Le masque tombe [Feat. Tommy S. Grayson]

La jeune femme n'était pas clairement pas à la hauteur pour gravir les mètres qui la séparaient de sa porte, et donc de son logement. Elle avait essayé de se débrouiller seule pour ne pas abuser une nouvelle fois de la gentillesse de Tommy, qui avait déjà fait beaucoup pour elle jusqu'alors. Alors elle essaya de se débrouiller mais, elle dût rapidement abandonnée voyant qu'elle n'en était pas capable. C'est au même moment qu'elle vit le beau brun s'approcher d'elle et la maintenir. Ce geste aurait pu lui arracher un certain sourire si elle avait été en forme, mais ce n'était pas le cas. Elle était tout bonnement épuisée.

Sans la prévenir, Tommy passa une main dans le dos de la blonde, ce qui la fit frissonner, déjà qu'elle avait pas très chaud, sans doute le contrecoup de ses émotions, puis, il glissa sa seconde main sous les genoux de Joyce et la porta telle une princesse. En temps normal, elle l'aurait sans doute charié, mais, elle devait bien l'avouer, ça l'aidait grandement qu'il soit là. Surtout qu'il la comprenait sans même qu'elle ai besoin de dire quoique ce soit.

Lorsqu'ils furent arrivés arrivé devant la porte de Joyce, le numéro 31 collé sur celle-ci, il la déposa au sol afin qu'elle puisse ouvrir la porte. Elle fouilla un court instant dans son sac avant d'en sortir un trousseau regroupant plusieurs clés, elle inséra la bonne dans la serrure, fit deux tours et un clic se fit alors entendre. Elle ouvrit la porte, déposa son manteau sur le porte manteau derrière la porte et laissa Tommy entrer.

" - Mets toi à ton aise. Tu veux quelque chose à boire ou à manger ? Je dois avoir quelque chose au frigo."

Vu les moyens financiers limités de la suédoise, elle avait tendance à acheter en grande quantité pour le faire en plusieurs fois, et conserver les restes d'un jour sur l'autre.

Elle fila rapidement dans sa chambre pour enfiler un gilet afin d'essayer de se réchauffer comme elle pouvait. Et sans pouvoir le contrôler, un bâillement lui échappa. Elle se sentit alors d'une impolitesse comme jamais, mais ce devait être le contre coup de son malaise et de sa crise. Elle revient alors dans le salon et observa Tommy un court instant. Même si elle s'obstinait à le nier, cet homme était très séduisant, et il était auprès d'elle, là maintenant quand elle a eu besoin d'aide, c'est lui qui avait répondu présent.

La jeune suédoise s'ouvrit presque naturellement lorsqu'elle franchit le seuil de la porte de son appartement. Certes ce n'était pas le grand luxe, c'était même le contraire. Mais au final, ce qui lui importait c'était simplement d'avoir un toit au-dessus de sa tête. Elle était honteuse que Tommy puisse maintenant découvrir le lieu dans lequel elle vivait, il ne devait sans doute pas comprendre puisqu'il faisait partie des personnes riches qui peuvent s'offrir ce qu'elles désirent.

Alors qu'elle lui proposa quelque chose à boire ou à manger, tout en s'absentant dans la pièce juxtaposée pour mettre un gilet espérant se réchauffer rapidement. Dans la cuisine, elle se faufila et inspira dans sa ventoline pour récupérer son souffle normal. Lorsque ce fut fait, elle resta devant Tommy le détaillant avec ses yeux brillants et en même temps, pas très ouvert à cause de la fatigue qui la terrassait.

Quand le beau brun refusa ce qu'elle lui proposait, Joyce se sentit mal, parce qu'elle ne savait pas comment le remercier autrement. C'était tout ce qu'elle avait à lui offrir, et elle ne supportait ce genre de choses à sens unique. Il venait de l'aider, même plus que ça et elle voulait le remercier d'une manière quelconque, mais ignorait quoi. Elle avait même l'impression qu'il avait refusé par simple politesse et pas parce qu'il n'en avait pas réellement envie. Est-ce que c'est le lieu dans lequel il se trouvait qui le rendait si timide, si réservé ? Sans doute. Du moins, c'est ce qu'elle préférait croire.

