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 amour amer | Eric

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Maximilian HaleGrateful for the family we chose
Maximilian Hale
MY BOOK COVER▹ posts : 308
▹ credits : fassylovergallery, hellozxxy, rebloggy, jamesmcavoy333 (x2)
▹ avatar : James McAvoy
▹ pseudo : Marie, Laindtt
▹ multinicks : Rien à déclarer.
▹ age : Trente-cinq ans ◊ 8 juillet 1984.
▹ activité rp : 2/4 - Busy # Open bar baby ♥️

ONCarter (3) ◊ Layla (12).
SCHEDULED → Andy ◊ Trent&co ◊ Rhett ◊ Sheri&co.
OFFEric (former)Noäm (1) ◊ Rohan (2) ◊ Eric (former) (4) ◊ Maëlys (5) ◊ Noäm (6) ◊ Loreleï (7) ◊ Eric (former) (8.) ◊ Eric (former) (9) ◊ Eric (former) (10) ◊ Olivia (11).

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MessageSujet: amour amer | Eric   amour amer | Eric EmptyLun 8 Jan - 14:39

amour amer | Eric Max_by10 amour amer | Eric Eric_b10
Maximilian & Eric
« Because now I know where I belong
It's you and I against the world. »
- Muse, Aftermath





«We don't learn to love each other well in the easy moments.
Anyone is good company at a cocktail party. But love is born
when we misunderstand one another and make it right, when
we cry in the kitchen, when we show up uninvited with magazines
and granola bars, in an effort to say, I love you.»





Depuis plusieurs semaines déjà, si longues et si nombreuses qu’elles semblaient s’étirer démesurément comme dans un mauvais rêve, des incendies dantesques ravageaient la Californie. Les chaînes d’informations, entre les nouvelles habituelles dramatiquement pessimistes venues de l’étranger et les marronniers propres aux fêtes de fin d’année, passaient en boucle des images d’apocalypse, où des collines dévorées par les flammes entouraient de toutes parts des autoroutes bloquées par l’afflux interrompu d’habitants en déroute. Ces derniers rendaient plus dramatique encore le récit du carnage, eux qui fuyaient l’appétit dévorant du feu auquel ils avaient abandonné tous les biens qu’ils n’avaient pu emporter avec eux, leur maison, leur quotidien sans grande originalité. Ils se lançaient la peur au ventre au volant, en quête d’un abri, d’un refuge auquel faire halte jusqu’à ce que les vents ne poussent le déluge infernal encore un peu plus loin, alors que le paysage prenait des allures de cercle de l’Enfer, et tous les experts s’accordaient à dire qu’il s’agissait d’un des pires désastres écologiques et sociaux de l’Etat doré.

Les vignobles n’avaient pas été épargnés, pas plus que les forêts ou les infortunés êtres piégés par des murs incandescents, et Maximilian n’avait pu que prendre l’appel de Mike Howell, celui entre les mains duquel reposait depuis le début de sa fuite éperdue le domaine des Hale, pressentant la tourmente dans laquelle il se serait lui-même trouvé s’il avait été en mesure de prendre le chemin de sa demeure légitime. Ç’avait été, comme à chaque fois, assez étrange d’entendre la voix de l’homme de confiance de feus ses parents, alors que mails et messages laissés sur leurs répondeurs respectifs constituaient l’essentiel de leurs rapports depuis l’accident, mais Max, malgré toute la peine que lui prodiguait le fait de repenser à ce qu’il avait laissé derrière lui, n’avait pas tant souffert que ça d’entendre la voix de Mike, son oncle de cœur en quelque sorte. À vrai dire, et comme il s’en doutait malheureusement, Mike ne l’avait pas appelé pour prendre des nouvelles, ou une énième fois tenter vainement de le faire rentrer à la maison ne serait-ce que quelques jours, pour reprendre pied au sein de la société à la tête de laquelle il était à présent ; comme bien d’autres propriétés des environs, le Hale’s Estate se trouvait menacé par l’appétit vorace de l’embrasement, et c’était à lui de décider si tous les moyens devaient être entrepris afin de tenter tout ce qui se trouvait possible contre l’avancée des flammes. Son sens du devoir avait pris le pas sur son deuil inachevé, comme un militaire prend sur lui avant une grande bataille pour garder l’esprit parfaitement clair, et ç’avait été avec une calme implacabilité que Maximilian avait pour ainsi dire mis ses troupes en ordre de marche, avec un mot d’ordre : celui de ne nullement mettre en danger la moindre vie humaine, à aucun moment. Qu’ils creusent des tranchées autour des vignes s’ils le souhaitent, qu’ils déversent des trombes d’eau contre les murs de la maison pour fébrilement prévenir sa destruction, mais que dans les derniers instincts, ils se trouvent loin, très loin de ces hectares sur lesquels tous, Mike comme ses employés, avaient travaillé et veillé si durement, avec tant d’application. Pour eux, ces hommes et ces femmes ayant passé pour certains d’entre eux des années à faire fructifier et grandir, refuser ainsi le combat avait tous les signes de la désertion la plus vile, un outrage à leur affection pour Philip et son épouse, disparus mais toujours bien présents dans leur cœur, et l’exilé imaginait sans mal à quel point toute cette impuissance, face à la rage destructrice de Dame Nature… Sans parvenir à ne pas se montrer lucide, conscient de la fragilité de ce que des êtres formidables avaient bâti en une vie.

Qui mieux que lui, pour saisir la vanité de tous les efforts que l’on pouvait désespérément déployer, quand la mort avait décidé de réaliser son terrible ouvrage ? Si la situation critique de son héritage, endroit merveilleux où il avait passé les plus belles années de sa vie et cocon protégé où il avait grandi, Hale ne parvenait à éprouver qu’un fatalisme résigné à l’idée d’apprendre, dans les semaines qui viendrait, que son vignoble avait été intégralement détruit, et qu’il ne restait définitivement plus de son passé que des cendres.

La côte Est croulait sous la neige pour cette fin d’année 2017, et comme l’an passé, l’on craignait que ce froid polaire arrivé tout droit du Grand Nord ne s’éternise, figeant des villes telles que New-York, Boston ou Washington sous une gangue de glace digne de repousser encore plus loin les records de températures négatives déjà battus les années précédentes. Difficile de croire qu’à l’autre bout du pays, des centaines de pompiers, parfois même secondés par des détenues spécialement formées et arrachées à leur pénitencier pour se lancer à l’assaut des flammes, tant les secours se trouvaient aux abois… Difficile de croire que son avenir se jouait pour une bonne part durant ces heures étirées dans une attente presque irréelle. Maxim avait fêté Noël avec les Eriksen, comme de coutume, et par moments, entre les éclats de joie sincère et les sourires épanouis qui lui venaient naturellement sans même qu’il ait consciemment la sensation de refouler une gêne latente, ou un vague chagrin, la pensée du champ de ruines qui lui restaient peut-être à des centaines de kilomètres de là lui revenait, comme le fantôme d’un mauvais souvenir. Qu’éprouverait-il en recevant la terrible nouvelle ? Ou quand Mike lui annoncerait que le péril avait été évité comme par miracle ? De la déception, du soulagement ? Les lumières de la fête, la chaleur de la compagnie de ses amis, l’éloignement semblant l’avoir transporté dans un autre monde à des années-lumière de la dure réalité de la Californie –comme Max l’avait voulu, in fine-, le mousseux et son propre aveuglement suffiraient-ils à juguler le néant qui chercherait peut-être à s’emparer de lui ? Hale n’avait aucune idée de ce qui se passerait, dans l’une ou l’autre des situations qui déciderait de l’avenir de son bien le plus précieux et le moins assumé ; à vrai dire, l’éventualité de définitivement rompre avec son passé, sans que plus rien de véritablement concret ne prouve que ses racines l’enchaînaient à la Napa Valley, le laissait songeur, son esprit pareil à un naufragé errant sur les flots à bord d’un radeau de fortune.

