Yohann & Chelsea ▬ Peut-être que le monde est réellement petit finalement

Le monde est petit

Yohann ft. Chelsea

S’il y a bien une chose dont je ne peux pas me passer, c’est la boxe. J’ai besoin de me défouler, sinon je tourne vraiment très mal. Je ne peux plus me permettre de faire des erreurs maintenant, enfin, il me reste encore trois années avant que mon casier soit officiellement redevenu blanc. Si je continue à faire des actes dit des délits, je n’aurai aucunement ce droit. Puis maintenant que je ne suis plus seule, que j’ai un petit ami, il faut que je me calme. Je ne pense pas qu’il serait heureux de me voir une nouvelle fois derrière les barreaux. C’est donc à la salle que je me trouve en ce moment. Passant de combat en combat. Rien de très sérieux, ça n’est que de l’entraînement. Les véritables compétitions, c’est beaucoup plus tard, et je ne sais jamais si j’y participe ou non. Me retrouver avec de véritable compétiteur… Moi qui déteste la défaite, ça ne risque pas d’être quelque chose qui sera bien pour moi. C’est en voulant mettre un coup à l’une de mes adversaires que j’ai perdu pieds, me tordant la cheville en même temps. Malgré la douleur, j’ai au départ, pensé que ça n’était rien. C’est pour ça que j’ai essayé de me relever directement, voulant une fois montré que je suis là plus forte. Impossible de posé mon pieds à terre, j’ai bien faillit regagner le sol assez rapidement. Comme j’ai pu, je suis sortie de là, me rendant jusqu’au banc pour pouvoir voir l’état de ma cheville. J’ai soupiré en voyant qu’elle commençait déjà à prendre du volume. Je déteste ça. Je déteste avoir une faiblesse ainsi. Puis, je ne sais pas vraiment si ce n’est qu’une foulure ou si je me suis fait pire que ça. Marcus, l’un de mes amis, est venu vers moi, me demandant si ça allait. Puis quand il a vu l’état de ma cheville, il m’a proposé de me conduire à l’hôpital. Au départ, j’ai refusé mais au vu de son insistance, j’ai finis par dire oui. Je n’avais pas envie de l’entendre parler durant des heures. C’est avec son aide que je me suis rendue jusqu’à sa voiture. Je l’ai laissé conduire, il s’est garé assez rapidement au final sur le parking des urgences. Encore une fois, il a fallu qu’il m’aide pour d’abords passé par le comptoir, afin de se présenter, puis de dire pourquoi je suis là. Puis ensuite pour aller s’asseoir et attendre. C’est la chose que je déteste le plus attendre. Je joue avec mes cheveux tranquillement, essayant en même temps d’envoyer des textos à Austin, juste pour prendre des nouvelles de lui. Puis pour simplement lui dire que je ne serais pas là de suite. On se verra certainement un peu plus tard aujourd’hui. Une infirmière vient me chercher après plusieurs minutes d’attente. Elle me conduit jusqu’à l’une de ces salles d’examens qu’on connait presque tous. Je m’assieds sur la table puis la laisse partir après qu’elle m’ait dit qu’un médecin allait arriver. Attendre encore une fois… Quelle chance quand même. Je regarde les diverses affiches présentes sur les murs. Celle qui parle des préventions, des choses dans le genre. Les médecins aiment bien mettre ça, ça fait bonne figure, puis on voit un peu leur préférence, bien qu’ici ça doit être une salle commune à plusieurs médecins finalement. Un peu nerveuse, je joue avec mes mains, et surtout les bracelets que j’ai autour du poignet. Je le fais tourner plusieurs fois. C’est vraiment chiant les hôpitaux. J’ai envie d’en sortir le plus rapidement possible. Si seulement ils pouvaient faire vite…

