Haley & Levi + It's time for you to know the truth

Alors que j’étais en train de réfléchir à comment j’allais dire le tout à Haley, à ce que j’allais lui dire surtout, je me rendais compte, combiné avec ses mots, que je ne craignais pas tant qu’Haley ne comprenne pas, mais je craignais de comment, moi, j’allais me sentir, comment j’allais vivre avec le fait que ma fille connaissait la vérité, cette vérité que je lui avais caché pendant ce qui me semblait être trop longtemps désormais. Du coup, évidemment que ses propos se faisaient rassurants, mais ce ne fut pas suffisant pour complètement me rassurer. Malgré tout, je commençai à lui en parler, allant au bout de mon propos, bien que ce fut difficile, bien que la tournure de certaines phrases était loin d’être optimale. Haley écouta attentivement, mais parut ne pas approuver une partie de mon discours, celle où je disais ne pas être un bon père. Elle alla même plus loin en me disant le contraire, en essayant de me faire réaliser le contraire. C’était touchant, je ne pouvais le nier, et j’avais envie de croire le contraire, même si je savais clairement qu’une partie de moi allait toujours regretter, se détester pour avoir eu l’impression de la laisser tomber pendant tout ce temps. Arrivant au bout de mes propos, j’attendis, nerveux, sa réaction. Cette dernière ne ressembla pas à ce que je crus dans un premier temps, puisqu’elle me parla de son devoir, me faisant froncer les sourcils. Ma réaction fut bien différente à sa question, qui me pinça le coeur, qui me fit paniquer quelque peu même pendant un instant. Secouant la tête, je lui répondis:  « Je ne sais pas, mais la simple idée qu’il te fasse quoi que ce soit me terrifiait… C’est terminé maintenant… Tu ne risques rien. » C’était terminé depuis le jour où le groupe avait pris fin, je m’en étais assuré. Derrick aussi, indirectement, bien que ça, je ne le savais pas depuis longtemps. Pas assez pour en faire part à Haley en tout cas. Terminant mon propos ainsi, je la laissai continuer, je la laissai dire quelque chose à quoi je ne m’attendis pas et qui vint me toucher au plus profond de mon coeur. Il avait été difficile de garder contenance jusqu’à maintenant, mais là, ce ne fut juste plus possible. Mon coeur se serra, des larmes se formèrent dans mes yeux, et parler devint chose impossible. Et pourtant je devais réagir, je n’avais pas le choix de réagir, il était hors de question que je laisse ça sans ajouter quoi que ce soit. Sachant que les gestes seraient plus simples que les mots, je m’approchai, la pris dans mes bras, et je la serrai contre moi, fort. Pas de quoi lui broyer les os, mais de quoi lui faire sentir ma reconnaissance, ce désespoir que j’avais ressenti pendant que je craignais que jamais elle ne me le pardonnerait. Et quand je trouvai le courage de le faire, je finis par dire:  « Je t’aime ma puce… » Le tout sortit dans une voix particulièrement rauque, empreinte d’émotion, persuadé que peut-être elle ne l’avait pas clairement entendu, mais la façon que j’étais toujours en train de l’étreindre, ne trouvant pas le courage de m’en séparer, c’était bien suffisant pour lui faire comprendre mes mots, à mon avis.

La poussière était retombée plus rapidement que je l’aurais cru dans un premier temps et en toute franchise, je n’allais pas m’en plaindre. Au vu de la taille de ce que je devais lui avouer, je m’attendais sincèrement à ce que soit pire. Après, je n’irais pas jusqu’à me congratuler et prendre pour acquis que ce que j’avais fait était bien, que je m’y étais pris de la meilleure façon qui soit. J’étais juste soulagé, et ça m’allait parfaitement comme ça. Et même si tout cela était lourd en émotions, Haley parvint à m’arracher un sourire avec son commentaire. Je n’étais pas tout à fait convaincu que je pourrais décrocher une telle note, préférant m’en tenir à ce à quoi j’avais l’habitude d’obtenir, c’est-à-dire une moyenne acceptable pour obtenir un diplôme éventuellement. Je verrais bien ce que mon enseignant déciderait de me donner comme résultat, quand j’aurais fini et je l’aurais rendu dans un premier temps, évidemment. N’en étant pas là, nul besoin de m’y attarder, du coup, je n’ajoutai rien, laissant ma fille passer à un autre sujet, celui qui avait été oublié dans le processus; le repas. Ne me souciant pas du fait que ce serait froid ou quelque chose du genre, je cherchai à rassurer quelque peu Haley en lui disant:  « On a qu’à le réchauffer. »  En effet, ce n’était pas un problème avec un micro-ondes, que j’avais, bien sûr. Mais est-ce que cela faisait si longtemps qu’on parlait en oubliant le repas ? Je ne saurais pas le dire, pour être franc, je n’avais pas tant vu le temps passer. Qu’importe, il n’y avait pas de quoi se sentir mal, que ce soit pour le repas ou autre chose. Sachant que c’était mon devoir de rassurer ma fille sur ce point, je lui dis:  « Tu n’as pas à te sentir mal. Ce n’est en rien ta faute. » Au contraire, c’était grâce à elle que je m’en étais sorti, bien que ç’ait été plus long que je ne l’aurais voulu, maintenant que j’observais la situation avec un certain recul. Essayant de m’en tenir à aller de l’avant et ne pas trop regarder en arrière, je me concentrai sur ma fille, l’embrassant sur la joue pour la remercier de ses dires adorables, et la réconforter un peu, si c’était possible. Avec un enthousiasme renouvelé, je répondis ensuite à sa question:  « Oui, à table ! » Après ça, le plus logique aurait peut-être été de m’installer à table et manger, puis finalement, j’eus une autre idée. C’est là que je dis:  « Dis… Et si on mangeait au salon, devant la télé ? » C’était peut-être enfantin, mais il y avait un moment qu’on n’avait pas fait ça, et il me semblait que cette ambiance un peu confortable serait bien appropriée pour continuer la soirée et s’assurer que celle-ci se termine pour le mieux malgré les circonstances.