Si le pauvre Eric, lui aussi malmené par un passé et un présent se mêlant au point de s’entre-asphyxier en cette fin d’année, sombrait plus que jamais dans les affres du manque, Max, à l’inverse, retrouvait cette sensation de flottement qui l’avait porté lors de leur dernière rencontre, comme de traverser le monde entouré de gaze et non d’air. La douleur et la confusion s’étaient éteintes, pour le laisser happé par le souvenir de cette soirée semblant tout droit sortie d’un rêve éveillé, que le réveil ne serait pas parvenu à tout à fait déchirer. Secoué, indécis, et pourtant puissamment apaisé, Hale se sentait presque l’égal de ces êtres qui, ayant perdu la vie, ne réalisent pourtant pas qu’ils ne sont plus, et arpentent la terre pour l’éternité, là sans vraiment l’être : avec une triste ironie, cette errance le rendait si semblable à ses parents, ces fantômes refusant de ne plus s’agripper envers et contre tout à ce monde qui n’était plus le leur, et avec lequel ils se trouvaient de plus en plus décalage, et en même temps tout à fait apte à passer des fêtes de fin d’année tranquilles, aussi placides que la surface d’une mer d’huile, et ce malgré la situation critique de sa maison natale. 2018 se profilait sans troubler ce calme presque irréel qui siégeait en son cœur, et à vrai dire, le texto que le critique reçut à quelques jours de la Saint Sylvestre ne bouleversa qu’infinitésimalement cet ordre des choses en apparences prêt à régner jusqu’à des temps immémoriaux.

Olivia Ashford avait, comme de bien entendu, récupéré son numéro, et n’hésitait pas franchement à s’en servir, comme elle avait d’ores et déjà pu en témoigner ; pourtant, cette fois-ci, alors que la soirée débutait à peine mais que la ville avait été entièrement avalée par la nuit hivernale depuis ce qui semblait être une éternité, le ton de son SMS ne laissait plus du tout suggérer le babillage aussi pétillant qu’anecdotique si propre à la demoiselle et à leurs échanges. Même si Maximilian n’entendait de facto pas sa voix, sa façon d’écrire suffisait à ce qu’il ressente tout le sérieux si peu habituel chez la rouquine, signe plus qu’indéniable qu’elle ne plaisantait pas, et que les faits brièvement esquissés en quelques lignes devaient être pris au sérieux avec la gravité qui s’imposait. D’après elle, son oncle se trouvait au plus mal, et en dernier recours, comme l’on tente le tout pour le tout contre un ennemi dont on ignore tout, sinon l’immense et pernicieux pouvoir de destruction, elle l’enjoignait à lui rendre visite, ne serait-ce que quelques instants, certaine que voir son patient préféré lui mettrait un peu de baume au cœur en ces temps sombres.

Maxim aurait pu hésiter. Il aurait pu se méfier de l’appel à l’aide de Livie, pas encore complètement convaincu de la totale bienveillance de la jeune femme à son égard, ni du fait que ce SMS ne cachait pas un nouveau tour de la part de la rouquine. Il aurait également pu arguer que ce n’était pas son rôle d’ainsi s’inviter dans la vie privée d’Eric sans y avoir été expressément invité par le principal intéressé, même si celui-ci se trouvait en fâcheuse posture, car le respect de sa vie privée passait avant tout, même une tentative pseudo héroïque à la manière d’un Saint Michel accourant à son chevet pour y pourfendre ses démons. Même se convaincre qu’il n’était pas la personne adéquate pour aller prêter main forte à son thérapeute aurait été envisageable : après tout, étaient-ils amis ? Sans doute pas au titre de cette définition si étriquée de l’amitié que le tout-venant utilisait comme mètre-étalon, et à vrai dire, si par le passé, tracer la frontière entre leur relation professionnelle et la belle entente indéniablement en train de se tisser entre eux n’aurait pu se faire sans une certaine zone de flou, rien n’était plus aussi simple. À présent, les règles avaient été bouleversées, pulvérisées, rendues désuètes, obsolètes à présent que des sentiments irrépressibles avaient fait leur apparition, ce qui aurait pu légitimement faire douter le Californien à propos de sa capacité à apporter le moindre soulagement à Ashford, d’autant plus qu’il ne connaissait pas l’étendue des dégâts, ni la raison exacte de l’isolement que s’imposait le New-Yorkais.

Oui, toutes ces raisons, Max aurait pu les avoir en tête, les reconnaître comme parfaitement valides, et même pourquoi pas les accepter, lui qui savait se montrer tellement terre-à-terre, et ce jusque dans les situations où n’importe quel être humain, contrairement à une machine, aurait été incapable de ne pas se laisser guider par son inconscient ainsi que par les élans sauvages de son cœur. Ç’aurait en un sens été, d’une certaine façon, ce qu’on aurait pu attendre de lui… S’il n’avait rien d’un héros flamboyant, paré d’une armure rutilante et juché sur un fier destrier immaculé, Hale, pourtant, n’hésita pas une seule seconde à répondre à la prière d’Olivia et à partir pour le numéro 77 de Cathedral Heights, sans même y réfléchir à deux fois.

À la vérité, et malgré la sensation d’avoir un esprit tournant au ralenti, comme embué par des nuits agitées qui n’avaient pourtant pas troublé ses nuits sans rêves, Maximilian sentait d’une manière absolument instinctive qu’il devait rejoindre Eric, et se tenir à ses côtés de la manière qu’il jugerait la plus profitable et la plus réconfortante possible. Cela ne semblait même pas relever de son choix, d’une volonté propre : les plus romantiques, ensorcelés par la magie de Noël, y auraient vu une sorte de miracle propre à cette période si particulière précédant la nouvelle année, ceux émaillant jusqu’à l’écœurement les téléfilms traditionnellement diffusés pour l’occasion ; pourtant, il n’y avait rien de bien fabuleux là-dedans. Maxim se trouvait simplement porté par l’intime sensation qu’il ne devait se trouver ailleurs qu’auprès d’Eric, en de telles circonstances. Cela ne relevait que de la pure évidence, sans décorum de romcom ou émoi exacerbé façon shōjo manga, de ces décisions qui se prenaient d’elles-mêmes sans vous forcer la main un seul instant, comme si pour une fois, le destin vous guidait dans une direction que vous n’aviez pas encore réalisé, si bien que se poser la moindre question ou seulement hésiter n’aurait eu aucun sens. Un héros de tragédie grecque aurait certainement été plus à même de saisir la nature de cette attraction qui l’avait mené jusqu’au seuil de son psychologue, jouet entre les mains des Dieux sentant peser sur lui une volonté extérieure contre laquelle toute lutte aurait été vaine, mais Max, lui, aurait simplement haussé les épaules avec un faible sourire : tout ça n’avait rien de théâtral, il accomplissait juste ce qu’il percevait être son devoir, et pas seulement ce qu’on attendait de lui, ou ce qu’il aurait été sensé faire si son esprit avait celui d’un homme comme les autres, au passé banal, à l’avenir tout tracé.

