Boire un petit coup c'est agréable... Mais pas cette fois [ Levi ♥ ]

Je fus à la fois rassuré et content de voir qu’Haley avait choisi d’adhérer à mon idée. Après tout, rendue à seize ans, qu’importe si elle était vulnérable ou pas à ce moment précis, elle aurait pu faire preuve de suffisamment d’orgueil pour ne pas vouloir s’installer ici avec moi. Mais heureusement, je n’eus pas à m’en faire bien longtemps de ce côté, et ça me faisait le plus grand bien. Maintenant qu’elle était adolescente, je devais admettre que parfois, je craignais qu’elle finisse par s’éloigner, comme bien souvent, les enfants le faisaient en grandissant. Je savais que cela allait inévitablement arriver, un jour ou l’autre, mais je craignais encore ce jour, ce jour où ces petites intentions n’existeraient plus. Inutile de mentionner que malgré les circonstances, je comptais bien saisir ce moment, prendre soin de ma fille aussi bien que possible pour le coup. Et sachant que cela lui faisait du bien, je ne pouvais qu’en être davantage ravi. Ce fut pourquoi je me permis de sourire doucement quand elle en vint à me dire que malgré son mal de tête, elle allait bien et qu’elle voulait bien rester près de moi comme ça. Je ne répondis toutefois pas au fait qu’elle disait vouloir avoir encore douze ans, puisqu’en mon sens, ce n’était pas nécessaire, considérant le fait que je partageais la même idée. À la place, je pris la parole que lorsqu’elle posa une question sur ma mère, ma mère qu’elle n’avait pas connue, puisque les circonstances ne lui avaient pas permise de le faire. Après avoir inspiré profondément, je lui dis, à voix basse, puisqu’il n’y avait nul besoin de parler fort:  « Oui… Elle n’avait pas beaucoup de moyens, ce n’était pas toujours facile, mais elle faisait quand même son possible pour qu’on soit heureux. » Je marquai une petite pause, puis j’ajoutai:  « Je suis certain qu’elle t’aurait beaucoup aimée… » En vérité, elle l’avait aimée, elle l’avait aimée à distance, par exemple en prenant toutes ses économies pour lui acheter des pyjamas quand elle était venue au monde, sans la voir. Quand elle me les avait remis, j’avais été particulièrement touché par son intention, sachant à quel point c’était énorme venant d’elle. Évidemment que j’aurais voulu la lui présenter, que j’aurais voulu qu’elle interagisse avec elle. Parfois, je le regrettais, mais je tentais de me rassurer en me disant que peut-être elle la voyait et prenait soin d’elle, d’une certaine façon. Et je me disais qu’aussi, je me devais de bien faire tout cela pour elle, pour être un père aussi attentionné qu’elle, elle l’avait été avec moi. Et ça, ça commençait ici et maintenant par rassurer ma fille, ce qui, au final, fut encore plus facile et rapide que je ne l’aurais cru. Au bout de quelques minutes, je sentis sa tête plus lourde, elle ne parlait plus, et un coup d’oeil me fit comprendre qu’elle s’était endormie. Satisfait, j’attendis toutefois un peu avant de la soulever et l’emmener à son lit, mais finalement, je ne le fis pas, m’endormant assis sur le canapé. Et je restai ainsi jusqu’à ce que le soleil commence à pointer dans le salon. La lumière vint taquiner mes yeux, m’obligeant à les ouvrir. Il me fallut quelques secondes pour comprendre où j’étais, pourquoi j’avais dormi assis sur le canapé. M’étirant, tentant de me débarrasser des courbatures, je me rendis compte que j’avais sur moi une couverture qui n’était pas là et à l’inverse, j’avais une Haley qui n’était plus là. Un peu inquiet, puisque je ne la voyais pas dans mon champ de vision embrouillé, je lâchai, dans une voix rauque:  « Haley ? » Je me penchai ensuite pour tenter de voir plus loin dans le logement, même si je n’étais pas suffisamment réveillé pour voir ce qu’elle était en train de fabriquer.

