Dernière chance [Feat. Isaiah E. Navarro]

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Les choses allaient devoir reprendre leur cours normal. Johan allait retourner au lycée et Isaiah continuer à enseigner, et pourtant, le jeune allemand avait besoin d'avoir certaines réponses aux questions qu'il se posait. Pourquoi ? Parce que c'était essentiel pour lui, pour avancer, pour comprendre là où il mettait les pieds et tenter de repartir sur de bonnes bases. Au fond, il ne cessait de penser que si Isaiah le gardait chez lui, c'est uniquement parce qu'il se sent responsable, mais pas parce qu'il en a réellement envie. Il ne peut s'empêcher de penser de se demander si Isaiah n'a pas honte de lui. En même temps, il ne pourrait pas lui en vouloir, n'importe quel parent rêve d'avoir un enfant parfait, Johan est loin de l'être. Et en ce moment, c'est même plutôt tout le contraire.

Il attendait la réponse de son père biologique, et pourtant, d'un autre côté, il n'avait aucune envie d'entendre la réponse. S'il lui disait qu'il ne voulait pas en parler ? Il sera alors obligé de vivre dans l'ombre et caché et ça, il ne le supporterait pas maintenant qu'il avait commencé à goûter à la vie familiale et au fait d'avoir une personne auprès de lui au quotidien. S'il refusait, c'était comme s'il retournait en arrière, lorsqu'il était seul contre les autres.

Au bout du compte, il n'eut même pas la réponse qu'il attendait puisqu'il en avait tellement qu'il ne se voyait pas les poser ici et maintenant. La journée avait été longue, ils étaient certainement tous les deux exténués et ne demandait qu'à rejoindre leur chambre respective. Alors que le jeune adolescent se triturait les neurones pour tout un tas de choses qui tournait dans son esprit, pendant ce temps Isaiah mit le couvert et finit de préparer le repas afin qu'ils puissent s'installer et dîner dans le calme.

Durant ce dernier, le silence qui planait au-dessus d'eux était assez pesant, pourtant, aucun d'entre eux ne choisit d'y mettre un terme. Ils avaient le nez dans leur assiette, et Johan se régala de pouvoir enfin avoir de vrais repas. Pourtant dans son esprit, il ne méritait toujours pas tout ce qu'on lui offrait : il avait un toit sur la tête, un homme prêt à s'occuper de lui parce qu'il était son fils, toute cette gentilesse que certaines personnes avaient à son égard. Tout cela, il était persuadé que ce n'était pas pour lui. Il n'avait rien fait pour que le karma le gâte de la sorte.

Après avoir terminé son assiette et sans rien prendre d'autre, Johan attendait que son père biologique ai terminé à son tour. Il ne savait pas s'il pouvait quitter la table alors, il attendait simplement qu'on lui en donne l'autorisation. Il allait falloir qu'il s'habitue à cette nouvelle vie mais aussi, qu'au sein de la maison ils fixent certaines règles pour aider le gamin à s'y retrouver. Des règles qui peuvent être implicites au premier abord mais auxquelles Johan n'a jamais été habitué et donc, il a besoin qu'elles soient énoncés pour les assimiler.

Johan & Isaiah

Dernière chance

Essaie de ne pas la gâcher

Le repas se déroula sans obstacles. Je ne pouvais pas dire qu’il s’était bien déroulé, comme je ne pouvais dire qu’il s’était mal déroulé. Dans ma tête, un repas qui se déroulait bien avait un semblant de conversation, un peu plus de vie, mais il n’y avait pas eu de dispute non plus. Quelque chose de neutre, qui n’avait pas envenimé la situation, mais qui n’était pas venue l’envenimer non plus. Après, il fallait dire que je n’avais pas tant fait d’efforts pour que ce soit autrement. En effet, je m’étais surtout contenté de manger sans rien dire, jetant de temps à autre des coups d’oeil en direction de Johan pour voir si tout allait bien. Il mangeait convenablement, je n’avais pas tant à dire de plus. Du coup, je ne m’alarmai pas de quelconque façon pendant ce délai, jusqu’à ce que je me rende compte qu’il avait terminé son assiette et semblait attendre quelque chose, ou plutôt quelqu’un; ma personne du coup. Prenant la parole à ce moment, ce fut pour lui dire: « Si tu ne souhaites pas manger une autre part, tu peux mettre ton assiette dans l’éviter et sortir de table. » Je terminai mon propos d’un sourire rassurant, signe que je ne le congédiais pas, mais bien que je voulais respecter ce qu’il avait dit précédemment, soit qu’il préférait manger et aller dormir. Est-ce que ça voulait dire que l’option me convenait ? Pas nécessairement. C’était un peu étrange, inconfortable, mais si c’était pour lui offrir une bonne nuit de sommeil et mieux recommencer demain, je ne pouvais pas tant m’y imposer. J’espérais juste qu’il ne prendrait pas ça comme une punition pour le coup. Le laissant faire ce qu’il voulait, je terminai mon repas à mon tour, n’attendant toutefois pas pour me lever de table. Trop de fois par le passé, j’avais attendu, maintenant, ce n’était plus nécessaire. Je débarrassai les couverts au passage, fit la vaisselle, pris une douche, avant de faire ce que j’aimais bien faire, encore plus maintenant que je pouvais librement me le permettre; regarder le sport à la télévision, autant que je voulais. M’installant dans le canapé, j’allumai le téléviseur, sur le premier et seul match que je trouvai. Et apparemment, cette journée m’avait vidé plus que je ne voulais le croire dans un premier temps; le match avait beau être ennuyant et tourner en rond, il n’en demeurait pas moins que le baseball était mon sport préférai et pourtant, je trouvai le moyen de cogner des clous, pour finalement m’endormir, assis dans le sofa, la télévision toujours allumée, au bout d’environ une heure de visionnement.