À vrai dire, lorsque son index pressa la sonnette, Hale n’avait rien perdu de sa quiétude. À vrai dire, à cause des conditions météo difficiles des derniers jours, il avait préféré se rendre à pieds jusqu’au domicile de son thérapeute, e ce n’était bien que l’exercice et la morsure du froid qui faisaient battre son cœur aussi vite, tout en rougissant ses joues et ses lèvres, touches de couleur sur sa peau si pâle, seulement percée par le bleu de ses yeux. Le critique avait réalisé avec un temps de retard qu’il n’avait même pas songé à apporter un cadeau, une bouteille de quoi que ce soit ou un plat fait main, comme c’était la tradition entre voisins ou amis en cas de coup dur ; ses pieds s’étaient juste mis en marche, et en à peine le temps de glisser son manteau sur ses épaules, de serrer son écharpe autour de son cou et de claquer la porte de chez lui à sa suite, qu’il s’était retrouvé là, à attendre qu’on lui ouvre, tel un soldat à bord d’une des barges du Débarquement, mais avec au cœur la sérénité du chirurgien sur le point de réaliser une opération à cœur ouvert. Max n’avait pas non plus prévu quoi dire, comme c’était son habitude –et surtout comme il se plaisait à le faire en présence du spécialiste-

Olivia n’avait pas menti : le visage qui apparut derrière le battant aurait fait tressaillir les amateurs de complots certains que si les Etats-Unis avaient mis en place un plan de gestion de crise en cas d’invasion zombie, c’était pour une bonne raison. Nul besoin d’être un expert ou un observateur chevronné pour sentir qu’Ashford se trouvait immensément loin du mieux de sa forme. Là où son patient n’avait connu qu’un accès aigu de désolation, son sauveur d’un soir semblait au contraire avoir été miné durant des jours, voire des semaines, par une démoralisation au long cours, clandestine, presque semblable au cancer qui fort malheureusement avait emporté la femme de sa vie. La secrète résolution de Maximilian d’être là pour lui, malgré cette impression persistante de ne plus pouvoir influer sur le cours des choses, n’en fut que plus confortée, piquée par un aiguillon d’inquiétude, première véritable sensation depuis des jours.

Ils ne s’étaient pas revus depuis qu’Eric avait veillé sur lui après sa crise de panique, et à vrai dire, le Californien n’aurait même pas été sûr que lui souhaiter par texto un joyeux Noël aurait été approprié après ce qui s’était passé, à l’image d’un ado incapable de déterminer quelle était la meilleure marche à suivre pour aller saluer l’élue de son cœur. Cependant, là encore, c’étant sans appréhension, pour une fois, une très rare fois, que Maxim laissait à l’improvisation le privilège de le guider, de choisir pour lui des mots qu’il choisissait d’ordinaire avec tant de soin et de précautions.

-Salut…

Placidité ne signifiait pas assurance, et si son souffle n’était pas retenu, il glissait cependant de ses lippes sans trop savoir où aller, alors qu’il sautait pour ainsi dire sans filet. Un léger sourire bienveillant vint pourtant flotter sur son visage : le sentiment de sécurité que Max éprouvait en sa présence ne s’était en rien étiolé, même loin de lui.

-Olivia m’a contacté… Et je me suis dit que je pourrais passer. Je peux entrer… ?

Parfois, les choses se révélaient terriblement simples, une fois dépourvues de leurs atours, et livrées dans leur plus simple appareil, tous deux l’avaient redécouvert récemment ; et pourtant, mêmes les choses les plus simples n’avaient pas toujours vocation, même envers des êtres méritants et purs, à trouver pour eux la lumière au plus noir de la nuit.






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Citation : Shauna Niequist
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MessageSujet: Re: amour amer | Eric   amour amer | Eric EmptyMer 24 Jan - 19:45

Amour amer
Maximilian & Eric
La fin d’année était une période difficile pour moi depuis quelques années. Cela faisait quatre ans aujourd’hui. Quatre ans que Chloé était partie, emportée par la maladie. Chaque année, c’était la même chose, je réduisais drastiquement mon nombre de rendez-vous en novembre pour finalement rester cloîtré chez moi tout le mois de décembre. Mes patients commençaient à prendre l’habitude pensant sans doute que j’avais besoin de temps pour préparer les fêtes de fin d’année ou que je retournais à New York pour rejoindre ma famille. Alors ils patientaient pour me retrouver en janvier, pour la plupart. Pour les cas les plus désespérés, un confrère de confiance prenait le relais pour cette fin d’année. Le chagrin et la peine me submergeaient tellement en cette période, qu’il m’était impossible de rester concentré pour écouter les problèmes des autres. Je n’en avais plus la force. La douleur était vive mais elle l’était encore plus quand le jour fatidique approchait. Comme tous les ans, je n’avais pas eu le cœur de fêter Noël malgré les insistances d’Olivia. Elle était quand même passée me voir le 25 décembre pour passer un peu de temps avec moi, mais rien ne changeait réellement mon humeur. Elle parvenait à me changer les idées l’espace de quelques heures, mais dès qu’elle rentrait chez elle, mon enfer reprenait. Je n’avais plus aucune joie de vivre, elle s’était dissipée au fur et à mesure que la date de sa disparition approchait. Nous traînions tous un fardeau, tel était le mien.

Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit, bien évidemment, trop de souvenirs inondaient mon esprit. J’avais passé la nuit allongé sur mon lit à regarder le plafond d’un air vide jusqu’à ce que la fatigue me submerge. Je n’avais pas dormi longtemps, quelques heures tout au plus. Et ces quelques heures de sommeil avaient été remplies de cauchemars, tous plus horribles les uns que les autres. A chaque fois Chloé y apparaissait pour finalement disparaître dans d’atroces souffrances. Un calvaire. Je finissais toujours par me réveiller en sursaut, le souffle court. Au petit matin, j’avais passé près d’une heure à pleurer sans m’arrêter. A pleurer toutes les larmes de mon corps, encore et encore jusqu’à l’épuisement. J’allais passer une mauvaise journée, j’en avais conscience depuis plus d’un mois. J’étais sorti du lit tel un zombie sans même prendre la peine de m’habiller, à quoi bon ? Je pouvais très bien rester avec mon pantalon de pyjama et mon t-shirt, je ne comptais recevoir aucune visite aujourd’hui. Je ne voulais voir personne. Je récupérais quand même ma robe de chambre parce que j’avais froid.