Pourquoi avais-je paru quelque peu inquiet de ne pas avoir ma fille dans mon champ de vision ? Parce que je ne voulais pas savoir qu’elle était dans la salle de bains en train d’être malade, ou pire, qu’elle avait décidé de sortir pour faire quelque chose qu’elle pourrait encore plus regretter que sa cuite de la veille. Enfin, je ne savais pas ce qu’elle pourrait faire, et je savais que ce n’était pas exactement son genre de faire de grosses bêtises, mais il n’en demeurait pas moins que cela m’avait fait peur l’espace d’un instant, instant qui, heureusement, fut plutôt bref, puisqu’Haley ne tarda pas à me signaler qu’elle était toujours dans l’appartement. Clignant des yeux plus fort qu’à l’habitude pour me réveiller davantage, je la vis arriver au salon, un plateau entre les mains, contenant de quoi prendre le petit-déjeuner. Était-ce elle qui avait préparé tout cela, pour moi ? C’est ce que je crus comprendre, et je dus admettre que je fus particulièrement touché par cette attention. Limite, je fus quelque peu gêné de lui dire:  « C’est parfait ma puce… Et c’est très gentil de ta part… » Cependant, avant que je ne lui dise que je tenais à ce que nous mangions ce petit-déjeuner tous les deux, non seulement parce que je me disais que c’était la moindre des choses, mais aussi parce que je savais qu’il était essentiel qu’elle mange un morceau pour se rétablir de ce qui s’était passé la veille. Par contre, avant que je ne sois en mesure de lui en faire part, je me rendis compte que son visage était en train de se décomposer pour adopter un air particulièrement triste, puis soudainement, elle se mit à balbutier des excuses, cédant limite aux larmes de nouveau. Sachant que je ne saurais passer outre ce spectacle, qu’importe si Haley avait treize, seize ou vingt-cinq ans, mon coeur se serra quelque peu, et sans attendre plus longtemps, me refusant d’attendre de trouver les mots justes pour la rassurer, je m’avançai dans le canapé, puis je lui dis:  « Viens par là… » Et n’attendant même pas qu’elle soit pleinement arrivée à ma hauteur, je glissai une main dans son dos, simplement pour la rapprocher de ma personne, afin de la prendre dans mes bras et la serrer fort contre moi, comme j’avais l’habitude de le faire quand elle était plus jeune, quand elle faisait un mauvais rêve ou bien qu’elle avait besoin d’être réconfortée. Après avoir déposé un baiser sur sa joue, je la gardai ainsi contre moi, sans dire quoi que ce soit, espérant que mes gestes parleraient autant, sinon plus que la parole. Par contre, je savais que je ne pouvais pas non plus rester complètement sans rien dire, alors au bout d’un moment, je me décidai à lui dire:  « Tu n’as pas à t’excuser, princesse, d’accord ? » Je marquai une petite pause, sachant que c’était là pour moi le moment de réfléchir mes propos, plus que jamais, et après m’être décalé quelque peu pour la regarder, sans toutefois complètement détacher mon étreinte d’elle, je lui dis:  « Je le sais que ce ne sera pas facile pendant un petit moment, mais crois-moi, tu n’as pas à t’en vouloir pour quoi que ce soit. » Limite, j’étais fier d’elle, fier qu’elle ait décidé de ne pas céder aux caprices de son ex-petit ami simplement pour que celui-ci lui donne de l’attention. Trop souvent, j’avais fait l’erreur, et je refusais que ma fille souffre comme moi je l’avais fait avant elle. Sauf que cela, je ne lui dis pas, me disant que c’était peut-être un peu trop à encaisser pour le moment. Ce que je lui dis plutôt, ce fut:  « Maintenant, si tu veux me faire plaisir, viens t’asseoir avec moi, et on va manger le petit-déjeuner ensemble, ça te va ? » Enfin, je voulais surtout voir si le fait de manger avec moi lui convenait, parce qu’elle le veuille ou non, il lui faudrait manger quelque chose, même si ce n’était qu’un toast et quelques gorgées de jus d’orange.

