Une grande nouvelle [Feat. Tommy S. Grayson]

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Joyce avait été stupide de croire que tout se passerait bien, que cette grossesse n'était qu'une étape de plus dans leur couple et qu'ils la franchirait avec brio. Elle s'était trompé sur toute la ligne, Tommy n'en voulait pas de cet enfant. Elle avait l'impression de retourner des années en arrière quand elle avait dû assumer seule sa grossesse, suite à sa relation interdite avec Eliott. Aujourd'hui, c'était la même chose, même si beaucoup de choses avaient changés en elle.

Elle avait cru en Tommy, elle avait essayé de le rassurer avec ses mots pour qu'il puisse changer d'avis. Mais ce ne fut pas assez, il continuait de penser qu'il ne serait pas à la hauteur pour être un bon père, est-ce qu'il pouvait le savoir avant même d'avoir tenu son enfant dans ses bras ? Est-ce qu'il avait une idée du sentiment qu'il pourrait ressentir en sentant la chair de sa chair contre lui, lui sourire, dire "papa" et faire ses premiers pas ? Non, mais il ne saura probablement jamais puisque par ses mots, il venait de dire à Joyce à demi-mots ce qu'elle craingnait. C'était décidé, par amour pour cet homme, elle allait mettre un terme à son souhait le plus cher.

Est-ce qu'elle lui en voulait ? Oui. Est-ce qu'elle pourrait lui pardonner ? Pour le moment, elle était bien trop remontée contre lui, contre ses paroles et des actes égoïstes pour s'imaginer lui sauter dans les bras et le remercier. Joyce n'avait tout simplement plus envie de le voir, elle avait besoin de réfléchir, d'être seule, et comment le faire quand désormais la maison dans laquelle elle venait se réfugier lorsqu'elle avait peur était désormais sa maison ? Le seul moyen c'est qu'elle quitte la chambre conjugale pour aller s'installer dans le salon. Ce soir, elle était incapable de dormir dans le même lit que cet homme qui venait de la décevoir au plus haut point.

" - Tu n'as même pas idée.." dit-elle sans même le regarder tout en quittant la chambre.

La seule chose qui lui aurait fait le plus grand bien, ça aurait été de sortir, mais sortir à cette heure-ci, c'était trop dangereux pour la blonde. Si elle avait eu son permis, elle aurait pu se permettre d'aller faire un tour en voiture pour se changer les idées, mais n'ayant pas touché un volant de sa vie, elle était obligée de rester enfermée dans cette maison qui devenait étouffante, qui la faisait sentir comme prisonnière de sa relation.

Après avoir quitté la chambre, elle rejoigna le salon et s'allongea dans le canapé tout en serrant la photo de son défunt fils contre elle. Plus que quelques heures la séparait désormais de ce fameux coup de téléphone qu'elle allait devoir passer pour tuer le petit être qui était en train de prendre vie dans son ventre. Elle plaça sa main dessus et comme si elle savait qu'il y avait déjà quelque chose qui grandissait en elle, elle se mit à lui parler. Puis se rendant compte qu'elle ne trouverait probablement pas le sommeil ce soir, elle voulait envoyer un message à Micah son meilleur ami, afin de trouver un peu de réconfort, mais elle avait oublié son téléphone dans la chambre, elle n'avait tout simplement pas la force de remonter le chercher pour affronter Tommy. Alors elle se plongea dans sa formation, dans les documents qu'elle avait reçu en essayant d'oublier tout ce qui venait de se passer. Peut-être que demain matin elle allait se réveiller et se rendre compte que tout cela n'était qu'un terrible cauchemar, ou bien, se réveiller et se rappeller que tout cela s'est bien passé et qu'elle a réellement fait passé son amour pour Tommy avant ce dont elle avait le plus besoin. Elle s'était sacrifiée par amour pour lui. Joyce ne pouvait décidemment pas faire plus pour lui prouver son amour.