En arrivant dans le salon, la première chose que je fis fut de débrancher mon téléphone fixe. Mon téléphone portable était déjà éteint depuis plusieurs jours et je ne comptais pas le rallumer de sitôt. Tous les volets allaient également rester fermés parce que je ne voulais pas que la lumière entre dans la pièce. Aujourd’hui était un jour spécial. Un jour où j’allais me morfondre et ressasser cette douleur violente. J’avais prévu le coup et acheté un stock de bouteilles assez conséquent. Je ne savais pas quelle heure il était, en ce jour funeste, je perdais toujours toute notion du temps. Après tout, cela n’avait pas d’importance. Récupérant mon paquet de cigarettes sur la table basse devant le canapé, j’en glissais une entre mes lèvres et l’allumais avec mon briquet. Je reposais le tout où je les avais trouvés et j’allais chercher plusieurs de mes bouteilles – principalement du whisky – que je posais sur cette même table. Le tout accompagné d’un verre. Il ne me manquait plus qu’une chose. Les vidéos. A l’époque, Chloé avait une caméra et elle adorait tout filmer, que ce soit notre quotidien ou tout autre évènement. Tous ces films avait été copiés sur des DVD et chaque année, je les regardais toute la journée, pour ne jamais oublier à quel point elle était une femme extraordinaire. J’avais déjà préparé les CD, il ne me restait plus qu’à allumer la télé, les mettre en route et me vautrer dans mon canapé pour les visionner.

La revoir à l’écran me fit d’abord un bien fou et il m’arrivait de sourire. Mais à mesure que la première bouteille se vidait, la peine s’alourdissait et des larmes affluèrent de nouveau. Elle me manquait tellement. Fêter Noël avec elle avait toujours été une immense joie parce que c’était sa fête préférée. Elle avait toujours des étoiles plein les yeux quand elle décorait la maison et qu’elle s’occupait du sapin. J’adorais la voir s’affairer à tout ça. Elle rendait cette fête magique. Mais depuis qu’elle n’était plus là, cela n’avait plus la même saveur. Je ne décorais même plus et aucun sapin ne franchissait le seuil de ma porte. Cette fête était devenue celle que je détestais le plus. Elle n’avait plus aucun intérêt à mes yeux. Les images défilaient et à présent je revivais la surprise qu’elle m’avait faite à l’un de mes anniversaires. Elle avait invité quelques amis, ils s’étaient cachés dans la maison pour attendre que je rentre et me faire la surprise. C’était le bon temps et à cette époque, j’étais à mille lieux de m’imaginer quel drame j’allais vivre. Chloé avait toujours eu cette joie de vivre communicative. Elle avait été mon rayon de soleil et son sourire ne l’avait quitté que rarement. Même à la fin.

En voulant de nouveau remplir mon verre, je constatais que l’une des bouteilles était déjà vide et que j’en avais entamé une seconde. N’ayant rien mangé de la journée l’alcool faisait son petit effet et cela jouait sur mon humeur. J’avais tendance à avoir l’alcool mauvais, surtout dans un moment pareil. J’étais plus direct que d’habitude, plus tranchant également et je laissais tomber toutes mes barrières et mes retenues habituelles. Je ne savais pas quelle heure il était et je m’en fichais royalement. Nouvelle cigarette entre les lèvres, des images d’un moment de complicité entre Chloé et moi étaient diffusées à la télé. Elle me filmait en train de faire la cuisine et ne cessait de me taquiner sur mes talents culinaires. Je me souvenais de ce moment, j’avais décidé de tenter un nouveau plat. C’est à ce moment que la sonnette de ma porte d’entrée se fit entendre. Je soupirais fortement, hésitant à me lever pour aller ouvrir. Je n’attendais personne et surtout, je ne voulais voir personne. Je n’étais pas vraiment d’humeur à côtoyer n’importe quel individu que ce soit… Si je ne répondais pas, il ou elle allait finir par partir, non ? Peut-être même que l’effet serait plus radical si j’allais ouvrir. J’avais conscience que j’avais une tête à faire peur et que je n’étais pas en état de recevoir qui que ce soit. Alors ça ferait sans doute fuir mon visiteur. Fermant les yeux quelques secondes, je décidais finalement de me lever. Cigarette coincée entre les lèvres, je me redressais en attrapant mon verre au passage. J’avais la tête qui tournait effroyablement et je dus lutter pour garder un certain équilibre. Je savais que j’avais beaucoup bu aujourd’hui, sans rien avaler d’autre, mais je ne comptais pas m’arrêter pour autant.

Je me dirigeais tant bien que mal vers ma porte d’entrée en titubant et je posais mon verre sur un coin de meuble près de la porte. Je l’entendis se fracasser par terre quelques secondes après. Oups, j’avais dû le poser trop près du bord. Tant pis. J’ouvris la porte et m’y accrochais pour garder un certain équilibre. Je fronçais les sourcils dès que je reconnus la silhouette qui me faisait face. Qu’est-ce qu’il me voulait ? Ce n’était pas le moment de venir réclamer une consultation. Maximilian me salua, mais je restais silencieux. J’avais l’impression que cela faisait une éternité que je ne l’avais pas vu. Depuis ce fameux jour où il avait fait sa crise de panique et où les choses avaient légèrement dérapé. A vrai dire, je l’avais revu quelques temps après. Je l’avais aperçu dans un restaurant, en compagnie d’une femme. J’en étais rapidement venu à la conclusion qu’il avait quelqu’un dans sa vie et cela m’avait irrémédiablement blessé. Sans réellement comprendre pourquoi. J’en avais eu comme un pincement au cœur, une sorte de déception et cela n'avait rien arrangé à mon état de dépression avancée. Enfin bref. Je n’étais pas vraiment d’humeur ni en état pour lui faire la conversation. Il assura que ma nièce l’avait contacté et il avait décidé de passer me voir. Super, quelle délicate attention. Mais depuis quand Olivia était en contact avec lui ? Qu’est-ce qu’elle lui avait raconté encore ? Je restais silencieux de longues minutes, le temps de réfléchir à tout ça. Et autant dire qu’avec autant d’alcool dans le sang, l’information peinait à atteindre le cerveau. Je passais une main dans mes cheveux en grimaçant. Je n’avais pas spécialement envie de le faire entrer, mais il allait me harceler, non ? J’attrapais ma cigarette entre mes doigts pour pouvoir articuler. « Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? » Est-ce qu’elle lui avait raconté toute l’histoire ou est-ce qu’elle avait juste survolé ? « Je ne suis pas vraiment en état de recevoir qui que ce soit. » Autant être franc, puis de toute façon, il devait bien le voir. Le froid commençait à se faire sentir et je n’étais pas beaucoup vêtu. Après un long frisson, je haussais finalement les épaules. « Mais bon… Fais ce que tu veux… » Je lâchais la porte pour retourner tant bien que mal vers mon salon. « Au point où j’en suis… » Lançais-je plus pour moi-même que pour quiconque. « Fais gaffe, y’a du verre par terre. » Oui, j’avais fait tomber mon verre, mieux valait le prévenir avant qu’il ne marche dedans et se blesse. Même si je doutais que ça traverse ses chaussures. Arrivé dans mon salon, je me laissais tomber dans mon canapé et me penchais vers la table basse pour attraper ma bouteille. Je n’avais plus de verre, mais ce n’était pas un problème, j’allais faire sans. Les yeux rivés sur l’écran de la télévision où Chloé et moi goûtions le nouveau plat que j’avais préparé, je bus une nouvelle gorgée. « Tu perds ton temps. Je ne vais pas être de bonne compagnie aujourd’hui, je te préviens tout de suite. » J’étais de mauvaise humeur et bourré de surcroît, mieux valait qu’il le sache d’entrée de jeu. Avec un peu de chance, il rentrerait rapidement chez lui après avoir constaté à quel point son psy était au fond du trou et misérable.