Le Nutella pouvait-il vraiment guérir les coeurs brisés ? Au point de vue nutritif, je n’en étais pas totalement persuadé, pas du tout même, et personnellement, jamais je n’avais vu cette pâte à tartiner comme ça dans ma vie avant aujourd’hui. Après, il fallait dire que j’étais un peu mal placé pour passer un commentaire à ce sujet, considérant le fait que je n’en avais jamais vraiment mangé. Non pas que je pensais ne pas aimer ça, mais le Nutella contenait du lait, et au vu de mon intolérance, j’essayais d’éviter, puisque même si parfois, je laissais passer certaines choses, avoir du mal dès tôt le matin, ça ne me faisait pas tant envie. De plus, si jamais cela pouvait remonter le moral de ma princesse de quelconque façon, alors je n’allais clairement pas dire non. Haley avait besoin de quoi se sentir mieux, alors je ne saurais pas lui refuser. Lui souriant doucement, je hochai la tête positivement en guise de réponse, avant de moi-même attaquer mon propre petit-déjeuner, tartinant de la confiture sur une tranche de pain avant d’en prendre une première bouchée, appréciant celle-ci, laissant celle-ci me faire comprendre que finalement, même si je ne m’en étais pas rendu compte plus tôt, j’avais relativement faim. Et puis, j’avais l’impression que compte tenu que ç’avait été préparé par Haley, c’était encore plus appréciable, d’où le fait que je ne me gênai pas pour hocher la tête avec enthousiasme quand elle me demanda si c’était bon. Plus encore, je lui dis, une fois que j’eus terminé ma première bouchée:  « C’est parfait, ma puce. » et ce, avec une grande sincérité. Me connaissant, je lui aurais probablement dit la même chose si elle avait fait brûler le tout - après avoir réparé les dégâts évidemment - parce que pour moi, c’était l’intention qui comptait et son intention, elle avait été plus qu’adorable. En vérité, j’étais persuadé que c’était moi qui lui préparerait le petit-déjeuner ce matin, histoire de l’aider à se remettre de sa dure soirée de la veille, mais elle avait été plus rapide que moi. De plus, elle devait être fatiguée ou bien amochée, pour sûr elle n’était pas obligée de le faire, alors pour moi, c’était plus qu’honorable, et je l’appréciais grandement, d’autant plus que cela nous permettait de finalement parler plus calmement. Enfin, de mon côté, je ne me serais pas vu aborder le sujet de discussion tout de suite, puisque je ne voulais pas brusquer Haley dès le réveil, mais au final, ce fut elle qui m’en parla en premier, alors je ne pus faire mieux que de l’écouter. Premièrement, j’écoutai ses excuses, auxquelles je ne répondis pas, parce que pour moi, le fait qu’elle aille bien était suffisant pour que je ne lui en veuille pas. Et après, comment aurais-je pu lui en vouloir ? Des erreurs, ça arrivait à tout le monde, moi le premier. L’essentiel, c’était qu’elle ait compris ce qui ne s’était pas bien passé et ne recommence plus, mais ça, je n’étais pas inquiet, puisqu’elle avait la maturité et l’intelligence pour réfléchir ainsi, à mon avis. Enfin, je ne pouvais pas non plus l’obliger à ne plus ressentir quelconque rancune pour ce qui était désormais son ex-petit-ami, même si je dus admettre que l’idée qu’elle se venge me fit quelque peu grimacer, puisque c’était là une idée plutôt vague. Je me doutais bien qu’elle voulait lui faire payer ce qu’il avait fait, mais je ne voulais pas non plus qu’elle s’attire des ennuis. Ce serait s’abaisser à son niveau et elle méritait beaucoup mieux que ça. Je souhaitai toutefois lui laisser le bénéfice du doute, alors plutôt que de lui dire oui ou non d’emblée, je me contentai de lui demander:  « Que veux-tu dire par là ma chérie ? », attendant de voir si elle avait un plan dans sa tête ou quoi que ce soit du genre.