Joyce & Tommy

Une grande nouvelle

Est-ce que je m’attendais que mes excuses fassent en sorte que Joyce allait redevenir câline avec moi et que nous pourrions parler plus calmement ? Certainement pas. Par contre, jamais je ne me serais attendu à ce qu’elle sorte de la chambre en tenant de tels propos, me faisant comprendre à quel point elle m’en voulait, me laissant alors complètement décontenancé, encore plus que précédemment, alors que je pensais déjà avoir touché le fond. Seul désormais sur le lit, dans la chambre, seul au monde même j’en avais l’impression, je ne savais plus quoi faire. Inutile de mentionner que je ne me sentais pas à l’aise dans cette histoire. Je me sentais idiot, je me sentais égoïste, j’avais l’impression, pour vrai, que je n’étais pas à la hauteur des attentes et des désirs de Joyce, que je ne saurais pas la combler comme tant de fois je me l’étais promis et ce, même si je décidais de faire tous les efforts du monde à partir de maintenant. J’avais le sentiment que ce que je venais de lui dire, la façon dont j’avais réagi plus tôt, jamais aucune excuse ne saurait effacer cela. Et pourtant, je n’avais pas envie d’abandonner, même si je ne savais plus quelle approche utiliser. Je me refusais d’aller lui dire que je sentais que c’était trop rapide, que je ne me sentais pas prêt, pas suffisamment responsable pour avoir un enfant, mais en même temps, je sentais qu’aller lui dire le contraire ici et maintenant serait lui mentir, et je ne ferais passer que pour un égoïste, ce que je n’étais pas et que refusais d’être. Et si jamais je lui promettais que j’allais faire des efforts, mais qu’il faudrait qu’elle accepte que ce sera là un gros changement me concernant ? S’il y avait moyen de trouver une conciliation, serait-ce possible d’en faire quelque chose de bien ? Je ne savais pas trop, mais dans ma tête, à ce moment précis, alors que je tournais la question dans tous les sens depuis ce qui me semblait être une éternité, ça me semblait être l’idée la moins pire, la plus potable. Prenant mon courage à deux mains, je voulus me lever pour me rendre au salon et aller voir ma petite-amie, mais avant que je ne le fasse, j’entendis un « ding » typique d’un portable qui reçoit un message. Croyant que c’était le mien, je me redressai, pour finalement apercevoir l’écran du téléphone qui était celui de Joyce. Respectant son intimité, même si me concernant, je n’avais pas de mal à lui laisser mon portable personnel en temps normal, je voulus ne pas regarder, mais quand je vis le nom en haut du message, et que je vis le contenu de celui-ci, je n’avais pas pu m’empêcher de le lire jusqu’au bout, plus d’une fois, tant de fois que je continuai jusqu’à ce que l’écran s’éteigne. Dans ce message, Eliott, son ancien patron, celui qui lui avait mise une peur bleue la dernière fois, s’excusait de l’avoir frappée, disait ne plus recommencer, qu’il voulait seulement lui parler, et voilà tout. Pas une seule fois, Joyce m’avait mentionné qu’il lui avait fait du mal. Et pourtant, ce n’était pas comme si je ne lui avais pas demandé ce qui s’était passé avec les bleus qu’elle avait sur elle. En gros, elle m’avait menti. Pourquoi ? Qu’avais-je fait de mal pour qu’elle me cache une chose pareille ? Me faisait-elle vraiment confiance ? Me remettant en question, commençant à être rouge de colère, je me levai d’un seul bond, et le portable dans la main, je descendis les escaliers quatre à quatre, et avant même d’avoir atteint le rez-de-chaussée, je lançai, sans réfléchir: « C’est quoi ces conneries ?! » En terminant de descendre l’escalier, je brandis le téléphone portable, allumant l’écran pour relire le message à voix haute à ma petite-amie, d’une voix brisée par la rage, la tristesse et la confusion. Puis, en le regardant avec cet air qui allait parfaitement avec le ton que j’avais utilisé, j’ajoutai: « Non seulement, tu l’as revu, mais en plus, il te frappe et tu ne me dis rien !? Tu essaies de me faire croire que tu t’es prise la porte, et que ça passerait crème, voilà tout ? » Clairement, je me sentais trahi, comme je me sentais idiot, idiot de ne pas avoir insisté davantage, idiot de croire que Joyce et moi pourrions ne pas avoir de secrets, qu’importe ce qui se passait, qu’importe les raisons. Étais-je bon qu’à me faire reprocher de ne pas être le petit ami et le futur père modèle qu’elle voulait ? Peut-être était-ce exagéré, mais voilà comment je voyais les choses, même si je ne lui partageai pas immédiatement, ayant un semblant d’espoir qu’elle aurait une explication susceptible de me faire croire le contraire.

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Joyce est assez naïve, mais ce n'est pas pour autant qu'elle pardonne tout à son petit ami. Elle lui en veut de l'avoir blessé, de ne pas penser à leur couple mais uniquement à lui. Bien évidemment, elle n'était pas rancunière, elle savait que tôt ou tard ils reviendraient aussi complices qu'avant, enfin s'ils arrivent à traverser cette épreuve. Parce qu'elle ne se faisait pas de fausse idée, avorter pour les beaux yeux de son compagnon allait endommager grandement leur relation, peut-être même qu'elle lui en voudra toute sa vie de lui avoir fait prendre une telle décision.

Pour éviter d'affronter le regard de son petit ami, Joyce avait préféré quitter la pièce. Elle avait sans doute été dure avec lui, mais elle avait réellement mal, elle se sentait rejeté une fois de plus, Tommy ne voulait pas de ce bébé, ça voulait dire qu'il ne voulait pas non plus d'elle. Lui imposer in dilemme ? Non ce n'était pas dans ses habitudes, mais elle aurait pu le faire, lui dire que soit il l'acceptait avec le bébé soit elle partait, mais au final, ça aurait été elle qui en aurait souffert. Même si elle elle lui en voulait énormément, elle ne se voyait pas le quitter, elle ne pouvait pas vivre sans lui, et retrouver un homme tel que lui, c'était mission impossible pour la jolie blonde.

