Tommy & Joyce - I would catch a grenade for you

Tandis que je continuais à fureter sur ma tablette, je me retrouvai à jeter de temps à autre des coups d’oeil en direction de ma petite-amie, sans toutefois être insistant, sans trop bouger non plus, histoire de ne pas la réveiller, et ne pas passer pour celui qui ressentait le besoin de la fixer constamment. Parfois, je m’attardais un peu plus longtemps, parfois je ne faisais que regarder si elle était toujours aussi paisible. Généralement, ça passait plutôt bien, sauf à ce moment ou soudainement, je vis son visage se décomposer en une grimace triste et effrayée. Supposant qu’elle était en train de faire un cauchemar ou quelque chose dans le genre, je déposai ma tablette sur la table basse du salon, puis je me relevai, histoire de m’asseoir sur le canapé, non loin d’elle. Je m’assied pile au moment où elle se réveilla en sursaut, recroquevillée sur elle-même, donnant à mes yeux une image qui me brisait le coeur. Pourquoi fallait-il que son sommeil soit toujours perturbé de la sorte ? Embêté, je pinçai les lèvres, détendant la pression que j’avais exercée dessus que lorsqu’elle prit la parole, me demandant si nous pouvions manger. Était-ce parce qu’elle avait faim ou bien parce qu’elle voulait tout de suite détourner le sujet ? Si c’était la première option, je ne m’en serais pas tant inquiété, mais là, même is c’était ça, je ne pouvais pas la satisfaire dans l’immédiat, raison étant que:  « Hum oui… Par contre ce n’est pas prêt maintenant, ce le sera dans quelques minutes. » En effet, la cuisson n’était pas encore complétée. Il ne faudrait pas encore une heure, mais le temps suffisant pour que je serre ma jolie blonde un peu plus contre moi, et que je prenne mon courage à deux mains pour lui dire:  « Ça te laissera le temps de te calmer un peu… » Bien sûr, je n’étais pas totalement à l’aise avec cette façon de limite la confronter comme ceci, mais je refusais de la voir dans un tel état plus longtemps. Après, j’étais conscient que ça ne se règlerait pas ici et maintenant, qu’il faudrait du temps, beaucoup plus que quelques minutes de réconfort, mais si jamais elle pouvait manger avec l’estomac détendu, ce serait mieux que rien, non ? Dans cet ordre d’idées, je l’embrassai doucement sur la tête, puis tout en lui frictionnant le dos, je lui demandai, à voix basse :  « Qu’est-ce qui t’a fait si peur, ma belle ? » Oui, en gros, je demandais à ma petite-amie de me raconter son cauchemar, ce que je n’avais jamais fait avant et que peut-être j’aurais dû faire avant aujourd’hui. Je me doutais bien que ceux-ci portaient sur la même chose, la même personne venait la hanter, mais je voulais essayer de voir si en parler ne pourrait pas lui venir en aide un peu. Après, je n’étais pas un psychologue, je n’interprétais pas les rêves non plus, mais j’avais pour espoir que s’ouvrir sur le sujet et ne pas tout garder pour soi allait l’aider. Et puis, même si je n’étais pas toujours de bon conseil, pour sûr, je serais là pour l’écouter, et là aussi pour la réconforter par mes gestes, par ma présence. Je l’espérais fortement en tout cas.

Je ne fus pas tant surpris d’entendre Joyce m’avouer que son cauchemar était en lien avec son ex-amant et son défunt fils, mais ce ne fut pas pour autant que je demeurai complètement indifférent par rapport à celui-ci. En effet, je trouvais cela particulièrement triste de savoir qu’elle était torturée de la sorte, affectant son sommeil non pas seulement une fois de temps à autre, comme moi je pouvais le vivre quand j’étais secoué ou perturbé d’une façon ou d’une autre, mais au quotidien, sitôt que quelque chose l’attristait ou que je n’étais pas avec elle au moment où elle dormait. Aurais-je dû aller m’installer le canapé avec elle ? Peut-être que oui, et je regrettais de ne pas l’avoir fait plus tôt, mais à la base, je ne pouvais savoir qu’elle allait s’endormir. Évidemment, une fois le soir venu, j’allais me rendre au lit avec elle, certainement que j’attendrais qu’elle dorme profondément avant de m’endormir à mon tour, comme bien des fois je l’avais fait avant aujourd’hui. Je ne savais pas si cela aidait grandement ou pas, mais si ça pouvait calmer un peu ses maux, c’était pour moi loin d’être une corvée, bien au contraire. Par contre, je me doutais bien que cela ne réglerait pas tout, parce qu’il y avait des choses hors de mon contrôle. Je n’étais pas en en contrôle des évènements, je n’avais jamais demandé ce qui était arrivé aujourd’hui, et surtout, je n’étais pas en contrôle de ses rêves, et encore moins de ses traumatismes passés. Qui pourrait l’aider de ce côté donc ? Devrait-elle aller voir un thérapeute ? Pendant un instant, j’eus envie de le lui proposer, mais puisque le sujet était délicat, parce que je ne me voyais clairement pas lui en parler comme ça, de cette façon, je n’en fis rien pour le moment. Je me contentai de la laisser aller au bout de ses propos, tentant de lui sourire quand elle en vint à dire que tout allait bien, même si je n’en étais pas tant convaincu. Bon d’accord, c’était déjà, en mon sens, une excellente chose qu’elle aie décidé de se confier à moi sans que je doive insister de quelconque façon, mais c’était loin d’être parfait pour autant. Par contre, me refusant de lui miner le moral davantage, je me résignai à simplement lui dire:  « Oui, tout va bien… » Doucement, je continuai à lui caresser le dos pendant un petit instant, avant de finalement laisser les émotions prendre le dessus sur mes propos, alors que je lui dis:  « Je sais que je ne peux pas te faire oublier ce qu’il t’a fait, et je ne peux pas ramener Isaak, mais je ferai tout pour qu’il ne te fasse plus du mal, je te le promets… » Je savais que ce n’était pas la première fois que je me montrais désireux de la protéger ainsi, mais là, j’avais le sentiment, après réflexion, que cet incident qui était survenu plus tôt était un mal pour un bien, dans le sens où désormais, tout était contre cet homme, et moi, j’avais les cartes en main pour convaincre les autorités qu’il ne pouvait plus s’approcher de nous, de quelconque façon. Maintenant, il fallait juste que ça marche, mais il était certain que pour Joyce, pour son bonheur, pour son bien-être, j’allais faire tout ce qu’il fallait pour que cela arrive.