crackle bones
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Maximilian Hale
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MessageSujet: Re: amour amer | Eric   amour amer | Eric EmptySam 22 Sep - 22:02


amour amer | Eric 180922092815648940 amour amer | Eric 180922092816472474
With or without you
Do what your heart says. The heart alone
is the truth, the rest is an illusion.




Même si toutes les personnes ayant subi un traumatisme ne cherchaient pas forcément à porter atteinte à leur intégrité physique par la suite, il demeurait assez exceptionnel que Maximilian, avec tout ce qui lui était arrivé, n’ait jamais cherché à mettre fin à ses jours. Lorsque l’on connaissait les crises de mélancolie profondes auxquelles il était sujet, ainsi que la violence de celles-ci, la plus fameuse en date n’étant autre que celle l’ayant précipité à même le trottoir d’où Eric l’avais sauvé, l’on était en droit de s’en étonner. Après tout, tout ce qui lui restait de famille gisait dans le néant, cendres répandues aux quatre vents sur une plage du Maryland, et plus les mois passaient, plus il s’éloignait de la famille Eriksen, encore rongé par l’accident malgré les pas de géant réalisés en thérapie avec son psy –du moins hors séance… Le plus logique pour arrêter définitivement de souffrir et le plus rapide pour rejoindre les êtres chers manquant à l’appel restait clairement de se donner la mort.

Si sa vie actuelle à Washington lui tenait suffisamment à cœur pour ne pas sauter le pas et se supprimer, à la manière d’un minimum vital constituant le dernier lien le retenant à la rive, il n’en gagnait pas moins une certaine désinhibition : pas de saute en parachute, de sport extrême ou de conduite excessivement rapide, mais là où des personnes aussi bien élevées et discrètes que lui n’auraient pas insisté, le Californien ne se laissa pas impressionner par la mauvaise mine de son hôte, et encore moins par ses manières bien plus rustres qu’à l’accoutumée. Eric serait son petit suicide personnel, et ce serait sans peur ni scrupules que son patient refuserait de faire marche arrière, quelle que fût la force de la tempête qu’il aurait à surmonter. Il y avait bien quelque chose d’autodestructeur dans son idée fixe qui consistait à aider Ashford coûte que coûte : sa marotte, quoi qu’on-ne-pouvait-plus altruiste, pouvait une fois poussée trop loin lui valoir les foudres d’Eric au pont auquel ce dernier ne verrait même plus que tout ceci naissait d’un bon sentiment, pour ne plus assimiler Max qu’à un irritant gêneur, aussi collant, inutile et énervant qu’un chewing-gum collé à sa semelle. De là, facile d’imaginer la suite en donnant dans le pire, avec un psychologue poussé à bout au point de se braquer, de ne plus supporter la présence de Maxim et de refuser de lui adresser à nouveau la parole… L’hypothèse n’était pas si délirante que ça, même de la part de quelqu’un d’équilibré et de bienveillant de la trempe du spécialiste, tant tout à chacun réagissait différemment –et parfois violemment- lorsque son espace vital se retrouvait envahi, ses limites franchies sans ménagement. Le discernement, dans de telles situations, ne parvenait pas toujours à aider à faire la part des choses, pour mieux encourager à ravaler sa colère et à préférer la tempérance, aussi déplaisante fût-elle ; pourtant, Max ne voyait d’autre option que de braver le feu des remontrances de son interlocuteur, quitte à miser gros et à réussir à veiller sur lui contre son gré, quitte à définitivement déchirer le fragile lien les unissant au-delà de la sphère professionnelle. Le voire prendre ses distances aurait été une perte immense, que pourtant le critique se tenait prêt à endosser, car l’accident lui avait bien appris ceci : à moins que la mort ne vous fauche en bonne et due forme, la vie continuait, bon gré mal gré, et tel Sisyphe poussant inlassablement son rocher jusqu’au sommet inatteignable d’une colline des Enfers, vous n’aviez d’autre choix que de suivre le mouvement. À défaut de le laisser seul comme il le souhaitait, Hale respecterait son souhait de ne plus croiser sa route, se contentant de la petite victoire qu’il comptait bien arracher ce soir-là, lui qui se sentait pousser des ailes de tête brûlée n'ayant plus rien à perdre.

-Elle m’a simplement prévenu, répondit Max sans en dire plus, afin de ne pas attirer sur Olivia les remontrances de son oncle, qu’il essuierait en tant que seul coupable avec le stoïcisme d’un marin pris dans un coup de mer. Je voulais passer prendre de tes nouvelles, et m’assurer que tu ailles mieux.

Au vu de ses premières observations, pas de doute là-dessus, il y avait du pain sur la planche avant de parvenir à un résultat satisfaisant, si bien que son indélicatesse ne s’en trouvait que plus justifiée. Avec le calme et le sens de l’organisation qu’on lui connaissait, Max comptait bien mettre au service du rétablissement de son ami ses talents d’homme méthodiquement efficace… Si tant était qu’Eric lui laisse franchir le seuil de sa maison. Ce détail, qui pouvait sembler anodin, constituait déjà lui seul le premier écueil que devrait dépasser le nouveau venu, seulement armé de sa résolution et de sa maîtrise de la négociation, car face à une porte hermétiquement close, il ne pourrait pas faire grand-chose pour tenter de soulager le mal-être d’Ashford.

Ce fut donc avec un soulagement placidement dissimulé que le Californien vit le suspense prendre fin, avec l’obtention d’un « laisser passer » que rien n’avait laissé présager comme acquis. Au moins, il n’aurait pas à se creuser la tête pour trouver comment attirer l’attention de son thérapeute depuis l’extérieur, au risque d’être dénoncé à la police par les voisins de ce dernier l’ayant pris pour un rodeur en repérage… Ou pire, se laisser tenter par l’idée de partir en quête d’une porte non verrouillée, d’un moyen de grimper jusqu’à une fenêtre mal fermée ou d’une clé de secours cachée sous un pot de fleurs. Si coincé dehors, il pouvait encore essayer de faire entendre raison au malheureux enivré, depuis une cellule du commissariat, ç’aurait été mission impossible, même pour quelqu’un d’aussi motivé que Maxim.

