Parting is such sweet sorrow that I shall say goodnight till it be morrow :: Solent

Son regard se posait sur son époux, il disait être prudent, mais il n’y avait rien de prudent à se trouver dans sa chambre. Tous les deux le savaient mieux que quiconque et pourtant, ils étaient là face à face dans cette chambre qui n’était pas la leur. Elle se gardait bien de révéler ce détail, si leur relation avait toujours été idyllique, elle détestait lorsqu’ils en venaient à se disputer et c’était loin d’être le moment d’en arriver là. Trop de risque. Elle préférait mettre de l’eau dans son vin. Prenant sur elle, comme elle le faisait toujours, acceptant ce qu’elle pouvait penser n’était pas forcément la meilleure des visions, elle acceptait. Elle se pliait pour le moment, laissant un soupire franchir ses lèvres charnues. « Qu’importe ce qu’on fait, il me semble que tout se résume par de nouveau problème. » disait-elle en prenant une pause avant de reprendre « Tant que cette histoire ne connaîtra pas une fin, je crois bien qu’on sera voué à devoir faire face à divers problèmes, qu’on le veuille ou non. On ne pourra pas y échapper. » confiait-elle avec cette pensée qui ne lui plaisait pas, elle aimerait croire que ça pouvait être différent, mais elle n’y arrivait pas. Leur chemin était semé d’embuches, impossible de les éviter. Elle espérait réellement que tout cela prendrait fin prochainement, mais cet espoir, elle le voyait s’effriter à chaque fois qu’elle voyait rentrer Heath chez eux sans qu’il ne lui parle de cet homme. Elle attendait ce moment, celui de sa délivrance. Elle s’approchait de Trent, guider par lui comme elle aimait le voir prendre les décisions. Leur corps collé l’un à l’autre, cette chaleur qu’il diffusait et dont elle s’approvisionnait comme pour charger ses batteries. Elle lui rendait ce faible baiser, ses lèvres effleurant les siennes dans un sourire complice. « Je pense pas. » disait-elle, mais avant qu’il ne se fasse un film, elle enchaînait « Habituellement je dors la nuit et lui aussi. Je n’ai jamais eu conscience qu’il venait dans ma chambre. » Non parce qu’en réalité c’était elle qui se déplaçait, une chose qu’elle avait commencé à faire en ne pouvant chasser ses cauchemars. Devait-elle le dire à Trent ? Si elle ne voulait pas que le fossé s’agrandisse, elle n’avait pas trop le choix, mais elle savait que ça ne lui plairait pas. Il devait simplement comprendre qu’il n’était pas là pour la protéger comme il aurait pu le faire. « C’est moi qui vais le voir. » Elle baissait le regard. « Quand j’ai des cauchemars, je vais souvent le voir parce que je n’arrive pas à rester seule dans ma chambre et je ne veux pas affoler Korben avec tout cela. » Elle se collait un peu plus à Trent, craintive du rejet que son époux pourrait faire. « Tu n’es malheureusement pas là, je dois bien trouver une manière de passer outre ces cauchemars. Mais il ne se passe rien avec Heath, on ne fait que discuter quand j’en ai la force. Sinon j’aime imaginer que je dors près de toi, même si ce n’est qu’un mensonge de plus. » Elle était franche, même si la franchise lui faisait peur.

Trent avait été capable de voir la dispute au bout du chemin qu’ils empruntaient. Un simple désaccord de perspective qui suffisait à embraser le reste de leurs doutes. Il aurait été idiot de se prendre la tête à ce sujet. Personne ne pouvait réécrire la situation ou changer le passé, et que Trent porte son alliance ou non n’était de toute manière pas le cœur du débat. Raschelle sembla en venir à la même conclusion, préférant laisser ce sujet mourir de lui-même plutôt que de prendre le risque d’en venir à un règlement de comptes. C’était le beau milieu de la nuit après tout, dans une chambre où Trent n’aurait jamais dû mettre les pieds! Raisonnable, sa femme exposa pleinement la réalité de leur situation. « Oui, y’a tellement de facteurs qui ne dépendent pas de nous » dit-il en hochant la tête. Des problèmes, ils ne semblaient connaître que ça récemment, et elle avait tout à fait raison. La seule chance qu’ils auront pour tout régler se présentera à la fin de ce calvaire. Lorsque le père de Trent sera capturé ou abattu et que Raschelle et Korben se verront autorisé à reprendre le contrôle de leur vie et de leur identité. Là, et seulement là, pourront-ils reconstruire leur ville de famille sans d’autres obstacles imprévus. Trent était terrorisé à l’idée que cette situation ne change jamais. Que la sécurité de sa femme et son fils ne soient plus jamais assurée, qu’ils vivent chacun leur vie dans la crainte de revoir ce monstre surgir dans leur vie. Et que, par la même occasion, rien ne soit plus jamais comme avant entre lui et Raschelle. Trent resserra un peu plus son étreinte sur sa femme. Il fut un instant soulagé d’entendre que Heath n’était pas du genre à faire des rondes pendant la nuit  - ou à regarder sa femme dormir, ce qui aurait été assez perturbant – avant que Raschelle laisse s’’échapper une information qu’il n’avait pas du tout anticipé. « Quoi? » demanda-t-il, précipité et confus. Elle ne tarda pas à s’expliquer et laissa Trent tiraillé entre jalousie et compréhension. Il comprenait, évidemment qu’il comprenait! C’était après tout un peu de sa faute si sa femme faisait des cauchemars, et il ne pouvait pas lui reprocher de chercher un peu de confort. Mais l’imaginer rejoindre Heath dans sa chambre, dans son lit, même pour parler, le laissait quelque peu agité. C’était plus fort que lui; la hantise de savoir qu’un homme autre que lui occupait ce rôle qui lui appartenait de droit. Il soupira un instant, calant son front contre celui de sa femme. « Je comprends, ne t’inquiète pas » la rassura-t-il après un battement. « Je te fais confiance » ajouta-t-il avant de lui prendre la main et de l’attirer vers le lit. « Et cette nuit tu n’auras pas à imaginer. Je suis là. »