Joyce pensait que c'était le pire était passé, lui était dans leur chambre conjugale et elle dans le salon. Ils réfléchissaient de leur côté et laissaient redescendre la pression, du moins c'est ce qu'elle pensait avant que Tommy ne déboule en trombe dans le salon lui demandant des explications concernant un message d'Eliott qu'elle venait de recevoir. Est-ce qu'elle avait envie de lui expliquer la raison pour laquelle elle le lui avait caché ? Est-ce qu'elle en avait vraiment besoin ? Elle pensait pourtant que c'était assez clair, en revanche, même s'ils étaient en couple à aucun moment Joyce ne s'était permis de fouiller dans son téléphone pour une quelconque raison. Une nouvelle fois, elle se sentit trahie par son petit ami qui avait osé mettre son nez dans son téléphone.

" - Et ça aurait changé quoi ? Tu aurais été lui casser la figure ? Je suis une grande fille je peux me débrouiller seule."

Joyce avait prononcé ces mits avec une certaine assurance dans sa voix, mais surtout une froideur extrême. Est-ce qu'elle allait devoir toujours compter sur lui pour qu'il la protège ? Elle devait apprendre aussi à se défendre toute seule, et c'était l'occasion pour elle de le faire. Bon lui cacher une telle chose n'avait peut-être pas été une bonne idée, mais sur l'instant c'était la seule qu'elle avait trouvé.

" - Il m'est tombé dessus à la sortie du travail, il voulait me parler, la discussion a dégénéré et il m'a frappé. Je te l'aurai dit tu te serais inquiété, une fois de plus j'ai fais ça pour toi, pour te préserver, mais faut croire que ce n'était pas la bonne décision."

De toute manière, il était trop tard pour revenir en arrière, elle avait agit sur le coup de l'impulsion et elle s'était trompé. Mais suite à cette soirée, Joyce commençait sérieusement à douter de la solidité de leur couple. Est-ce qu'ils allaient réussir à surmonter ça ? À se refaire confiance mutuellement ? Elle n'en savait rien.

" - Et puis de toute manière, tu n'as pas à fouiller dans mon téléphone. Je pensais que tu me faisais confiance, je vois que ce n'est pas le cas."

Excédée, elle se leva et prit le téléphone des mains de Tommy.

" - J'ai besoin de prendre l'air." fit-elle en claquant la porte de chez eux.

C'était sans doute la décision la plus dure qu'elle avait pris depuis le début de la soirée. Tout s'était empiré, peut-être qu'elle ferait mieux de dormir à l'hôtel ce soir, ça semblait être la meilleure solution au moment présent.

Joyce & Tommy

Une grande nouvelle

Jamais je n’avais voulu devenir cet homme contrôlant qui ne laisserait pas sa petite-amie faire un pas sans son approbation. Par contre, je pensais que j’avais un certain devoir de la protéger si c’était nécessaire, au moins, être tenu au courant de ce qui se passait, de ce qui n’allait pas dans sa vie. Était-ce trop demandé ? Apparemment, oui. Et pire encore, elle semblait penser que tout ce que j’étais bon à faire, c’était faire usage de violence, alors que la dernière fois, je ne lui avais rien proposé qui impliquait que je dresse les poings vers lui. Bon d’accord, j’en avais envie, surtout quand je savais à quel point il lui avait fait du mal et continuait de lui en faire, mais je pensais que j’étais meilleur que cela. Apparemment, ce n’était pas le cas, et c’était on ne peut plus blessant. Mais ce ne le fut certainement pas autant que lorsqu’elle en vint à m’annoncer qu’elle ne m’avait rien dit pour ne pas m’inquiéter, pour soi-disant mon bien. Me sentais-je vraiment bien dans cette situation, où j’étais impuissant, ou tout ce que je voulais, c’était l’aider ? Certainement pas. Avais-je été si insistant qu’elle pensait que jamais je ne la laisserais rien faire d’elle-même ? Me remettant sérieusement en question, je repris la parole que lorsqu’elle en vint à me reprocher d’avoir regardé son téléphone, me lançant une pique qui m’arracha une grimace dégoûtée avant que je ne lui lance: « Et si je n’avais pas vu ce message, tu ne m’aurais rien dit ? Tu aurais continué à le laisser t’aborder, te harceler ? » Puis après une brève pause, j’en vins à dire quelque chose que je ne réfléchis pas un seul instant, lui demandant: « Tu cherches à protéger qui en fait ? Lui ou moi ? » Je savais que mon propos était susceptible d’être blessant, surtout dans cette situation, mais au point où j’en étais, je n’avais pas pu m’empêcher de me poser la question. Trop rapidement, elle avait pris pour acquis que j’allais être violent avec lui si jamais j’avais été mis au courant de ce qui se passait. Voulait-elle éviter parce qu’elle ne voulait pas se sentir coupable de quoi que ce soit envers sa personne ? Si oui, pourquoi ? Le détestait-elle moins qu’elle voulait le laisser croire ? Bien sûr que cela me brisait le coeur de penser ainsi, mais je ne savais plus quoi penser en fait. Je ne savais plus ce que je devais croire, je ne savais plus ce que je représentais aux yeux de Joyce. Est-ce que notre relation était vraiment inconditionnelle comme elle avait pu me convaincre qu’elle l’était ? Et si jamais elle l’était seulement quand j’agissais comme elle, elle le voulait ? Cela ne me gênait pas de répondre à ses désirs, mais si jamais ça en devenait trop, que j’étais en train de perdre une partie de moi-même dans toute cette histoire, saurais-je le supporter ? Avant même que je ne trouve réponse à mes questions, Joyce m’annonça, tout en m’arrachant son téléphone des mains, qu’elle sortait prendre l’air. Et sans que je ne puisse la retenir, elle franchissait la porte, me laissant seul dans la maison, cette maison qui me paraissait beaucoup trop grande désormais. Fou de rage, j’aurais voulu tout balancer dans la maison, me défouler comme jamais je n’avais voulu le faire avant aujourd’hui. Et pourtant, je n’y parvins pas, parce que je n’étais pas fâchée, j’avais juste mal, terriblement mal. Était-ce cela, avoir le coeur brisé ? Avoir le coeur brisé pour vrai, pas pour une relation qui n’avait pas raison d’être ? Je n’en savais rien, mais une chose était certaine, c’était que jamais dans ma vie, je m’étais senti aussi pétrifié, aussi vulnérable. Le seul moment où je m’étais senti environ comme ça, c’était quand j’avais su que mon frère était décédé, et encore là, j’avais eu le courage de me relever et me bouger pour faire passer cette douleur, sauf que là, je n’y parvenais pas. Incapable de faire quoi que ce soit, je me laissai tomber sur le sol du salon, recroquevillé sur moi-même, avec une douleur au ventre que je ne saurais même pas expliquer tant elle était inhabituelle, mais tout sauf agréable.