Ne se le faisant pas répéter deux fois, celui-ci emboita le pas à son hôte, le remerciant d’un signe de tête avant de repousser le battant derrière lui. A peine entré, l’odeur de renfermé et d’alcool vint lui piquer les narines, signe corroborant le peu que lui avait expliqué Livie par textos concernant la triste période de fin d’année que traversait tous les ans son oncle : des journées entières cloitrées chez lui, sans donner signe de vie ou presque, en tête à tête avec l’unique médicament apaisant son chagrin. Son cœur se serra à l’idée qu’une personne aussi bienveillante et dévouée aux autres que son psychologue puisse connaître pareils tourments ; puisque la vie n’avait définitivement aucun sens de la justice, il devenait nécessaire qu’une bonne âme prenne les choses en main et tente de contrecarrer le mauvais sort, mission pour laquelle Maximilian se sentait plus que prédisposé, compte-tenu de son passé, du fardeau qu’il portait encore tout comme Eric, mais surtout et avant tout au nom de l’aide salvatrice que le spécialiste lui avait apportée sans rien attendre en retour.

Le critique évita les bris de verre au dernier moment, grâce à la mise en garde de son guide en cette antre de pénombre et de douleur, il nota intérieurement de s’occuper de ces vestiges tranchant quand il aurait un moment, moins par goût pour l’ordre que pour éviter tout accident, tout en déchargeant sn hôte d’une corvée. Ce ne serait pas grand-chose, mais l’océan n’était-il pas constitué d’une multitude de gouttes d’eau ? Et c’était bien par de petits riens, empilés discrètement les uns sur les autres, que Max comptait le soutenir dans son épreuve.

Naturellement mesuré, Max savait se faire tout petit, à la manière d’un chat ou d’un fantôme, prenant ainsi peu de place au point parfois de risquer de disparaître, comme le lui rappelait si souvent, et avec tant de gentillesse, la mère de Noäm. Face à la colère sourde du New-Yorkais, à peine voilée par une lassitude démoralisée, oser par petites touches lui semblait le meilleur moyen de parvenir à ne pas se faire mettre dehors manu militari. Sa ligne de conduite ne différait au fond pas tant que cela de celle du charmeur de serpent, ou encore du preux aventurier s’aventurant précautionneusement dans la tanière d’un dragon endormi, à la recherche d’un trésor perdu du fond des âges… Le Eric souriant et tellement lumineux qui lui avait permis de sortir la tête de l’eau pour la première fois depuis bien longtemps existait encore, là, sous toute ce désespoir et cette acrimonie, Max en demeurait persuadé ; il suffisait -quoi que ce fût évidemment plus facile à dire qu’à faire- de se montrer patient et de doucement lui faire déposer les armes, comme le psychologue avait réussi à y parvenir avec lui.
Il emboîta silencieusement le pas à Ashford, sans pour autant pénétrer dans le salon à sa suite : l’épaule appuyée contre le chambranle de la porte, il ne pouvait voir les images sur l’écran de la télévision, ne les percevant que par le ballet de lumières, d’ombres et de couleurs qui dansaient sur le visage lugubre de son cher ami, dont la pâleur ainsi que les traits tirés ne semblaient que plus cadavériques sous cet éclairage artificiel.

-Ce n’est pas pour moi que je suis là, Eric. Quand j’étais au plus mal, tu as refusé de me laisser tomber, et pourtant, Dieu sait que je te l’ai demandé au moins un milliard de fois…

A l’évocation de ce souvenir, Maximilian ne put retenir un léger et tendre sourire de se tracer sur ses lèvres : sacrée nuit que celle qu’ils avaient vécue, aussi certainement que ces instants passés à son chevet rompraient, comme tant de leurs moments à deux, avec toute forme de normalité comme on la définissait communément.

-J’aimerais vraiment te rendre la pareille. Et pas pour m’affranchir de ma dette ; pas seulement.

Bien malin ceux qui auraient exactement pu expliquer quelle était la nature des sentiments le Californien à refuser qu’il passe une seule seconde de plus à s’automutiler pour mieux exorciser son amour perdu, Maxim lui-même n’aurait pas réussi à le dire, mais cela n’importait aucunement, pas quand la santé de son vis-à-vis se trouvait dans la balance. Du flou émergeait peu à peu des formes connues, quoi que du chemin restât encore à parcourir avant que l’évidence ne les frappe telle un éclair. Cette rencontre serait-elle l’occasion de faire bouger les lignes, de réaliser l’indiscutable ? Nul n’aurait pu en jurer, bien qu’indéniablement, la présence de l’héritier s’expliquait pour une bonne partie par sa loyauté envers celui qui l’avait épaulé, et par un sens du devoir tout à son honneur.

-… Est-ce que je peux m’asseoir... ? demanda ce dernier en indiquant du menton une des extrémités libres du canapé où Ashford s’était réfugié dans une posture de fausse décontraction.

Le critique avait beau briser certaines règles en s’imposant chez lui sans prévenir, le brusquer ou prendre des libertés mal venues n’entraient nullement dans sa conception d’une aide désintéressée apportée à une âme en peine.






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MessageSujet: Re: amour amer | Eric   amour amer | Eric EmptySam 3 Nov - 15:06

Amour amer
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La situation était assez ironique quand on y réfléchissait bien. Le psychologue dans la tourmente. Moi qui d’ordinaire aidais les autres à avancer dans la vie, à accepter leurs problèmes, à y faire face pour mener une vie plus sereine, j’étais moi-même rongé par mes démons. Je savais ce que beaucoup traversait parce que j’étais dans le même cas. L’ironie de la situation était palpable puisque je ne suivais même pas mes propres conseils. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Le psychologue qui a besoin d’un psy. Le cordonnier est toujours le plus mal chaussé. Mais c’était ainsi et borné comme je l’étais, je n’acceptais aucune aide extérieure. Ma famille avait tenté de m’aider au début. Livie et Hope continuaient chaque année, inlassablement. Mais je ne voulais pas de leur aide. Je ne voulais pas qu’elles se sentent mal à cause de moi. Je ne voulais pas partager ma peine parce qu’elle m’appartenait. Je préférais rester seul, cloitré chez moi à me remémorer les bons moments du passé avec Chloé pour que jamais ses souvenirs ne s’estompent. Je ne voulais pas qu’elle quitte ma vie et ma tête. Elle ne méritait pas d’être oubliée aussi rapidement alors qu’elle avait marqué ma vie de son empreinte indélébile. Je me devais de lui rendre hommage, chaque année, à ma manière. Même si cela devait me consumer à petit feu à chaque fois.