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Yohann ft. Chelsea

Pianotant sur le clavier de mon portable, pour que le temps passe beaucoup plus rapidement, je remarque que l’envoie de mon dernier message n’a pas été effectué. Je monte le regard sur la barre de réseau et lève les yeux au ciel. – Il ne manquait plus que ça – me dis-je. Je soupire légèrement en rangeant finalement mon téléphone qui ne me sert plus vraiment à quelque chose. Je hais les hôpitaux, je fais les endroits fermés comme ça. Je ne suis pas claustrophobe non, mais après avoir passé un mois en prison, on n’a pas tellement envie d’être entre quatre murs. Je croise les bras contre ma poitrine, posant mon regard devant moi, complètement lassée de devoir attendre. Quand finalement un jeune médecin arrive dans la pièce je relève la tête. « - Enfin. » Dis-je en fronçant les sourcils. Je sais que je n’ai rien à dire, je ne suis qu’une patiente mais je suis bien connue pour ne pas avoir un bon caractère. Je n’ai pas fait attention au début, quand il s’est présenté à moi. Etant bien trop nerveuse pour ça. Mais ça me revient rapidement. Je lève les yeux sur lui, l’observant attentivement. « - Ferguson vous avez-dit ? » Etrange. C’est le nom de famille de ma mère, enfin son nom de jeune fille en tout cas. Je sais qu’elle a encore de la famille, et je sais que j’ai des cousins. J’en ai un également du côté de mon père. Est-ce qu’il serait de ma famille ? Personne n’a pris de nouvelle de ma maman depuis qu’elle est enfermée dans un asile… Ils sont pourtant au courant, mon père étant en prison, c’est la moindre des choses d’informer ses proches. Mais la situation est délicate. J’ai envie d’avoir les réponses à mes questions maintenant. Mais c’est lui qui m’en pose. Alors que ma cheville est le cadet de mes soucis à présent. Mais il faut quand même bien que je lui réponds, alors autant que je le fasse. « - J’ai fait un mouvais mouvement sur le ring de boxe. Je suis mal retombée sur ma cheville et je me la suis tordue. Enfin… J’ai remarqué qu’elle gonflait ensuite. » Je baisse les yeux vers mon pieds. Je n’ose pas vraiment le bouger. Je sens quelques peu la douleur ainsi, mais moins que lorsque j’essaie de faire un mouvement. Je pose les mains sur le lit directement. Je sais qu’il va devoir y regarder. Ca va quand même être douloureux. Il va falloir que je résiste. En particulier à l’envie de le frapper… « - Est-ce que vous avez entendu parler de quelqu’un dans votre famille, qui a été placée en hôpital psychiatrique ? » Sa réponse sera sans doute plus éclairante que le reste sur la situation. Son visage m’est un peu familier, enfin… Je ne suis pas certaine. Ca me rappel des photos. Mais je ne me souviens pas si bien que ça. J’étais beaucoup trop jeune.

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Certes, des Ferguson il doit y en avoir des milliers sur terre mais mes parents m’ont toujours dit que la plupart des membres de ma famille sont ici à Washington. C’est bien pour ça que je vis chez ma tante, qui est la sœur de mon père. Alors peut-être que ce jeune homme n’a rien avoir avec moi mais j’ai un gros doute quand même. Il suffit de voir son regard, il me dit quelque chose. C’est un peu celui de la famille il me semble. Et je ne suis pas encore folle, j’espère d’ailleurs ne jamais le devenir. Si je dois finir dans le même endroit que ma mère, autant me suicider avant. Elle n’en ressortira sans doute plus jamais. J’aimerai pouvoir aller la voir mais il me faut l’accord d’un adulte, et mon père étant en prison, je me retrouve un peu dans une impasse, puisque ma tante n’a rien avoir avec ma mère. Et puis, je n’ai pas envie de lui demander de faveur, sachant qu’elle me demandera autre chose en retour. Tout ce que cette femme veut, c’est être débarrassée de moi. Et le contraire est vrai aussi. J’ai mal, mais je sais faire avec, je ne suis pas une douillette, je suis plus forte qu’on ne le pense. Je fixe le jeune médecin du regard secouant la tête. « - Aucune allergie à ma connaissance non. » Je n’ai jamais eu quelque chose de grave question santé non plus. Il n’y a pas trop de risque de toute façon. Je ne pense pas être allergique à des médicaments. Je me mets à rire doucement à sa question en levant les yeux au ciel. « - Non, je n’ai pas pris de drogue. Puis la seule drogue que je prends c’est de l’herbe. Et je n’ai pas fumé aujourd’hui. » Inutile d’ajouter que je suis sous conditions et donc que je ne peux avoir aucune trace de drogue dans mon organisme. Puisque je serai examinée très bientôt pour pouvoir retirer le bracelet électronique qui se trouve à ma cheville, opposée aux pieds que j’ai mal bien heureusement. « - Le nom de ma mère est Ferguson. Et je suis presque certaine que tu fais partie de sa famille. Tu as le même regard qu’un de mes oncles. » Que je ne connais pas personnellement mais j’ai déjà vu des photos sur les réseaux sociaux. J’ai sans doute été un peu trop familière avec lui mais ça m’importe peu pour le moment. Et puis personne ne m’a demandé d’être sympathique en soit. Alors pourquoi est-ce que je suis censée l’être alors qu’il me fait passer pour une folle. « - Si tu n’es pas au courant pour ma mère, c’est que sa famille est encore plus ignoble que je ne le pensais. » Je soupire en levant les yeux au ciel directement. Elle se retrouve toute seule, alors qu’elle n’y est pour rien. Probablement que quelqu’un dans la famille avait la même maladie qu’elle. Elle n’a pas eu un dédoublement de la personnalité comme ça, par magie. Ca vient bien de quelqu’un.  

