[Jacaya#4] Que puis-je pour vous ?

Amaya & Jacob

avais l’air d’une sacrée cruche à côté de lui. Avec mon nez bouffi et mes yeux larmoyants à cause de ce satané rhume ! Sans parler de ma tenue complètement froissée. Oui, je faisais tâche à côté de lui et de son costume impeccable. Je ne pouvais pas lui reprocher d’avoir de l’allure, ah ça non. Comme j’indiquais être surprise par sa proposition et aussi par tout le reste, ce qu’il avait sans doute deviner tout seul, ce n’était pas bien difficile, il m’indiqua avoir beaucoup de défauts ; ce que je savais ; mais qu’il pouvait être quelqu’un de bien. Ok. D’accord. J’arquais un sourcil encore plus étonné. Dans l’ascenseur, je remarquais qu’en plus d’avoir l’air négligée, j’avais aussi un bouton en plein milieu du front. La poisse. Mais pour le moment, j’avais bien autre chose à penser qu’à cette pustule. Quelle mouche avait bien pu le piquer pour qu’il agisse de la sorte ? Ce n’était pas moi qui divaguait, ça, j’en étais maintenant certaine, mais il devait sans doute couver quelque chose, ou alors il avait mangé un truc pas très frais, à moins que ça ne soit dans l’eau ? Quoiqu’il en soit, oui, il avait des défauts, il en avait même beaucoup et à ce stade, la seule qualité que je lui connaissais c’était d’avoir de la classe. Encore que je n’étais pas certaine que ça puisse rentrer dans les « qualités », mais oui, il ne manquait pas d’allure et de classe. Il était bien fringué, il avait du goût et il était bien foutu. Mais je n’oubliais pas qu’il y a encore quelques jours, il était désagréable, moqueur, méchant et j’en passe. Et surtout, je ne pouvais pas oublier qu’il était grossier et pervers. Ce que j’avais entendu dans les couloirs, tant de monde en parlait que ça ne pouvait pas être un mensonge. Et j’étais certaine que ma meilleure amie, qui bossait aussi dans l’entreprise, y avait eu droit elle aussi. Je m’en doutais à la façon qu’elle avait de parler de lui et de battre des cils quand je le mentionnais. Elle ne savait absolument rien de mes relations avec lui, à savoir qu’on était comme chien et chat, et c’était très bien comme ça. Parce que moi-même, je ne savais toujours pas quoi en penser. Il me plaisait autant qu’il m’énervait et je ne savais pas comment me comporter en sa présence. Il me demande ensuite si j’aime la cuisine française, car il comptait aller manger français. « Je croyais qu’on allait au restaurant d’entreprise ? » que je demande, étonnée. Puis, je me reprends, parce que s’il y a bien une chose que je ne supporte pas, c’est que l’on répondre à une question par une autre question. « Pour être franche, je ne sais pas. Je n‘ai jamais eu l’occasion de manger français ! » dis-je, alors. Et ce n’est pas bien difficile de savoir pourquoi, je ne suis pas riche. J’ai même du mal à arrondir les fins de mois, or, la bouffe française, ça vaut la peau des fesses.