Trouver Maximilian, mon patient, sur la pas de ma porte m’avait étonné. Qu’est-ce qu’il foutait là ? Ce n’était clairement pas le jour ni le moment pour demander une consultation ou pour me parler de ses problèmes. J’étais en congés et j’étais chez moi. Je le trouvais intrusif mais en même temps, j’étais presque satisfait de l’avoir en face de moi. Dans une certaine mesure. Je ne saurais comment l’expliquer. Dans tous les cas, je n’avais pas la force de parlementer avec lui pour le renvoyer chez lui. Il avait visiblement été missionné par ma nièce et connaissant le tempérament et l’entêtement de cette dernière, elle allait rappliquer si je passais la journée seul. Or, je ne voulais pas lui faire subir mon attitude une nouvelle fois. Elle m’avait déjà tenu compagnie toute la journée l’année dernière. Je ne voulais pas lui imposer ça aujourd’hui. Même si pourrir la journée de quelqu’un ne me plaisait pas, je n’avais pas envie de me battre pour rejeter Max. Je n’avais pas envie de me battre contre qui que ce soit aujourd’hui. « Il faut toujours qu’elle alerte le monde entier… » Je soupirais et haussais un sourcil en écoutant la suite de ses paroles. « Verdict ? » Les nouvelles ne devaient pas être bonnes et on ne pouvait pas affirmer que je me portais bien. Même un aveugle pouvait le dire. S’il souhaitait inverser les rôles en ce jour, grand bien lui fasse mais je n’allais pas être un patient très coopératif. L’alcool ne m’aidait absolument pas à me montrer aussi sympathique et avenant que d’habitude. Bien au contraire même.

Je ne savais pas trop à quoi il s’attendait mais il n’allait pas être déçu du voyage. Je le laissais entrer dans mon antre, ne prêtant pas attention à son bien-être. Je ne serais pas un hôte respectable aujourd’hui. Il allait devoir se démerder par lui-même. Je n’étais pas apte à recevoir qui que ce soit, il allait rapidement s’en rendre compte. Je retournais dans mon canapé en me laissant tomber dedans et je bus de nouvelles gorgées à même la bouteille, ma nouvelle meilleure amie en ces temps lugubres et désespérés. Mon attention fut de nouveau accaparée par la télévision alors que la voix légèrement lointaine de Maximilian me parvint aux oreilles. « Je n’ai fait que mon boulot. » Tranchants, ces mots étaient sortis de ma bouche sans que je ne les contrôle. Je ne le pensais pas, depuis le premier jour où Hale s’était assis dans le canapé de mon cabinet, j’avais eu envie de lui venir en aide. Au fil de nos séances, cette envie s’était ancrée en moi et j’en étais presque arrivé à un défi personnel que je devais relever. Cette fois où il m’avait appelé en pleine nuit, je n’avais pas réfléchi une seule seconde avant de sauter dans ma voiture pour lui venir en aide. C’était viscéral. Alors non, je n’avais pas fait que mon travail. J’avais agi en tant que proche, qu’ami ce jour là. Mais aujourd’hui, je n’étais pas d’humeur à parler avec mon cœur. Mon désespoir et l’alcool parlaient pour moi. J’espérais, au fond de moi, qu’il soit capable de lire entre les lignes. Sinon, il risquait de m’abandonner à mon triste sort aussi vite qu’il était entré. « Tu ne me dois rien. Je suis même certain que tu avais mieux à faire de ta journée que de perdre ton temps ici avec moi. » Notamment passer du temps avec sa copine. Cette jolie femme avec qui je l’avais aperçu dans ce restaurant l’autre jour. Comment pouvait-il négliger ses proches pour son psychologue pathétique ?

Max, en type aussi bien élevé qu’il l’était demanda s’il pouvait s’asseoir. Avait-il réellement besoin de mon autorisation ? Décidant enfin à lui accorder mon attention, je tournais la tête vers lui. « Fais ce que tu veux. Mais tu perds ton temps. Si ça te fait plaisir de gâcher ton temps avec un ivrogne exécrable au trente sixième dessous, grand bien t’en fasse mais je te le répète, tu ne me dois rien. Et je peux te garantir que rester ici n’aura rien d’une partie de plaisir. Je me connais, je sais comment je suis dans cette situation et tu vas regretter d’avoir franchi le seuil de ma porte. Tu vas me détester parce que je ne vais pas peser mes mots, ils vont sans cesse dépasser ma pensée et tu ne sauras plus distinguer le vrai du faux. Je t’aurais prévenu. » Je préférais le mettre en garde parce que je l’aimais bien malgré tout. Je ne voulais pas descendre dans son estime même si c’était déjà foutu d’avance. Si lui ne regrettait pas encore d’être là, je regrettais déjà moi-même de l’avoir laissé entrer. Je bus une nouvelle gorgée et reportais mon attention sur les images que diffusait la télévision, replongeant dans ma mélancolie. « Tu devrais plutôt t’occuper de ta copine au lieu de perdre ton temps avec moi. » Sans que je ne le contrôle, ma mâchoire s’était serrée en prononçant ces mots. « Parce que chaque moment passé avec elle est précieux et peut s’envoler en un claquement de doigts. » J’en savais quelque chose… Pour mon plus grand malheur.

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MessageSujet: Re: amour amer | Eric   amour amer | Eric EmptyDim 11 Nov - 0:16


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There are four things in this life that will change you. Love, music, art, and loss. The first
three will keep you wild and full of passion. May you allow the last to make you brave.




« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c'est la présence des absents, dans la mémoire des vivants. »




Eric ne pouvait pas vraiment s’en douter, mais Maximilian constituait sans grand doute possible une des personnes les plus à même de comprendre ce qu’il traversait. Il fallait avouer qu’avec un patient mutique ou presque, même en développant une certaine intimité avec lui, ce n’était pas forcément évident de s’en rendre pleinement compte : Max, malgré leurs grandes avancées, n’en demeurait pas moins toujours peu loquace sur son propre chemin de croix. Malgré ses talents d’analyse et de déduction affutés, le psychologue n’en était pas pour autant devin, ni télépathe… Ce qui compliquait la tâche à son visiteur impromptu, contre toute attente. Inutile de se montrer naïf, les fameux poncifs du genre tels que « je comprends ce que tu ressens » ou encore « moi aussi je suis passé par là » ne seraient d’aucune aide, puisque le Californien n’avait pas eu le courage de se confier suffisamment pour que de telles affirmations puissent sonner autrement que creux.

Pourtant, il n’y aurait pas eu plus vrai ! Le peu qui les séparait, à part ce vide si artificiel, et la rancœur de son hôte construite sur les sables mouvants d’un malentendu, se résumait pour ainsi dire à leur manière de gérer leur deuil, et à vrai dire, le critique n’était pas certain que la sienne fût meilleure ou seulement moins dommageable. Lui, au moins, laissait éclater sa souffrance comme autant de gerbes d’étincelles, quand bien même cela ne fût que l’espace d’une journée de deuil flamboyant ; à l’inverse, son protégé semblait intérioriser bien plus ses tourments, qui devenaient acides et non brûlants, un marasme corrosif stagnant au creux de ses entrailles plutôt qu’un ressentiment aveugle frappant innocents comme coupables au hasard. C’était admirable, en un sens, cette capacité qu’il avait de parvenir à crever l’abcès inlassablement, comme pour se ménager une soupape de sécurité, une éruption séculaire pour un volcan en sommeil qui permettait d’éviter la catastrophe… Loin de le considérer avec la pitié paternaliste des sains d’esprit au chevet d’un aliéné, Hale l’admirait, de cette façon déroutante et légèrement vertigineuse affiliée par les liens du sang à des mystères tels que le syndrome de Stockholm, ou la fascination pour la danse de la flamme d’une bougie. Lui-même se savait incapable de s’abandonner à pareille explosion, tétanisé intérieurement à l’idée de ne pas y survivre : du courage, Eric en déployait pour rassembler les pièces éparses de sa psyché en loques, mais également pour laisser s’exprimer ses propres mots, au risque de déplaire ou de blesser. Quelle chance n’avait pas sa défunte bien-aimée, du fond de sa tombe, de se connaître un preux chevalier capable de laisser éclater l’orage grondant en lui en son nom, plutôt que de se laisser dévorer de l’intérieur… Son corps tenait lieu de porte-voix à sa douleur quand celui de Maximilian se résumait à un mausolée hermétiquement clos. Sa camisole de force, Maxim la voyait comme une croix bien moins honorable à porter, car il n’existait que bien peu de chances qu’elle l’aide –au mieux serait-elle un cache-misère jusqu’à la fin de ses jours. L’alcool avec lequel le thérapeute s’abrutissait n’était au fond que la clé déliant les lèvres de sa peine, un sésame qui échappait au Californien, que ce dernier n’aurait sans doute même pas voulu bénéficier.