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Jamais Joyce ne se laisserai diriger par un homme, comme elle avait pu laisser Eliott prendre une telle place dans sa vie. Il l'avait réduit au rang d'objet et elle avait mis un certain temps avant de reprendre contenance et d'essayer de reprendre sa vie en main. Chose qu'elle n'avait pas vraiment réussi avant que de rencontrer Tommy il y a quelques mois. Est-ce qu'à ce moment elle aurait pensé qu'ils pourraient se déchirer comme ils étaient en train de le faire actuellement ? Dire qu'il y a un mois de cela ils étaient heureux, loin de tout cela et le plus ironique dans tout ça, c'est que c'était de là-bas que tout était parti. C'était là-bas que le bébé qui poussait dans son ventre avait été conçu.

La jolie blonde ne savait vraiment plus comment agir, elle avait pensé qu'il était inutile de l'inquiéter et qu'elle pourrait se débrouiller seule, mais, Tommy ne semblait pas être du même avis qu'elle, et d'ailleurs, il ne mit pas plus longtemps pour lui dire ce qu'il avait sur le coeur. Et les propos qu'il tenait n'étaient pas des plus romantiques, c'était blessant. Blessant d'entendre les choses de cette manière surtout venant de lui, mais elle devait écouter, c'est une étape par laquelle ils devaient passer en espérant qu'ils arrivent à passer par-dessus tout cela pour être heureux, si toutefois ils pouvaient encore l'être.

Elle ne jugea pas utile de répondre à sa première question, parce qu'au fond il connaissait déjà la réponse. Est-ce qu'elle pouvait vraiment faire quelque chose pour qu'Eliott ne l'approche plus ? Non, elle n'avait pas le pouvoir de faire ça. S'il voulait l'attendre à la sortie de son travail, elle ne pourra rien y faire et elle refusait de faire appel à Tommy dès qu'elle avait le moindre problème. Même si ce n'était pas facile, elle devait se débrouiller elle-même contre tout ça. Joyce se battait au quotidien contre les fantômes de son passé, et vu la ténacité d'Eliott elle doutait qu'un jour elle puisse se débarrasser de lui.

" - C'est vraiment ce que tu penses ? C'est donc comme ça que tu me vois ?"

La crainte qu'il avait le plus c'était ça : la peur qu'elle se rapproche d'Eliott, qu'elle le laisse de nouveau entrer dans sa vie. C'était trop pour elle, elle en avait assez entendu. Jamais elle n'aurait pensé avoir à se justifier auprès de son petit ami concernant sa relation avec son ancien patron. Jamais elle ne lui permettrait d'avoir une place, ne serait-ce que minime dans sa vie. Il l'avait trop fait souffrir, il l'avait réduit à rien, il l'avait utilisé et manipulé pendant leur relation, alors c'était certain qu'elle ne pourrait jamais imaginer un rapprochement quelconque avec cet homme.