Amaya & Jacob

il a des qualités, comme il le prétend, j’aimerais bien les connaitre. Jusqu’à présent, il s’est toujours contenter de me montrer que le mauvais en lui, alors je demande à voir. Peut-être que j’avais à faire à l’autre Jacob, je changerais d’avis à son sujet. Mais pour le moment, je reste sceptique, parce que je suis persuadé qu’il a une idée derrière la tête et ça ne me dit rien qui vaille. De toute façon, je suis également persuadé que le plus malveillant des hommes cache forcément une part bienveillante. Une part bienveillante qu’il n’a aucune envie de montrer au monde entier. De même, la personne la plus gentille qui soit, à également une part d’ombre en elle. Personne n’est tout blanc ou tout noir, c’est impossible. Les modèles de vertu, ça n’existe pas, pas plus que les pêcheurs. Jacob a du bon en lui, j’en suis persuadé, et j’aimerais bien qu’il me le montre. Qu’il me le montre sincèrement, parce que depuis ce matin, même si j’essaye de le croire, j’ai du mal à le croire. Lorsqu’il me propose d’aller déjeuner dans un restaurant français, je ne cache pas ma surprise, car je pensais que nous allions au self de l’entreprise. Il m’indique alors qu’il n’est pas très fan du restaurant de l’entreprise. « Pourtant, c’est votre boîte ! » que je dis, en pouffant. Ce n’est pas pour me moquer de lui, au contraire, je trouve juste ça drôle. Le problème, c’est que ma saleté de grippe, n’est pas encore totalement guérie, alors je me mets à tousser comme une tuberculeuse et je déteste ça. Quand la quinte de toux est passé, je m’excuse, et je peux enfin répondre à sa question. « Ça me convient très bien ! » que je dis. Pourtant, ça coûte la peau des fesses, je me demande bien pourquoi il tient à me payer le restaurant. D’accord, il a de l’argent, mais tout de même, ça n’est pas une raison.

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ourquoi est ce que j’avais accepté de déjeuner avec mon patron, je n’en sais rien du tout. Par politesse, je présume, et puis, il faut dire aussi que mon casse-croûte tout sec n’avait franchement rien de bien appétissant. J’avais accepté, et puis voilà. Mais, je tenais à maintenir une certaine distance entre lui et moi, parce que j’étais toujours aussi sceptique vis-à-vis de lui. Je n’arrivais pas à lui faire confiance, voilà tout ! Mais, je ne le détestais plus, c’était déjà un bon début. Je ne sais pas du tout s’il avait vraiment changé ou si ce n’était pas une ruse de plus pour obtenir je ne sais quoi, mais peu importe. Je me demandais juste pourquoi c’est à moi qu’il avait demandé de déjeuner et pas à quelqu’un d’autre. Parce qu’il faut reconnaitre qu’avec min pif rouge, je faisais tâche à côté de lui. Et pas seulement un peu, si vous voyez ce que je veux dire ! « Ha oui ? Pourtant, c’est avec moi qui vous allez déjeuner ! Et j’ai loin d’avoir des goûts luxe ou d’avoir le profil pour aller dans ce genre d’endroits. Puis, de toute façon, allez à des cocktails, ce n’est franchement pas ma tasse de thé ! » Et pas seulement parce que l’on n’y sert pas la moindre tasse de thé. Disons plutôt que je déteste les robes de soirées, les tenues sophistiquées, ce genre de chose. Je suis restée très jeune dans la tête. Et puis, comme je ne peux vraiment pas m’habillée dans les boutiques classiques, parce que tout est trop grand pour moi, je n’ai pas tellement le choix. Je croise les bras, visiblement perplexe face à ce qui m’attends. A tous les coups, je suis en train de plonger directement dans la gueule du loup et je vais me faire bouffer toute crue sans le moindre état d’âme. Tout ça, à cause de ma foutue naïveté légendaire. Jacob Simmons va m’avoir à l’usure. Comme j’accepte d’aller déjeuner dans un restaurant français ; sans avoir la moindre idée de ce que l’on peut-y servir ; il semble ravi. C’est que même si je n’ai rien d’une fille habituée au luxe, je ne vais pas dire non si on me paye un bon restaurant. Je suis peut-être une grande naïve, je ne suis pas complètement conne. Comme nous nous posons à une table où l’on nous remet rapidement deux cartes, je décide de jeter un œil ; et même les deux ; et je connais pas du tout les plats, alors je m’en remets au hasard, je ferme les yeux et je fais glisser mon doigt sur la page, avant de l’arrêter sur un nom. « C’est quoi la poularde à la crème et au vin jaune ? » je demande alors. Moi qui voulait me débrouiller toute seule, c’est raté. « Enfin, je sais ce que c’est une poularde, c’que je veux, dire, c’est ce qu’il y a dedans ? » continuais-je, en m’enfonçant encore un peu plus dans les entrailles de la terre.