Elle se trouvait désormais face à lui, avec plusieurs mètres de distance qui les séparaient l'un de l'autre, puis, elle ne put detourner son regard, du moins jusqu'à ce qu'il lui demande depuis combien de temps elle vivait de ce taudis. Elle baissa les yeux, honteuse de son appartement et du quartier où elle résidait.

" - Je.. Depuis mon arrivée en ville.. Soit environ un an et demi.."

Elle avait bien compris le sens caché de cette question et elle ne pouvait lui en vouloir.

" - Je ne peux vraiment rien t'offrir.. ? J'aimerai sincèrement te remercier d'être venue m'aider.. Et d'être encore là pour moi malgré ce que je suis.."

Lorsque Joyce répondit à la question posée par Tommy, à savoir, depuis combien de temps elle vivait ici, elle avait l'impression qu'il cherchait à obtenir autre chose. Ses pensées n'étaient pas encore assez claires pour qu'elle puisse discerner quoique ce soit, mais, le simple fait qu'il hoche la tête pour signifier qu'il avait bien reçu l'information, ça suffit à la blonde pour lire dans ses yeux quelque chose qu'elle n'arrivait pas à expliquer. Peut-être du dégoût ou de la pitié. Ou tout simplement de l'humanité, mais elle n'avait jamais connu ce sentiment de la part de qui que ce soit alors forcément, elle ne savait pas le reconnaître.

Elle tenait réellement à rendre la monnaie de sa pièce au beau brun, mais malgré ses efforts, il refusa d'accepter quoique cesoit venait d'elle. Jusqu'au moment où il lui dit ce qui pourrait lui faire plaisir. Elle écouta avec attention jusqu'au ce que les mots passent la frontière de ses lèvres. Immédiatement, la jolie suédoise se sentit honteuse et baissa le regard pour balayer le sol. Cesser de se rabaisser ? On avait fait que ça dans toute son enfance, jusqu'à il y a quelques années encore. À force, elle ne se rendait même plus compte qu'elle n'avait aucune estime d'elle-même, c'était devenu courant à ses yeux, bien que dans la réalité, ça ne devrait pas l'être. Ce n'est pas humain de rabaisser une personne jusqu'à ce qu'elle doute de sa propre existence.

" - Je peux toujours essayer mais je te garanti pas le résultat.. J'ai jamais appris à être comme ça moi.."

Puis instinctivement, elle jeta un coup d'oeil sur la seule photo de son fils qu'elle avait dans son appartement, en dehors de celle qu'elle gardait précieusement dans son porte monnaie. Comme si elle s'adressait directement à lui. Le jeune homme finit alors par lui proposer de prendre des jours de congé, mais au niveau budget elle était vraiment en difficulté et elle avait besoin de cet argent, chaque heure travaillée était essentielle pour elle.

" - Je ne peux pas Tommy.. J'ai vraiment besoin de cet argent.. Et puis de toute manière j'arrive pas à dormir alors ce n'est pas en restant enfermée chez moi à tourner comme un ours en cage que ça va s'arranger.."

Petit à petit, la jeune femme se livrait, elle s'ouvrait à cet homme qu'elle ne connaissait pas vraiment et pourtant, il lui inspirait confiance.

Joyce se dévoile énormément devant son patron, elle montre son vrai visage, celle qu'elle est réellement derrière son sourire quotidien. Mais cette fois-ci, il la voyait sur l'envers du décor, il la voyait comment elle était réellement, avec tout ce qu'elle cachait au plus profond d'elle même. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait une crise d'angoisse et ce ne serait sans doute pas la dernière non plus, et tout ceci la rendait toujours plus fragile que ce qu'elle n'était déjà. Certains en avaient déjà profité pour abuser de sa gentilesse et de sa naïveté.

Au moment où elle annonça qu'elle n'avait jamais appris à faire ainsi, à se valoriser et que personne ne l'avait jamais aidé, elle observa Tommy qui semblait tout aussi l'esprit occupé par elle ne savait quoi. Peut-être que lui aussi se reconnaissait dans ses paroles, et pourtant, elle n'arrivait pas à y croire. Pas cet homme. Il était fort, ça se voyait. Enfin, les apparences sont parfois trompeuses, tout comme elle. Mais ce soir, le masque venait de tomber, et le beau brun la voyait sous son vrai jour.