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Yohann ft. Chelsea

« - Génial… En plus de devoir rester enfermer je ne peux plus faire mon sport. » C’est vraiment de pire en pire cette situation. Encore une fois, ça m’agace. Je ne supporte pas être privée de faire des choses que j’aime comme ça. Pour mon bien ou pas, ça n’est pas vraiment une bonne nouvelle. Mais qu’est-ce qu’il en soit lui, puisqu’il ne me connait pas. Je l’écoute avant de hocher la tête de haut en bas, lui montrant en même temps que j’ai bien entendu. Il faut que je fasse attention, je n’ai aucune envie d’avoir pire que ça. Et je veux pouvoir poursuivre la boxe par la suite. Je pense que sans ce sport, je ne saurai plus canalisé ma nervosité continuelle. Et je ne veux pas m’en prendre aux personnes que j’apprécie, comme mon petit ami ou ma meilleure amie. « - Tu es sérieux là ? » Alors ça… Je pense que je ne vais pas pouvoir le faire. C’est impossible, j’ai besoin d’au moins un des deux dans ma vie. Si j’avais su qu’une telle blessure pourrait me causer autant de désagrément, je pense que j’aurai vraiment fait plus attention que ça lors de la séance. Je suis vraiment dégoûtée en tout cas. Et je me sens complètement stupide. Ca me met dans une position de faiblesse que je hais particulièrement. Je ne suis pas comme ça. J’aime être forte, j’aime faire ce qui me plait, quand ça me plait. Et toutes ces contraintes me rendent déjà folle avant même d’avoir commencé. Je n’ai aucune idée de comment je vais pouvoir faire. « - Dommage que ça me donne pas des congés à l’école. Ca aurait été la seule chose positive dans cette putain de situation. » Mais non, avec ça, je peux quand même m’y rendre. Je dois m’y rendre puisque ça n’est même pas un choix finalement. Encore quelques temps, bientôt terminé mais ça ne veut pas dire que j’aime pour autant, bien au contraire. Non seulement, il m’annonce que des mauvaises nouvelles, mais en plus de ça, il m’agace à venir en contradiction avec ce que je dis, me prenant pour une fille stupide que je ne suis pas. « - Et il y a beaucoup de Ferguson avec la même tête que mon oncle peut-être ? Non je ne crois pas. Je ne suis pas folle, et je ne suis pas stupide. Si je dis quelques choses, c’est parce que je le pense réellement. » Je fronce les sourcils, le fixant du regard. Je déteste qu’on remette en cause mes paroles. Et peut-être que je n’aurai pas dû insulter sa famille, mais qu’importe pour moi, je suis franche et je dis les choses que je pense. « - Mais bon. Qu’est-ce que tu t’en fous au final que je sois de ta famille ou pas. Tu es en médecine, tu es entourée, tu as une famille. Tu as tout ce que je n’aurai jamais. » Et ce n’est pas un secret, il suffit de voir où il est. Je ne connais pas sa vie, je juge. C’est pas bien de faire ça, mais je suis comme ça. Je suis impulsive, beaucoup trop parfois. « - C’est toi le médecin, je ne vais pas faire le boulot à ta place quand même. Donc termine ton travail. Je n’ai pas envie de rester plus longtemps qu’il ne faut. » Je me tais ensuite, attendant simplement qu’il termine de faire son boulot. Que je quitte cet hôpital stupide. Un endroit que je déteste sans doute. Mais moins que la prison quand même. Je regarde ailleurs essayant d’être un peu plus calme.  