Spoiler:

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écoute attentivement ce qu’il me dit pour la première fois de ma vie. Bizarrement, j’ai beau le trouvé détestable au plus haut point, ce qu’il a à me dire, ça m’intéresse. Je me connais, il suffira d’un faux pas pour que je recommence à le détester, mais qu’importe. Pour l’heure, sa compagnie ne m’est pas si désagréable que ça. « Et bien, vous avez du courage ! Moi, je ne pourrais tout simplement pas me forcer à faire quelque chose que je déteste ! » que je réponds. Mais, il le savait déjà, puisque j’avais décliné sa proposition de devenir sa secrétaire personnelle, précisément parce que je n’aimais pas ce travail. Je n’avais jamais eu de retour par rapport à ce dont je lui avais déjà parler, à savoir, mon envie de devenir chef de projet. Il avait dit que ce que je faisais lui plaisait et pouvait être utile à la boîte, mais ça remontait à il y a des mois, alors autant vous dire que je n’avais plus le moindre espoir d’avoir ce poste un jour. Il m’indiqua que ce monde était rempli d’hypocrites, chose qu’il détestait et je ne savais pas trop quoi en penser. Non pas que je le trouvais hypocrite, mais j’étais vraiment surprise qu’un tel univers ne lui plaise pas, compte tenu de son tempérament. C’est simple, il est tout ce que je ne suis pas, alors oui, je l’imaginais à sa place dans ce milieu, tout comme dans ce restaurant ou il voulait me convier. Nous arrivâmes et après être placés à table, je me plongeais dans la carte.ne connaissant pas du tout les plats proposés, je le questionnais, tout en sachant que je prendrais ce plat. Il avait l’air appétissant sur la photographie et je n’avais pas envie de passer des heures à tenter de déchiffrer cette carte. Il questionna le serveur sur l’accompagnement après m’avoir expliquer en quoi consistait le plat et je grimaçais en apprenant que c’était du riz. À coup sûr, il avait proposé ça parce que j’étais asiatique et pour une fois, ça ne m’aurait pas déplu de manger autre chose que du riz. Des pommes de terre ou des légumes, pourquoi pas, mais pas du riz. « Je vais prendre ça, ça sera très bien ! » que je dis alors, tout en me disant que je ne me souvenais déjà plus du tout du nom du plat. Ce n’est pas très malin de ma part !

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e me pose très certainement bien trop de questions au sujet du comportement plus qu’énigmatique de Jacob. Peut-être devrais cesser de me poser toutes ses questions et prendre les choses comme elles venaient ? C’était sans nul doute bien plus difficile à dire qu’à faire, car il faut reconnaitre que j’étais plutôt du genre têtu et que j’avais bien du mal à lui faire entièrement confiance. C’était plus fort que moi, mais je sentais que cette soudaine gentillesse cachait quelque chose. Putain, ce que ça pouvait m’agacer ! Enfin bref, je finirais par le savoir à un moment ou à un autre, donc, ce n’était pas plus mal que je reste à ce point sur la défensive. « Oui, on ne fait pas toujours ce que l’on veut dans la vie ! » que je réponds, j’en savais quelque chose après tout, puisque je ne faisais pas du tout le travail que je voulais et pour lequel j’avais passer de longues années à l’université. Je fais finalement mon choix en ce qui concerne le plat, tant pis pour le riz. Ce n’est pas comme si j’avais horreur de ça. Disons que j’en avais assez manger pour le reste de ma vie, mais pour une fois, rien qu’une toute petite fois, ça ne pouvait pas me faire de mal. Jacob commanda une ratatouille, puis, comme s’il avait lu dans mes pensées, me reparla de ce que je lui avais dit, concernant mes aspirations professionnelles. J’étais surprise, car depuis le temps, très franchement, je n’y croyais plus du tout. J’avais fini par me faire à l’idée que je resterais sans doute simple assistante toute ma vie, j’en venais même à me dire que je ferais mieux d’abandonné cette idée folle et d’aller bosser avec mon père. « Pour tout vous dire, j’ai déjà quelque chose de ce genre de près dans mon bureau, depuis pas mal de temps ! » que je réponds, quand il eut terminé de parler.