When I'm with you, I don't feel so alone. (Alvin)

C'est la première fois que tu le vois aussi festif et enthousiaste pour quelque chose. Vraiment. Tu ne le rejoins pas pour danser parce que t'es occupé à regarder les images pleines de couleurs en pensant que ça plairait tellement à ta fille, tout ça. Tu rejettes son invitation d'un revers de main et tu te penches même sur le côté pour voir ce qu'il se passe parce qu'il danse devant le petit écran et toi, tu ne vois plus rien du tout.

Heureusement, la scène passe et il revient sur la canapé alors tu peux regarder à nouveau et garder ton souffle lorsque le pauvre Simba est pourchassé. T'as le cœur qui bat vite pour le petit lion en dessin animé, comme lors des livres tellement bien écris que tu as l'impression d'être dedans. Ensuite, la scène avec le gnous arrive et c'est encore intense, vraiment, ce film ne te laisse pas de répit parce que tout est condensé. Tu fais un grand O avec la bouche quand tu vois Simba en danger puis tu tapes dans les mains en voyant son père le sauver. Vraiment. Un beau et merveilleux roi. T'as changé d'avis sur Scar évidemment. « Ah non pas toi ! Bouh ! Va t-en ! » Mais c'est trop tard et le frère jaloux accroche les pattes de son ainé de ses griffes. Le regardant droit dans les yeux. « Longue vie au roi ! » Il le fait retomber dans le troupeau et tu cries un nooooon en même temps que son fils qui assiste à la scène. T'es en colère, vraiment, sans savoir que le pire est à venir. Tu vois le lionceau chercher son père. T'es déjà tendu de partout, totalement absorbé par ce qui se passe. Tu viens même chercher la main d'Alvin pour la serrer fort dans la tienne, échangeant un rapide regard inquiet. Et il meurt. Enfin, il est déjà mort et la voix rocailleuse et pleine de larmes du petit animal te prend au cœur et aux tripes. T'as les tiennes qui ne tardent pas à venir, émotif que tu es et tu ne les caches pas, parce qu'on ne t'a pas appris à en avoir honte. « Pourquoi tu me fais voir ça Alvin ? C'est trop triste... » Tu essuies tes larmes avec ta manche mais d'autres reviennent déjà.

C'est nul comme idée. Même si tu as lu des livres aux histoires tristes aussi, toi tu préfères quand tout va bien et quand tu peu te délecter des récits qui ne font que raconter des choses positives. Vraiment nul. Tu te renfermes un peu sur toi en soupirant, même si tu continues de regarder. Ça a beau être moins triste après, lui il ne sait pas à quel point tu prends tout à cœur et que ces choses là restent bien plus à peser sur tes émotions.

D'ailleurs, quand les deux personnages rigolos arrivent et qu'il t'invite à le rejoindre, tu fais non de la tête. Il était vraiment sympa ce roi, très paternel et avec un amour sans limite pour son fils. Vraiment, ce n'est pas juste du tout et tu veux pas redevenir joyeux tout de suite. Pourtant, Alvin se fait encore plus insistant. « Je veux pas Alvin ! Moi j'ai grandi sans père et si j'en avais eu un comme Mufasa je pense... Je pense que j'aurai été brisé qu'il soit mort et surtout en me croyant responsable alors je chanterai pas avec des animaux qui pètent ! » Tu prends tout un peu trop à cœur. Vraiment. Mais t'as pas envie et tu te recroqueville sur le canapé.

Tu t'attends à ce qu'il te laisse tranquille, dans ta morosité nouvelle dont tu ne peux pas te débarrasser en quelques minutes. Mais t'es comme ça Collin, quand une émotion te gagne et gangrène tout ton corps, tu peux pas juste passer au dessus et faire comme si de rien était en chantant. Peut-être que Simba est un enfant mais toi tu ne l'es plus alors forcément que tu ne vois pas les évènements de la même manière.

La chanson se termine et t'es maussade. T'as encore le cri de son père qui tombe et ne se relève pas et t'as aussi les paroles sèches de ton éducateur qui ne comprend pas et qui t'indique que tu n'es pas tolérant. Vraiment, c'est beaucoup pour toi en peu de temps alors tu préfères mettre ta tête entre tes jambes pour ne plus rien voir. Tu ne fais qu'entendre vaguement ce qui se passe pendant quelques minutes. Mais c'est long et ton cœur finit par s'apaiser tout seul. Quand tu relèves la tête, c'est une scène où ils sont tous allongés à regarder les étoiles. C'est comme avec son père et d'ailleurs le petit lion devenu grand s'en souvient et ça te fait sourire, un peu. « Je suis désolé Alvin. » Tu tournes la tête vers lui. C'est de ta faute s'il est en colère après toi après tout.

C'est à toi de t'excuser parce que tu ne t'es pas comporté comme il le fallait. Mais tu savais pas. C'est ton tout premier dessin animé et tu te serais tout simplement offusqué de lire de pareilles choses dans les pages d'un livre. Alors c'est à toi de faire l'effort et d'aller vers lui quand ton propre être parvient déjà à relativiser. En plus, il a l'air bien Simba, grand beau, avec une belle crinière comme celle de son père. Alvin comprend et indique qu'il est désolé de son côté. Surement pour son ton parce que tu ne l'as pas vu être ainsi avec toi pour le moment. Il vient te poker la joue, même si tu ne connais pas cette petite habitude venue d'un autre pays et d'une autre culture encore. Toi ça te fait juste sourire parce que son doigt s'enfonce dans ta peau et c'est drôle, un peu. « Les joues c'est marrant c'est tout flasque ! » Surtout quand on appuie dessus comme ça. Et comme ça le fait rire. Tu fais pareil sur sa joue. En mimétisme, tu ris aussi, vraiment tu préfères cette ambiance là alors qu'à la télé, Nala revient et tente de résonner un futur roi blessé au fond. Ça te touche ça aussi, et tu penches un peu la tête. « Il va réussir hein ? Il va revenir et être le roi ? »

T'as peur. Son père est déjà mort et il se sent tellement responsable. T'as l'impression que ça va mal finir parce que dans leur monde, rien n'est aussi beau que dans le tien. Alors peut être que c'est comme ça qu'ils éduquent leurs enfants, à coup de dessins animés qui détruisent leurs espoirs d'un monde meilleur. Donc t'es tendu, un peu. Le jeune lion semble reprendre du courage mais il est seul... avec un phacochère et un suricate pour vaincre un lion féroce et vil, accompagné d'une armée de hyènes.

T'es complètement fasciné et tu retiens ton souffle parfois, les yeux grands ouverts sur les images animées. Tu poses même la main sur ton cœur en te penchant en avant lors de l'affrontement final. Et il gagne, Simba l'emporte, le royaume des animaux retrouve de sa splendeur et ton visage de ses couleurs. Tu souris doucement, t'as comme l'impression d'avoir vécu directement dans le dessin animé. Ton cœur s'est emporté, il se calme un peu maintenant. « Il a réussi ! T'es fou Alvin ! Me fait plus jamais peur comme ça ! » T'as un rire un peu nerveux encore et tu viens te poser contre lui en te penchant de son côté.