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Johan n'avait pas été habitué aux repas de famille entouré de tout un tas d'adultes. Même s'il n'y avait qu'Isaiah pour le coup, il n'était tout de même pas habitué à ce genre de repas. Par conséquent, il ne savait vraiment comment il devait agir. Devait-il attendre une autorisation pour quitter la table ? Devait-il se resservir en attendant que son père biologique ai terminé sa propre assiette ? Il était dans le flou et n'osait pas faire le moindre geste, ni dire le moindre mot de peur que tout bascule. La journée avait déjà été assez rude, les deux hommes avaient discuté afin de faire en sorte que les choses se passent le mieux possible désormais, alors il ne voulait pas tout foutre en l'air. Pour cette raison, il resta silencieux durant le restant du trajet, tout comme Isaiah. Et même si parfois, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus agréable, c'était sans doute mieux pour éviter que l'un ou l'autre ne dise quelque chose qui vienne briser le peu d'avance qu'ils avaient déjà fait.

Lorsqu'Isaiah se rendit compte que l'allemand avait terminé son assiette, il décida de lui annoncer la démarche à suivre. À savoir, se lever et placer son assiette dans l'évier. S'il s'était écouté il aurait même été jusqu'à la nettoyer, mais pour ce soir en tout cas, il allait se contenter de respecter à la lettre les instructions qui lui avaient été fournis. Il souhaita alors un timide bonne nuit à son père avant de s'éclipser dans sa chambre. Une fois réfugié dans celle-ci, la journée repassa dans son esprit, il ne cessa de se poser tout un tas de questions auxquelles il sait qu'il n'aura jamais de réponses. Épuisé par tant d'efforts, il s'était endormi après avoir enfilé sa tenue pour dormir.

Johan n'avait jamais eu un bon sommeil, habitué à dormir sur une oreille au cas où il devrait réagir tout de suite, cette nuit là avait pourtant bien commencé, jusqu'à ce qu'il fut secoué par une nouvelle de ses terreurs nocturnes. Terrorisé, il se releva d'abord dans son lit, essaya de reprendre son souffle, puis voyant qu'il n'était pas serein pour se rendormir, il se leva, quitta sa chambre et alla dans celle d'Isaiah dans l'espoir de se faufiler sous ses draps s'il acceptait sa présence. Mais elle était vide. Un bruit venait cependant du salon. Il s'y dirigea à pas de loups, ne sachant pas à quoi s'attendre, Johan était devenu beaucoup trop méfiant. Il y trouva son père biologique endormi devant la télévision encore allumée. Il prit soin de l'éteindre, de glisser une couverture sur lui afin qu'il n'est pas froid puis.. Il finit par se glisser sous cette même couverture, contre son père afin de trouver cette sécurité dont il avait besoin, espérant que ce soit suffisant pour retirer les images de ses cauchemars.

Johan & Isaiah

Dernière chance

Essaie de ne pas la gâcher

Ce n’était pas la première fois que ça m’arrivait, somnoler dans le canapé de la sorte. Mais jamais devant un match de baseball. C’était parfois en essayant de m’occuper tant bien que mal quand il n’y avait d’intéressant à la télévision, un sport qui n’avait pas grand-chose d’intéressant - bien que peu difficile, je ne saurais en nommer beaucoup, sauf peut-être le golf - et souvent, c’était que pour quelques minutes seulement, une demi-heure, tout au plus. Bref, de quoi me mentionner qu’il était temps que je me lève et que j’aille dormir pour de bon. Mais jamais je ne m’étais retrouvé à sombrer de la sorte, à ne pas savoir combien de temps je m’étais endormi. Et puis, normalement, j’étais capable de me réveiller de moi-même, sauf que là, c’était un facteur extérieur qui m’avait réveillé. D’abord le son manquant de la télévision qui, visiblement, avait eu un effet sur mon subconscient, et finalement, un contact, deux contacts. Le premier, celui d’une couverture qu’on posait sur moi, et le second, d’une personne. Ce fut plutôt le second qui m’intrigua le plus, me faisant légèrement sursauter, puisque j’étais à peine réveillé. Me passant une main sur les paupières pour tenter de leur donner un peu plus de tonus, je tournai la tête pour voir Johan, là, posé contre ma personne. Dans un premier temps, je ne compris pas. Je ne compris pas pourquoi il était là, jusqu’à ce que je sente comment il se pressait contre ma personne, que je considérai, dans la noirceur, son visage, à la fois troublé et vulnérable, me faisant même un pincement au coeur. La situation me rappela certains souvenirs, un souvenir en particulier, celui de sa première nuit dans ce même appartement, où je l’avais senti s’agiter. Un mauvais rêve, peut-être ? Je ne serais pas en mesure de le dire, pour être honnête. Mais ce que je sus en tout cas, ce fut que je ne me voyais pas lui dire de retourner dans sa chambre. Cela impliquait que je ne pourrais pas aller dans la mienne non plus, mais pendant un instant, je m’en moquai bien. De toute façon, j’étais déjà endormi, confortable dans le canapé, alors pourquoi tout gâcher ? Plus encore, je me permis même de passer mon bras autour des frêles épaules de l’adolescent, calant ma tête sur le dossier du canapé, pour finalement m’endormir une nouvelle fois, cette fois-ci toutefois, avec mon fils contre moi, oubliant un peu la journée, espérant pour le mieux, espérant aussi que je n’aurais pas trop de courbatures une fois le matin venu.

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