So glad to be here! Okay, jokin'. (ft. Jennifer)

Je porte une longue robe rouge avec un décolleté plongeant. Des escarpins à talons. On pourrait croire qu’en vu de ma présence à cette soirée, ma tenue m’a couté une fortune, mais il n’en est rien. La seule chose de valeur que je possède c’est mon chat, un abyssin. Le reste, n’est que bon marché, parce que, contrairement à ce que mon abruti de colocataire croit, je déteste le fric ! Tout cet étage de luxe, ça me donne envie de gerber. Lorsque mon père vient à Washington, c’est parce qu’il soit se rendre à ses soirées importantes. Il est artiste et sa galerie a beaucoup de succès. Je l’observe depuis que suis arrivée et contrairement à moi, il semble dans son élément. Il est heureux. Il est beau dans son costume trois pièces qu’il a fait faire chez un tailleur de prestige à Portland. Il déambule parmi les autres invités, il discute, sourit, pause pour une photo, serre quelques mains, discute à nouveau. Je ne sais même pas pourquoi il tient à ma présence car il est évident qu’il n’a pas du tout besoin de moi. Je l’observe en n’évitant de me mêler à tout ces gens tellement engoncer dans leurs habits de soirées qu’ils en ont du mal à marcher. Je souris, mais intérieurement, j’ai envie de hurler tant je déteste ça. Mais, d’une certaine façon, je préfère voir mon père heureux et épanouie. Il y a un peut plus de dix ans, c’est une autre tenue qu’il portait et il ne souriait pas. Il portait le poids du monde sur ses épaules. Il était Marins, pas artiste et je ne le voyais jamais. Sauf après la mort de maman, ou il s’est mit à me trimbaler à droite et à gauche come un vulgaire bagage. J’ai détester ça. Plus encore que ces soirées. Alors, je peux bien faire un effort deux ou trois fois par an, n’est-ce pas ? Et tant que ces gens inintéressants ne viennent pas me parler, tout vas bien. Je me dirige donc vers le buffet, la bouffe, ça me connait. C’est un univers que j’apprécie plus particulièrement. J’avise le plat contenant les pizzas et je fond dessus. J’en attrape une ; la plus grosse évidement ; et la porte à ma bouche. Je me sens observée, chose que je déteste mais je tente de faire comme si de rien n’était. Malheureusement, la sauce dégouline, par chance, j’évite in extrémis d’en avoir plein la robe, mais ça tombe par terre dans un « ploc ! » répugnant. « Fais chier ! » que je grince entre mes dents, faisant se retourner quelques têtes. Oui, je jure et alors ? Je suis comme ça et je me fiche bien que ça plaise ou pas à ces culs serrés. Je n’ai pas envie de les connaitre. Je me sens toujours observé, ce qui m’agace. A croire, que les gens n’ont rien de mieux à faire. « Quoi ? » que je fais, à l’attention du grand brun qui me mette depuis toute à l’heure. Il porte un élégant costume, mais qui ne vient pas du même tailleur que celui de mon père. A sa tête, je me dit qu’il n’a pas l’air plus ravie que moi d’être ici.

Comme moi, il semblait avoir l’air de profondément s’ennuyer au milieu de cette foule de culs serrés. Je n’avais qu’une seule envie, rentrer chez moi, me glisser dans mes pantoufles et me vautrer dans le canapé, devant une série stupide sur Netflix, avec Absalom sur les genoux. Mais, nous venions à peine d’arriver et même s’il ne semblait pas être dans le coin, je pouvais sentir le regard réprobateur de mon père dans mon dos. Je ne me formalisais pas de la sauce qui était tombé sur le sol car, je me doutais bien que quelqu’un s’empresserait de venir la nettoyer en un rien de temps. A la place je demandais à cet homme ce qu’il avait à me regarder de la sorte. Je n’aimais pas qu’on me dévisage. Sa réponse aurait pu me vexer, mais il en fallait bien plus pour cela. Aussi, je me contentais simplement de rebondir sur la fin de sa phrase. Il avait raison, ça aurait apporté un peu de piment à cette soirée mortifiante. Mais, dans le fond, je n’étais même pas certaine que les gens s’en seraient rendu compte. Après tout, il était le seul à avoir vu la scène. « Il faut reconnaitre que c’est d’un ennui mortel ces soirées ! » que je réponds, plus pour moi-même qu’à son intention. Il ne semblait, de toute façon, pas vraiment enclin à faire la conversation. Il avait sans doute dû être trainer ici de force, et sa mauvaise humeur se faisait sentir. Je ne dis pas que je savais comprendre l’humeur des gens en un regard, je n’avais pas du tout le don d’empathie, mais à l’entendre, c’est ce qui se dégageait de lui et il faut dire aussi que j’étais dans le même état d’esprit. Je ne comprenais toujours pas pourquoi mon père tenait à ma présence à ses côtés quand il venait à ce genre de soirées, car, à dire la vérité, je préférerais être à l’appartement avec mon abruti de colocataire, même s’il avait autant de conversation que cette part de pizza échouée sur le sol immaculée de cette salle de réception. « Oh, et vous êtes qui pour vous permettre ce genre de remarques ? Mon père, peut-être ? » lui dis-je par la suite, piquée par sa remarque. Si j’ai envie de manger comme un chancre, ce pas un inconnu qui m’en empêchera !