Histoire de signifier une nouvelle fois à Haley qu’elle n’avait pas à s’excuser du fait que j’avais été obligé de dormir sur le canapé pour m’occuper d’elle, je secouai la tête, ne cherchant pas à argumenter plus longuement puisque de toute façon, qu’importe ce qu’elle pensait, je ne changerais pas d’avis. En mon sens, ce n’était même pas une obligation d’avoir fait ça, au contraire, c’était mon boulot de père, et ça le resterait, qu’importe si Haley avait treize, seize ou vingt ans. Même si elle ne dépendait plus autant de moi que précédemment, il n’en demeurait pas moins que je serais toujours là pour elle. Alors en mon sens, dormir sur le canapé, ou même dormir par terre, quelque chose du genre, ce n’était pas une corvée, au contraire, j’avais de loin préféré dormir là, comme ça, plutôt que de la savoir mal, seule dans son lit, incapable de se remettre de sa soirée. Et au final, ce n’était pas comme si ç’avait eu que du mal; maintenant, ça nous donnait l’occasion de discuter à tête un peu plus reposée de ce qui s’était passé, et quelle serait la réaction d’Haley suite à ce sale coup que lui avait fait son petit-ami. Je me doutais bien qu’elle ne voudrait pas faire comme si rien ne s’était passé, moi-même je ne pense pas que j’aurais pu être tranquille d’esprit après une telle chose. Par contre, je refusais qu’elle se mette dans l’embarras et se retrouve avec des problèmes si jamais elle venait à se venger. Ne me permettant pas de le lui dire comme ça toutefois, je la laissai plutôt exposer son idée. Celle-ci n’était pas mauvaise en soi, en tout cas, certainement pas autant que si elle m’avait dit qu’elle voulait lui faire un sale coup susceptible de remonter jusqu’à elle, mais pas parfaite non plus, pas dans ma tête en tout cas. Mais sachant que je ne pouvais pas lui dire ainsi, d’autant plus que n’ayant pas eu une expérience de lycée normale, je ne pouvais pas vraiment la conseiller à proprement parler, je décidai de m’en tenir à ce que moi, j’avais vécu, et je lui dis, calmement:  « Tu sais, ma puce, je crois que le mieux que tu pourrais faire, c’est de l’ignorer, de lui montrer que tu es capable de continuer à vivre sans lui, et qu’il ne vaut même pas le coup que tu prennes du temps ne serait-ce que pour penser à sa personne… » Me concernant, j’avais mis bien du temps à le comprendre quand j’avais été appelé à faire cela, mais j’avais fini par le faire, et je me sentais beaucoup mieux depuis que je pensais ainsi. Après, cela ne voulait pas dire que c’était ainsi que ma fille voudrait réagir, et si elle voulait s’en tenir à sa propre idée, je n’allais pas lui en vouloir non plus. Par contre, il faudrait qu’elle assume les conséquences de ses choix, et ça, j’étais persuadé qu’elle le savait déjà, alors je ne crus pas nécessaire de lui faire un sermon sur le sujet. De toute façon, je n’en aurais pas eu tant l’occasion, puisqu’elle reprit la parole bien rapidement, en venant à me demander un autre conseil, sur comment elle devrait réagir à la tonne de messages qu’elle avait reçu depuis la dernière fois qu’elle avait consulté son portable. Ne pouvant que supposer que c’était ses amies qui devaient s’inquiéter, surtout si elle était partie en trombe de la soirée la veille, je lui dis, dans un haussement d’épaules:  « Je suppose que tu peux au moins prévenir que tu es chez toi et que tout va bien… » J’étais resté plutôt vague, parce que n’ayant pas vu les messages, je ne pouvais pas ajuster mes propos. J’aurais pu lui demander à les voir, mais je n’osai pas le faire, me disant qu’à son âge, elle avait droit à sa vie privée, comme tout le monde. De toute façon, jamais je n’avais été un père bien envahissant. Je n’étais pas parfait, je faisais bien souvent de mon mieux avec ce que j’avais, mais je refusais d’être trop imposant non plus. Et selon ce que je comprenais, ce n’était pas une mauvaise chose, au vu des commentaires que ma fille vint à tenir par la suite, m’arrachant un petit sourire qui vint précéder mon:  « Je crois aussi… Mais tu sais quoi ? Je préfère ça ainsi. » Comme pour faire durer le suspense, je marquai une pause dans mes propos, puis après avoir passé mon bras autour de ses épaules, j’ajoutai:  « Parce que si c’était autrement, je ne pourrais pas faire ce que je préfère le plus au monde, être ton papa… » Bon d’accord, je devais avouer que pour le coup j’avais peut-être été un peu nunuche, mais en vérité, je m’en moquais, parce que je le pensais vraiment, et rien ni personne au monde ne pourrait changer ça.