C'était insupportable pour elle, elle prit la décision de récupérer son téléphone des mains de son compagnon avant de lui annoncer qu'elle quittait la maison. Pour combien de temps ? Pour aller où ? Autant de questions qui n'avait aucune réponse dans son esprit.

Ce n'est finalement que deux heures plus tard qu'elle se décida à rentrer chez Tommy, chez eux mais pour combien de temps encore ? Elle ignorait ce qui s'était passé durant ce temps là, ni même si Tommy était encore dans les lieux. Elle alla finalement s'asseoir sur le canapé, prenant une couverture qu'elle mit sur elle, remontant ses genoux contre sa poitrine et se lit à sangloter silencieusement, se reprochant les propos qu'elle avait pu avoir à l'égard de son petit ami.

Joyce & Tommy

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« Comment tu expliques que tu ne veux pas l’éloigner pour de bon alors ? » Voici tout ce que je répondis au moment où Joyce sembla s’indigner de mon propos, venant justifier le pourquoi du comment la question m’était venue. Je n’en étais pas fier, je devais l’admettre, mais ma crainte était là, je ne pouvais pas la nier. Elle était là depuis le début même, depuis que j’avais su que son ex-amant lui tournait toujours autour. Je savais qu’il avait eu un certain impact dans sa vie, probablement plus grand que le mien. Peut-être pas positif, mais quand même, il était là. Et au vu de comment je me percevais quand il était question d’être en couple, cette crainte se donnait une raison de m’habiter constamment. Peut-être, dans le cas où Joyce aurait tenté d’obtenir une ordonnance restrictive ou quelque chose du genre, elle serait éventuellement disparue, mais là, ce n’était pas le cas. Et avec la conversation - ou plutôt la dispute - que nous venions d’avoir, elle était plus présente que jamais, me faisait mal, et me faisait parler environ n’importe comment, si bien que j’en vins limite à me dire que ce ne fut pas une mauvaise chose que je demeure sans réponse suite à cette question. Bien sûr que j’aurais aimé l’avoir, cette réponse, qu’elle m’explique pourquoi elle ne se détachait pas complètement de lui, pourquoi elle me cachait encore sa présence, mais il y avait certainement une meilleure façon de lui demander. Comment ? Quand ? Ça je n’en avais aucune idée. De toute façon, je ne pouvais pas lui demander grand-chose, considérant le fait qu’elle n’était plus là. Combien de temps serait-elle partie ? Reviendrait-elle à un moment ou un autre ? Rester dans le doute ainsi ne me plaisait pas, mais pas du tout, si bien que je ne sus faire mieux que de me recroqueviller sur moi-même, le temps que la douleur que je ressentais par rapport à tout cela vienne à passer. Bien sûr, ça ne marcha pas, si bien que j’eus l’impression à un certain point de manquer d’air. Sitôt, je me relevai, me précipitant vers la porte vitrée pour me donner un peu d’air, toussant au passage, ne comprenant pas du tout ce qui se passait. Suite à cela, je me mis à faire les cent pas dans la maison, montant à l’étage, tentant de trouver quelque chose à faire dans le bureau, revenant à la chambre, sortant de mon tiroir à sous-vêtements, enroulé dans une paire de chaussettes, la petite boîte que j’avais ramenée de New York au cours de mon dernier séjour, dans laquelle se trouvait un autre bijou pour Joyce, autre que le bracelet que je lui avais déjà offert, parce que j’attendais le moment parfait pour le faire, même si je n’avais pas eu de doute quelconque en l’achetant. Pendant un instant, je voulus l’ouvrir pour contempler le dit bijou, mais je n’y parvins pas, remettant la boîte là où elle avait lieu de se trouver, bien dissimulée. Et encore une fois, je me retrouvai à avoir besoin d’air, sauf que cette fois, je restai dans la cour arrière de la maison, à contempler la rivière, en tentant d’y trouver un certain réconfort. Combien de temps je demeurai ainsi ? Je ne savais pas trop, sachant juste que je rentrai seulement lorsque la nuit était tombée, et lorsque je franchis de nouveau la porte vitrée, je vis soudainement la tête blonde de ma petite-amie, assise dans le canapé. Perturbé, je voulus pendant un instant m’adresser à elle, parce que comme toujours, cela me brisait le coeur de la voir dans un état si lamentable, mais je n’osai pas le faire. J’avais limite seulement envie de me faire tout petit, filer dans la chambre, me cacher de son regard, ne pas aborder le sujet. Bref, j’avais juste envie d’être un lâche, être pathétique me semblait-il. Par contre, comme si j’espérais pendant un instant que ces deux heures avaient pu changer quelque chose, je ne m’enfuis pas, même si je ne dis rien non plus, me contentant de simplement refermer la baie vitrée dans un bruit sourd, supposant que ce serait suffisant pour signaler ma présence.