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Yohann ft. Chelsea

Bien-sûr que je me doutais dans le fond qu’une blessure dans ce genre me conduirait à faire une pause dans mes activités habituelles. Mais ça n’est pas une bonne nouvelle pour moi. Pour personne d’ailleurs dans mon entourage. Je ne pense pas que ma tante va être ravie de me voir plus souvent chez elle que d’habitude. Je ne pense pas qu’elle va forcément apprécier le fait que je sois d’une humeur massacrante parce que je ne peux rien prendre. Et ce n’est pas ces médicaments qui vont faire effet sur ce que je suis. Je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer tout ça. Ca m’angoisse. Je sais que je pourrai même m’en prendre à Austin. Alors qu’il ne m’a jamais rien fait de mal. Je n’ai pas envie de lui faire de mal. Mais quand je n’ai rien pour me canalisée c’est toujours une catastrophe. « - Si je m’en prends à quelqu’un, parce que je suis énervée, je dirai que c’est un peu de votre faute. Sans la boxe, et sans l’herbe. Je vais avoir beaucoup de mal à contrôler mon impulsivité. » Je lève les yeux au ciel rapidement. C’est juste impossible. Ce n’est pas vraiment le moment pour me dire quelque chose, ou pour me faire une remarque. J’aimerai bien être une fille un peu plus calme, mais je suis comme je suis. Je ne contrôle pas toujours ce que je dis ou ce que je fais. J’ai tellement la haine contre le monde. « - Une semaine c’est déjà ça. » Peut-être que mon assistante sociale me fichera la paix pour une semaine. Je déteste me rendre en cours. Je n’aime pas être enfermée dans une classe et rester assises des heures pour écouter des choses qui ne m’intéresse pas forcément. Si j’aimais l’école quand j’étais enfant, ça a bien changé. Toute ma vie a changé à partir du moment où on m’a retiré mes parents. Et si j’en veux à ce garçon, alors qu’il n’a rien fait de spéciale, c’est surtout parce que ça me met à la haine de savoir qu’il est là et qu’il ignore tout de la situation. Il est même persuadé que je raconte des conneries. Je hais les gens qui ne viennent pas en aide à mes parents. Ils sont jugés comme des personnes horribles alors qu’au fond, c’est juste un accident causé par une femme malade. « - T’inquiète avec ce que j’ai vécu. Je suis loin de m’apitoyer sur mon sort. Ca fait longtemps que je me serai tiré une balle dans ce cas. » Ce n’est pas l’envie qui m’a manqué à un moment. Mais je me suis toujours dit qu’il fallait que je me batte pour mes parents. Et je suis toujours là. Peut-être que je ne prends pas toujours des bons choix dans la vie. Mais je fais en sorte de survivre en faisant partie des reclus de la société comme on dit. Peu importe de toute façon. Je ne vais pas me battre encore et encore avec lui. Il ne me croit pas. Et ça me pousse à l’envoyer bouler. Je laisse passer ma chance de voir ma mère encore une fois. J’en trouverai bien une autre. « - Merci. » Dis-je en prenant l’ordonnance. « - Je suppose qu’on en a finis tous les deux ? » Je n’attends pas qu’il me répond avant de me lever sans attendre de là. Je suis vraiment pressée d’aller ailleurs pour me calmer un peu. Je crois que j’en ai besoin. Je ne sais pas encore comment je vais faire, mais je vais le faire.  

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