Le masque tombe [Feat. Tommy S. Grayson]

Joyce ne pouvait réellement décrire ce qu'elle ressentait à cet instant présent, un immense calme s'emparait d'elle, et plus aucun de ses soucis n'arrivaient jusqu'à son esprit. Les seules pensées qui vagabondaient dans sa tête, était des pensées positives pour une fois. Elle en vint presque à regretter d'avoir oublié son fils depuis que Tommy avait franchi le seuil de chez elle. Tous les jours quand elle avançait, c'était pour lui, parce que sa plus grande souffrance était aussi sa plus grande force, elle se sentait obligée d'aller au bout des choses pour le rendre fier, en espérant qu'il la voit de là-haut et qu'il est fier de ce qu'elle a accompli depuis ces dernières années.

Lorsque la blonde s'éloigna lentement de l'homme qu'elle avait face à lui, elle s'excusa en disant que tout cela était sans doute une erreur. Mais au fond, elle ne le pensait pas. Enfin pas dans le sens où elle le regrettait vraiment, elle pensait simplement que ce n'était pas vraiment approprié au vue de leur relation professionnelle. Mais bien évidemment, elle ne regrettait rien depuis que Tommy était venu la secourir dans cette ruelle. S'il n'avait pas été, elle aurait probablement finie à l'hôpital parce qu'un passant aurait appelé les urgences, ou bien pire, quelqu'un aurait pu profiter de la situation, de sa faiblesse pour faire elle ne savait quoi. Mais, elle ne devait pas penser négatif, puisque rien de tout cela n'était arrivé, Tommy l'avait secouru et il ne l'avait pas laissé seule comme elle l'avait redouté.

Mais alors qu'elle lui dit qu'il devait sans doute être attendu par quelqu'un à la maison, et en l'occurrence sa femme, la révélation qu'il lui fit la laissa estomaqué. Comment un homme comme lui pouvait-il être seul dans la vie ? Peut-être qu'il ne supportait pas les relations amoureuses après tout, ou bien qu'il avait vécu quelque chose et qu'il refusait de s'engager. Ou pire, c'était un de ces hommes qui ne pensent qu'à s'amuser avec d'autres femmes sans pour autant se questionner sur son avenir. Pourtant, à le voir ainsi, elle ne pouvait penser qu'il était ainsi. Il devait y avoir quelque chose pour qu'il soit seul.

" - C'est faux, moi je te supporte au quotidien et tout se passe très bien. Enfin pour moi en tout cas, je ne sais pas si c'est réciproque, mais je n'ai jamais rien eu à te reprocher ou à critiquer depuis que je suis arrivée."

La jeune femme n'avait aucune confiance en elle, et personne ne l'avait jamais aidé pour que cela change. Toute sa vie, elle avait été manipulée, utilisée, rabaissée, humiliée, alors forcément, son comportement aujourd'hui était fortement impacté par tout ce qu'elle avait pu vivre toutes ces années. Malgré cela, elle avait encore un tout petit peu d'estime pour elle, et depuis qu'elle travaillait avec Tommy, elle avait l'impression de retrouver un peu goût à la vie. Parce que c'était le seul homme qui l'a traitait comme une véritable femme et non pas, comme une bonne à rien qui est là uniquement pour faire du café. C'était la seule personne qui lui donnait de réelles choses à faire et qui ne la rabaissait pas, et ça lui faisait plaisir de voir qu'elle était capable de faire quelque chose de bien.

Cependant, lorsqu'ils se mirent à évoquer les déboires amoureux de son patron, Joyce avait l'impression qu'elle avait toujours une corde sensible chez lui, mais elle ne rajouta rien. C'est seulement à cet instant qu'elle remarqua que pour quelqu'un avec une assurance débordante, finalement il était aussi fragile qu'elle. Il avait des moments de faiblesses comme tout le monde, mais en tant qu'homme, bien évidemment, il s'empressa de changer de sujet. Sans doute la fierté masculine, ou tout simplement qu'il n'avait pas envie d'évoquer ce genre de sujet avec la suédoise. Elle se sentit soudain rejetée quand il lui dit qu'elle devrait se reposer, et par conséquent qu'il devait sans doute rentrer chez lui. Elle n'en avait aucune envie, elle voulait qu'il reste, avec lui elle se sentait en sécurité et apaisée, peut-être même qu'elle serait capable de s'endormir sans faire de cauchemars s'il restait auprès d'elle.

" - Reste avec moi.."

Ce n'était ni une question, ni une affirmation, mais plutôt un supplice. Elle voulait qu'il reste avec elle, en elle avait envie d'une part, et besoin d'autre part, et c'était cette part là qui parlait actuellement. Elle craignait tout de même sa réponse, et elle le comprendrait parfaitement s'il refusait et qu'il préférait rentrer chez lui après tout.

Joyce ne savait pas vraiment où tout cela allait l'emmener, à vrai dire, elle n'était plus en mesure de réfléchir correctement. Ses pensées étaient occupées par son état de fatigue extrême. Elle devait avant tout reprendre des forces, et les quelques sucreries qu'elle avait pu mangé grâce à Tommy l'avait sans doute permi de remonter un peu la pente. Cependant, la belle blonde était encore timide face à son patron, malgré le fait qu'elle travaille avec lui depuis deux mois, elle n'osait pas vraiment se montrer, elle préférait rester en retrait et observer. C'était toujours ce qu'elle avait fait de toute sa vie de toute manière, elle n'avait jamais su s'imposer, elle avait toujours été spectatrice de sa propre vie malgré elle.