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Est-ce que Joyce avait réellement voulu tout ça ? Et dire qu'à la base, dans un couple normal, ensemble depuis de longs mois voire années, cette annonce auraient ravi les amoureux, mais pour Joyce et Tommy ça avait eu l'effet contraire. C'était le début de leur dispute, une dispute qui était violente, non pas physiquement mais verbalement. Sous la colère, chacun d'eux avaient lancé des mots blessants, est-ce qu'ils les pensaient pour autant ? Peut-être, ils n'auront probablement jamais la réponse de leur partenaire.

La dernière question de Tommy tournait en boucle dans l'esprit de Joyce lorsqu'elle était sortie de la maison. Au final, elle n'avait pas été bien loin, elle s'était contentée de faire le tour du quartier avant de s'asseoir sur un banc attendant que le temps passe. Elle avait fini par opter pour rentrer quand la nuit s'était mise à tomber, elle savait qu'elle ferait une proie facile pour des personnes mal intentionnées.

Quand elle était dehors, elle n'avait pas cessé de se repasse leur dispute en tête, une multitude de questions défilait dans sa tête. Est-ce que cette dispute signifiait la fin de leur relation ? Que faisait Tommy ? Est-ce qu'il était aussi mal que Joyce à cet instant précis ? Elle l'ignorait. C'est aussi la raison pour laquelle elle avait décidé de rentrer, elle ne connaissait pas trop le comportement de s Tommy et elle avait peur qu'il ne fasse une bêtise. Alors même s'ils faisaient chambre à part pour cette nuit, elle avait décidé de retourner dans ce lieu qui lui était familier.

En revenant, elle s'installa dans le canapé sans un bruit, pas de signe de Tommy, il faut dire qu'elle ne le chercha pas vraiment non plus. Elle se contenta de se glisser sous la couverture pour se réchauffer. Puis, la question de son petit ami revient dans son esprit : « Comment tu expliques que tu ne veux pas l’éloigner pour de bon alors ? » Est-ce que pour le rassurer elle pourrait demander une ordonnance restrictive contre lui ? Ou du moins faire en sorte d'aller voir la police avec son aide afin de lui montrer sa bonne foi. Est-ce que ce sera suffisant pour qu'il lui pardonne ? Elle entendit un bruit sourd, la baie vitrée qui venait de s'ouvrir puis se refermer. Sans doute Tommy. Elle n'y prêta pas attention, elle était encore bien trop secouée par leur dispute et par les mots qui avaient fusé d'une part et d'autre. Est-ce qu'elle regrettait ? Oui bien sûr, sous la colère elle a dit des choses qu'elle ne pense pas.

Afin d'essayer de se changer les idées, elle se plongea dans les documents qu'elle avait pour sa formation de décoratrice d'intérieur. Elle se mit à travailler pour oublier. Combien de temps ? Elle n'en avait aucune idée, mais elle finit par tomber de sommeil, décidée à montrer à son petit ami qu'elle est toujours là malgré ce qui s'était passé, elle monta dans la chambre. C'est dans le lit qu'elle le vit en train de dormir, elle le regarda quelques minutes, son visage enfantin, détendu, pas comme celui qu'elle avait pu apercevoir quand il avait découvert le message d'Eliott, elle avait peur à ce moment là, peur que sa colère ne se transforme en coups. Secouant la tête pour effacer tout cela de sa tête, elle se déshabilla et glissa son corps nu contre celui de son compagnon endormi. Elle l'enlaca sans pour autant trop insister pour ne pas le réveiller.