Son silence condamnait l’apprenti sauveur à garder pour lui l’expression malhabile de cette étrange révérence, un mal pour un bien puisque cela lui évitait d’implicitement se traiter d’hypocrite et de faire l’apologie d’une sincérité exacerbée qu’il ne parvenait pas à appliquer. Tout comme Eric, il serait arrivé à la conclusion que l’être humain se trouvait fort talentueux en matière de bons conseils t de grandes théories, mais beaucoup moins concernant la mise à l’épreuve desdits préceptes…

-Tu tiens encore sur tes deux pieds, remarqua simplement Hale, tout en se demandant bien si Olivia serait à la hauteur de cette fière chandelle qu’il lui rendait en couvrant ses indiscrétions. … Tant qu’il y a de la vie, il y de l’espoir, il paraît.

Cela ressemblait presque au début d’une blague douteuse, que cette rencontre de deux morts-vivants réunis autour de la vaste question de la définition d’un état de déchéance acceptable ; néanmoins, deux moitiés de mortels ne se complétaient-ils pas à la manière de deux moitiés d’orange, formant ainsi un être humain en quasi état de marche ?

Un excellent moyen pour garder la tête sur les épaules et les idées aussi claires que possibles restait de demeurer amarré aux faits et aux simples faits, rassurants ports d’attache loin des turpitudes des introspections. Max se concentra ainsi sur la nouvelle autorisation que lui donnait Ashford, pareille à une lettre de marque obtenue d la part d’un capricieux et tout-puissant monarque. Le ton cassant de son hôte ne lui avait pas échappé, pas plus que les petites entailles que celles-ci avaient causé à sa carapace devenue malléable comme à chaque fois que le spécialiste entrait dans l’équation ; se concentrer sur le nombre de pas le menant au sofa, sur la couleur de ce dernier et sur son moelleux une fois qu’il y eût pris place l’aida à se cramponner à la fragile certitude de ne pas être en passe d’aggraver le mal au lieu de l’apaiser. Le visage angéliquement rayonnant de Cholé, sur l’écran de la télévision, bientôt rejoint par celui d’un Eric comme Hale ne l’avait encore jamais vu, le frappa de plein fouet à la manière de l’explosion d’une grenade anti-personnel : oui, indéniablement, c’était bien elle, la jeune femme atteinte d’un cancer qu’il avait brièvement côtoyée à l’hôpital de la ville, alors que lui-même y subissait des examens de contrôle. Malgré les années ayant filé, il en était certain, à en mettre la tête sur le billot et à en jurer, plus encore qu’en tombant par hasard sur sa photo en cherchant de la lecture dans la bibliothèque du maître des lieux. L’épanouie amoureuse formait un trait d’union entre sa visite impromptue et cette sinistre soirée, alors que ces deux moments paraissaient ne pas appartenir au même espace-temps tant ils se trouvaient diamétralement opposés, au point-même de lui donner l’impression de ne pas se trouver dans la même maison, la même pièce.

Décontenancé, le Californien mit une seconde de trop à tiquer quant aux propos de son psy, trop absorbé dans la contemplation du poste, comme une biche hypnotisée par les phares d’une voiture.

-… Ma copine ? … Je n’ai pas de copine, corrigea-t-il en fronçant les sourcils. Tu le sais bien.

Il s’était noté, dans son formulaire d’inscription à leurs séances, comme célibataire ; par ailleurs, il faisait partie de ces personnes qui considéraient l’absence de toute petite amie –ou petit ami- comme évidente, vu qu’il n’avait jamais, au détour d’une conversation anodine, glissé un « selon ma copine » ou « comme  ma copine l’a fait », et autres indices clairs concernant sa vie privée. Max sait les repérer chez les autres, sans mot dire mais en en tirant les conclusions qui s’imposaient, comment un professionnel comme Eric, rompu à ce genre d’exercice, aurait-il pu ne pas le saisir ?

Bien évidemment, il aurait pu finir par laisser son imagination flirter avec la paranoïa et s’imaginer que quelque chose ou quelqu’un avait mis en tête à son vis-à-vis ce parti pris saugrenu, mettant ainsi dans le mille sans le savoir, mais l’attraction des images demeurait la plus forte, au point d’emplir son esprit et de puissamment le sidérer.

Ainsi, c’était donc à cela que ressemblait le bonheur, son bonheur, une équation simple dans laquelle il n’avait pas sa place. Cette vérité, qui n’avait nullement sa place dans le contexte actuelle, le frappa par sa crudité ainsi que par sa bizarrerie malséante. Le critique sentait confusément que c’était cette vie rendue virtuelle à travers les pixels de l’écran plat dont son ami avait besoin, de cette merveilleuse femme désormais résumée à des éclats de rire condamnés à se répéter pour l’éternité sur un enregistrement. Lui-même, différent en tout point, ne serait jamais capable de lui apporter ça, de dessiner sur son visage une telle euphorie, où l’on ne songeait qu’à l’instant présent et jamais aux lendemains, et cette vérité qu’il n’avait ni demandée ni soupçonnée lui fendit le cœur inexplicablement.

-Mon temps, mon choix, argua simplement Max, laconique quoi que parfaitement dans son bon droit.

Toute cette joie évaporée. Tous ces rêves, ces sottes envies secrètes que son inconscient voyait partir en fumée, donnant naissance à une vague tristesse, tellement inconvenante au regard du désespoir de ce cher et idéal Eric.

Lorsque Maxim reprit la parole, ce fut d’une voix blanche, toujours abimé dans la contemplation de ce fantôme d’un autre temps, mais qui n’avait nullement vraiment laissé sa place vacante en partant.

-Vas-y. Hurle, défoule-toi. Laisse aller.

Lance-moi les pires insultes, traite-moi de tous les noms. Accuse-moi des pires crimes et dans ta fougue, cherche à m’anéantir. J’ai la mauvaise habitude de survivre, ce ne devrait pas poser trop de problèmes ; peut-être qu’alors le choc ferait repartir mon cœur et redonnerait vie à mon illusion –notre illusion- d’être encore en vie, là, ensemble.






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Citation : Erin van Vuren & Jean d'Ormesson
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