La suédoise fut soulagée quand il lui répondit par l'affirmative concernant son supplice. Elle lui avait demandé de rester, et contrairement à ce qu'elle s'attendait à entendre de sa part, il accepta. Il accepta comme si c'était logique qu'une simple employée demande à son patron de rester avec elle, que ce soit pour quelques minutes, quelques heures ou bien encore, pour la nuit, sans ambiguïté bien évidemment !

S'en suivit quelques minutes de silence, mais pas ce silence pesant entre deux personnes. Non. Celui-ci était presque constructif, parce que même s'il ne se parlait pas, il semblait tout de même qu'ils se comprennent avec un simple regard. Il finit par aller s'asseoir sur le canapé, et lui faire signe de le rejoindre, ce qu'elle fit sans se faire prier. Joyce se glissa alors contre Tommy, et posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux en prenant une grande bouffée d'air.

" - Tu veux bien me parler un peu de toi ?"

Elle savait que c'était délicat comme question, mais elle aimerait vraiment en apprendre un peu plus sur le beau brun à côté d'elle. Peut-être que ça pourrait l'aider aussi à mieux le cerner, et donc mieux adaptée sa façon de travailler pour être le plus utile pour lui.

Quand Tommy s'était installé dans le canapé, elle aurait pu lui faire la remarque comme quoi, elle ne l'avait pas invité, mais tout cela était tellement insignifiant à ses yeux, malgré eux, ils avaient dépassé ce stade entre eux. C'est donc sans réfléchir qu'elle fit les quelques pas qui la séparait du canapé et surtout de Tommy. En s'asseyant auprès de lui, elle ne mit pas longtemps à poser sa tête contre son épaule, comme si c'était naturel de faire ce genre de gestes envers son patron. Mais toutes ces questions ne lui effleuraient pas une seule seconde son esprit, elle était bien, heureuse et détendue, alors pour une fois elle voulait juste ne pas se priver de ce qui pouvait lui changer les idées. Et puis au fond, c'était Tommy qui avait proposé qu'elle vienne s'asseoir à ses côtés, donc il devait s'y attendre, même si tant d'affection ne devait pas faire partie de son quotidien, elle en était bien consciente.

Une fois installée, pour éviter tout silence malaisant, elle décida de le rompre immédiatement en posant la première question qui lui vint à l'esprit. Pas très original il fallait bien l'avouer, mais c'est tout ce qu'elle avait trouvé dans l'immédiat. Sans regarder le beau brun, elle sentit que cette question lui demandait réflexion. Bien évidemment, elle ne s'attendait pas à ce qu'il se confie à elle sur ses plus gros secrets, elle voulait connaître un peu plus profondément l'homme avec qui elle travaillait, c'était légitime non ? Et puis, l'ambiance devait aider aussi.

Elle écouta avec attention le début de son discours, jusqu'à ce qu'il s'arrête soudainement après avoir évoqué son désir de tour du monde chamboulé par elle ne savait quels événements. Elle avait envie d'en savoir plus, mais en avait-elle le droit ? Sans doute pas, et pourtant, cette question lui brûlait les lèvres, mais Joyce savait aussi être quelqu'un qui gardait sa curiosité pour elle. S'il avait d'en parler, alors il le ferait un jour ou l'autre, sinon, Joyce ne connaîtrait jamais cette raison qui a fait qu'aujourd'hui, il travaille dans cette entreprise qu'il gère plutôt que d'être loin d'ici, dans un des nombreux pays du monde.

" - Le deltaplane ? Jamais je pourrais faire une telle chose.. J'ai trop le vertige pour faire ce genre de choses.. Je suis tétanisée rien qu'à l'idée de voir le vide sous mes yeux c'est pour dire.."

Le vide était vraiment une de ses phobies, et puis de toute manière, sur ce point là, ils étaient totalement différents. La jeune Sandberg préférait largement ce qui était plus posé, plus calme. C'est aussi pour cette raison qu'elle n'aimait pas spécialement les parcs d'attraction, parce qu'elle ne faisait pas beaucoup de manèges étant donné que tout ce qui était sensation forte, était banni pour elle.

Plus d'une fois, la blonde avait dû vaincre ses peurs, passer au-dessus pour continuer à vivre, ou plutôt survivre. Car ça faisais bien longtemps qu'elle ne qe sentait plus réellement vivante. Tout s'était arrêté au décès de son fils, et depuis, elle avait l'impression que chaque jour était une épreuve à part entière, pour lui faire comprendre qu'elle n'a plus rien à faire sur cette terre, qu'elle a déjà tout accompli, alors qu'au fond, elle n'a jamais pu connaître l'amour, elle a simplement eu le bonheur d'être mère une fois.

Elle écouta avec attention Tommy parler de cette sensation qu'il évoquait. La liberté. Depuis quand elle se sentait libre de faire ce qu'elle voulait ? Jamais. Elle avait toujours été contrainte par les moyens financiers, elle devait toujours faire attention à tout, sans jamais penser à elle. Elle s'était oublié depuis bien longtemps, à tel point qu'aujourd'hui, ça lui semblait normal.

" - Je comprends.. Chacun à son petit échappatoire pour se sentir libre.."

Elle chercha au plus profond de ses pensées, mais elle ne trouve rien qui lui permette de s'évader elle. Peut-être les voitures et encore, ce n'est qu'un passe temps, rien de plus.

La blonde avait les yeux fermés, elle se sentait bien, en sécurité avec Tommy. Un sentiment qu'elle n'avait plus éprouvé depuis longtemps. Puis soudain, elle sentit une douce caresse, en ouvrant ses yeux, elle vit que le jeune homme jouait avec ses doigts sur la peau pâle de la suédoise. Elle remonta la tête vers lui, un fin sourire s'installa sur ses lèvres puis, elle se blottit un peu plus contre lui, posant sa main sur la sienne.