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Au bout du compte, Joyce ne réagit pas à ma présence, de quelconque façon. Elle ne broncha pas, ne se retourna même pas. Que devais-je faire me concernant ? Devrais-je faire les premiers pas ? Pour lui dire quoi ? M’excuser de nouveau de ma réaction quand elle m’avait appris qu’elle était enceinte, sans savoir comment tourner la question ? À quoi cela mènerait ? Allais-je engendrer une autre dispute ? Déjà, je n’étais pas certain de tout cela, mais d’un autre côté, je me disais que peut-être ce n’était pas l’idéal de ramener le sujet sur la table, raison étant que même si j’avais eu du temps pour réfléchir, tourner les questions dans ma tête, il n’en demeurait pas moins que j’étais encore blessé de la réaction qu’elle avait eue quand j’avais découvert ce qui s’était passé avec son ancien amant, et visiblement, elle n’avait rien à dire sur ce sujet. Ne pouvant pas lui reprocher, parce que j’étais dans la même situation, je décidai de m’en tenir à la solution d’être un lâche, puis je pris la route en direction de l’étage. Dans un premier temps, je me rendis à la salle de bains, histoire de prendre une douche, dans l’espoir que cela finisse de me ressaisir. Puis, me rendant compte que toute cette histoire, combiné à tout ce stress que j’avais ressenti à l’idée que Joyce soit gravement malade, avait fini par m’épuiser, je me rendis dans la chambre, où je me glissai sous les draps. C’était bien la première fois depuis longtemps que j’allais dormir sans Joyce, la première fois que j’allais dormir avant Joyce, mais c’était aussi la première fois que nous avions une telle dispute, alors je supposais qu’il y avait une première fois à tout. Malgré tout, ce ne fut pas pour autant que je m’endormis aussitôt, en venant constamment à me demander si ma petite-amie allait venir me retrouver ce soir, où elle dormirait sur le canapé, ou bien je l’aurais laissée dormir sur le canapé… Je me rassurai seulement lorsque j’entendis ses pas monter l’escalier, puis entrer dans la chambre. Ce fut suffisant pour me faire fermer les yeux, et me laisser emporter par le sommeil. Avant cela, je crus sentir vaguement le corps de Joyce se coller contre le mien, et ses bras m’entourer, mais malheureusement, aussi rassurant que ce contact celui-ci soit-il en de telles circonstances, n’eut pas un impact positif sur mon sommeil. En effet, pendant la nuit, peu avant le matin, j’avais commencé à faire un cauchemar horrible, un cauchemar dans lequel je rentrais du boulot, comme je l’avais fait plus tôt dans la journée. Sauf que Joyce ne venait pas à ma rencontre, personne ne venait à ma rencontre. Je me sentis alors marcher en direction d’une pièce connexe, une salle de jeux pour enfant, où il y avait un petit garçon, blond comme sa mère, mais avec un air plaisantin comme le mien. Comprenant que c’était probablement le mien, je lui demandai: « Tu ne viens pas voir papa ? », l’entendant alors me dire que ce n’était pas moi, son papa, parce que je n’étais jamais là. Puis, je vis Joyce, accompagné par un homme distingué, hautain à son bras, que je m’imaginais être Eliott. Je vis le petit courir vers lui en l’appelant papa, Joyce l’embrasser, et c’est là que je me réveillai, en sursaut, haletant. Prestement, je me dégageai des draps, comme si je voulais fuir la situation, ouvrant les yeux pour de bon, réalisant que j’étais dans mon lit, avec Joyce, et personne d’autre. Mais là, en me remémorant notre dispute de la veille, constatant que le soleil était en train de se lever, je me dis que le mieux était que je ne me rendorme pas, même si, je ne le niais pas, j’aurais bien voulu qu’elle m’enlace une nouvelle fois, juste pour me sentir rassuré, moins persuadé que Joyce méritait mieux que moi, comme ce rêve me l’avait démontré. Je choisis alors de me lever, puis descendre au rez-de-chaussée, dans l’intention de me préparer un semblant de petit-déjeuner, même si les émotions de la veille et de la nuit me nouaient l’estomac, en ne manquant pas de préparer un petit bol pour Joyce contenant ses fruits préférés soigneusement coupés. J’avais beau ne pas savoir à quoi m’en tenir, je ne voulais pas devenir un enfoiré de première pour autant avec elle.

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Joyce n'avait aucune idée de comment allait se dérouler la suite de la soirée, est-ce que ça pouvait être encore pire que ce qu'elle avait eu jusqu'ici ? Tommy était rentré de dehors mais la blonde n'avait daigné se retourner vers lui. Elle aurait pu le faire, mais elle était encore chamboulé par leur dispute, alors elle préférait le laisser partir et peut-être qu'elle le rejoindrai plus tard.

La suédoise aurait pu passer des heures à argumenter le fait qu'elle n'avait pas parlé de cette histoire avec Eliott, pour ne pas inquiéter Tommy. La preuve, lorsqu'il l'avait appris, il était entré dans une colère noire. Est-ce qu'il aurait été capable de lever la main sur elle ? Elle l'avait sincèrement redouté, mais heureusement, ce n'était pas arrivé. Elle ne savait plus comment lui dire que tout ce qu'elle avait fait, ce n'était pas dans le but de lui mentir délibérément et de le faire souffrir, mais simplement de le protéger et de lui éviter de se faire des films comme il l'avait fait dès lors qu'il l'avait appris. Et au fond, elle ne pouvait le blâmer, aurait-elle fait mieux que lui si les rôles avaient été inversés ? Elle aurait sans doute eu peur que le passé ne revienne gâcher son présent et surtout, leur avenir.

Une fois que Joyce sentit la fatigue l'envahir, elle quitta le salon pour rejoindre Tommy dans leur lit. Est-ce une bonne idée ? Elle n'en savait trop rien, peut-être que pour cette nuit elle aurait mieux fait de faire chambre à part. Mais désormais elle était là, elle se glissa sous les draps et vient enserrer le corps de son petit ami contre elle. Cette sensation l'aida à s'endormir et elle en était apaisé. Du moins jusqu'à être réveillée par un cauchemar.

