ajouter:  « Mais si tu veux boire autre chose, ne te prive pas pour moi. » avec un petit sourire pour lui montrer que je ne disais pas cela que pour faire joli, mais parce que je le pensais également.