En donnant mon avis à Haley sur comment elle devait réagir concernant son ex-petit-ami, je lui disais simplement ce que moi, je ferais si j’étais à sa place, ou du moins si je vivais une situation similaire. Après, cela ne voulait pas dire que ma réponse était parfaite et que c’était la recommandation ultime à suivre absolument. Moi-même, je n’avais pas suivi ce conseil pendant un moment et au final, cela avait failli causer ma perte. Je m’étais ruiné la vie, je m’étais privé de ma fille pendant bien longtemps et tout ça, pour une personne qui n’en valait pas la peine. J’avais fait une erreur, que je regrettas, que je tentais encore de rattraper aujourd’hui. De ce fait, cela pourrait me rendre trop peu crédible, mais en fait, j’espérais que cette erreur pourrait venir montrer à ma fille que j’avais appris de celle-ci, et qu’ainsi, je pouvais lui permettre d’éviter de faire de même. Mais pour ce faire, encore fallait-il qu’elle accepte de suivre ce que je venais de lui dire, ce qu’elle n’était pas obligée de faire. Après tout, elle avait seize ans, elle était capable de prendre ses propres décisions. Mais au bout du compte, elle vint à dire que j’avais raison, m’arrachant un timide sourire par la même occasion, sourire qui devint encore plus évident quand je me retrouvais non pas fier de la voir prendre une décision sage, mais de la voir déterminée, de la voir forte, alors qu’elle venait quand même de subir un coup dur. Plus que satisfait, je ne vis pas l’intérêt d’en ajouter davantage, réagissant que lorsqu’elle vint passer un commentaire sur le petit-ami parfait, rigolant doucement avant de lui dire:  « Peut-être, mais cette fois-ci je veillerai personnellement à ce qu’il soit parfait. » Parce que je m’en rendais compte maintenant, moi aussi, j’avais fait une erreur dans toute cette histoire, l’erreur de ne pas protéger davantage ma fille alors que j’avais un mauvais pressentiment sur ce garçon depuis le départ. Cependant, j’avais justifié mon recul au fait qu’elle devait vivre sa vie aussi, surtout qu’elle était presqu’une adulte maintenant. Mais au final, je comprenais que malgré son âge, Haley aurait peut-être toujours besoin de son père et même si cela me rassurait, ça représentait aussi un défi me concernant, celui où il me faudrait trouver le juste équilibre entre le père présent, mais pas trop envahissant. Parce que oui, ça, c’était un défi, mais un défi que j’étais prêt à relever, surtout que démonstrative comme Haley pouvait l’être, il me suffirait certainement de me calquer à ses demandes et ses émotions pour y parvenir. Comme là, quand elle vint me demander comment était son front, je compris que c’était à moi de lui faire le juste diagnostic. Ce que je fis, c’est que je regardai plus attentivement la bosse qui s’était formé dans la haute partie de son visage, passant délicatement mon doigt dessus, frôlant à peine sa peau, avant de déclarer:  « C’est un peu enflé, mais rien de grave. » Bien sûr, il lui faudrait quand même mettre un peu de pommade, et de quoi ne pas laisser l’enflure s’aggraver et éventuellement lui donner un coquard ou un truc du genre. Pour ça, j’avais le temps de m’en occuper puisqu’au même moment, je choisis de lui proposer:  « Tu sais quoi ? Demande à une de tes amies de t’apporter tes devoirs et aujourd’hui, tu peux rester à la maison, afin de te reposer. » Ce que je venais de faire, soit de permettre à ma fille de sécher les cours, j’en étais conscient, et je l’assumais très bien, à un tel point qu’il ne me gênerait pas d’appeler au lycée pour motiver l’absence d’Haley. Tout compte fait, je préférais qu’elle prenne du temps pour bien s’en remettre et ainsi, repartir du bon pied le lendemain.