Dans la salle d'accouchement, Joyce était en tenue et l'infirmière était à ses côtés. Elle avait fait des efforts plusieurs heures d'affilée pour donner naissance à un enfant, son fils. Leur fils. Tommy n'était pas là, il était parti avec sa nouvelle secrétaire, tandis que le silence se faisait pesant. Le bébé aurait dû pleurer en sortant de son ventre et ce n'était pas le cas, il était mort né. Et pour combler le tout, elle apprenait en même temps qu'elle ne pourrait plus avoir d'enfants. Au moment où elle ouvrit les yeux, elle regarda à côté d'elle, mais Tommy était déjà debout. Est-ce qu'il était parti ? Joyce s'éveilla doucement tout en essayant de balayer les images de sa tête.

C'est au même moment qu'elle entendit des bruits au rez-de-chaussée. Elle se demandait comment il avait passé la nuit, comment ça allait se passer ce matin ? Est-ce que tout était effacé ou bien, chacun en voulait encore à l'autre des mots prononcés la veille ? Elle allait rapidement le savoir. Elle se contenta d'enfiler un des tee shirt de son compagnon en guise de pyjama puis elle descendit jusqu'à la cuisine.

" - Bonjour.." fit-elle d'une voix toute timide tout en restant à l'entrée de la cuisine, n'osant pas avancer plus.

Pendant qu'il avait le dos tourné, elle remarqua qu'il avait pris soin de préparer le petit déjeuner avec un bol et ses céréales préférés dedans, puis à côté de celui-ci se trouvait un autre bol, contenant des morceaux de fruits, les préférés de Joyce. Est-ce que c'était pour elle ?

Joyce & Tommy

Une grande nouvelle

Bien que j’avais à faire au boulot pendant la journée, il n’en demeura pas moins qu’il était encore particulièrement tôt pour se lever, tant pour moi que pour Joyce. De ce fait, je fus quelque peu étonné de la voir se réveiller seulement quelques minutes après moi, alors qu’elle aurait très bien pu dormir pendant encore une heure, une heure pendant laquelle j’aurais peut-être pu me remettre de mes émotions, interpréter ce mauvais rêve que j’avais fait. Ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait, bien loin de là, mais c’était une des rares fois que je l’avais trouvé troublant, parce qu’il avait quelque chose de… réel. Normalement, il y avait toujours quelque chose de surnaturel, comme un volcan en éruption, un avion en train de couler au fond de l’océan, pour me rappeler que ce n’était qu’un rêve, mais là, lorsque je m’étais réveillé, je m’étais rendu compte que j’avais vu là une traduction d’une peur réelle que je pouvais avoir, cette peur de ne pas être un père à la hauteur, un père présent, à un tel point que Joyce finirait par en avoir assez et irait voir ailleurs, en viendrait à penser que son ancien amant, qui avait pourtant été violent avec elle, serait mieux que moi. Et pourtant, jamais je ne me permettrais de lever la main sur elle, qu’importe les circonstances. Je jugeais qu’en général, ça ne se faisait pas, et si jamais je venais à m’échapper, je savais que jamais je ne saurais me le pardonner, et je culpabiliserais pas mal plus qu’en ce moment, jusqu’à ne jamais cesser de le faire. Par contre, puisque j’étais loin d’être un expert en matière d’interprétation de rêves, je dus m’en tenir à ce que je ressentais pour le moment, et affronter pour la première fois de la journée le regard de Joyce au moment où celle-ci prit la peine de me saluer, avec une grande timidité qui me faisait comprendre que la nuit n’avait probablement pas porté tant conseil que cela, à mon plus grand désarroi. Où était passé ce temps où nous échangions un baiser au réveil ? Disparu, envolé, j’en avais l’impression, et ma boule à l’estomac ne faisait que grossir par rapport à cela. Ce fut même avec peine que je lui répondis un banal: « Salut. » qui me parut tout sauf naturel, qui ne me mettait pas à l’aise. Mais pouvais-je vraiment l’accueillir chaleureusement, comme à mon habitude ? Pas vraiment, pour tout dire, et ça me gonflait. Mais tant et aussi longtemps que nous n’aurions pas crevé l’abcès, j’avais le sentiment qu’il faudrait que cela reste ainsi. Pour combien de temps ? Je n’en savais rien, mais me concernant, ce ne serait pas chose faite ici et maintenant, puisque tout ce que je trouvai à dire, ce fut: « Tiens, ils sont pour toi. » tout en glissant le bol de fruits sur le plan de travail en sa direction. Ensuite, un nouveau silence s’installa, silence que je ne sus supporter pour le coup, si bien que sans trop y penser, je lui dis: « Tu es encore tôt, tu aurais pu dormir plus longtemps… » Ce n’était pas là un reproche, j’espérais que cela pourrait faire allusion au fait qu’après tout, elle n’allait pas bien depuis quelque temps, et que même si désormais, nous savions ce qui en était, il était possible qu’elle ait encore besoin de repos. Mais je me doutais bien que c’était trop lancé au hasard, pas suffisamment mis en contexte pour que ce soit pris ainsi, alors je le regrettai bien rapidement, en espérant juste que ça ne vienne pas engendrer une autre dispute, puisque je ne savais plus vraiment ce que je saurais supporter à ce point.

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