C'est alors qu'il lui proposa de rester chez elle quelques jours pour se reposer, mais clairement, elle n'avait pas le choix, elle devait travailler si elle voulait pouvoir continuer à dormir sous un toit. Et même si Tommy ne devait jamais avoir connu une telle situation, Joyce espérait qu'il pourrait comprendre qu'elle est ce besoin d'argent.

" - Je ne peux pas.. Je ne veux pas abuser de ta gentilesse.. L'argent ça se mérite, et pour ça, il faut que j'aille travailler.."

Elle observa longtemps le sol, n'osant pas affronter le regard de son patron, mais soudain alors qu'elle ne s'y attendait pas du tout, elle sentit une chaleur s'emparer de sa main. En relevant la tête, elle vit Tommy serrer dans sa main, la sienne. Sans savoir exactement ce qui l'animait, après ce premier geste du brun, Joyce fit quelques pas et se glissa contre le torse de Tommy. Elle avait besoin d'affection au quotidien, et ça faisait bien des années qu'elle n'en avait plus eu. Tant pis s'il la rejetait au moins elle aurait essayé, et surtout, elle en avait ce besoin de sentir la chaleur humaine.

Joyce avait beau avoir entendu les paroles de son supérieur, pour elle, ça n'avait aucun sens. C'est comme quand un enfant entend de la amrt de ses parents un "Je t'aime" des années après sa naissance. La blonde ressentait exactement la même chose. Non pas qu'elle ne le croyait pas, mais elle ne se croyait pas elle. Qu'est-ce qu'elle avait fait de plus que les autres pour mériter amplement d'avoir ces jours de congés que lui avait proposé le beau brun ? Rien. Enfin à ses yeux en tout cas. Mais vu le jugement de Tommy, ça semblait être différent pour lui, elle avait dû faire quelque chose qui lui avait plus, mais piur elle, elle avait tout simplement fait son travail, rien de plus.

Elle ne cru pas bon argumenter de nouveau pour lui dire que de son point vu, elle ne le méritait pas, mais, elle savait qu'il allait encore la contredire pour la remettre dans le "droit chemin" et qu'elle arrête de se dénigrer. En vérité, les paroles du jeune homme la touchaient directement en plein coeur, c'était une des rares fois où Joyce entendait clairement qu'elle méritait quelque chose.

Depuis maintenant plusieurs années, elle ne vivait pas, elle subissait sa vie, c'était différent mais tout aussi dur de se lever le matin pour essayer, en vain, de trouver un emploi. Jusqu'à il y a deux mois en tout cas. Maintenant, elle est heureuse de se lever tous les matins pour aller travailler, parce qu'elle aime ce qu'elle fait et puis, parce qu'elle est heureuse de retrouver quelqu'un qui semble être, sur beaucoup de points, similaire à elle.

Lorsqu'elle avait senti la main de Tommy se saisir de la sienne, elle n'avait pas mis longtemps avant de laisser parler son coeur et de se laisser aller, montrer encore un peu plus la faiblesse qu'elle renfermait en elle. Et contre toute attente, plutôt que d'être repoussée, il la serra contre lui, tout en passant ses mains dans son dos, comme pour la rassurer. Elle profita de cet instant pour ne plus penser à rien, sauf à l'instant présent, qui lui faisait incroyablement du bien. Puis, après plusieurs minutes ainsi, la blonde se détacha des bras de cet homme, qui même s'il n'était pas dans son bureau, restait tout de même son patron. Et elle avait déjà fait assez d'erreurs dans son passé, pour en commettre une nouvelle en s'attachant à lui.

" - Pardon.. Excuse-moi.. J'aurai pas dû.. C'est totalement déplacé.."

Elle venait de prendre conscience de l'ampleur de son geste, même s'il ne l'avait pas repoussé, peut-être qu'il avait fait ça uniquement pour la rassurer et rentrer chez lui le plus tôt possible.

" - C'est ta femme qui risque de ne pas etre contente que tu ne sois pas encore rentré.."

Elle ne voulait pas le retenir même si au fond, elle espérait qu'il reste, parce qu'il était bénéfique pour elle, et en sa présence, elle se sentait apaisée, comme hors d'atteinte de tout le monde extérieur.